Errances et perdition

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  Ce fût une belle cérémonie. Lord Bryant avait tenu à financer les obsèques et lorsque Jamal avait tenté de refuser poliment, le vieil homme avait tout bonnement changé de sujet.

- Je me suis autorisé à envoyer mon notaire personnel prêter assistance à Sir Van Helsing en ce qui concerne les affaires administratives et financières de votre Grand-Père, n’ayez crainte je couvrirais ses frais. Lui expliqua distraitement le vieux Lord à l’autre bout du fil.

- Vous m’en voyez infiniment flatté et reconnaissant my Lord mais vous n’auriez pas dû vous…Balbutia Jamal.

- Oh ! Maintenant que j’y pense ! L’interrompit le Grand-Père d’Archibald. Vous avez besoin de vous trouver un mentor pour votre apprentissage ! Il vous faut aussi une fiancée. Ma belle-fille m’a confié que Lucrèce Alistair vous avait trouvé charmant. Ce n’est bien entendu pas vraiment le moment de songer à ces choses-là mais d’ici quelques semaines il pourrait-être intéressant de vous y pencher.

- Je vous remercie de votre sollicitude my Lord. Rougit violemment Jamal. Cependant….

- Ta ta ta ! Le reprit le vieil homme. Pensez-vous que je sois sénile Jamal ? Continuez à dire que vous ne méritez pas mes attentions et je le prendrai très mal ! Je suis assez grand et au clair dans ma tête pour décider de ce que je fais de mon temps et de mon argent, laissez entendre le contraire et je vous provoque en duel ! Acheva-t-il avec un rire bonhomme.

- Bien my Lord. Céda Jamal. Je vous prie de bien vouloir me pardonner ces incivilités.

- Ce n’est rien mon garçon. Le pardonna le vieil homme d’une voix attendrie. Vous êtes bouleversé en ce moment, je vous pardonne. Allez, je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. Dieu vous garde Jamal, à vendredi.

- Dieu vous garde my Lord. A Vendredi.

  Jamal avait raccroché le téléphone et la secrétaire lui avait demandé s’il souhaitait en profiter pour passer un appel à son tour. Il avait décliné, l’avait remerciée de l’avoir fait appeler et était partit rejoindre Leeroy.

  Le trouble causé par l’évocation de Mademoiselle Lucrèce fût rapidement balayé par le sourire de Leeroy. Il souriait si peu d’ordinaire que Jamal avait presque l’impression d’être la cause de cette joie nouvelle. Cependant, impossible de le savoir pour sûr, ils n’avaient pas reparlé de leur baiser, n’avaient pas retenté l’expérience, ni même vraiment osé se regarder depuis. Ils avaient travaillé studieusement tous les jours. Consacrant le matin à l’étude et l’après-midi à un entrainement sportif raisonné pour ne pas aggraver les hématomes de Leeroy.

  La veille des obsèques pourtant, son ami s’était faufilé dans son lit. Sans mot dire il s’était blottit contre son dos et Jamal s’était sentit tressaillir d’allégresse. Il souriait à s’en faire mal aux joues, bien heureux que la pénombre dissimule sa béatitude, il devait avoir l’air d’un crétin.

  Leeroy dû deviner son trouble, il hésita une longue seconde avant de chuchoter.

- Est-ce que je peux… dormir avec toi ? Je n’ai pas envie que tu restes seul avec ce qu’il va se passer demain.

  Jamal se mordit la langue pour ne pas se mettre à pousser des caquètements, il se sentait comme une poule sous une pluie de graines et il avait peur que son excitation primaire ne révulse le noble et délicat Leeroy. Il haussa les épaules dans une tentative désespérée pour conserver un semblant de tenue. Ce devait être une réponse satisfaisante car il le sentit reposer sa tête sur l’oreiller.

  Dormir ensemble… c’était bien innocent, il le faisait souvent avec Archie quand les chaudières ne suffisaient plus à chasser l’hiver de leur dortoir, ils le faisaient même quand il leur arrivait de cauchemarder ou même simplement de se sentir seul. D’ailleurs, Richard cœur de Lion lui-même dormait avec ses camarades sans que ne naisse la moindre ambiguïté dans l’esprit de qui que ce soit de sain. Ils pouvaient dormir ensemble sans qu’il n’y ait de scandale, sans avoir à s’en repentir après coup. Alors pourquoi la chaleur de Leeroy lui brûlait-elle la peau ? Pourquoi l’insidieuse sensation de commettre un péché lui tordait-elle le ventre ? A cause de ce baiser sans doute. Il n’avait rien du baiser de camaraderie ou du salut Russe, c’était un baiser chargé d’une force corruptrice qui le consumait. Il se sentait partir en fumée et en cendres, léger, insouciant dans la brise, Dieu lui pardonne, il aimait les flammes de l’enfer que les yeux tristes de Leeroy faisaient courir sur sa peau, il aimait le goût de ses lèvres, il aimait sa présence plus qu’il n’était raisonnable pour lui d’aimer celle d’un autre garçon.

  La main glaçante de l’angoisse chassa alors ses brûlures d’amour pour lui tordre le cœur. Il était un mauvais chevalier, un mauvais fils, une imposture, une bête démoniaque et aussi tôt que son gardien avait rendu son dernier soupir il s’était vautré dans le péché comme un pourceau dans la fange. Son grand-père devait le maudire, c’était cela, il l’avait élevé à la dure parce qu’il savait que le malin rôdait en lui et qu’il voulait le garder sur la bonne voie et en moins d’une semaine Jamal était devenu une créature gorgée de désirs malsains.

  Les doigts fins de Leeroy lui caressèrent tendrement la joue, ses lèvres se posèrent sur sa tempe et un hoquet échappa à Jamal.

- Ne pleure pas. Lui susurra-t-il avec tendresse. Tout va bien, je suis là.

- Je dois voir Sir Hawke. Le repoussa Jamal en tremblant.

  Il fût incapable d’en dire plus malgré les questions de Leeroy et bondit hors de son lit pour aller tambouriner à la porte de son Maître d’Armes.

  Sir Hawke, les yeux cernés, les cheveux en bataille s’était manifestement extrait d’un sommeil profond. Il refermait une robe de chambre sur son torse si puissant et velu que l’espace d’un instant il évoqua à Jamal celui d’un ours.

- Ouh ! Grimaça-t-il. Toi t’as besoin d’un grand verre de lait. Entre.

  Jamal sanglota jusqu’à s’effondrer dans le vieux fauteuil élimé désigné par Sir Hawke où ses larmes devinrent incontrôlables.

- J-je suis… un monstre. Parvint-il à articuler avec difficulté.

- Non. L’assura Sir Hawke. Sinon je t’aurais décapité il y a longtemps. Essaye de me raconter aussi calmement que possible la situation.

  La silhouette massive du maître d’armes commença à s’affairer dans la kitchenette qui occupait un coin de ses appartements, il faisait chauffer du lait dans une casserole. Jamal tenta de rassembler ses angoisses en une phrase courte et simple qu’il parviendrait à articuler.

- J’ai embrassé… un garçon… et…

- Et c’est tout ? Se retourna Sir Hawke manifestement soulagé. T’as quinze ans Singh, on a tous tenté des trucs plus ou moins étranges à cet âge-là, ça peut se comprendre. Vous êtes des bouillies d’hormones, on vous fait vivre les uns sur les autres, vous traversez des épreuves fondatrices de votre vie d’homme la main dans la main. Avoir une petite inclinaison pour un camarade c’est un grand classique… Alors fais ce que tu veux, ce n’est rien de bien sérieux. Essayez juste de ne pas trop vous montrer aux petits et de ne pas trop l’ébruiter. Tout le monde l’a fait mais personne n’a envie de bosser avec un type qui en parle. C’est stupide mais c’est comme ça que ça marche chez nous, si tu ne te sens pas l’âme d’un pionnier des droits civiques, fais profil bas sur le sujet mais ne t’en prives pas si ça te plait. On a qu’une jeunesse Singh et tu seras bien assez vite coincé avec quelqu’un que tu n’as pas choisis. Sir Hawke versa le lait dans une tasse et y planta une grosse cuillère de miel pour ponctuer sa diatribe.

- Mais enfin Sir… Marmonna Jamal, bouche bée. Ce n’est pas bien.

- Tu te souviens des dix commandements ?

- Oui Sir.

- On peut donc faire une exception à « tu ne tueras point » pour le bien de ce monde mais pas déclarer qu’on a le droit de bisouter son prochain pour se faire du bien…

- L’adultère est… Tenta Jamal.

- T’es ni marié, ni fiancé ! Secoue ta nouille aux quatre vents si ça t’inspire et si ça ne t’empêche pas de bien faire ton travail Singh. Tu n’as pas à rougir d’être un jeune homme vigoureux. La seule chose que je te demande c’est d’avoir l’accord des gens avec lesquels tu décideras de te tripoter mais vu comme tes copains te regardent tu ne devrais pas avoir trop de mal avec ça.

- Sir… je…

- Tu es parfaitement fonctionnel. Le coupa Sir Hawke. Si vraiment ça te perturbe dis-toi que c’est pour pas arriver idiot le soir de ta nuit de noce. Allez, bois ton lait.

  Jamal se tut, rendu calme par la surprise et le ton pressant de son maître d’armes, il bu le lait chaud trop sucré d’une traite et posa la tasse sur le guéridon bancal qui jouxtait le fauteuil où il avait été assis. Sir Hawke devait avoir envie de se recoucher rapidement car il saisit aussitôt la tasse pour la bazarder dans l’évier.

- Maintenant vas au lit Singh et arrête de poser des questions stupides. Ce qui se passe dans ton slip ne regarde que toi et les personnes que tu y invites, je ne veux plus jamais en entendre parler. Fous le camp !

  Jamal se leva roidement et se laissa mettre à la porte. Il n’était pas plus avancé… Tout du moins, il était passé de la terreur à une errance sans but dans laquelle il avait pour tout fil d’Ariane « Fais ce que tu veux, on s’en fiche, tout le monde s’en fiche, même Dieu ne t’en tiendra pas vraiment rigueur. » Mine de rien c’était assez rassurant, oui, bon, mais que voulait-il ? Il voulait se rincer le visage à l’eau froide et retourner dans son lit. Il s’exécuta, c’était simple comme but, simple et clair jusqu’à ce qu’il réalise que Leeroy avait quitté les lieux pour retourner sous sa couette à lui. Qu’à cela ne tienne, Jamal se leva, partit s’asseoir près de son camarade qui releva la tête d’un air confus.

- Je peux ? Demanda-t-il sans trop savoir lui-même ce qu’il s’apprêtait à faire.

- Viens. Répondit Leeroy en relevant un coin de ses couvertures pour lui faire une place.

  Jamal se glissa à ses côtés et le serra étroitement dans ses bras. Le parfum sucré de sa nuque, la douceur de ses mains qui se fermaient sur les siennes, l’engourdissement subit de ses pensées. « Fais ce que tu veux… » Ce qu’il voulait faire c’était aimer Leeroy. Il voulait partager son lit chaque nuit, il voulait embrasser ses lèvres encore et encore, il voulait aussi faire avec lui des choses qu’il n’aurait osé dire à voix haute mais que son corps exprimait sans le moindre gène. Cela ne semblait pas vraiment incommoder Leeroy qui laissa ses hanches frémir et chercher le contact des siennes.

- Je t’aime. Lui murmura-t-il en se coulant entre ses bras comme pour y disparaitre. Je t’aime tellement.

  Jamal lui embrassa l’épaule pour toute réponse et parvint enfin à trouver le sommeil. Peu importaient Dieu ou le diable finalement, il était aimé.

  Le réveil fût bien plus agité. La poitrine dans un étau, Jamal se redressa en sursaut avec l’envie de vomir et de disparaître à tout jamais. Malgré tout ce que Sir Hawke avait pu lui dire et la joie profonde qui l’avait brièvement transporté, cette histoire avec Leeroy le mettait mal à l’aise. Ce n’était pas correcte, pas correcte du tout et Sir Karan aurait grandement désapprouvé. Il aurait désapprouvé pour son plus grand bien et le plus grand bien de leurs deux familles. De toutes manières, que cela le frustre ou non, un homme devait savoir faire des choix et maîtriser ses pulsions aussi instinctives et exaltantes soient-elles. De plus Jamal n’osait imaginer les ennuis qui les guettaient s’ils se faisaient prendre, le mieux était encore d’y mettre un point final avant que cela ne dégénère plus avant… Enfin il aurait tout de même bien eu besoin d’un conseil clair ou d’une raclée, bref, de quelque chose qui l’aide à choisir.

  Ce devait être ça la vraie difficulté de la condition d’homme : prendre des décisions sans trop savoir si elles feraient de vous un homme bon ou la dernière des raclures.

  Jamal partit prendre une douche pour chasser les vertiges de la nuit, lorsqu’il en sortit, Leeroy était déjà en train de se raser dans la salle de bain commune. Jamal fut frappé au cœur. Le jeune Lord se concentrait sur son ouvrage, ses mains délicates caressaient son cou pour aider la lame à suivre le dessin délicat de sa mâchoire. Ses yeux pâles se perdaient dans son reflet, imperturbable et minutieux il découvrait peu à peu ses traits. Il avait déjà rincé et séché son visage que Jamal ne s’était pas encore remit de sa contemplation.

- Ça va ? Sourit Leeroy, éclatant de beauté. Tu as bien dormi ?

  Un second coup droit au cœur, c’était cruel de s’infliger cela mais si la vie d’un chevalier était faite de plaisirs cela se saurait.

- J’ai eu du mal au début mais ça va et toi ? Demanda Jamal en apprêtant de quoi se raser à son tour.

- Oui, j’ai eu peur de t’avoir vexé ou je ne sais quoi mais tu es revenu… alors oui. Ronronna-t-il le regard brillant.

- A ce propos. Se lança Jamal, bien décidé à faire preuve d’honnêteté par respect pour son camarade. Ce fût très agréable et je dois admettre que… j’ai pour toi des sentiments et certains désirs, cependant il me semble que ce serait une erreur d’y laisser libre cours. Tu t’es déjà fait rosser par ton père et je crains que nous n’allions au-devant de terribles ennuis si nous continuons sur cette voie.

- Donc… Tu ne veux pas de moi ? Hésita Leeroy, au bord des larmes dans une comédie qui ne parvint même pas à abuser le cœur enamouré de son camarade.

- Ne sois pas ridicule s’il te plait. Si je ne voulais pas de toi je ne t’aurais pas embrassé et tout serait bien plus simple. Se raidit Jamal en fronçant ses épais sourcils. Je pense seulement que nous avons bien plus à perdre qu’à gagner dans ce genre de relation. Je resterai ton ami et un camarade fidèle mais je ne souhaite pas que nous entrions dans un cercle vicieux de cachoteries et de mensonges. Si l’on me pose la question, je répondrais sans détours sinon je le garderais pour moi mais je ne veux pas avoir à taire les choses qui me rendraient honteux et encore moins celles qui me rendraient heureux. Si je ne peux pas être ton amoureux au grand jour, je préfère ne pas l’être et puisqu’il nous est impossible d’aller plus loin sans avoir à nous cacher, je préfère ne pas le faire.

- Toi et tes principes à la con ! Cracha Leeroy, venimeux. T’es vraiment qu’un laquais de bout en bout, pas une once d’audace, toujours droit dans le rang hein ? Même crever vous ne savez pas le faire sans être au pied de vos maîtres. Enterre ton vieux larbin de Grand-père tout seul.

- Amen. Conclut Jamal, en tâchant de rester de marbre tandis que Leeroy sortait en bombe de la salle de bains.

  Il ne savait pas s’il devait être blessé ou profondément soulagé. Une chose était sûre, il n’était pas surpris, le mépris était la réaction de défense la plus courante chez Leeroy, ce qui l’avait vraiment mis mal à l’aise ce furent ces fausses larmes qu’il avait tenté de faire poindre. Ça, ça lui avait glacé le sang. Archie trouverait sans doute cette histoire terriblement croustillante s’il pensait à lui tirer les vers du nez.

  Jamal dû pousser un profond soupir et attendre plusieurs secondes que ses mains cessent de trembler avant de pouvoir se raser. Il devait enterrer Sir Karan aujourd’hui, il ne pouvait pas se permettre d’être moins qu’impeccable.

  Ce fût une belle cérémonie. Jamal était assis près de Charles et de ses parents. S’ils portaient tous trois des tenues de seconde main bien élimées, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus marquant chez eux. Tout d’abord, Sir Van Helsing avait rasé son bol blond et ses sourcils en signe de deuil mais surtout madame Van Helsing… C’était une dame d’une maigreur alarmante et d’une pâleur qui laissait présager du pire. Ses yeux immenses réussissaient l’exploit d’avoir l’air plus hallucinés encore que ceux de son époux et de son fils et étaient bordés d’épais cernes bleutés qui les plongeaient dans leurs orbites sans fond. Sa lourde chevelure brune parsemée de gris qui semblait n’avoir jamais été ni coupée, ni vraiment démêlée, se rassemblait en un gargantuesque chignon à l’arrière de sa tête d’où s’échappaient des mèches qui parvenaient encore à tomber jusqu’à sa taille. Ce ne fût qu’à ce moment-là que Jamal réalisa qu’elle portait une tenue du siècle dernier, en voyant sa taille minuscule réduite par un corset à celle d’une bouteille de vin de Cène. Il aurait pu en faire le tour avec les mains sans effort.

  On aurait dit une sorte d’oiseau nocturne et sinistre, de quoi faire fermer son clapet au plus téméraire, même Léonard qui n’était pas un parangon d’élégance n’osa pas faire de remarque sur son passage. Pourtant elle s’avéra bien vite être très gentille, douce, prévenante sans s’imposer. Des qualités qu’elle n’avait pas manqué de transmettre à son fils. Ils formaient vraiment une famille merveilleuse. Archie commenterait plus tard « Un extraterrestre et une banshee dont l’enfant est Jeannot Lapin ». Si Jamal aurait aimé pouvoir le dédire, il se devait tout de même de reconnaitre qu’une fois la ressemblance relevée il était impossible de se la sortir de la tête.

  Leeroy avait tenu sa parole et ne s’était pas présenté, ni à la chapelle, ni au cimetière, ni au petit salon où Lord Bryant avait demandé que soit servi le thé afin de réchauffer les cœurs. Léonard et sa sœur Lucrèce étaient venus lui présenter leurs condoléances en bonne et due forme et excuser leur mère qui avait filé en catimini après la cérémonie pour régler des affaires d’accouchement de l’une de ses nombreuses filles. Lucrèce était tout aussi charmante que la première fois, elle s’exprimait bien, avait de l’esprit à revendre et portait le noir avec une élégance qui imprima dans l’esprit de Jamal une silhouette dont il aurait du mal à se défaire.

  Vint alors le moment d’Archibald qui s’avança penaudement en ayant pris soin d’attendre que les Alistair soient loin pour pointer le bout de son nez rond.

- Bonjour Jamal. Tenta-t-il, la gorge serrée.

- Bonjour Archibald. Ne put s’empêcher de sourire Jamal. Je suis désolé pour l’autre jour, je n’aurais pas dû m’emporter.

- Tu as eu raison, j’ai été exécrable, je n’aurais pas dû reprendre des Loukoums au brunch, le sucre ça me met d’une humeur de chien !

- Ça et le haggis ! Se rappela soudain Jamal avec amusement.

- Oui mais pas pour les mêmes raisons. Grimaça Archie. Bon, assez parlé de moi ! Comment s’est passé cette semaine ? Mon Grand-Père n’a pas arrêté de nous parler de toi, je ne sais pas ce que tu lui as fait mais il n’a pas cessé de me harceler de questions sur toi. Il n’est pas venu t’ennuyer au moins... ? S’inquiéta soudain Archie sous ses bouclettes aux reflets cuivrés.

- Non, ne t’inquiètes pas. Le rassura Jamal en jetant un coup d’œil au vieux Lords aux allures de Père-Noël imberbe et dégarnit qui semblait mener un interrogatoire des plus haletants sur leur professeur de mathématiques. Il est venu me saluer et me présenter ses condoléances… Je l’ai remercié pour son soutien et son aide mais nous n’avons pas vraiment échangé plus que cela. C’est un homme d’une grande générosité, tu as de quoi être fier de lui.

- Méfie-toi, il a l’humour généreux aussi et ce n’est pas toujours d’un goût très délicat. Si tu veux un conseil, préserve tes chastes oreilles et reste loin de lui quand il a bu du Chardonnay.

- On dirait que la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre. S’amusa Jamal.

- Oui, je suis d’accord ! Parfois Papa, William, Kenneth et l’oncle Alphonse sont terriblement grossiers.

  Jamal pu voir qu’Archie serrait les dents pour ne pas rire à sa propre plaisanterie. Le revoir lui faisait un bien fou ! C’était le point final de cette semaine aussi étrange qu’atroce. Archie était de retour à la maison et sans même y avoir songé c’était bien la seule chose que Jamal voulait vraiment.

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