73. Bienvenue à la maison

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Sacha

Je regarde le peu de sacs qu’il me reste à ramener chez Livia et je me dis que finalement, je possède encore bien peu de choses. Moi qui avant n’hésitais pas à m’acheter des nouvelles fringues dès que l’envie me prenait, j’ai avec moi désormais juste le nécessaire. Même là dessus, je suis devenu raisonnable… J’ai vraiment l’impression que je vais débarquer chez ma chérie sans rien, que je ne vais pas avoir les moyens de participer réellement aux frais de l’appartement. Aurélie doit voir ma tête un peu désespérée car elle pose sa main sur mon épaule en revenant de son petit tour d’inspection des lieux.

— Sacrée étape, hein ? Si je m’attendais à ce que ça se passe bien ici, j’avoue que je ne l’ai pas vu venir, le déménagement si rapide chez une fille.

— Tu sais, moi non plus, je ne l’ai pas vu venir. Et ce n’est pas une fille, c’est LA femme de ma vie, je crois. Et pour être honnête avec toi, sans elle, je ne suis pas sûr que ton aide aurait suffi pour que je tourne la page de la prison… Enfin, peut-être que si… Je ne sais pas.

— Eh, ménage mon ego de travailleur social, tu veux ? rit-elle. C’est grâce à moi, et uniquement grâce à moi, non mais !

— Oui, tu as grandement participé, je ne le nie pas, tu es une super éduc. Mais l’amour, ça aide aussi.

— C’est toi qui as tout fait, Sacha. Sans ta volonté de t’en sortir, ni elle, ni moi n’aurions pu te tendre la main. C’est toi qui les a saisies, ces mains, toi qui t’es battu.

— Educ un jour, Educ toujours, hein ? T’inquiète pas pour moi, j’ai pas de problème de confiance en moi et je suis prêt pour ma nouvelle vie. Je voulais juste te dire merci pour tout et surtout pour m’avoir permis de venir vivre dans cet appart après m’avoir aidé à trouver un boulot. Je… Franchement, je ne sais pas comment te remercier.

— Eh bien, tu n’as pas besoin de me remercier. Je peux t’assurer que de voir l’un de mes protégés s’en sortir est déjà une formidable récompense. C’est pour ça que je suis éduc, tu vois ? Je suis accro à ces petits moments de totale satisfaction et de fierté. Donne-moi des nouvelles de temps en temps, tu veux ? Et… ça sort du cadre de mon boulot, mais n’hésite pas à me passer un coup de fil si tu as besoin d’un coup de main, un de ces jours.

— Oui, promis. Et n’hésite pas à passer au café. Tu auras le café gratos à chaque fois, promis aussi !

Dans un geste tout à fait naturel, j’écarte les bras et nous nous retrouvons à nous étreindre, comme pour sceller ce pacte tacite de réussite entre nous. Je crois que j’ai vraiment eu de la chance de tomber sur elle à ma sortie de prison, sinon, peut-être que je serais en ce moment au quartier, ou pire, en fuite comme l’est Jo depuis son braquage manqué. Je récupère mes sacs et rends les clés de l’appartement à Aurélie avec un petit pincement au cœur. C’est étrange de me dire que je ne vais plus avoir de “chez-moi” mais que je vais en partager un avec Livia et Mathis. C’est vraiment un saut dans l’inconnu et j’ai une petite poussée d’angoisse qui disparaît vite quand je vois mon amoureuse arriver presque en courant en bas de l’immeuble.

— Eh bien, j’ai cru que tu m’avais oublié !

Je dépose mes sacs à terre et l’enlace alors qu’elle reprend son souffle en souriant avant de m’embrasser avec une passion qui me fait toujours autant d’effet.

— Désolée, Diego était à la bourre pour s’occuper de Mathis. Je suis là, impossible de t’oublier voyons.

— Je me doutais bien d’un truc comme ça. En tout cas, je suis content de te voir parce que je viens de rendre mes clés et me voilà sans toit. Tu as toujours un peu de place chez toi ?

— Chez moi ? Mais de quoi tu parles ? pouffe-t-elle avant de me tendre un trousseau de clés. Tiens, c’est à toi. T’as même un beau porte-clés fabriqué par mon fils, la classe…

C’est vrai qu’il est cool et je crois deviner qu’il a essayé de dessiner un dinosaure, vu la forme du dessin sur le petit médaillon. Si ça, ce n’est pas une preuve d’affection !

— Merci ma Chérie ! dis-je en le mettant dans ma poche avec un sentiment profond de paix intérieure.

Je sais que je suis en train de faire le bon choix, que c’est la chance de ma vie de l’avoir rencontrée. Et ce sentiment est encore renforcé quand elle passe ses bras autour de mon cou et qu’elle se presse contre moi pour frotter sa joue contre la mienne avant de m’embrasser. Je me perds dans les émotions que ce baiser déclenche et reviens à la réalité quand mon éduc, qui nous a rejoints sans que je ne m’en aperçoive, nous interpelle.

— Un peu de tenue voyons, les amoureux, ce serait dommage de se faire embarquer pour atteinte à la pudeur. Allez, belle vie à vous, et à un de ces jours !

— Quand tu veux au café ! lancé-je alors qu’elle est déjà en train de s’éloigner, se contentant de nous faire un signe de la main.

Nous prenons alors la route vers notre appartement, main dans la main et nous sommes accueillis quand nous arrivons par Mathis qui me saute directement dans les bras. Ce gamin est vraiment trop mignon et mon coeur fond à chaque fois qu’il me témoigne une marque de tendresse ou d’affection.

— Salut, Bonhomme ! On dirait que tu es content de me voir ! Tu n’as pas peur que je vienne te piquer tes Légos ?

— Ben non, t’es trop grand pour ça ! Hein, Maman, il est trop grand ? Tu vas pas me piquer mes Légos, Sassa ? me demande-t-il, un peu plus incertain avant de rire. On jouera tous les deux.

— Mais oui, on jouera tous les deux ! On n’est jamais trop grand pour s’amuser avec des Légos ! Tu viens m’aider à ranger mes affaires dans l’armoire ?

— D’accord, mais je sais pas faire, moi. C’est Maman qui range mes tee-shirts, tu sais ?

— Eh bien, tu vas juste sortir les affaires des sacs et me les donner, d’accord ?

— Ok Sassa ! s’enthousiasme-t-il en courant jusqu’à la chambre.

Encore une fois, je me dis que c’est vraiment le bonheur d’être accueilli comme ça. Jamais je n’aurais imaginé éprouver tant de joie à m’occuper d’un enfant. Je fais un petit bisou à Livia qui a assisté à la scène en souriant avant de suivre Mathis dans ma chambre. J’entends Diego et sa sœur discuter dans la pièce à côté pendant que je m’occupe de ranger mes affaires dans l’armoire qu’a libérée Livia pour moi.

Nous passons le reste de la journée à discuter, échanger, rigoler, comme si j’avais toujours vécu ici. Diego finit par nous laisser tous les trois et quand il s’en va après m’avoir serré la main, c’est là que je réalise vraiment que moi, je ne vais pas partir ce soir. Que je suis chez moi, avec la femme que j’aime et son fils que j’adore. A peine la porte refermée, j’enlace Livia et nous échangeons un baiser qui réveille tout mon corps mais qui est trop vite interrompu par Mathis qui vient me tirer le bras.

— Tu viens, on joue aux Légos, Sassa ?

— Oui, j’arrive, soupiré-je alors que sa mère éclate de rire. Qu’est-ce qui t’amuse comme ça ?.

— Oh, rien… Il va falloir que tu apprennes à lui dire non, tu sais ? Ou “plus tard”, sinon tu ne vas pas t’en sortir. Il est doué, mon fils, il sait amadouer son monde.

— Peut-être bien, oui, mais ça me fait trop plaisir d’être ici. J’apprendrai tout ça plus tard !

Et effectivement, la soirée se passe comme si j’avais toujours vécu ici, comme si ma présence était la chose la plus normale qui soit. C’est fou comme je me sens à ma place, comme tout se déroule tranquillement. Mathis est un ange qui est capable de redonner le sourire à tout le monde. Même le petit caprice qu’il fait quand sa mère lui dit qu’il est l’heure de se coucher se résout plutôt rapidement quand je lui fais la promesse de venir le réveiller moi-même le lendemain matin.

Lorsque je m’installe dans le canapé devant la télé, je suis rapidement rejoint par Livia qui s’est mise à l’aise et se pointe dans le salon vêtue simplement d’une petite culotte blanche toute simple et d’un tee-shirt qui ne fait rien pour cacher le balancement de ses seins nus sous le vêtement. Elle rigole en jetant un oeil à mon entrejambe où mon sexe dressé est la preuve concrète de mon excitation puis vient se lover contre moi en posant sa tête sur mon épaule.

— Tu es sûre que je ne suis pas en train de rêver ?

— Je ne crois pas. Tu veux que je te pince pour être sûr ou ça va aller ? Crois-moi, quand il va nous réveiller au beau milieu de la nuit en hurlant, tu te rendras compte que ce n’est pas si génial que ça.

— Ce qui est génial, c’est d’être là, avec toi, ma Chérie. Surtout que tu sais comment m’amadouer, ajouté-je alors que sa main s’est mise à me caresser au-dessus de mon pantalon.

— C’est pareil pour ça. Quand je vais être de mauvais poil ou malade, tu seras moins ravi, rit-elle en m’embrassant dans le cou.

— Je crois que quoi qu’il arrive, je vais être ravi, ici.

Je passe mon bras derrière elle et l’attire sur mes genoux où elle s’installe pour continuer à m’embrasser. Mes mains se faufilent sous son tee-shirt et je lui masse un instant le dos avant d’enchainer rapidement par ses seins que je sens durcir sous mes caresses. Elle interrompt notre baiser quelques secondes, le temps de retirer son haut et le mien, puis nos bouches se retrouvent avec une impatience folle. Qu’elle est belle quand elle se montre câline comme ça. Ses mains sont sur mes joues et nos langues se rencontrent, se frôlent, se découvrent. Mes mains sont beaucoup moins sages et j’adore sentir ses fesses sous mes doigts.

Une nouvelle fois, c’est elle qui prend l’initiative et se redresse. Elle défait avec impatience ma ceinture et me débarrasse du reste de mes vêtements, ravie de voir ma hampe dressée et tendue, prête à la satisfaire. Sensuellement, en retirant sa culotte, elle se penche vers moi pour m’offrir une vue magique sur sa poitrine. Ses cuisses viennent s’installer le long des miennes et je sens mon sexe s’humidifier au contact de ses lèvres intimes qu’elle s’amuse à frotter contre mon érection.

— Je t’aime, Livia. Je crois que je suis le plus heureux des hommes, soufflé-je alors qu’elle se saisit de ma virilité pour la positionner en elle.

— Je t’aime, et je suis contente que tu sois là, avec nous, Sacha. Bienvenue à la maison.

Elle s’empale alors sur mon sexe et nous reprenons notre étreinte. J’ai l’impression que nos deux corps sont connectés et que cette lente et sensuelle chevauchée qu’elle débute est le commencement de notre nouvelle vie. Comme à chaque fois que nous nous aimons, le plaisir prend progressivement plus d’intensité et nous accélérons nos mouvements d’un commun accord. La sensation est divine et ses gémissements répondent à mes râles. Je suis le premier à céder à cette joute érotique et je ne peux retenir un cri quand mon sexe explose et se déverse en elle. Elle se déchaine alors sur moi, prise d’une folle excitation qui la mène vers la jouissance. Quel spectacle de la voir ainsi se cambrer sur moi, son corps tremblant légèrement, ses tétons dressés, ses longs cheveux en désordre autour de son visage marqué par l’extase. Je sens les contractions intenses sur mon sexe et suis ravi de voir qu’elle a pris autant de plaisir que moi à ce moment intense.

Nous restons ainsi un petit moment, imbriqués l’un dans l’autre, avec à l’esprit le fait que nous venons de sceller le début d’une nouvelle vie. Une vie à deux, en amoureux. Une vie à trois, en famille. Une vie loin de mes bêtises du passé et tournée vers un avenir où notre couple sera prêt à tout affronter. J’aime cette femme comme je n’ai jamais aimé. La vie m’a offert une nouvelle chance et rien ne m’empêchera désormais d’en profiter.

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