Chapitre 9 : Assistant de forge

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 Ils se dirigèrent vers une grande maison avec une base de pierre et des murs en planche de bois, un toit en paille et une cheminée en pierre qui semblait bien froide de l'extérieur. Quand ils passèrent le pas de la maison accompagnés par Hal, une collection de matériaux cachait des planches de bois par des cylindres d'acier, des sangles de cuir et un tas de feuilles, des demandes de clients étrangers. La plupart des matériaux étaient marqués par une croix et disposés chaotiquement sur le sol. « Voilà mon petit chez-moi, ce n'est ni très grand ni très joli mais j'ai de la place pour bosser en bas et ça attire les clients.

  • J'aime beaucoup. Commenta Isa'th.
  • Tu ne connais pas beaucoup de forges alors. Laniakëa en a une dont la cheminée touche le ciel pour éviter que la chaleur n'atteigne les habitations. Mais elle fait surtout des babioles très jolies sans aucun doute, mais la qualité coûte une blinde là-bas.
  • Il y a une forge qui fait des bons produits à prix raisonnables ?
  • Ça fait mal gamin, vraiment.
  • Désolé. S'excusa-t-il en se frottant la tête par gêne.
  • Il y a des forges qui progressent dernièrement, elles n'ont plus besoin de travailler pour la quantité depuis un moment. Il reste les décorations et les exceptionnelles pour les élites. Mais ce n'est pas le plus triste.
  • Qu'est-ce que c'est alors ?
  • L'idéal est sans doute déjà arrivé et on ne sera sans doute pas capable de l'atteindre ou de le dépasser.
  • Donc vous avez un idéal ? Ce n'est pas risqué de m'en parler, on ne se connait pas très bien.
  • Oh si mais vu le couteau que tu as fait je vais définitivement avoir besoin de toi alors autant jouer franc-jeu maintenant. Je vais avoir besoin d'un assistant pour la forge et ça sera à toi ensuite d'aiguiser pour l'expérience. Tu aideras à chauffer le métal et à le tenir quand je serai en train de lui donner forme. Des questions ?
  • Non, pas encore.
  • Parfait, en route. Hal, tu restes en haut. »

 Le forgeron amena Isa'th dans une salle avec une cheminée dans un coin de la pièce, éteinte et froide. Le bureau sous la lumière accordée par la fenêtre était jonché de livres notés : « Essai n° … de … » et accompagnés d'une date sur la tranche du cahier. Ils arrivèrent dans une plus grande salle composée d'aucune arme ou armure qui recouvraient le sol, car ce n'était pas un endroit pour que des armes y reposent, c'était un endroit où on les créait. La luminosité y était très faible mais les yeux de Isa'th s'étaient habitués à l’obscurité : il y avait un grand fourneau dans le coin de droite à côté d'une enclume abîmée, un tas de bois avec un soufflet, et une meule à faire tourner avec une pédale et une roue et c'était tout. Il y avait des trous dans le toit, ce qui laissait apparaître des petites lumières faibles, les seules barres de métal qu'il y avait dans la pièce étaient ceux que Dunsyl avait amené avec lui sur son épaule, aucune braise ne s'échappait du fourneau, l'air était froid et humide. « Allez, commençons un autre échec. Annonça-t-il amèrement. Je vais allumer le feu, garde le vif avec le soufflet.

  • D'accord. »

 Lorsque Dunsyl jeta les bûches dans le fourneau et créa des étincelles avec des silex, sous le regard de son employeur, Isa'th compressait le soufflet le plus fort qu'il pouvait. Mais dès que celui-ci avait le regard tourné, une petite bourrasque remplaçait l'air envoyé et provoqua rapidement une grande flamme dans le fourneau. « Oh merde ! T'as été plus rapide que moi. Autant pour moi. Pousse-toi que je mette le fer au rouge. Tu feras attention à garder le feu le plus chaud possible en soufflant toujours plus. Compris ?

  • Compris ! » répondit Isa'th, excité.

 Quand la barre de métal entra dans le fourneau, les braises furent agitées. Lentement, le métal changea de couleur : du gris mat au rouge orangé. Plus Isa'th soufflait les flammes et les braises, plus le métal devenait lumineux, c'était au bord du blanc que le métal sortit du fourneau quand le forgeron le tira avec une pince en métal et un épais gant en cuir. La lumière dégagée par la barre de métal éclairait la pièce d'une lumière chaleureuse. Dunsyl se dirigea vers l'enclume puis tendit deux gants en cuir au jeune homme ainsi que la pince qui tenait toujours la barre blanche et lui dit : « Tiens, enfile ça. Tiens très fermement, ça va secouer. » Un détail avait échappé au porteur quand il observa la pièce : un immense marteau derrière le fourneau, trop gros et long pour être tenu à une seule main. Après avoir aspergé la barre d'huile, ce qui provoqua une flamme sur toute la longueur de la barre et fit tomber des copeaux de métal, le forgeron souleva le marteau massif de ses deux bras et le tenait sur son côté. Il le souleva au-dessus de sa tête et frappa violemment la barre, coincée entre le marteau et l'enclume qui s'enfonçait presque dans le sol. Des traits lumineux rouges parcouraient l'air et dispersaient la chaleur emmagasinée par le métal. Isa'th observa autant qu'il put en supportant le choc du marteau et replaçant le métal au centre de l'enclume après des regards sévères de son employeur. Le spectacle promis était à couper le souffle devant toutes ces lumières fines et élancées qui parvenaient à faire oublier le bruit sourd de l'impact entre le marteau, la barre et l'enclume par leur beauté. À chaque coup, des étincelles jaillirent et le jeune homme tentait tant bien que mal de résister à la force de l'homme qui le mettait à l'épreuve. Malgré toute la puissance qu'il mettait dans ses coups, le métal se pliait très lentement. Une fois la forme de la lame achevée, une lame courbe fine et pointue, le forgeron l'a tendu au jeune homme. « Je vais nous chercher à boire, en attendant aiguise ça comme la dernière fois avec le couteau. Je compte sur toi gamin.

  • À plus tard. Lui dit Isa'th »

 Quand Dunsyl sortit de la salle, le renard entra et observa la scène : Isa'th retira son gant droit et découvrit son bras transformé, tendit ses griffes et commença à se concentrer à les infuser de magie comme Druni lui a enseigné. Le métal ne semblait pas si chaud quand le porteur le touchait avec sa main droite, les écailles et le cuir épais qui avait remplacé sa peau étaient résistants à la chaleur. Il attrapa la barre de métal avec le pouce et l'index et le vent s'intensifia dans la pièce, suffisamment pour enlever les cheveux de Isa'th hors de sa vision. Il prit une grande inspiration puis ses doigts longèrent un côté de la lame à grande vitesse. Des étincelles jaillirent, d'une manière différente que Dunsyl les faisait apparaître avec la force de l'impact mais à cause de la friction exercée sur toute la longueur de la lame. Un son strident retentit tandis que les étincelles éclairaient toute la pièce, les lumières provoquées par Isa'th éblouirent le renard et l'obligea à regarder le sol pour ne pas être trop ébloui mais le porteur garda un regard fixe sur la lame comme un chasseur sur sa proie. Quand le pouce et l'index de Isa'th atteignirent la pointe de la barre, les étincelles disparurent et il ne restait que les trous dans le toit et les petites flammes oubliées du fourneau pour éclairer la pièce. Le métal autrefois gris mat était devenu blanc éclatant sur le passage des doigts du porteur. Aussitôt son rôle achevé, il rangea rapidement son bras droit dans le drap et dans le gant que lui avait prêté le forgeron et faisait mine de contempler la lame. Dunsyl rentra dans la pièce avec deux grands verres en bois et observa la scène et demanda : « Tu te fous de moi ?! Tu as déjà fini ?! »

 Il tira la lame des mains de Isa'th et marmonna en tournant l'épée dans tous les sens pour l'observer. Il rendut finalement l'arme au jeune homme qui fut surpris de la vitesse à laquelle Dunsyl partit dans une autre pièce. Il revint avec un objet emballé dans une toile marron et ficelé et le jeta par terre et retourna dans la même pièce d'où il était venu. Isa'th, en penchant la tête sur le côté, le regardait aller et venir. Le forgeron revint finalement à la forge avec un établi, deux étaux en fer à serrer avec une manivelle et des cales en bois. Il plaça l'établi au sol et le priva de tout mouvement avec les cales, puis attrapa l'objet dans la toile et découvrit une partie de celui-ci : une lame courbée noire de jais, dans les cinq millimètres d'épaisseur et plus de soixante centimètres de longueur pour ce que Isa'th pouvait en voir. Dunsyl bloqua la lame noire, tranchant vers le haut et tira l'arme nouvellement forgée des mains du jeune homme, toujours aussi confus. Le forgeron brandit alors l'épée au-dessus de sa tête, prit une grande inspiration, et frappa l'épée noire immobile avec un cri perçant. Un son aigu se fit entendre ensuite et un morceau de métal tomba au sol. Malgré l'efficacité du travail du porteur, leur travail ne se montra pas à la hauteur des attentes du forgeron, et fut coupé par la lame noire. Après un instant d'absence, le forgeron serra ses doigts autour de l'épée puis la jeta contre un mur avec fureur et un bruit de métal retentit dans la pièce. Dunsyl sortit l'épée noire, avec colère, des étaux, la tenait dans ses grosses mains et hurla : « De quoi est-ce que tu es fait bordel ?! Pourquoi est-ce que ça arrive encore ?! » Perplexe, Isa'th regarda toujours l'employeur avec ses grands yeux bleu nuit en se demandant ce qui se passait. Après un long moment de respiration saccadée de la part du forgeron, celui-ci reprit en disant : « Désolé d'avoir crié, je pensais vraiment que ça allait marcher cette fois. C'est que … cette épée est parfaite : la plus tranchante que j'ai jamais vu, aucune marque ou signe distinctif si ce n'est la couleur et le manche en ivoire, la perfection anonyme. Mais aucun moyen de savoir ce qui la compose ou les techniques de création. Je n'ai jamais vu de métal pareil et peu importe combien de fois je la frappe avec mes armes, même aiguisé par toi, il n'y aucune rayure ou entaille. Et il y a plus intriguant encore, suis-moi dehors. » Dunsyl et Isa'th quittèrent la maison du forgeron et se dirigèrent vers une rivière qui se jetait dans la mer.

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