Chapitre 23 – Assaut dans la forêt

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 Les yeux d'Isa'th étaient différents pour une fois : seul l'œil droit laissait échapper la lueur rouge annonciatrice de mort. Le vent s'intensifia puis disparut en un instant. Une bourrasque maladroite repoussa les flèches avant que le porteur n'eut le temps d'effectuer le moindre geste. Aucune ne l'atteignirent lui ou les prisonniers derrière lui, toutes se plantèrent dans le sol après avoir tournées en l'air. Cependant, la quantité de magie employée l'avait fatigué. Il resta debout, face aux bandits. Mais les plaintes de Strago et les pleurs de Relm persistaient. Isa'th restait devant eux immobile car il n'arrivait pas encore à bouger. La lueur rouge s'évanouit et les jambes d'Isa'th avaient plus de mal à le soutenir. Des gouttes de sueur parcouraient le visage du porteur et sa respiration était bruyante et rapide mais il se tenait toujours debout et soulevait péniblement son épée à la lame de jais. Il reprenait une pose défensive et poussait sur ses jambes, la droite laissait échapper plus de sang qu'avant. Goutte par goutte, la terre se recouvrait de sueur et de sang. Malgré ces tribus, les insultes de Strago et des bandits continuaient à résonner dans la tête de Isa'th : « Démon ! », « Crève ! », « Enfoiré de monstre ! » Ainsi de suite, toutes sur le même ton et au même volume.

 Un autre bandit tira une flèche en direction du blessé mais le porteur était encore capable de bloquer l'attaque. Il frappa avec le tranchant de la lame coupant le bois et les plumes. La flèche ne traversa pas l'épée. Le mouvement qui lui était nécessaire pour parer le coup fit de nouveau couler du sang de sa jambe droite. Puis, une lexidae avec une épée courte essaya de lui couper la tête d'un coup horizontal. Elle manqua son coup quand Isa'th baissa la tête au dernier moment. Il attrapa ensuite la main du bandit et lui frappa le menton avec les premières phalanges de sa main couvertes d'écailles, puis posa sa paume contre le torse de l'adversaire et la projeta contre un arbre avec une bourrasque. Il récupéra l’arme du bandit et la projeta pour l’épingler à l’arbre, la femme était suspendue en l'air avec la mâchoire en sang et le col de son habit lui serrant le cou. Ensuite les jambes d’Isa'th le lâchèrent, il ne tenait plus debout et s'écroula. Lorsqu'il était à genoux, d'autres flèches étaient armées, une autre volée allait venir.

 Dans un dernier espoir, il voulu les résonnait : « Arrêtez ! Vous risquez de toucher les gens derrière moi ! » En regardant les cordes se tendrent au maximum, Isa'th bondit sur le côté, espérant que les flèches le suivraient. Avec le peu de magie qu'il était capable de réunir, il invoqua une autre bourrasque qui balaya des flèches avec un mouvement de bras horizontal maladroit. Les projectiles se perdirent aux pieds du porteur pendant que ce dernier titubaient vers un arbre pour s'enfuir.De son oeil émanait encore la lueur rouge, elle essayait de l'engloutir. Pendant qu'il sentait son crâne s'ouvrir en deux, Isa'th était entouré de deux bandits armés de hache. Il ne les remarqua que lorsque leur coup était armé. Le renard parvint enfin à le rejoindre pour finalement le tirer vers le sol en lui mordant la main. Leur frappe fut suffisamment puissant pour arracher un gros morceau de bois lorsqu'il retirait leur arme de l'arbre de toutes leur force.

 Alors que l'animal trainait au sol son compagnon en s'éloignant de la mélée, la vision de ce dernier devenait de plus en plus confuse : la scène sous ses yeux se mélangeait à intermittence avec la vue du Sanctuaire. Ainsi, il ne distingua pas le bandit qui leur barrait la route. Isa'th ne parvint pas à esquiver le coup : il reçut un coup de massue sur le coin du visage, juste à côté de l'oeil. Il pouvait seulement entendre ses oreilles sonner, son cri de douleur lui était inaudible. Le renard fut déstabilisé par le choc et les deux tombèrent sur le côté. L'adversaire qui parvint à les renverser retourna à l'assaut en frappant du talon les côtes du porteur. Même sans être capable de l'entendre se briser, la fructure de l'os résonna dans le reste de son corps. Le renard répondit à l'attaque en se jetant sur l'attaquant. Il planta ses crocs dans ses poignets et le renversa avant de jeter son arme au loin.

 Isa'th se relevait péniblement, raclant de la terre avec ses griffes. La douleur s'estompait lorsqu'il reçut une dose d'adrénaline. Le vent se réunissait autour de son poing qu'il frappa au sol dans un élan de frustration. La poussière recouvrait la mélée. Le renard le retrouva à son odeur et réussit à traîner le porteur en dehors du camp de bandit alors que les poursuivants étaient handicapés. Ceux qui n'étaient pas occupés à tousser ne voyaient rien à travers la fumée. La voix de leur chef retentit lorque celui-ci ordonna aux plus impétueux de retenir leurs flèches au risque de tuer quelqu'un.

 Le garçon récupéra ses sens et reconnu sa voix, criant de douleur. Exaspéré et furieux, le renard lança Isa'th contre un tronc d'arbre pour reprendre son souffle. Ce dernier cessa ses cris un moment pour écouter les bandits qui organisaient leur battue. Un sursaut de douleur le ramena à ses blessures. Il voulu hurler pour faire effet de catharsis mais le regard foudroyant du renard l'amena à se mordre la main gauche pour y résister. Lorsque l'animal fit un geste vers une direction aléatoire, Isa'th s'éxecuta et leva d'autres écrans de fumée là-bas. Satisfait, le renard porta de nouveau le garçon sur son dos pour s'enfuir vers la direction opposée.

 Lorsqu'il estima être suffisamment éloigné des autres, le renard se relâcha. Les deux étaient exténués. Le renard aurait voulu exprimer son reproche. Pour la naïveté de son compagnon, pour les risques inutiles qu'il prenait, pour ne pas chercher la solution la plus simple. Il ne pouvait que lui lancer un regard incendiaire. Mais à sa surprise, Isa'th souriait. La blessure au visage enflait et l'empêchait de former un sourire correctement et malgré la douleur, il persévérait dans ce rictus. Quand il respirait, la moitié de son corps était transpercé par la souffrance mais ce n'était pas important. Il avait réussi. Il continuait de sourire en répétant : "Je n'ai pas besoin de toi." Imaginant l'homme derrière la cascade qui y était encore enfermé à la fin de cette journée. La satisfaction d'avoir "battu" cet homme compensait la douleur.

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