Chapitre 10 : Leçon d’histoire

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 Le forgeron tenait l'épée anonyme dans le tissu de toile et le jeune homme, l'épée brisée. L'érosion avait façonné une petite rivière qui se jette plus loin dans la rivière et ils s'y dirigèrent. Dunsyl inspecta les alentours à la recherche de regards indiscrets. Lorsqu'il fut satisfait il enleva ses bottes pour sauter dans l'eau et appela Isa'th pour qu'il le rejoigne avec l'arme qu'il tenait. Les pieds nus et recouverts de terre du jeune homme entrèrent alors à leur tour et après un bref moment de raideur dû à la température de l'eau, il avança vers le forgeron qui lui faisait signe de se dépêcher. « Vite ou on va les manquer !

  • Qu'est-ce qu'on va manquer ?
  • Plus tard les questions ! Donne ton épée ! »

 Alors Isa'th tendit rapidement l'épée brisée en direction du visage de Dunsyl qui l'attrapa et la planta dans la rivière puis il déballa entièrement l'épée noire et la planta en amont de la première. Dunsyl attendait, regardant un arbre qui se tenait avant le tournant de la rivière en amont. Pendant que des pétales tombaient de l'arbre en fleur et se déposaient dans la rivière et suivaient son cours, Isa'th écoutait attentivement un son cristallin émaner de la lame de jais. Mais il fut interpellé par une autre exclamation de son employeur : « Regarde ! Regarde, ils arrivent ! » Des pétales de l'arbre se dirigeaient vers les deux épées enfoncées dans le sol, plus que quelques mètres les séparaient des tranchants des lames. Un phénomène étrange arriva : tous les pétales sans exception, et autres saletés, se coupèrent sur la lame noire de l'épée au pommeau d'ivoire. Et au lieu de se faire couper en deux et de se séparer en deux parties distinctes en suivant l'eau, les morceaux formés restaient collés à la lame et les fleurs s'accumulaient dessus, formant des bouquets maladroits. « Tu as vu ça ?! Tous les pétales, ils restent au même endroit mais ils sont définitivement coupés !

  • Désolé mais même si c'est impressionnant, les pétales auraient pu rejoindre cette lame par hasard.
  • Très bien, j'y avais pensé aussi, mais regarde ! »

Il changea l'emplacement des épées : la brisée en amont et la noir de jais en aval. Les pétales contournaient la première pour se fendre sur la seconde. « Alors ?! Qu'est-ce que tu penses de celle-là ?!

  • Je dois avouer que je ne m'y attendais pas.
  • C'est ça ! Cette épée est inconnue de tous, capable de sûrement plus et ne perd pas son tranchant ! C'est ça que je cherche à faire, je suis admiratif du forgeron qui a fait ça, une épée anonyme, sans trace ou passé, d'un matériau inconnu et aux propriétés inconnues. Mais j'ai peut-être une idée de son origine. Tu as déjà entendu parler des armes anti-supérieurs ?
  • Non, ça ne me dit rien.
  • Un forgeron conçut une arme révolutionnaire dans son humble échoppe : une arme capable de prendre la vie d'un supérieur. La plupart des supérieurs ont une peau très résistante grâce à leur sang enrichi en magie qui circule dans tout leur corps. Bref, la bête à tuer en question était un puissant dragon maléfique qui avait kidnappé des proches du forgeron. Un autre supérieur prit le parti du forgeron et lui confia des cristaux qui poussaient sur son corps pour tenir tête à son ennemi. Il partit seul l'affronter et terrassa la bête. Mais en se rendant compte du potentiel que renfermait ces composants, il dépeça le dragon et créa d'autres armes encore plus puissantes. Il continua d'expérimenter à la recherche d'encore plus de pouvoir. Elles allaient finalement trop loin et ses anciens alliés se sont retournés contre lui pour le neutraliser.
  • Jusqu'où allaient ses expériences au juste ? demanda Isa'th, inquiet de sa réponse en la connaissant au fond de lui.
  • A priori, c'est lui qui aurait trouvé comment faire des porteurs. »

Cette nouvelle envoya un choc à travers tout son bras. Il sentit ses os comme si toutes les articulations avaient soudainement craquées et les muscles, une crampe douloureuse. Il se tint le bras par réflexe et grimaça, ce qui ne passa malheureusement pas inaperçu. « Ça va gamin ? Tu as l'air bizarre.

  • Le bras me lance. Ça doit être à cause de l'aiguisage, ça va me passer.
  • Sûr ? Te surmène pas non plus, c'est que ton premier jour.
  • C'est déjà plus calme, oui. Je ne sais pas si j'arriverais à aiguiser une autre arme comme l'autre aujourd'hui par contre. S'excusa-t-il.
  • Pas grave je te dis, c'était une bonne première journée. Je te paierai bien mais c'était une très courte journée et tu ne m'as pas l'air très habitué au commerce. Je vais t'acheter de vrais vêtements, on est habitué aux gens torses nus ici mais un type qui se balade en peignoir dans une grande ville ça fait tâche. Crois moi d'expérience. Commenta-t-il d'un clin d'œil.
  • Merci beaucoup. » Répondit-il d'un grand sourire.

Des oreilles pointues blanches dépassaient du pont en bois, et un petit gémissement jailli de l'animal dissimulé des regards des deux autres. Il rejoignit les autres et inspecta immédiatement Isa'th, vérifia le bras droit principalement. Lorsqu'il fut satisfait du résultat, il jeta encore un regard sur le trésor de Dunsyl et le fusilla du regard en faisant claquer sa queue sur le sol. Cependant le forgeron ne lui en tint pas rigueur, manquant de connaissance sur les canidés. Dunsyl sortit un mètre de son tablier pour prendre les mesures des membres d'Isa'th. Le renard se plaça encore entre eux lorsque le forgeron voulut mesurer les dimensions des bras. « Doucement, gentil renard. Je ne comptais pas le déshabiller comme ça, si tu y tiens tant que ça prend les mesures toi-même. » dit Dunsyl. Étrangement, le renard eut l’air gêné d’entendre cette phrase et cessa de grogner. Isa'th et le renard commencèrent à prendre des mesures détaillées, l'animal tendait le mètre et Isa'th mesurait : tour de taille, de buste, du bras et de l'avant-bras gauche et du bras et de l'avant-bras droit qui étaient légèrement plus long à cause des écailles, cuisses, jambes, pieds et cou, le tout, noté sur une petite feuille qu'ils remirent à Dunsyl. « Plutôt précis » commenta le forgeron d'un ton surpris, puis ils se séparèrent, le jeune homme et son compagnon en direction de la maison du forgeron qui, lui, partait vers le marché du village.

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