Chapitre 11 – Un feu de trop

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 La nuit tombait, Isa'th et le renard s'étaient endormi l'un contre l'autre sur un matelas prêté par Dunsyl dans sa maison. Dehors, on pouvait entendre les oiseaux nocturnes tels que les passereaux de Kyn qui sifflèrent tous les chants qu'ils avaient entendu dans la journée, cela pouvait être des comptines d'enfant, des chansons de musiciens ou musique rustique des travailleurs pour s'encourager dans leur labeur. Mais les oiseaux préférés du jeune homme étaient les siffleurs de la brise qui chantaient en chœur avec le vent, des scientifiques s'en seraient rendu compte en essayant de calculer les prochaines fréquences et hauteur du vent mais les siffleurs les devançaient toujours. La légère brise froide de la nuit motivait les gens du village à ramener les couvertures contre eux mais Isa'th sentait cela comme une caresse qui le faisait passer du froid aérien à la chaleur du pelage du renard. Le chant du vent était plus bruyant que celui que le jeune homme appréciait, et le chœur composé des siffleurs de la brise ne semblait pas accorder à leur chef d'orchestre : tout était devenu confus et désordonné alors Isa'th se réveilla lentement puis se leva en plaçant l'animal correctement. Encore endormi, il ne voyait pas encore très nettement mais son nez et ses oreilles lui donnaient suffisamment d'informations : dès qu'il vit un peu plus clairement, il courra pieds nus à son habitude. Seul ses chausses et son drap enroulé autour de ses épaules le recouvrait, il fonça vers la maison de la vieille dame qui était dévorée par les flammes. Quand il s'approcha, le feu était si intense qu'il avait l'impression qu'il brûlerait s'il s'approchait plus. « Le feu est trop fort ! Nous ne pouvons même pas l'approcher et on arrive pas à l'éteindre ! Et nous ne savons même pas si elle est encore en vie ! lui dit un madra-rua en voyant l'étranger s'approcher.

  • Je vais rentrer.
  • Vous êtes fou ! Vous ne survivrez pas à cette température !
  • Je me débrouillerai. »

 Quand il eut fini de parler il se propulsa à travers la fenêtre du rez-de-chaussé en usant d'air sous la plante de ses pieds comme détonations et il créa un vide après la fenêtre pour empêcher un appel d'air. Quand il fut à l'intérieur, il déplaça régulièrement l'air pour le renouveler et pouvoir respirer et fit appel à une brise pour souffler le brasier et créer un chemin. L'air était de plus en plus toxique et Isa'th avait du mal à user de magie. La chaleur était étouffante mais il ne trouvait pas la vieille dame alors il fouilla le rez-de-chaussé assudément mais sans aucune trace. Il restait l'étage. La fumée lui piquait les yeux et la gorge, sa magie devenait de moins en moins efficace et précise. Une porte bloquée attira son attention, des débris de bois étaient tombés. Il découvrit alors son bras droit et le planta afin d’arracher la porte avec ses griffes, puis il aperçut la vieille dame allongée par terre. Il arracha les débris de bois avec la même main. Quand il finit de dégager le chemin, il rangea son bras droit sous le drap du mieux qu'il put. Il attrapa la vieillarde et la mit sur son dos. L'air était de plus en plus lourd autour de lui et il avait du mal à se tenir debout. Il rassembla ses dernières forces en se concentrant sur la circulation de la magie à travers ses méridiens. Il la concentra sous la plante de ses pieds au lieu d'essayer de se les protéger en créant des vides d'air autour d'eux. Il rassembla tout l'air qu'il pouvait et se propulsa à travers la fenêtre qu'il avait utilisé plus tôt. Ils sortirent tous deux du brasier asphyxiant.

 Ils roulèrent sur le sol sur quelques mètres sans même la force nécessaire de tousser pour reprendre son souffle. Tout ce qu’il pouvait entendre était son propre sang tourner à l’intérieur de lui et sa tête s’écraser sur la terre à chaque fois qu’il voulait se lever. Au moins, sentir le vent frais parcourir ses cheveux au lieu des braises était extrêmement relaxant. Mais le plus intéressant était les claquements semblables à des tonnerres discrets : les applaudissements des gens autour de lui. Les villageois l'acclamèrent et deux hommes vinrent vers eux pour les éloigner de la maison brûlante. L'un prit la vieille dame dans ses bras et s'éloigna. Lorsqu’Isa’th parvint à reconnaître des sourires sur les visages autour de lui, il put enfin relâcher sa tension et esquisser un rictus à son tour. En regardant le visage apaisé du garçon, un des paysans se précipita de crainte qu’il ne perde connaissance. Le renard hurlait et se débattait pour s'approcher de Isa'th et le tirer de là, mais les gens du village le retenaient. Et pour cause : l'autre homme dévoila le bras droit du porteur. La fraîcheur de l’air disparut pour Isa’th. Il ne percevait que le bâtiment en feu derrière lui et les plaintes du renard.

 Tous les villageois s'éloignèrent de lui et le renard parvint à se libérer pour se placer devant son compagnon et se mit à grogner pour les dissuader de s'approcher mais deux personnes armées entourèrent l'animal. Il se débattait de plus en plus tandis que cinq autres hommes ramassèrent le porteur. L'un d'eux dit que les porteurs devaient avoir disparu et qu'un seul d'entre eux risquait de détruire le monde. Ils testèrent d'abord la solidité de son bras droit mais ne parvinrent pas à l'entailler avec leurs outils. La seule solution à laquelle ils avaient pensé était plutôt simpliste : un grand bûcher. Quand le renard voyait les villageois rassembler du bois et se diriger vers la place du village avec Isa'th, il prit un air de bête sauvage en tirant sa tête des fourches le plus fort qu'il pouvait mais les fourches le retenaient toujours. Le porteur était attaché à un poteau et les rondins de bois s'amassaient autour de lui et les torches se réunirent sur la place de Sirnak. « Nous avons retrouvé une erreur du passé dans notre village, nous devons nous en débarrasser pour préserver notre monde. Nous devrions prévenir la capitale de l'arrivée d'un porteur près d'elle. Les enfants ne devraient pas voir ça, qu'on les emmène à la mairie. » Expliqua l'homme qui se tenait à côté du monstre. Il descendit de son estrade et abaissa la torche à la base du bûcher. L'animal hurlait. Hurlait à un point où il ignorait quoi de ses poumons ou sa gorge exploseraient en premier. Enfin, Isa'th se réveilla mais il n'eut le temps que de réaliser où il était et ce qui risquait de lui arriver. Les flammes affluèrent et brûlèrent ses vêtements. La peau calcinée lui provoquait des douleurs insupportables qui lui faisaient pousser des cris insoutenables. L'air lui manquait. Sa vision s'affaiblissait. Ses mains étaient attachées par des étriers de selle. Sa voix résonnait à travers tout le village. Il fut pris de panique, il n'avait plus rien à voir avec ce qu'il était il y a quelques instants. Puis il perdit connaissance. Le renard se libéra enfin et accouru vers le bûcher, mais quelque chose le retint : des lueurs écarlates s'échappait du brasier. Les yeux d’Isa’th débordèrent de lueurs meurtrières.

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