La nuit venait. Les deux vagabonds, blottis l'un contre l’autre, dormaient profondément avec pour couvertures le manteau d'Isa'th et le pelage du renard. Bien que le froid s’installait, le feu était toujours un sujet tabou pour eux. Le jeune homme avait pourtant froid et se collait à la chaleur de l'animal. Il profita aussi de l'occasion pour dégager ses jambes brûlées des bandages constrictifs. La peau devenue rouge pu se reposer sur les herbes encore humides. Entre soulager la douleur et supporter le froid, des compromis étaient nécessaires. Le jour se leva et le renard sortit du sac les provisions pour le petit déjeuner. Quand il prit sa part du repas, il ramassa un morceau de pain du tas préparé par l'animal, un pain au raisin tendre mais croustillant. Il n'y avait pas de goût désagréable dû à la fumée du feu, seulement celui des fruits cuits. Une odeur de pâte sucrée encore chaude envahissait la gorge d’Isa'th et du renard quand ils goutèrent le pain volé à la fille de Strago et le jeune homme dit : « Il avait raison, sa fille est vraiment bonne pour le pain. Nous devrions partir, s'ils ont compris qui j'étais ils sont sans doute à ma recherche et nous avons encore un obstacle avant d'atteindre Lazulis. Ça pourrait être dur rien que d'entrer dans les wagons. » En l'entendant, le renard cessa de mâcher et baissa la tête en entendant ces mots. Après avoir rangé les provisions dans le sac en toile, Isa'th le porta sur une épaule en le tenant avec sa main gauche et avant le départ il resserra le tissu bleu qui lui servait de ceinture, nettoya la lame noire de son épée au pommeau d'ivoire, puis, finalement, ils se mirent en route.

 Ils gardèrent en vue la route officielle et la suivirent du regard en restant dissimulés dans la forêt. Le sol n'y était pas stable, les branches mortes recouvraient la terre et gênaient une marche rapide. Mais les deux vagabonds étaient habitués à une allure différente de déplacement, l'un sautait de tronc en tronc en se propulsant avec de l'air sous les semelles l'autre courait agilement en posant les pattes aux endroits dégagés de bouts de bois. Isa'th repensa encore à l'ouverture des chakras et se demanda ce qui se passerait s'il continuait à se déplacer ainsi mais en ajoutant les capacités du chakra de l'air. Lorsqu'il essaya de poser la plante d'un pied sur un tronc, Isa'th trébucha le long de l'écorce lorsque celle-ci s'entaillai proofndément. Suffisamment pour qu'il retombe sur le sol et les branches en contrebas, se réceptionna de justesse en amortissant la chute en propulsant de nouveau de l'air de ses mains. En se relevant, il aperçut le renard l'attendre un peu plus loin. Alors il lui fit un signe de la main pour lui signifier que tout allait bien et se remit en route. La forêt commençait à devenir plus accueillante : les troncs étaient plus éloignés et l'air plus chaud.

 Quand il s'arrêta sur une grosse branche d'un sapin, Isa'th resta immobile sur celle-ci quelques instants et observa les alentours. Si les troncs ne gênaient plus leur course c'est parce que des arbres étaient abattus. En bas, plusieurs lexidaes et amal'jhas étaient rassemblés. Ils portaient des épées courtes, lances, masses, arc et flèches. Une vraie cohue se présentait à Isa'th qui observait la scène en hauteur. Plusieurs personnes en mouvement agités se déplaçaient dans tous les sens mais d'autres suivaient les déplacements de certains, forcés de suivre les chaînes de métal qui les traînaient. Les personnes en cage pleuraient souvent et parmi celles-ci Isa'th reconnu quelques visages qu'il avait déjà vu : et sa fille boulangère enfermés dans la même cage.