Chapitre 13 – Réveil décisif

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 Isa'th resta assis sur la souche, endormi, jusqu'à ce que le renard blanc vienne le réveiller. La lueur que l'animal créait dissipa les ténèbres de la grotte et laissa paraître d' énormes flaques de sang au sol, la souche restait presque la seule zone immaculée. Quand le garçon quitta petit à petit sa torpeur, il aperçut l'homme en noir revenir de nouveau recouvert de sang tandis que le renard le tirait vers la sortie en mordant la main du jeune homme. Tout était en place : les ruines étaient toujours aussi délabrées, la chute d'eau au même endroit, le sol intact, même son père était là, mais il semblait tout aussi endormi que son fils. Il y avait même quelques choses en plus : en haut de la cascade surplombant la grotte, un grand arbre en fleur avait poussé et ses pétales tombaient tous dans la rivière et suivaient le cours d'eau. Une épée était égalemment plantée au centre de la rivière. Pour ce que l'on en voyait, on aurait dit une arme à grande lame courbée et elle produisait un léger son aigu quand on s'en approchait. Plus étrange encore, les pétales qui tombaient dans l'eau passaient tous devant l'épée et au fil de son tranchant finirent tranchés en deux, recouvrant l'arme. Isa'th n'eut pas le temps d'essayer de tirer l'épée du sol car le renard l'avait déjà fait tomber de la rivière.

 Quand il reprit ses esprits, il vit le renard allongé sur lui. Il lui frotta la tête en souriant puis regarda les alentours par curiosité. Il ne savait plus où ils étaient. Quand il observa, il vit des maisons incendiées, des cadavres au sol, et du sang sur ses mains. Il se releva rapidement pour mieux observer la scène : il y avait des cadavres de lexidaes, d'amal’jhas et de madra-ruas dont les queues et oreilles autrefois gracieuses et magnifiques étaient alors recouvertes de sang et de cendres. Il respira rapidement en se tournant dans tous les sens à la recherche de vie en continuant de se demander : « Qu'est-ce qui s'est passé ? » Puis il entendit des voix venant de la mairie qui hurlaient à l'aide : « Au secours, aidez-nous ! On est enfermés ! » Alors Isa'th accouru vers la mairie en s'habillant en chemin d'une paire de chausses noires et d’un long morceau de tissu pour se couvrir le bras qu'il ramassa dans une caisse d'habits. Arrivé devant la porte, après avoir prévenu de reculer, il dégaina du fourreau l'épée qui y logeait puis, dans la précipitation, trancha la barre de bois ainsi que les gonds. Les enfants enfermés sortirent alors en se poussant les uns les autres. Quand ils étaient sur le point de remercier celui qui les aidait, ils crièrent en chœur en le voyant couvert de sang : « C'est le monstre de tout à l’heure ! Courez ! »

 En les voyant s'éloigner, Isa'th resta pétrifié, il regarda la scène une nouvelle fois pour comprendre ce qui venait de se passer. La douleur de son bras le réveilla complètement. Il avait changé : avant le bûcher, la métamorphose de son bras se trouvait des doigts à un niveau un peu plus au-dessus du coude. Alors, elle s'étendait peu à peu vers l'épaule, dessinant de longues écailles hexagonales. Il envisagea de rattraper les enfants pour les ramener à leurs parents mais les crépitements du feu le préoccupaient davantage. Sans explication à ce moment là, il sentait sa tension montée en regardant le feu autour de lui. "Est-ce qu'ils ont vu mon bras ...?" Se demanda-t-il en s'inquiétant pour les dernières personnes qu'il avait rencontré. Il ressera le drap autour de son bras et reconnut enfin tout le sang qu'il avait sur lui. En se rinçant précipitamment avec une gourde d'eau qui traînait au sol, il réflechissait à ce qui avait pu se passer. Il cherchait les survivants désepérément, son inquiétude croissait à chaque cadavre qu'il rencontrait. Leurs blessures lui rappelait les griffures qu'il avait fait à des arbres de la Vallée du Vent. "J'ai vraiment fait ... ça ? Non non non non, c'est impossible, je n'ai pas pu faire ça, c'est impossible, ils mentent !" d'une voix tremblante et saccadée. Il fut interrompu dans ses lamentations quand un morceau de bois encore brûlant tomba à côté de lui. Il hurla de peur avant d'invoquer une bourrasque qui détruisit le bois incandescent et une partie du bâtiment à côté de lui. Il pleura seul dans la zone dévastée qu'il avait créé, tout en se mordant la main gauche jusqu'au sang et tombant accroupi en murmurant : "Qu'est-ce que j'ai fait ? Qu'est-ce que j'ai fait ? Le feu...le feu..."

 Le renard s'approcha de lui, lentement, comme s'il s'approchait d'un animal blessé et craintif, mais quand Isa'th le remarqua il lui hurla : "Ne t'approches pas ! Je ne voulais pas... qu'on me croit par pitié, je ne voulais pas leur faire ça. Je ne veux pas te tuer aussi, va-t-en tant que j’arrive encore à parler, ce n'était pas moi je le jure ! Je ne voulais pas ça …" Le renard l'interrompu en se tenant face à lui, le jeune homme avait encore de chaudes larmes quittant ses yeux et n'arrivait pas à le regarder en face. "Va-t-en, s'il te plaît, je ne veux pas que ça recommence. C'est le feu...il me brûle encore. Je ne peux plus m'en approcher, je ne voulais pas. Je ne suis pas un monstre !" Hurla-t-il à la face de l'animal en espérant se convaincre lui-même. Et le renard passa sa tête à côté de celle du garçon en pleur et se rapprocha de lui jusqu'à se blottir contre lui. Isa'th articula péniblement : "Vas-t-en … Vas-t-en …" Mais il le sera contre lui de toutes ses forces, les mains tremblantes et la respiration désordonnée. "Je suis désolé … je suis désolé … je suis désolé …" Et ils restèrent assis, l'un contre l'autre.

 Lorsque le vent finit d'éteindre le feu, ils se levèrent pour enterrer les villageois. La tâche était ardue, Isa'th ne pouvait s'empêcher de vomir de dégout à chaque coup de pelle dans le sol. Le renard dû finir d'enterrer un vieil homme trapu et son fils. Le père portait encore son tablier en cuir.

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