43. Rêves de liberté

9 minutes de lecture

Sacha


C’est la soirée que j’aime le moins dans la semaine et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que Livia la passe avec ses amis et que, de ce fait, ça me donne moins de temps à passer avec elle et j’ai horreur de ça, même si je comprends qu’elle a aussi le droit d’avoir une vie sans moi. Je sais qu’ils sont au courant pour nous deux et que je pourrais éventuellement participer au tout début de leur soirée, mais j’ai toujours cette épée de Damoclès sur la tête avec l’horaire de retour au centre. J’ai mis un papier dans la boîte à idées pour abolir cette restriction inutile de notre liberté, mais pas sûr que ce soit entendu. Nous ne sommes tous que des sortants de prison, qui serait intéressé à nous écouter ?

La deuxième raison pour laquelle je n’aime pas cette soirée du jeudi, c’est que c’est Jordan qui bosse et qu’il se fait un malin plaisir de me féliciter quand j’arrive à l’heure, conscient quand il voit ma tête que cela ne me convient pas du tout. Alors que je remonte dans ma chambre, je me demande ce que mon autre éducatrice fait et pourquoi elle n’est jamais là en soirée, le jeudi. Du sport ? De la musique ? Du théâtre ? Il faudra peut-être que je lui demande, un jour où on a un peu de temps pour discuter.

Je m’installe dans mon lit et fais défiler mon fil d’actualités sur les réseaux sociaux. Ce sont toujours les mêmes informations mais je n’arrive pas à me passer de suivre les comptes de certains de mes anciens amis afin de m’assurer qu’ils sont toujours en vie et en liberté et qu’ils ne sont pas en train de préparer des mauvais coups. Même si, pour ce type d’informations, j’avoue que je ne sais pas trop bien ce qui pourrait me l’annoncer. C’est plutôt quand je les vois en photo avec des vêtements classes ou devant des grosses cylindrées que je me dis qu’ils en ont réussi un.

Je regarde l’heure et me dis que Livia doit encore être avec ses amis et que je ne devrais pas la déranger, mais elle me manque et je lui envoie quand même un texto pour lui faire un petit coucou. Je ne sais pas quand elle prendra le temps de me répondre, mais je sais qu’elle le fera dès qu’elle le peut. C’est un peu devenu notre rituel du jeudi soir.

“Salut, la plus belle. Tu es encore avec tes potes ? Dans notre couple, c’est moi, le p’tit vieux. Je suis déjà dans mon plumard. Elle est belle la jeunesse, hein ?”

Je repose mon téléphone et essaie de réfléchir à ce que je pourrais faire pour sortir rapidement de ce foyer qui commence à m’irriter par son manque de liberté, et je suis surpris de l’entendre bipper si rapidement pour me signaler qu’un message est arrivé. Il semblerait que ma Chérie ait aussi envie que moi de garder le contact.

“Coucou mon Loup ! On mange le dessert, je crois qu’ils sont pressés de retrouver leur moitié encore ce soir. Il faudra qu’on se fasse une soirée à 6 quand tu auras quartier libre, parce que j’ai déjà trop tenu la chandelle avec eux. Confortable, ton plumard, papy ?”

Ce n’est pas la première fois qu’elle me dit qu’elle aimerait passer ce type de soirées en ma compagnie, mais à chaque fois, cela me fait plaisir car j’imagine que cela veut dire officialiser encore plus notre relation.

“Moi aussi, je suis pressé de retrouver ma moitié, mais je suis encore en prison ce soir. :( J’ai trop envie de me barrer et de venir passer la nuit avec toi. Tu crois que je peux faire le mur ? Ma Grande Évasion, c’est pour ce soir ?”

Je joins à mon message un petit selfie de moi dans mon lit, où l’on voit clairement mon visage et le haut de mon torse nu. Je sais qu’elle kiffe quand je fais ça et ça ne coûte rien de la tenter un peu.

“Dis pas de bêtise, voyons. On pourra regarder les annonces d’appartements la prochaine fois que je te retiendrai pour “des heures supplémentaires”, si tu veux. Même si vu le prix de l’immobilier… C’est la galère. Qui sait, sur un coup de chance. Et ne commence pas à essayer de me tenter, vilain !”

Je souris, j’adore quand elle m’appelle “vilain” parce que je sais qu’elle ne le pense pas vraiment. C’est super affectueux, je trouve.

“Ok, je ne commence pas à te tenter, je continue. Est-ce que cette vue t’attire plus ?”

Je lui envoie une nouvelle photo où l’on peut voir à la fois mes fesses et mon sourire charmeur. Je suis sûr que ça va lui plaire. J’attends avec impatience sa réponse, sentant monter mon excitation.

“Sacha ! Tu sais que tu devrais faire prendre le soleil à ce joli fessier ? :D Il est quand même assez blanchâtre… Tu ne m’auras pas comme ça, pas tant que je ne suis pas seule ;)”

Je soupire et je comprends qu’elle veuille attendre que ses amis partent, mais je l’imagine avec le sourire aux lèvres et la culotte qui commence à s’humidifier. Je suis sûr qu’elle n’est plus aussi déçue que ça qu’ils partent bientôt grâce à moi. Si seulement je pouvais aller la rejoindre.

“Fais moi signe quand tu veux en voir plus, alors. Si je ne m’endors pas d’ici là, je verrai ce que je peux faire. Tu me manques.”

“Attends, tu déconnes ? Tu ne relèves pas le défi ? Quel petit joueur ! :p”

Je pouffe en lisant le message et adore quand elle me provoque ainsi. C’est fou ce que je me sens bien quand je communique avec elle.

“Eh bien, ne t’avise pas de montrer celle-là à tes amis alors. Et il faut que tu m’en envoies une à ton tour si tu veux que je continue.”

Je me déshabille et parviens à faire une photo où l’on voit que je suis nu mais sans rien dévoiler de trop osé. Pas facile de se cadrer, mais je crois bien qu’on voit encore mes fesses nues. Quitte à la tenter, autant bien le faire, non ?

“Tu veux vraiment que je me déshabille sur ma terrasse en compagnie d’Ethan ? Je vais lui demander de prendre la photo aussi, tant qu’on y est ! T’es fou. Et vraiment canon aussi, soit dit en passant. J’ai presque hâte que mes amis s’en aillent, là…”

Bon, cette fois-ci, c’est elle qui ne relève pas le défi… mais elle a n’a pas tort, ce serait un peu fou de demander à Ethan. Je suis pourtant agréablement surpris quand mon téléphone sonne à nouveau et que je vois s’afficher une photo d’elle, en train de se brosser les dents, uniquement vêtue de ses sous-vêtements d’un rouge flamboyant.

Eh bien, là, c’est mieux ! Ce rouge, c’est pour ton côté diablesse ? La tentation de venir te rejoindre est de plus en plus grande ! Et si je viens, tu pourras profiter de tout ce que tu vois, là.”

La photo que j’envoie cette fois est on ne peut plus explicite. Mon sexe est bien dressé et je me demande si c’est bien raisonnable de faire ça, mais je ne réfléchis pas plus que ça avant d’appuyer sur le bouton “send”. J’attends sa réaction avec impatience, et aussi un peu inquiet, j’avoue, de savoir comment elle va réagir.

Ah, t’es du genre à envoyer des dick pics ? Tu sais qu’on n’est pas de la même génération, hein ? Moi, pour draguer les garçons, au lycée, j’allais sur MSN et je leur envoyais des “Wizz”, pas des photos de mes seins… Mais si c’est ce genre de trucs que tu apprécies, la cougar peut s’adapter, ou essayer tout du moins.

Elle joint à son message un cliché d’elle à travers son miroir mural, assise en tailleur dans son lit. Livia a ôté ses sous-vêtements, mais la photo est prise de trop loin pour que je puisse discerner tout ce qui touche à l’intime.

“Un Wizz ? Je ne sais même pas ce que c’est… mais j’avoue, tu es forte. Je crois que tu vas préférer cette photo alors.”

Je mets le téléphone en hauteur et je souris. On voit bien tout mon corps, les muscles de mon torse, et on devine mon sexe en bas de la photo mais le cadrage fait qu’il faut l’imaginer car on ne le distingue pas bien.

“Rassure-moi, tu sais ce qu’est une cassette ? Tu as une idée de ce qu’est Myspace ? Skyblog ? Je me sens vieille, là ! Heureusement que tu me fais oublier un peu les choses… Très jolie, cette photo, c’est artistique. Et terriblement excitant. Frustrant aussi, parce que je me sens seule dans mon grand lit. Enfin… je suis presque seule. Tu veux une photo de ma chatte, peut-être ?”

Elle se lâche la cougar ! Et moi aussi, je suis frustré de ne pas pouvoir profiter d’elle. Il va vraiment falloir que j’aille parler aux éducs demain. Il me faut un appartement à moi, où je serai libre d’aller et venir. Il me faut cette liberté !

“Si tu n’as pas peur de réveiller Mathis, je préfèrerais qu’on s’appelle. Ou une visio. Il faut vivre avec son temps, ma Belle. J’ai envie de toi. Vivement demain.”

“Comme tu veux, mais pour ton info, je n’ai jamais fait de visio coquine, moi…”

Je n’ai pas besoin de plus d’encouragement pour l’appeler et allumer ma caméra. Elle répond immédiatement et je vois qu’elle est sous ses draps et ne laisse apparaître que son visage.

— Qui te dit que j’en ai déjà fait moi ? Et puis, on peut aussi juste discuter, si c’est ce que tu veux. Tu sais que tu es belle, même quand tu te caches ?

— C’est de ta génération, ça. Attends, bouge pas, je te montre ma chatte, sourit-elle en tournant son téléphone, me montrant la boule de poils noire endormie au pied du lit. Elle est belle, hein ?

— Je n’en ai jamais vu de plus belle… et de plus poilue ! Magnifique ! Tu t’es bien amusée avec Ethan et Isabelle ? Tu veux vraiment qu’on se fasse une soirée tous ensemble ? demandé-je alors que dans le mouvement, un sein est sorti de sous la couette et qu’elle dévoile un peu plus son corps.

— Bien sûr que je veux qu’on fasse une soirée tous ensemble. Pourquoi tu en doutes ? Et oui, la soirée était sympa, mais j’ai l’impression qu’ils en ont un peu marre de me babysitter.

— La semaine prochaine, je viendrai alors. En heures supp, bien sûr. Ça sera sympa, je pense. Surtout pour la fin de soirée quand ils seront repartis.

— Ben voyons, obsédé, rit-elle en s’asseyant contre sa tête de lit, faisant tomber le drap. Et ta soirée au centre, ça a été, au fait ?

— Tu rigoles ? J’aurais cent fois mieux aimé être avec toi ! Tu es magnifique, dis-je une fois que je retrouve l’usage de la parole. Si seulement je pouvais être avec toi, dans ton lit…

— J’aurais préféré aussi, honnêtement. J’ai chaud de te voir en tenue d’Adam, et froid d’être seule dans ce lit…

— Finalement, la vidéo va peut-être être coquine, dis-je doucement. J’ai trop envie de venir réchauffer tes draps… et tes bras !

— Peut-être bien, qui sait. Surtout si tu continues à me dire ce genre de choses, mon Loup. Parce que je peux t’assurer que ce n’est pas l’envie qui me manque de te voir ici avec moi, nu et bandé, tant qu’à faire.

— Tu me rends fou, Livia. Fou de désir. Et j’ai presque envie de faire le mur pour venir te retrouver et terminer la nuit avec toi, ajouté-en en me caressant hors champ de la caméra.

— Ce ne serait pas très sérieux, mais je pense bien que tu vas le faire dans mes rêves, cette nuit.

— Au moins, dans nos rêves, on va pouvoir se retrouver. J’ai hâte. Je vais te laisser dormir, mais tu es dans toutes mes pensées et elles ne sont pas toutes sages et raisonnables !

— J’espère bien qu’elles ne le sont pas, sinon, c’est pas drôle ! Et ça ne serait pas juste, non plus, parce qu’elles ne sont pas sages, les miennes. Bonne nuit, Sacha. Je t’embrasse.

— Bonne nuit, ma Chérie. Fais de très beaux rêves alors.

Elle met fin à la conversation alors que s’imprime dans ma tête l’image de son corps quasiment entièrement dénudé. J’accélère mes caresses jusqu’à ce que les scènes qui se déroulent dans mes pensées provoquent ma jouissance. Je l’imagine en train de faire la même chose de son côté et j’ai un peu l’impression de communier avec elle. C’est bon, c’est fort, ça fait du bien. Et ça me donne encore plus envie de liberté. Quand on a une femme comme Livia qui nous attend, être enfermé est encore plus compliqué à supporter. Demain, c’est décidé, je vais aller voir les éducs. Il faut qu’il me trouve un logement !

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