48. Family time

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Livia


Je souris en observant, depuis ma porte d’entrée, le bordel dans la cour de l’immeuble. Tout est parti en live quand Diego et Ethan ont commencé à jouer à l’eau alors que tout un chacun se disait au revoir, et ça s’est transformé en une bataille terrible dont personne n’a pu réchapper.

— Regarde, Maman ! Tonton Ethan, il fait un câlin à Mamie, pouffe mon fils dans mes bras, lui aussi tout trempé.

Ouais, mes parents n’ont pas trop trop apprécié, mais je dois dire qu’ils font un effort pour que tout ne finisse pas mal. Ils n’ont pas bronché, Mathis et les enfants de Louis ont adoré ça, c’est tout ce qui compte.

— Ethan, stop ! crié-je en riant. On va s’arrêter là pour les bêtises ! Merci d’être venus faire n’importe quoi !

— Oui ! C’était trop bien !

Ils vont totalement dévergonder mon fils avec leurs âneries, mais c’est au moins une journée qui se termine sur des éclats de rire. Et la pauvre Marina est totalement trempée, si bien que je lui fais signe de monter. Elle rentre toute seule par le métro, aucune envie que des petits cons l’enquiquinent encore davantage qu’elle ne pourrait l’être déjà d’ordinaire.

— Allez, le roi de la fête, tu vas pouvoir changer de vêtements, et évite de courir partout dans la maison, tu es mouillé comme Moustache quand elle tombe dans le bain.

Et ça lui arrive souvent, à cette folle. Mémère tranquille adore se poser sur le rebord de la baignoire quand on est dedans… Ça finit souvent mal.

Je dépose Mathis dans sa chambre et lui sors un pyjama avant d’aller chercher des serviettes dans la salle de bain. Je crois qu’ils n’ont raté personne, je suis moi-même totalement à essorer, et je pouffe en voyant Marina et Sacha débarquer, dégoulinants, sans oser entrer.

— Allez-y, hein, on n’est pas à ça près. Je vais te prêter des fringues, Marina. Tu veux une robe, peut-être, Sacha ?

— Pas de robe pour moi, non, ça ira, rit Sacha. Je vais juste laisser sécher mes vêtements un peu, si ça ne te dérange pas.

Il s’exécute aussitôt et retire sa chemise et son jean pour se retrouver sous nos yeux en sous-vêtement. Je lui lance une serviette et en tends une à sa sœur, puis file sécher mon fils qui ne quitte pas ce sourire que j’aime tant voir sur son visage.

— Tu devrais les mettre à essorer à la machine, le séchage ira plus vite. Tu peux prendre ma chambre pour te changer, Marina, je vais prendre des vêtements et te laisser ton intimité.

Je jette un œil à Mathis, occupé à essayer d’enfiler son tee-shirt, et dépose un baiser sur les lèvres de Sacha avant de filer dans mon petit nid douillet. Je cherche des fringues qui iraient à peu près à l’ado, bien plus fine que moi, et la vois entrer presque timidement dans la pièce.

— Désolée pour l’idée saugrenue des tontons… Disons qu’ils ont oublié de grandir, tous les deux, ris-je en m’essuyant les cheveux.

— Oh, c’était marrant, ça fait du bien de rire et puis, il fait si chaud qu’on ne va pas râler parce qu’on est un peu mouillés.

— C’est sûr. Je t’ai trouvé une robe un peu juste pour moi, elle devrait largement t’aller. Ça te va ou tu préfèrerais un pantalon ? lui demandé-je en lui montrant d’un signe de tête le vêtement sur le lit.

— Non, la robe, c’est mieux. Et si tu as une ceinture, ça sera parfait. Tu es sûre que ça ne te dérange pas de me prêter tes vêtements ?

— Bien sûr que non, tu ne vas pas rentrer trempée non plus. Sers-toi sur le portant, prends celle que tu veux. Je vais aller voir si ton frangin a besoin de quelque chose. Je te laisse te changer, c’est bon ?

— Livia, attends… Je voulais savoir, avec mon frère, c’est du sérieux ? Je… je ne m’attendais pas à ce que mon frère s’intéresse à une femme bien comme toi, tu sais ?

Sans plus de gêne que ça, elle retire sa robe et passe la mienne après s’être séchée. Je m’assois sur le lit pour entamer cette discussion avec elle, inquiète de ce qu’elle va penser de ma relation avec son frère.

— Une vieille, tu veux dire ? lui demandé-je d’un air sérieux.

— Non, une femme qui a un boulot, un gamin et qui ne fait pas pouffe, répond-elle en souriant. Tu n’es pas vieille et franchement, si à ton âge, je pouvais être belle comme toi, je serais super contente.

— Je n’ai que trente-et-un ans, je t’assure que tu n’auras rien à m’envier à cet âge. Quant à ton frère… il est génial avec Mathis, et je crois qu’il essaie chaque jour de se racheter une conduite pour ne plus décevoir sa petite sœur.

— Je crois qu’il est plus intéressé par toi que par moi. C’est à peine si on se voit, même quand je suis ici. Je me demande si la séparation qu’on a connue avec la prison n’a pas créé un éloignement impossible à réparer…

— Il marche sur des œufs… Bon, je sais, j’ai tendance à le défendre, je ne suis sans doute pas totalement objective, ris-je, mais tu as beaucoup changé en trois ans, parce que tu es devenue ado, parce que tu as vécu des choses difficiles. Et lui aussi a changé. Il faut juste que vous réappreniez à vous connaître, mais ce n’est pas facile quand il y a toujours du monde entre vous. Et puis, il peut être un peu maladroit, ton frangin.

— Qui c’est qui est maladroit ? demande l’intéressé en entrouvrant la porte. Je vous dérange ? Vous êtes présentables ?

— Toi, tu as le don d’être maladroit, souris-je en allant ouvrir après avoir reçu l’accord visuel de sa sœur. Tu joues ton curieux ?

— Ben, j’ai bien fait, non ? Vous parliez de moi ! Oh, elle te va bien cette robe, Marina ! Et toi, tu es juste magnifique, continue-t-il en s’asseyant à mes côtés. Bon, je vous laisse continuer, faites comme si je n’étais pas là.

— Oui, donc, continué-je, l’air de rien, je disais à quel point ton frangin était insupportable. Je te jure, bosser avec lui est un cauchemar, et je ne te parle même pas de quand il se tape l’incruste ici. T’as vu sa tête, en plus ?

— Ouais, c’est clair. Le gars, il ne sait pas qu’on ne s’incruste pas dans une discussion entre filles, sinon on va s’en prendre plein la gueule, rit-elle. Il a l’air innocent, comme ça, mais ne t’y fie pas, je suis sûre que ça fait dix minutes qu’il essaie d’entendre ce qu’on dit à travers la porte !

— Mais, n’importe quoi ! Si j’avais su, je ne vous aurais pas fait l’honneur de ma présence !

— Tu crois qu’il m’a entendue quand j’ai dit que je comptais l’obliger à cuisiner ce soir avant de le mettre dehors à coup de pied aux fesses ? pouffé-je en m’adossant contre Sacha, l’ignorant toujours.

— Je ne crois pas, sinon il n’aurait pas cet air content de lui. Frappe fort, surtout, ses fesses méritent bien ça !

— Mais, c’est ma fête, ce soir ? Moi qui suis la gentillesse même ! Vous allez vous liguer comme ça contre moi tout le temps ? Ça promet…

— Peut-être, oui. Je l’aime bien, ta sœur, je crois qu’on va s’entendre. Surtout si tu deviens notre souffre-douleur.

Il passe ses bras autour de moi et m’embrasse dans le cou sous le regard attendri de sa sœur.

— Pfff, je crois qu’il aime ça, être notre souffre-douleur. Ce n’est même pas marrant, ajoute-t-elle en souriant. Vous êtes mignons, tous les deux.

— A ce propos, souris-je, je te remercie de ne pas avoir balancé aujourd’hui, et de ne pas avoir fait de boulette avec Mathis. Si tu as un peu cerné ma famille, quoiqu’ils ont été plutôt agréables aujourd’hui, ça vaut mieux pour le moment…

— Je ne dirais rien, promis. Mais il faudra peut-être augmenter mes heures pour acheter mon silence. Moi, tu ne peux pas me payer en bisous, se moque-t-elle.

— Eh bien, on peut dire que tu sais négocier, toi ! Des déjeuners ici avec Sacha quand on est de l’après-midi, ça passe pour les heures en plus ? Je suis prête à cuisiner pour vous.

— Ah oui, super idée, ça ! s’exclame mon barbu derrière moi. Dis oui, Marina ! Cela me ferait trop plaisir !

J’observe la réaction de l’intéressée qui ne répond pas immédiatement, mais affiche un petit sourire en regardant son frère. OK, je ne la joue pas très discrètement, je mets les pieds dans le plat, mais je sens qu’elle a envie de renouer avec Sacha et je suis un peu du genre à me mêler de ce qui ne me regarde pas.

— Pourquoi pas, oui. Ça pourrait être sympa. Faut que je vois avec Sonia, par contre, grimace-t-elle.

— En parlant de Sonia, ajouté-je, c’est moi qui vais me faire engueuler si tu ne files pas. Tu vas être en retard.

— Oh oui, bonne soirée, Livia. Toi aussi, Grand Frère, mais je ne m’inquiète pas trop, tu es entre de bonnes mains. Je passe dire bonne nuit à Mathis et je me sauve.

Marina approche presque timidement de son frère qui se lève et semble un peu hésitant également, mais elle ne tarde pas à se lover contre lui. Je crois n’avoir jamais vu Sacha sourire aussi franchement alors qu’il la serre dans ses bras. Recréer des liens met du temps, mais la machine est en marche et je suis contente que mon amoureux se rende compte que ses efforts ne sont pas vains.

Une fois sa sœur partie, nous dînons léger et je laisse les garçons entre eux pour l’histoire du soir, à la demande de mon fils. J’étais sincère avec Marina, Sacha agit vraiment bien avec lui et une partie de moi, la plus grande d’ailleurs, trouve ça hyper attendrissant, quand une petite voix ne peut s’empêcher de se dire que mon fils s’attache et que si ça ne colle pas entre mon collègue et moi, ça risque d’être difficile pour lui aussi… J’espère vraiment que le jeu en vaut la chandelle, mais je n’ai plus vraiment de doute quand nous nous installons tous les deux dans le canapé, calés l’un contre l’autre. Je me sens tellement bien avec lui que ça me paraît presque une évidence.

— Quatre ans, ça passe trop vite, soupiré-je en nichant mon nez dans son cou. C’est dingue.

— Tu m’étonnes. Et il change à une allure folle. Même moi qui ne le connais pas depuis si longtemps, je vois des évolutions. C’est fou. Et il est vraiment trop mignon, ton petit monstre.

— Bien sûr qu’il est mignon, c’est mon fils, voyons, ris-je. Et toi, comment tu as trouvé cette journée ? Ça a été avec Marina ? Et avec ma grande famille ?

— Ecoute, même Louis n’a pas fait de remarques, c’est que ça c’est bien passé. Je me demande comment ils réagiront quand ils sauront pour nous deux. Cette journée m’a donné envie de plus, tu sais ? Et pour Marina, tout ce que je peux dire, c’est merci à toi, jolie magicienne, conclut-il en m’embrassant tendrement.

— Elle crève d’envie de te retrouver, tu sais ? Il va falloir être patient, mais ça va revenir. Et… c’est quoi, ce “plus” dont tu parles, au juste ?

— Tu vas me prendre pour un fou mais je me vois bien faire ce genre d’événements de manière régulière, apprendre à connaître les habitudes de chacun, pouvoir en discuter avec toi, me moquer… t’observer au milieu des tiens tout simplement. J’ai l’impression que je suis à ma place quand je fais ça.

— Oui, alors, t’emballe pas trop pour les repas de famille, ris-je. Moins on en fait, mieux je me porte, moi. Et encore, Charles n’était pas là aujourd’hui. Quand ils s’y mettent à deux avec Louis, ils sont insupportables. Quant à ta place, je crois qu’elle est juste là, oui. T’es à moitié fou seulement, tu vois ?

— Je crois que je suis complètement barjo oui. Et surtout de toi ! Je t’aime à un point que tu ne peux même pas imaginer, mon Cœur.

— Je te propose qu’on se prouve notre amour mutuel là, tout de suite, souris-je en me levant, glissant ma main dans la sienne pour l’entraîner à ma suite jusqu’à ma chambre.

C’est Sacha qui m’arrête pour les lumières et qui va entrouvrir la porte de la chambre de Mathis. Est-ce que je fonds encore davantage d’amour pour lui ? Clairement…

Je referme délicatement la porte de ma chambre derrière lui et souris en le sentant se coller dans mon dos. Ses mains se posent sur mes cuisses et glissent sous le tissu de ma robe. Elles remontent jusqu’à mes hanches tandis que ses lèvres se posent dans mon cou, sur mes épaules, ma nuque, et je souris quand il poursuit sa remontée avec un peu plus d’empressement pour m’enlever mon vêtement. Je profite de ce temps de latence pour me retourner et me dis que j’ai quand même beaucoup de chance d’avoir croisé sa route. Il y a bien longtemps qu’un homme ne m’avait pas regardée de la sorte, comme si j’étais la chose la plus merveilleuse au monde ou presque. Et il y a bien longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi femme, statut que je retrouve auprès de lui aujourd’hui. Y a-t-il besoin d’ajouter à quel point la symbiose sexuelle est là ? Qu’il s’agisse de sexe tendre et sensuel comme ce soir, où chaque geste semble chercher à refléter le flôt d’émotions et de sentiments que l’autre nous procure, ou dans les moments plus empressés, chargés d’électricité et d’un besoin primaire de se faire du bien ensemble… J’ai l’impression d’avoir trouvé un vrai partenaire et l’envie de faire un bout de chemin avec lui sans me soucier des qu’en dira-t-on. C’est simple, je veux juste être là, au creux de ses bras, je crois qu’il n’y a pas plus confortable, agréable et jouissif.

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