Chapitre 39 – Caresser les écailles

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Après le bain, ils remirent pragmatiquement leurs habits, ne sachant pas ce qui pourrait arriver lors du reste de la soirée. Ils restaient assis sur le lit, attendant que l'autre annonce le programme. Cherchant à cacher son stress, Isa'th se contenta d'agiter son index écailleux à taper le dessus de son autre main. « Isa'th … Interrompit-elle d'un ton agacé.

  • Désolé, c'est juste que … Je ne suis pas sûr de la suite.
  • Moi non plus. » Répondit-elle en riant.

Kali approcha sa main des griffes argentées pour les inspecter un moment. Et puis, quand ses joues se mirent à rougir, elle les porta à ses lèvres et les baisa. « Est-ce que tu peux ressentir ça ? Demanda-t-elle, inquiète. Elle eut sa réponse lorsque les oreilles d'Isa'th virèrent au rouge. Il avait l'impression qu'une flamme se dissipait sur le dos de sa main et que la chaleur remontait le bras. « Oui, je peux le sentir. On dirait que tu souffles dans mon bras entier. Expliqua-t-il avec un grand sourire. Ça faisait comme ça. » Termina-t-il en tenant la main gauche de Kali pour la porter jusqu'à ses lèvres à lui et tricher légèrement en faisant tournoyer l'air chaud de son expiration autour du membre de la jeune femme. Elle rougit plus que lui pour une fois et retira sa main par réflexe. Il fut vexé de son échec car il attendait un retour similaire de sa part mais elle ne lui montrait que sa nuque. Alors qu'il faisait la moue, elle se retourna. Prit son courage à deux mains, monta jusqu'au front et l'embrassa de nouveau. Cette flamme fit fondre son cerveau et le laissa agité et confus. Ou plutôt, excité. Il resta immobile devant elle, bouche entrouverte, haletante. Alors que les mèches d'Isa'th se répandaient sur son visage, Kali ne résista pas à la vue et approcha lentement ses lèvres. Visant le menton d'Isa'th, elle y déposa un autre baiser. Il y répondit malgré lui par un gémissement, sentant sa mâchoire sur le point de s'effondrer. Après cette nouvelle réaction, elle recommença cette fois sur le cou, envoyant des frissonnements le long de leur échine. Puis, ce fut la joue. La chaleur se propagea sur tout le côté de la tête alors que le bruit de l'inspiration retentit. Elle s'éloigna enfin, posant ses mains devant elle, penchant légèrement la tête pour examiner Isa'th après ces échanges. Il rapprocha finalement sa main gauche vers celles de Kali, les frottant en la regardant dans les yeux. Il s'inclina et osa finalement caresser la joue de Kali avec ses doigts argentés, écartant ses cheveux derrière son oreille. Et il se pencha un peu plus.

Pendant ce baiser, ils gardaient leurs yeux fermés. Nul besoin de prêter attention à la vue, la confiance était totale et priver d'un des sens amplifie le ressenti des autres. Inhalant par le nez quelques fois, ils partagèrent le même souffle dans cette union. Ressentant les besoins de l'autre et y répondant à chaque impulsion, comme un réflexe. Ils agirent inconsciemment dans cette respiration. Elle leva alors la main vers le torse du jeune homme, déboutonnant sa veste, la faisant coulisser sur ses épaules. Passant sous la chemise pour la retirer par la tête. En interrompant leur connexion, Isa'th remarqua où elle en était et cacha son épaule droite pauvrement. « Tu peux me laisser voir, je ne te ferai pas mal.

  • Ce n'est pas de ça que j'ai peur … » Expliqua-t-il en baissant les yeux sur sa main écailleuse.

Elle passa les doigts sur sa peau. Si hâlé, si fragile. Elle comptait les entraînements que lui faisait subir son père rien qu'en sentant les cicatrices qui jonchaient son buste. Le reste du bras n'était pas cuivré, le métal atteignait la tête de l’humérus, décrivant de beaux anneaux métalliques. L'intérieur semblait s’aplatir. Le clair obscure formé à partir du cuir noir au dessous rendait l'éclat plus scintillant. Mais les traces de sang qui provoquaient la progression de la métamorphose n'étaient pas négligeables, il aurait suffit d'appuyer légèrement sur les dernières écailles formées pour raviver la blessure venant de leurs sorties. Isa'th grimaça alors qu'elle effleurait les écailles, sentant qu'elles passaient près d'un nerf. Une perle de sang coula de l'épaule qu'elle essuya pragmatiquement avec sa robe. Remarquant le gâchis de la tâche maladroite sur sa robe, elle commença à retirer momentanément ses mains d'Isa'th pour les ramener sur ses épaules, attrapant l'élastique en tissu qui soutient la tenue. Sa tenue, alors que la nuit tombait, les lanternes au dehors illuminaient encore par la fenêtre. D'un blanc orangé qui révélait les courbes de la jeune fille par le contraste fait avec les ombres. Les manches bleutées et rougeâtres reflétèrent sur les murs un panel de couleur, l'ambiance devint encore plus intime lorsqu'elle leva par dessus sa tête la robe, la lumière diminua brutalement. Un teint bleuté sombre remplaça la lumière réfléchie par les vitraux de ses manches. La fête ne battait plus son plein par delà cette vitre. Les foules se dissipèrent, retournèrent à leur misère quotidienne après cette catharsis qui les libérèrent brièvement. Mais là, cette minuscule pièce, ce si petit espace dans cette ville nauséabonde et parsemée de crime, corruption, sang et sueur. Elle était isolée de tout. Il n'y avait que deux personnes. Ardents sans qu'ils n'aient à brûler. Leurs battements de cœur résonnaient, à l'unisson.

Lorsque ses yeux s'habituèrent à la nouvelle obscurité, Isa'th observa la scène. Elle était là, en face de lui. Assise sur ses talons, recouvrant sa poitrine avec ses bras, regardant le sol par gêne. Il resta hébété devant elle, bouche ouverte. Pas de rhétorique, de réflexes salvateurs pour le tirer de cette situation là. Ce nouveau terrain inconnu était un des plus effrayant qu'il avait rencontré. Malgré toute la confiance qu'elle lui accordait, bien plus dévouée que la fois où elle lui offrit sa vie ou celle ou elle le guida dans leur mission. Si sa vie avait été menacée, un ouragan se serait peut-être déclenché dans la ville. Mais avant qu'il ne pense à cette éventualité, avant que son cœur ne change de course pour virer au pire, elle laissa la gêne de côté pour lui apporter la sérénité. Elle prit sa tête dans ses mains, ses yeux plongeant dans les siens, ses cheveux se mêlant aux siens, ses bras l'entourèrent. Le corps de Kali semblait fondre contre le sien alors qu'elle s'approchait pour l'embrasser tendrement, transférant toute sa chaleur par ses lèvres, sa langue. Alors qu'elle irriguait son corps, la poitrine d'Isa'th se leva. Comme le ballon d'un dirigeable utilisant l'air chaud pour monter, il se sentait voler. Il se leva légèrement d'ailleurs pour se repositionner.

Il sentit le besoin de sentir ce corps souple contre lui, besoin de sentir la pression de sa ferme poitrine pendant qu'il glissa une cuisse entre les siennes. La nécessité de toucher, d'être touché, de donner et prendre l'ont presque submergé. Elle souffrit et lâcha un gémissement. La douleur était pénible mais une fois habituée, elle pensait qu'elle ne pouvait pas être suffisamment proche de lui. Elle frotta sur la couverture sous elle, glissa, l'effleura. Elle lévita en serrant toujours Isa'th contre elle, ses mains étaient si chaudes. Contre sa peau nue, Kali sentait des rafales de chaleur venant du cœur en face du sien, elles lui lançaient des stimuli pendant qu'un autre son lui échappait. Isa'th avait besoin de sentir sa peau fiévreuse sous ses doigts, il ferma son emprise sur elle autour du bas de son dos. Sa peau de soie, douce au toucher, il courut après les courbures de sa taille, les arches de ses côtes. Il serra ses mains, la ramena vers elle pour saisir ses lèvres, les mordiller, les sucer. Elles étaient comparables aux friandises que les enfants de la rue s'arrachaient. Le goût de celles que Relm avalait sans répit y était proche. Il n'arrivait pas à se décider si leur douceur était naturelle ou venait des quelques gâteries qu'elle acceptait de l'enfant. Il se mit à bruire lorsque la peau de Kali chauffa à son toucher.

Ils s'écroulèrent sur la couverture. Kali tenait encore Isa'th contre elle en plongeant sa tête dans le creux de son épaule pendant que ses jambes se tendaient au loin contre sa volonté. Lorsque sa force quitta finalement ses membres, elle put regarder le jeune homme dans les yeux et l'embrasser une dernière fois avant de tomber de fatigue en lui confiant son collier de fleur.

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