L'intervention II

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Dans la chambre, 10 minutes avant.

— Ouvrez la porte ! Luciath ouvre-moi cette porte, immédiatement !

Les mots du Colonel Larse peinèrent à traverser l'épaisse porte blindée.

 — Ne t'inquiète pas Tonton Zazac.

Yakath ne remonta pas dans sa chambre quand sa maman le lui ordonna. Elle avait senti que Larse voulait du mal à Isaac. Elle aimait bien Isaac. Sa façon de la regarder peut-être. Quoiqu'il en soit, elle fit semblant de monter à sa chambre et quand elle fut hors de vue de tout le monde, se précipita dans celle d'Isaac.

 — Je vais t'aider.

Yakath avait dans la voix la même sérénité que sa mère. Bien qu'elle ne mesura absolument pas l'ampleur du danger qu'Isaac représentait pour sa famille il y avait dans son ton un calme rassurant. Ses grands yeux ronds et clairs fascinèrent Isaac. Il voulut un moment s'y perdre et se réveiller à Paris dans son existence normale, loin de toute ça. Il essuya une larme sur la joue de l'enfant et lui demanda pourquoi elle avait pleuré.

 — Le méchant monsieur à l'entrée, il veut te faire du mal. Il a fait du mal à maman aussi. Alors, j'ai pleuré mais, pas fort.
 — Ce n'est rien Yaka. Ta maman est forte, tu sais ? Elle trouvera une solution pour que ce monsieur méchant ne vienne plus vous embêter.
 — Oui. Ma maman c'est une Reine, tu savais ? Les Reines sont les plus fortes.
 — Comme toi, ma belle. Tu seras une Reine plus tard. Et comme tu es déjà très courageuse, tu seras une très bonne Reine.

Il passa sa main dans ses cheveux, surpris par le calme de cette petite fille malgré les coups violents assénés à la porte.

 — Tu vas aller te cacher dans la penderie Tonton, dit-elle calmement.
 — Dans la penderie ?

Isaac trouva l'idée enfantine et surréaliste. Pourtant, Yakath le prit par la main en l'amenant vers l'armoire, sûre d'elle. Elle ouvrit la porte, tira sur le côté les vêtements pour laisser apparaître le fond de la penderie. Elle poussa un petit levier qui fit s'ouvrir une trappe discrète. L'air du dehors s'engouffra dans leurs poumons.

 — Vas-y, Tonton. Ça va jusqu'à la forêt des deux murs. Grand-père et moi on a construit ce chemin, il y a longtemps. Personne ne se souvient qu'il existe.

Elle eut un petit air cachotier. Isaac s'engouffra dans l'étroit passage assez pentu et une fois dedans se tourna maladroitement en tendant la main à Yakath pour lui dire de venir. Mais elle avait déjà remis les vêtements à leur place et ferma la trappe d'un coup.

 — Yaka ! Viens avec moi ! ordonna-t-il. Viens ! C'est dangereux ! Viens ! S'il te plaît.

La terre se déroba sous ses pieds soudainement. L'humidité du sol avait fragilisé d'anciennes marches. Il glissa sur quelques mètres. Il tenta de remonter mais le bruit sourd de l'assaut l'en dissuada.

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