Chapitre 26 – Aelton

5 minutes de lecture

 Située au centre d'Hashia, Aelton était une grande ville minière où beaucoup d'espèces se regroupaient pour le commerce et le transport de pierres précieuses. C'était une des raisons qui poussait la ville à accueillir beaucoup de voleurs et de contrebande. Leurs activités nocturnes rendaient la ville dangereuse, sans pour autant empêcher un toujours plus grand nombre de personnes de sortir, attirés par la recherche de fortune.

 C'était d'ailleurs la ville avec la plus grande concentration de sahuaguins : des bipèdes semblables aux lexidaes ne diffèrent que par leur couleur de peau et de leurs yeux. Leur peau bleu pâle leur donne un air glacial et tranquille, allant de pair avec des apprentissages concentrés sur la maîtrise de l’eau. Des protubérances leur sortent du crâne. Ces cornes sont erratiques, il y a des cas d’aveuglement par manque d’entretien de corne poussant maladroitement. Leur sclérotiques noires intimident efficacement les gens, surtout lorsque leur iris scintillent comme des gemmes sur leur teint pâle. Comparé aux oreilles rabattues et rondes des lexidae, les sahuaguins ont leur cartilage étendu sur les côtés en cône. La différence la plus notable est leurs tatouages de naissance : un liquide noir très concentré en énergie interne circule à l'intérieur de leur corps et leur permet de mieux employer la magie. Ce liquide emprunte des vaisseaux très proche de l'épiderme et laisse donc des marques sur leur corps. Chaque individu possède un tatouage qui lui est unique.

 Il existait de grands groupes criminels à Aelton. Les meilleurs avaient des sahuaguins très strictes sur les quotas à remplir à leur tête. Si un casse échouait ou une affaire se perdait, que le responsable soit un subordonné ou un descendant, son sort était fatal. Contrairement à Sirnak ou à la Vallée du Vent, Aelton était une immense ville d'environ cinq million d'habitants. La partie légal du commerce de la ville prenait place de jour dans un immense marché, où les commerçants haussaient considérablement les prix, tandis que la partie illicite de l'économie se déroulaient dans tous les recoins, de nuit. Un immense pont servait de structure principale à Aelton. Celui-ci avait été modifié au fur et à mesure du temps par les bandits et regorgeait alors de passages secrets. Les voies ferrées du tram d'Hashia passaient par le flanc de la ville haute. Des bidonvilles aux conditions déplorables se trouvaient sur les côtés de la ville et s'empilaient en hauteur.

 Bien que les mines exploitées étaient situées sous le pont. La ville était autrefois construite par dessus un immense lac pour offrir un passage à travers les montagnes. La route devint extrêmement populaire et le commerce s’y installa aisément. C’est seulement lorsque d’innombrables pierres précieuses furent trouvées au fond que le lac fut vidé et exploité. Le minerai était fondu et traité causant des fumées nauséabondes néfastes pour la santé des habitants. La ville passait de taudis fait de planches de métal rouillé dans ses bas-fonds à des maisons de pierre décorées de auvents à l'entrée du pont. Effectivement, plus on s'éloignait de l'entrée, plus les bâtiments étaient luxueux : les maisons de pierre perdaient de la hauteur pour laisser leur place aux villas marbrées.

 Et c'était dans cette ville que les deux vagabonds passaient à la recherche du fameux train. L'entrée n'était guère accueillante : en sortant de la forêt, une structure en métal rouillé amenait à la ville construite sur l'immense pont. Les profiteurs avaient asséché la rivière qu'il y avait en contrebas pour exploiter plus facilement les minerais. L'entrée donnait l'impression que la ville était abandonnée, les seuls signes de vie venaient de la fumée noire s’élevant dans les airs et le bruit derrière les murs. Isa'th commença à s'inquiéter en imaginant tous ces gens réunis au même endroit et le danger qu'il pourrait représenter pour eux mais également celui qu'ils représentaient pour lui et le renard. Ils s'avancèrent sur les plaques rouillées. Ils croisèrent des gens de la ville revenir avec des minerais dans des paniers faits de grandes feuilles. Les grincements de leurs pas sur les plaques ne les dissuadaient pas d'avancer. L'entrée était dominée par des miradors d'où des militaires observaient en silence l'intérieur des taudis. En s'avançant vers les bidonvilles, Isa'th eut le réflexe de couvrir son bras droit soigneusement puis de se couvrir le nez et rabattre sa capuche sur sa tête. La vue le surprenait : des lexidaes et des sahuaguins rassemblés autour de fourneau en déposant les pierres qu'ils portaient, ils les jetèrent toutes dans des fourneaux en se plaignant de leurs problèmes de dos tout en toussant à cause de la fumée. Des enfants revenaient également mais avec de plus petits paniers. Isa'th n'était pas sûr de pourquoi ces gens travaillaient dans ces conditions mais le renard partait devant en lui tirant la main gauche à son habitude. Leur arrivée avait déjà attiré l'attention : des passants remarquaient les vêtements usés et encore tâchés de sang de l'inconnu. L'état de ses vêtements les sortait du lot mais les blessures à son visage et son pas boitillant inquiétait davantage. Ils accélèrent leur allure mais furent arrêtés par un drôle de spectacle devant eux : un sahuaguin adulte frappait un enfant de la même espèce au sol. Le renard commença déjà à contourner la scène en tirant plus fort son compagnon. Sans succès : Isa'th se libéra de son emprise et marcha en direction des deux sahuaguins juste à temps pour arrêter un coup de pied dans l'enfant avec le fourreau de son arme, et demanda : « Pourquoi le frappez-vous ?

  • Ça ne te regarde pas étranger. Répondit-il sèchement.
  • Ça ne m'a pas empêché d'agir pourtant. Quel est votre motif ?
  • Humpf, il n'a pas atteint son quota et espère manger sous mon toit ce soir alors je lui apprends sa leçon quotidienne.
  • Qui est ? Demanda le jeune homme en penchant sa tête sur le côté.
  • Tu n'es pas utile à la famille, tu meurs. Tu débarques d'où au juste ?
  • De la Vallée du Vent. Est-ce que ça sera suffisant pour qu'il puisse manger ce soir ? Demanda-t il naïvement en tendant une bourse d'argent
  • Et d'où tu sors ça ?!
  • Je l'ai gagné en faisant un petit boulot ?
  • Écoutez, je veux pas d'ennuis, il mangera ce soir je vous le jure. Laissez-moi partir !
  • D'accord, mais pourquoi vous paniquez ?
  • Vous … n'êtes pas d'ici ?
  • Non je viens d'arriver, qu'est-ce que ça fait si je viens d'ici ?
  • Rien du tout ! Merci pour l'argent.
  • Ce n'est pas pour vous.
  • Quoi ? »

 Isa'th contourna le sahuaguin sans qu'il ne s'en aperçoive et lui tendit les pièces. « Merci m'sieur. » Dit-il d'une petite voix en partant vers un jeune lexidae qui transportait des légumes sur une charrette. Plus tard, l’enfant rentra avec beaucoup de produits dans les bras et les tendit à son père qui les prit en frottant la tête de son fils qui sourit en retour. Isa'th les regarda entrer dans une maison avec un regard étonné, il ne comprenait pas la logique des sahuaguins : pour eux, il est important d’être utile, ils doivent compenser leur parent pour leur avoir donné la vie et donc perpétuer l’héritage sans négliger les ancêtres.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Gabriel "Iloru" Vinay ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0