En Bonne et Due Forme (Partie 2)

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 Mordred avait les traits tirés par la fatigue, il laissait ses cheveux grisonner, de profonds sillions marquer son front, ses yeux s’ourler de cernes violacés. Susan avait vite compris qu’en plus d’être capable d’afficher l’âge qui lui convenait, Mordred était particulièrement coquet. S’il se laissait l’air vieux ce n’était clairement pas de gaité de cœur et il ne prêtait pas suffisamment attention à Karl pour tenter de s’imposer par droit d’aînesse. Son père était épuisé par sa nuit en face à face avec Lorelei et peut-être avait-elle été un peu trop dure avec lui.

 L’adolescente lui prit la main et serra ses doigts avec tendresse tandis qu’ils s’enfonçaient plus avant dans les bois.

- M’sieur, j’veux pas avoir l’air de vous embêter mais on va où comme ça ? Hésita le loup- garou en les suivant d’un pas prudent.

 Mordred se contenta d’un regard mauvais par-dessus son épaule et Karl baissa les yeux et enfonça sa grosse tête de benêt entre ses épaules dans un mouvement de soumission si vif qu’il était impossible d’ignorer qu’il avait dû se faire rosser plus souvent qu’à son tour. Eh ben, ça avait l’air gai la vie de loup-garou, est-ce qu’il avait vraiment envie de ramener son petit-frère là-dedans ? Le menton contre la poitrine, elle l’entendit marmonner un truc du genre « La pomme tombe jamais loin de l’arbre. » ça la fit sourire. Oui, ils étaient cramés tous les deux, Mordred et elle, ils avaient un truc qui ne tournait pas rond, qui les rendait méchant, qui faisaient qu’ils étaient le chef parce que du bout des doigts ils arrachaient un cœur sans même cligner des yeux. Était-ce une bonne chose ? Certainement pas et ils feraient mieux de mourir vite avant de ruiner la planète mais pour le moment elle s’en contentait.

 Il fallait dire qu’elle trouvait un certain plaisir à la présence de son père maintenant qu’elle avait compris à quel point ils étaient atteints tous les deux. Elle se serait tranché la langue plutôt que de l’admettre mais ça lui faisait chaud au cœur de se dire qu’il l’avait cherchée, qu’il avait prévu de quoi la retrouver s’ils se perdaient de vue. Finalement, elle pouvait presque pardonner le fait qu’il l’ait plongée dans le repaire d’une monstruosité, c’était une maladresse. On ne se cassait pas le cul à retrouver quelqu’un qu’on voulait noyer ou abandonner à une sorcière à grandes dents. Céleste l’aurait fait, pas Mordred, Mordred, lui, passait la nuit à son chevet quand elle faisait une crise de nerfs, il la laissait lui mettre la misère, il était sincèrement triste quand elle lui disait des horreurs et s’extasiait spontanément sur tout ce qu’elle réussissait.

 Son ventre se mit à gargouiller, elle avait faim et elle commençait à avoir sacrément froid aussi, elle leva les yeux vers son père qui se pencha immédiatement pour la prendre dans ses bras et la porter comme un petit enfant.

- Nous sommes bientôt arrivés ma princesse, je te le promets. Nous allons rentrer directement chez Olivia, elle te préparera un bon bain chaud et un bon repas, d’accord ?

- On ne peut pas… Soupira-t-elle en posant sa tête sur son épaule. Karl mange les lapins.

- Elle sait se défendre, ne t’inquiètes pas.

 C’était un peu honteux de se laisser porter par un vieil homme mal en point mais elle commençait à en avoir plein les pattes et puis ils avançaient bien plus vite ainsi. Elle regarda Karl par-dessus l’épaule de son père et repensa à leur conversation interrompue. Bien sûr qu’elle avait l’air d’avoir huit ans, elle était la petite princesse pourrie gâtée de son papa gâteau. Après huit années de survie à Sainte Rita, elle reprenait sa vie où elle l’avait laissée, sur un quai enneigé au milieu des bois. Huit ans, c’était généreux, elle en avait six et elle exploiterait la moindre once de patience et de tendresse que son père aurait à lui donner jusqu’à ce qu’elle soit rassasiée d’amour et de chaleur. Mordred lui rappelait un des poèmes du cahier de Sœur Joséphine, un truc terrible de Victor Hugo : L’Expiation. La neige, la mort, la confusion, elle sentait presque les âpres volutes noires, et le froid qui lui mordait les os mais ce qu’elle gardait en tête, limpide, ancré dans le fond de son ventre c’était une image très précise : Les blessés s’abritaient dans le ventre des chevaux morts. Mordred c’était la carcasse salvatrice, répugnant mais unique refuge. Elle prit une grande bouffée de son odeur de vase et de sueur sous laquelle demeurait malgré tout, des notes ce parfum sucré de rose et de pâte d’amande qu’il portait d’habitude.

 Bercée par le pas souple de son père, elle le serra étroitement entre ses bras. Elle avait eu peur qu’il ne revienne jamais, pas qu’il l’abandonne mais qu’il lui soit enlevé comme Céleste lui avait enlevé Edgard. L’un brûlé, l’autre noyé, étaient-ce les effets de la faim ou le contre-coup de la magie crue ? Elle somnolait et dans sa tête se bousculaient les grésillements de chair brulée, le rire de son tuteur, la voix profonde et suave de Mordred, son visage déformé par l’effroi et les reflets de la lune dans l’eau. Susan se sentit renifler, ses yeux coulaient, elle avait besoin de se ressaisir, elle embrassa la joue de Mordred et lui fit signe qu’elle voulait redescendre.

- Nous sommes arrivés de toute manière mon cœur. Lui sourit Mordred avec tendresse.

 Il la déposa doucement sur ses pieds et s’autorisa à lui embrasser le front avant de farfouiller du bout des doigts dans une grosse fourmilière. Elle reconnut le triangle qui représentait le signe « Ha » de l’ouverture et le symbole que Mordred portait gravé sur ses boutons de manchette et brodé dans ses mouchoirs.

 Une nuée de fourmis se rua sur les signes pour les effacer avant d’engloutir le sol sous leurs grouillements. Mordred la poussa précautionneusement derrière lui tandis que les insectes dévoilaient une rampe de pierres au centre de laquelle se trouvait un escalier étroit. C’était manifestement prévu pour faire descendre des chariots et les chariots devaient avoir de bons freins parce que c’était sacrément raide. C’était surement une entrée du Serpent, Mordred ouvrit la marche pour l’empêcher de tomber, Karl les suivit d’un pas prudent. Il n’osait plus parler de peur de s’attirer à nouveau un regard noir de la part de Mordred.

 Sur leur passage, des glyphes illuminaient leur route d’une iridescence bleutée. Un grognement figea Susan de stupeur, les marches faisaient pile la longueur de son pied, c’était juste assez pour être confortable, ce n’était pas le cas pour le gros Karl et ses énormes panards. Elle ne parvint pas à esquiver la balayette qu’il lui mit en tombant sur les fesses. Ses jambes, qui n’étaient déjà que deux allumettes un peu bancales, cédèrent dans un craquement sinistre et dans sa chute elle se heurta violemment la tête sur le bord de la rampe.

 Assommée, elle saignait abondamment et pressa sa paume contre son front, deuxième réflexe, elle bougea le peu d’orteils qu’elle avait, rien de cassé, elle n’aurait sans doute qu’un gros bleu, c’était son genou qui avait craqué, sans doute pour leur faire une blague, quel petit plaisantin !

 Karl, blanc comme un linge avait essayé d’amortir sa chute, Mordred, de son côté la ramenait déjà jalousement contre son cœur. Il examina soigneusement sa plaie et la souleva précieusement en crachant ce qui devait être un chapelet d’injures en Allemand à l’attention de Karl qui se répandit en ce qui devaient être des excuses. Le loup-garou se releva en se tenant aux murs, il avait dû se faire sacrément mal. Susan tira sur l’oreille de Mordred.

- Il ne l’a pas fait exprès, sois gentil !

- Passe devant. Grogna-t-il à Karl.

 Il en coûtait à Mordred de se trimballer ce lourdaud qui, non content de raconter des cochonneries à sa fille, la taclait dans les escaliers. Elle sentait la main de son père trembler dans son dos, il bouillonnait d’envie de se débarrasser de ce loup, il n’en ferait rien. Sa petite princesse lui avait dit non et tant qu’elle dirait non, il rongerait son frein. Elle ne prendrait pourtant pas le risque de trop tirer sur la corde, ce qu’elle usait de patience pour préserver Karl, elle le perdait pour des choses potentiellement plus importantes.

 La vie de Karl méritait-elle qu’elle se mette dans une situation difficile avec sa carcasse équine personnelle ? Il lui avait prêté son feu, ses fringues, lui avait donné à manger sans rien demander en retour et il continuait à l’accompagner malgré le fait qu’il s’était fait envoyer bouler, étrangler et copieusement insulter. En fait, il n’avait aucune autre raison de les suivre que la vague promesse qu’ils l’aideraient peut-être à retrouver son frère. C’était louche ! Vraiment louche. Pourquoi est-ce qu’il les avait suivis ? Ce n’était pas une flèche mais elle refusait de croire qu’il soit tout bonnement suffisamment stupide pour accepter de se joindre à eux alors qu’il avait prévu de partir seul de son côté le matin même. Pourquoi n’avait-il pas tout simplement maintenu son plan initial ?

 Le loup garou grinçait des dents en se tenant aux murs, le dos voûté pour ne pas s’éclater le crâne au plafond. Il s’était définitivement fait bien mal. Tant mieux, s’il prévoyait quelque chose de louche, il valait mieux qu’il soit diminué.

 Susan s’attendait presque à voir directement la dame-rat aux longs ongles vernis derrière son guichet. C’était absurde, chaque gare devait avoir ses propres employés et il n’y avait pas de raison pour qu’ici ce soient les mêmes que chez le Docteur.

 Une chose était sûre, c’était qu’elle ne s’attendait pas à une caverne remplie de petits bonshommes aux chapeaux pointus et aux gros nez rouges qui allaient et venaient complètement indifférents à l’arrivée de trois créatures géantes, sanguinolentes qui exhalaient une puanteur assez difficile à ignorer.

 L’un ou l’autre d’entre eux releva respectueusement son chapeau sur le passage de Mordred mais aucun ne lui proposa son aide. Ils traversèrent la place du village troglodyte et Susan, la main qui commençait à s’encroûter sur le front avisa la plateforme du serpent et deux silhouettes humaines qui semblaient y attendre patiemment et se redressèrent en les voyant arriver.

 Il y avait un p’tit mec terne avec une raie sur le côté et la femme la plus extraordinairement grande qu’elle n’ait jamais vu. Immense, brune de peau avec une chevelure noire qui la couronnait comme des nuages d’orage sacrent reine le sommet d’une montagne. Ses boucles ébène suivaient ses grandes enjambées dynamiques en bondissant sur ses épaules larges soulignées par un chemisier à jabot en satin émeraude.

 Fascinée, Susan remarqua à peine que Mordred l’avait posée sur ses pieds, et relevé ses manches. La grande femme leva vers eux un doigt accusateur et la seule chose qui parvint à frapper l’esprit de Susan ce fût que les bracelets d’or jaune qui s’entrechoquaient autour de son poignet fin soulignaient délicieusement l’éclat de sa peau. Elle leur lança un sort, Mordred le contrat, Susan su qu’elle était bien loin d’être prête à user de magie pour défendre sa vie. Faire tomber un Mordred immobile, taquiner Karl, ça lui avait semblé être des exploits mais ce n’était rien du tout.

 La grande femme glissa une main dans la poche de son ample pantalon de toile écru sans relâcher la pression qu’elle exerçait sur Mordred qui peinait bien trop à contenir l’assaut pour contre-attaquer. Elle sortit de sa poche une bourse de cuir qui se délia d’elle-même. Que contenait-elle ? Susan n’avait aucune envie de le savoir.

 L’adolescente lâcha enfin son front et fit voler la bourse de cuir hors de portée de la grande femme, ça elle pouvait le faire ! Ce n’était pas grand-chose mais cela suffit à la troubler et Mordred se saisit de cette occasion pour l’envoyer valser sur l’étal d’un marchand. Les nains ne s’affolaient pas de leur combat, en même temps, tout arrivait si vite que la grosse taupe dans la croupe de laquelle étaient allés de ficher les éclats du petit stand de bois avait à peine commencé à crier de douleur, que Mordred avait déjà attrapé sa fille par le poignet pour la tirer vers le Serpent.

 Susan se retourna une seconde pour voir Karl, paniqué, tenter de les suivre en boîtant à cause de ses reins meurtris par sa chute dans l’escalier. Où était donc passé le type avec la raie sur le côté ? Elle ne le saurait jamais. Faisant fi de ses précieux habits, Karl se métamorphosa et se précipita sur elle. Plaquée au sol sous une avalanche de poils et de muscles, elle entendit le bruit mat d’un corps qui s’effondre puis un sifflement glaçant, un serpent qui se glissait près d’eux, rapidement couvert par les grondements gutturaux de Karl au-dessus d’elle. Elle le sentit se resserrer autour d’elle, presque prêt à l’étouffer. Une odeur ferreuse lui prit alors la gorge et lui emplit la bouche et sous ses doigts elle put sentir, tiède contre les pavés, poisseux, un sang qui n’était pas le sien. Machinalement, sa main s’accrocha dans la fourrure de Karl. Est-ce qu’il était blessé ? Que faisait Mordred ? Les grognements du loup-garou lui faisaient trembler les côtes et vrombir les oreilles, dehors, elle entendait parler, elle ne distinguait pas les mots, elle ne distinguait pas non plus la voix de son père.

 « C’est fini. » Proclama une voix profonde et douce. « Nous allons vous emmener en lieu sûr, vous n’avez plus rien à craindre, c’est fini. » Sorcellerie que tout cela ! Mensonges, odieux mensonges ! Où était Mordred ? Qu’est-ce qui était fini au juste ? La voix se moquait d’eux. Ça ne pouvait pas être fini avec Mordred, il était immortel, elle l’avait éprouvé.

 Elle sentit Karl se redresser avec méfiance et inspira tout grand l’air vicié de la caverne où les nains allaient et venaient comme si de rien n’était. En se relevant, elle pu voir la grande dame tout ébouriffée qui les regardait avec compassion, son ami à la raie de côté qui sortait une trousse de secours de la sacoche qu’il portait en bandoulière et un nain avec un gros nez rouge et un chapeau pointu qui attendait sagement avec un sceau de sciure et un balai. Il les regardait sans les voir, attendant juste qu’ils libèrent la place pour faire son travail. Susan baissa les yeux vers les pavés gris.

 Mordred, exsangue, inerte, les yeux déjà éteins, sec comme un cadavre de souris dans la poussière d’un grenier. De sa bouche entre-ouverte s’échappait une poignée de sable blanc, l’arrière de son crâne avait éclaté et séché. Susan s’accroupit, toucha du bout de l’index le cerveau grisâtre et dur comme de la pierre, couvert de petits grains de sable. C’était étrange pour ainsi dire, mais elle avait vu plus étrange encore alors… pourquoi pas.

 Susan se remit droite sur ses jambes et flanqua le plus gros coup de pied qu’elle put dans les côtes de Mordred.

- Debout. Le maugréa-t-elle.

 Il ne moufta pas d’un poil, son corps tout sec remua de la force du coup, sans plus. Il se foutait de sa gueule ou quoi ? C’était son truc, ça, de faire le mort pour s’amuser, déjà chez Céleste ! Elle se répéta en ordonnant cette fois et avec un coup de pied encore plus fort.

- Mordred ! Debout !

 Toujours rien. Elle sentit son front se plisser et les larmes lui monter aux yeux, de colère, c’était de la colère parce qu’il n’écoutait pas, il n’en faisait qu’à sa tête. Elle sentit une boule se former dans sa gorge et à défaut de pouvoir frapper plus fort, elle répéta ses coups de pieds. « Debout ! Debout ! Debout ! Debout ! ». Sans même s’en rendre compte, elle s’était mise à crier, le nez dégoulinant, les yeux liquide, le visage rouge, jusqu’à ce que sa voix lui fasse défaut et que Karl ne la tire en arrière.

 L’espace d’une seconde, sa voix lui revint, elle hurla, se débattit, mordit, griffa tout ce qui passait à sa portée. Karl, malgré son mal de dos n’eut aucun mal à la soulever pour suivre le type à la raie de côté. Pendant ce temps-là, la grande dame effleurait du bout des doigts le dos de Mordred et son cadavre se mêla en cendres grisâtres au sable immaculé qu’elle ramena d’un geste dans sa bourse de cuir.

 Susan resta bouche-bée, le cerveau creux, incapable de penser. Le gars avec la raie de côté lui tamponnait délicatement le front avec une compresse soigneusement reniflée au préalable par Karl qui la serrait toujours fermement contre son ventre. La grande femme se redressa, signa une note à l’attention du marchand dont elle avait écrasé l’étal et recoiffa sa longue chevelure de boucles fluides avant de s’approcher.

 Son anglais était parfait, sa voix profonde et douce et ses yeux d’un gris métallique. Elle capta son regard, se mit à hauteur de son visage, lui demanda si elle était bien Susan Bach.

- Rousseau. Corrigea l’adolescente par réflexe, incapable d’être plus que factuelle.

- Sais-tu qui est l’homme qui vous accompagnait ? Lui demanda la grande dame.

- C’est mon papa. Répondit-elle d’une voix étranglée.

- Est-ce qu’il vous a fait du mal ?

Susan ne répondit pas. Oui et non, pas exprès en tout cas, pas par méchanceté ça c’était sûr et certain. La grande dame n’insista pas sur ce sujet et lui laissa quelques secondes avant de reprendre.

- Je m’appelle Mira Abrami, je travaille pour l’Académie Genevoise, notre rôle est de réguler les activités magiques en Europe. Elle marqua une pause pour lui laisser le temps de comprendre avant de poursuivre. Ton papa a fait beaucoup de mauvaises choses avec sa magie et nous devions l’arrêter, tu comprends ?

 Susan hocha la tête, c’était une affirmation tout à fait raisonnable. D’ailleurs elle aurait dû s’attendre à ce genre d’évènements seulement, elle ne pensait pas que c’était possible que Mordred se laisse attraper.

- Je m’occupe de ton grand-frère, Arthur, je suis sa tutrice. Nous allons tous ensemble rentrer à Genève et tu pourras le voir, d’accord ?

- La très gentille tutrice. Marmonna Susan en se remémorant les paroles de son père.

 Elle avait deux frères aînés, un dont la situation était un peu particulière et un qui avait une très gentille tutrice, c’était tout ce qu’elle savait d’eux. La grande dame laissa passer l’ombre d’une profonde compassion sur son visage avant de se redresser et de faire signe à son camarade de les embarquer elle et Karl.

 Le loup-garou avait fini par la poser par terre et elle lui prit la main en la serrant aussi fort que possible, comme s’il risquait de s’envoler. Le Docteur Lavander avait raison, elle devait cesser de dépendre des autres, elle devait cesser de s’en servir comme support et comme protection. Pas à cause de Dieu seul savait quelle connerie sur l’épanouissement des jeunes femmes mais tout simplement parce que ça les tuait. Elle avait tué Edgard, elle avait tué Mordred, elle tuerait probablement Karl aussi si elle se reposait trop sur lui. Mesquine, sournoise, elle lâcha les doigts de Karl pour attraper ceux de la grande dame à la place. Intriguée d’abord, celle-ci finit par lui adresser un sourire que Susan lui rendit. « J’aurais ta peau, salope ! » pensa-t-elle en se laissant soulever pour monter dans le Serpent. La vie de macchabée, la vie de fille à papa c’était finit, elle devait retourner à ses bonnes vieilles habitudes reptiliennes. De la patience, beaucoup de patience, des mouvements lents, économes et soigneusement calculés, frapper au bon moment où ça fait mal et surtout et avant tout : Survivre.

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