Chapitre 16 – La gare lointaine

4 minutes de lecture

 Le porteur se réveillait doucement de sa descente au Sanctuaire, le renard l'observait depuis un bon moment en tenant sa face à moins de dix centimètres du visage d’Isa'th. Quand il ouvrit les yeux, l'animal fit un bond en arrière et eut l'air gêné car il n'osait regarder le jeune homme dans les yeux alors il lui tourna le dos en prenant un air d'indifférence. Le jeune homme se releva et dégaina son arme, la regardait stoïquement et essaya de transférer sa magie à l'intérieur. Le résultat fut différent : une rafale de vent s'échappa de la lame comme s'il en était rejeté : le souffle secoua les arbres, l'eau, ainsi que les espoirs du jeune homme de réitérer son succès précédent. Son bras continuait à trembler pendant un moment. Il le tenait de douleur après avoir rengainé son épée dans son fourreau. Le bras droit d'Isa'th s'agitait de moins en moins sous les couches de vêtements qu'il portait. Le renard blanc leva une oreille au petit son d'un buisson remué et se rangea devant le jeune homme en sortant ses crocs, mais cette opération se révéla bien inutile quand un vieil homme se présenta en tirant deux ânes derrière lui, espérant que ses bêtes se désaltèrent. Il recula doucement en remarquant les crocs du renard puis dit : "Oh ? Bonjour mon p'tit, tu pourrais retenir ton toutou s'il te plaît ?" C'était un vieil lexidae, il marchait en s'appuyant avec son bâton taillé à partir d'un bouleau, il avait des chaussures marrons à semelles épaisses, un chapeau en paille, une chemise salie de terre, une veste en mauvais cuir sans manches et un pantalon marron. Il n'avait aucun cheveu qui sortait de son chapeau mais une longue barbe blanche. Mais même pour un lexidae de classe moyenne ce vieil homme avait une carrure bien imposante, plus que celle de Isa'th en tout cas.

  • Ce n'est pas un toutou, et c'est plutôt moi qui écoute ses ordres à vrai dire.
  • Qu'est-ce que tu fais seul ici ?
  • J'essaie d'aller à Lazulis, mais je n'ai aucune idée de comment m'y rendre.
  • Tu ne voyages pas régulièrement, pas vrai ? C'est sûr que le chemin est plus facile quand on prend la route officielle, à moins qu'on ne tienne particulièrement à l'éviter ?" Demanda-t-il en le regardant du coin de l'œil.

 Isa'th le regarda avec méfiance et le renard montrait toujours ses crocs. "Pas d'inquiétude mon petit, moi aussi je préfère prendre les routes boisées, les paysages y sont plus beaux et les bandits, plus rares.

  • Des bandits ?
  • Ouais, ils s'installent dans une forêt loin d'ici et font dans l'embuscade sur les grands chemins : plus de butins, moins de boulot. Les quelques gardes de convois ne sont pas très résistants face à des dizaines de lexidaes et quelques amal'jhas. Enfin, t'es loin de ta destination et t'y arriveras pas avant un bon moment en continuant par les chemins de terre si tu veux mon avis.
  • Vous connaissez un moyen plus rapide j’imagine ?
  • Pour sûr, il y a le chemin des rails.
  • Le « chemin des rails » ? Demanda-t-il en penchant la tête
  • Tu sors pas souvent de chez toi, pas vrai ? Dit-il en ricanant. C'est le moyen de transport le plus rapide que les kaïllmans aient inventé. Elle fonctionne au charbon et au vent selon le sens qu'elle emprunte. »

 Quand il vit Isa'th de plus en plus perdu en grimaçant, il reprit en disant : "De Vicochante à Aelton, le tram prend des courants forts de vent chaud pour rouler mais pour revenir à Vicochante le tram utilise le charbon acheté aux mines du terminus." Le jeune homme regarda le renard qui semblait d'accord et demanda : "Comment est-ce qu'on peut l’utiliser ?

  • Oh ça coûte la peau du cul, il traverse la moitié du continent en même temps. Ça doit être vingt-cinq pièces d'or pour un aller.
  • Comment est-ce que je pourrais gagner de l’argent ?
  • Rapidement ? P'tit, crois moi. Tu ne veux pas passer par Aelton, même pour aller à Laniakëa. C'est un coupe-gorge là-bas."

 Ils s'éloignèrent du cours d'eau et sortirent de la forêt, les sapins si massifs et épais ne pouvaient pas empêcher le vent de passer à travers eux, une brise chaude soufflait et amena les deux lexidaes à la lisière de la forêt. Ils distinguèrent alors au loin deux longues barres de métal posées sur des planches de bois clair. Au loin, une petite silhouette apparut, puis se fit de plus en plus net : plusieurs wagons accrochés par des crochets de métal, semblables à de grandes roulottes, tirés par une vingtaine de cerf-volant, fonçant sur la gare la plus proche à une vitesse ahurissante. A cinq kilomètres de la position des deux lexidaes, le tram s'arrêta et de nombreux passagers descendirent à Aelton, une très grande ville construite en longueur sur un ancien pont. De là où il se tenait, Isa'th ne voyait que des fourmis sortir de leur trou. Dans un moment d'absence et de précipitation, il courut dans la direction du tram, soulevant un nuage de poussière en propulsant de l'air sous ses pieds. Ses pas ressemblaient plus à des bonds quand il descendit de rocher en rocher de la falaise qui le séparait du moyen de transport.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Gabriel "Iloru" Vinay ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0