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Ji-Eun, l’assassine, se tenait debout derrière le corps qui tomba, face contre terre. D’un geste vif contre le sol elle débarrassa son sabre du sang qui poissait la lame.

— Harvey devait mourir ce soir, dit-elle sur un ton dénué d’émotions. Par ta main, ou la mienne. Et vous, ensuite.

Vincent ramassa sa dague, sentant son cœur soudainement bondir dans sa poitrine, pompant son sang à toute vitesse. « Vous », elle a dit « vous ». Il ne luttait plus pour lui seul, désormais. Dans la poche de sa veste, il empoigna alors la grenade récupérée sous le lit, dans le dortoir du QG des Lames. En un seul mouvement il la dégoupilla et la jeta vers l’assassine.

L’explosion souffla le bureau d’Harvey Forscythe et fit éclater toute la baie vitrée. Ji-Eun émergea d’un coin abrité, indemne.

Le duel, dans la pièce qu’éclairait un soleil levant à travers le vide, fut une lutte arrachée aux griffes du désespoir. Vincent, pour la première fois, avait réellement peur de mourir. Il savait que rien ne devait le distraire, même une fraction de seconde, mais la présence d’Ashley était là, palpable. La tueuse restait proche de la porte, ayant toujours une marge de manœuvre : si Ashley tentait de fuir, elle la tuerait. Vincent para de son stylet et de sa dague, utilisa tout ce qu’il avait appris, de Marco, de Steve, des autres Lames. Ji-Eun souriait, jubilait même, le combat semblait l’amuser, la faire frémir.

Puis, le moment vint : Ji-Eun l’assassine pivota et se plaça, d’un bond, entre Ashley et Vincent. Celui-ci cria et se jeta en avant, mais la tueuse planta son katana dans le ventre de la jeune fille.

— NOOOON !

Vincent se jeta en avant, les deux lames brandies, se laissa tomber pour éviter le revers du sabre et remonta vers le corps de Ji-Eun, lui entaillant profondément les avant-bras. L’assassine gémit et Vincent lui planta son stylet dans l’abdomen.

Ji-Eun alors recula, une main sur son ventre, courbée, s’écartant vers le vide. Elle gardait un œil sur Vincent, puis sauta sans regarder derrière elle, disparaissant.

Vincent se précipita vers Ashley. Son souffle était court, son visage grimaçant de douleur.

— Ashley, non, je… je n’ai jamais voulu que ça arrive ! dit-il stupidement.

Car il en était bien le fautif, non ? De qui tout cela était-il la faute, sinon de lui ? Il l’avait entraînée là-dedans. Il avait poursuivi sa vendetta aveugle, plutôt que de vivre. Dans le bleu des yeux de la jeune fille qui lui souriait par intermittence, il se prit à imaginer comment les choses auraient pu être différentes. Comment il aurait pu juste être Vincent Worthington, et la rencontrer, la connaître, la regarder…

— Vincent, je… je ne peux pas t’en vouloir. Vincent. Je…

Il alla pour la soulever et appeler du secours, prendre l’ascenseur, mais Ashley le retint.

— Non, Vincent. Je vais mourir. Je veux pouvoir te parler, te voir…

Elle lui toucha le visage. Son sang inondait ses habits.

— Tu sais, j’aurais aimé que tout cela se passe autrement. Faire le tour du monde, oui. Je crois que… je crois que je t’aimais…

Ses yeux se fermèrent, sa respiration se calma.

— Moi aussi, je t’aime, dit alors Vincent.

Mais Ashley ne bougeait plus ni ne respirait. Alors Vincent sentit ses larmes couler, pour la première fois depuis plusieurs années, sur le corps sans vie de cette fille qui aurait pu le sauver.

Fin

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