Addiction

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Jeu, set et match… Cilic. Mon monde s’écroule. Le match a été interrompu par l’orage qui s’est invité à Cincinnati. Je suis pourtant resté scotché à mon écran, à contempler la pluie de mon téléphone. Ce n’était pas qu’un simple match de tennis pour mon compte en banque et moi. J’ai beau avoir encouragé Karatsev de toute mon âme durant le match, ce dernier n’aura pas fait le poids.Pour la énième fois, me voilà plombé par ce désir autodestructeur. Incontrôlable. Irrémédiable. On parle souvent d’adrénaline et de plaisir lorsque l’on évoque les paris sportifs. Que nenni pour ma part. Cette fois-ci du moins. Animé par une pulsion dévastatrice que nul ne pourrait qualifier de raisonnable.

La raison je semble l’avoir perdue. Le réveil du lendemain est difficile. La nuit a été courte. La faute à un sommeil quasi-absent. Je vérifie mécaniquement le solde de mon compte bancaire. Peut-être était-ce un mauvais rêve. Il n’en est rien. La douche matinale fait un bien fou au corps mais pas à l’esprit. Le remord s’est bel et bien installé. Réunion professionnelle oblige, je me hâte à agripper une madeleine ainsi qu’une une brioche aux pépites de chocolat et fonce à la voiture. La route est anormalement longue. La musique a perdu de son entrain. Le coeur n’y est définitivement pas. J’esquisse un sourire derrière mon masque suite à la mauvaise nouvelle annoncée par le client. Désorienté. Déconnecté de la réalité. L’envie d’être seul dans la voiture est tellement pressant que les objections sont accueuillies à bras ouverts.

L’ouverture de la porte de la voiture me fait fondre en larmes. Le chemin du retour s’annonce riche en émotions. Ma positivité et ma nonchalance caractéristiques ne font pas le poids face au sentiment d’impuissance que je ressens. Les camions poids-lourd défilent. De même que les pensées lugubres. Les larmes coulent à nouveau. Indépendamment de la situation financière pour le moins compliquée dans laquelle je me suis embarqué, c’est l’incompréhension qui me chagrine. Cette spirale négative redondante qui me fait stagner en eaux troubles. Toute introspection, tout raisonnement et toute tentative de reprendre le contrôle sur mes émotions demeurent vains. Ne m’anime que ce sentiment honteux.

La honte, je la surpasse en décidant de solliciter une aide extérieure. Inutile de se leurrer, faire face seul à ce fléau ne me fera pas avancer outre mesure. Ironie du sort, l’aide en question est le numéro de téléphone indiqué sur le site internet à l'origine de tous mes maux. Autant demandé aux fabricants de cigarettes de mentionner les noms des cancérologues du pays. Les mots sortent difficilement dans un premier temps. La voix tremblotte. L’appel est cordial. L’écoute active. Après quelques minutes d’échange, on me propose un suivi par un spécialiste compétent. Un addictologue. Ne laissant aucune place à la tergiversation ou à la réflexion, j’accepte de bon coeur. En espérant que ce pari soit gagnant.

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