Lorsqu'il se réveilla péniblement, la moitié du corps engourdi, tout le déranger. Le soleil était très clair à travers son oeil poché, un son strident résonnait encore dans son oreille, il n'arrivait pas à s'appuyer sur sa droite pour se relever. Il pensait avoir atteindre la félicité. Il était encore en contrôle. Ce qu'il venait de vivre se révélait bien réel. Isa'th observait la scène autour de lui à la recherche de son compagnon. Simplement pour se vanter de son exploit. Le bonheur qu'il ressentait s'estompait quelque peu lorsqu'il ne parvint pas à le voir.

 Il jeta sa capuche sur ses cheveux et mit toute sa force sur sa jambe encore valide pour chercher un renard blanc. Même avec un oeil inutile, il remarqua un souci : il n'y avait rien autour de lui. Quelques mauvaises herbes, des arbres, beaucoup de végétation en somme mais il n'entendait aucun animal. Bien qu'il aurait été tentant de rejeter la faute sur son oreille sonnante, il n'y avait personne. En se laissant tomber au sol (pour éviter de se démarquer), il espérait taire l'acouphène pour se concentrer. Cherchant un son irrégulier. Le moindre chant d'oiseau. Un craquement de branche.

 Une expiration captiva son attention. Il se retourna brusquement, au détriment de la moitié de son corps qui criait de douleur, pour trouver un canidé boueux. En scrutant d'un oeil, il remarqua quelques poils blancs immaculés sous cette couhe de terre. Sans se soucier de la saleté de l'animal, il se jeta sur lui pour l'enlacer. En rassemblant ses pensées, il s'imagina que le renard essouflé avait guidé la battue loin de son ami et était revenu en se camouflant comme il put. Quant au renard, il espérait de toutes ses forces être capable d'exprimer son mécontentement en regardant les blessures du jeune homme et l'inconscience dont il avait fait preuve dernièrement. En revanche, l'étreinte de son compagnon souriant le distrayait et, par réfléxe, répondit à l'accolade en ramenant sa queue autour d'eux.

 Aussi tenté soit-il de suivre l'idée de son ami, Isa'th dû s'empêcher de se recouvrir à cause de ses blessures. Il venait de dormir dans le froid mais laisser ses plaies être éxposées à la saleté et éventuels microbes était trop risqué dans leur situation. Le renard ouvrait la marche pendant que son compagnon blessé suivait péniblement derrière en ménageant sa jambe. En s'appuyant sur les arbres pour soulever sa jambe traînante, Isa'th essayait de manger sa part de ration. La moitié de son visage lui faisait mal. L'impression que quelques une de ses dents menaçaient de se détacher le forçait à prendre encore plus de temps, au détriment du renard qui devait se retourner toutes les minutes pour ne pas semer son compagnon handicapé.

 L'animal continuait de lui jeter des regards désapprobateurs. Son anxiété ne faisait que croître dès qu'il se retournait pour voir le rictus tracer sur la joue ensanglantée de son ami. Sa négligence n'était comparable qu'à la satisfaction qu'il éprouvait d'avoir "gagné". Le renard ne cachait pas sa déception.