La faucheuse ne tue pas toujours.

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Quelques mois étaient passés depuis que Dalia se soit fait rappeler à l'ordre par son patron Lucifer, et ce dernier n'avait pas à se plaindre, car il n'y avait jamais eu autant de criminels tués. La faucheuse n'avait jamais été aussi efficace. Mais peut-être que la situation n'allait pas durer.

Chaque criminel qui avait eu la malchance d'être sur le chemin de la faucheuse et de ses collègues de crimes avait été torturé violemment jusqu'à supplier d'abréger leur souffrance. Dalia était pleine de rage, comme jamais elle ne l'avait été, ses crimes lui avaient permis de se défouler. Elle avait fait disparaître les corps en les faisant manger à des cochons, ou aux requins.

Roger se frottait les mains impatiemment, pressé de connaître la victime du jour.

— Alors, quelle enflure on va pouvoir torturer aujourd'hui ?

— Je ne sais pas vraiment. J'ai dû voir un certain Jimmy Crawford sur le carnet hier, il a tué un homme il y a un an, mais ne sait pas fait prendre car aucun cadavre n'a été retrouvé. Apparemment, les cochons d'un fermier se seraient régalés.

— Je vois qu'il est futé. Comment on va le tuer ?

— Tu veux choisir ?

Le primate crut que Dalia plaisantait, jamais elle ne lui avait proposé une telle chose. C'était un honneur, c'était la preuve qu'elle lui faisait confiance les yeux fermés.

— Je te propose de lui arracher les ongles un par un, lui faire des entailles un peu partout sur le corps en mettant des cochons affamés devant lui, pour l'effrayer, l'achever et comme toujours nourrir les porcs.

Dalia réfléchit quelques instants puis sourit.

— Très bonne idée ! T'en as de l'imagination mon Roger !

Le ouistiti se sentit très fier que la faucheuse approuve son idée.

— Ne prends pas trop la confiance quand même, je sais que tu te sens puissant.

Le primate fit semblant de n'avoir rien entendu.

— Allez ! On y va, j'ai hâte !

Ils prirent quelques objets de torture puis comme à leur habitude depuis des semaines, montèrent sur le dos de Miguel le centaure qui était devenu indispensable pour Dalia.

Le squelette regarda sur son carnet l'adresse d'habitation de sa victime pour savoir où aller. Un détail troubla sa conscience, et elle ne savait pas si elle devait en parler à ses camarades.

— 50 rue de la Gougère Fleury. Maison rouge.

Le centaure se mit en à pleine vitesse, lui aussi affreusement assoiffé de crime.

— Doucement Miguel ! C'est pas facile de se tenir et j'ai failli perdre mon carnet des morts !

— Désolé.

Il ralentit la cadence à quelques courtes minutes de la maison de la proie.

— Maison rouge ! C'est là !

— T'as appelé les cochons? Mig ?

— Oui, ne t'inquiète pas, ils arrivent dans une minute.

Et en effet, une minute plus tard, trois cochons arrivèrent en courant. Ils firent comprendre qu'ils étaient prêts.

Dalia aperçut l'homme dans son salon, il avait l'air parfaitement sympathique. Il riait aux éclats avec un bébé plutôt mignon pour un nourrisson.

— Hum, avant toute chose, j'ai quelque chose à vous dire. C'est sérieux.

Les complices du squelette froncèrent les sourcils.

— Cet homme ne mérite pas la mort. Je sais ce que vous allez dire, mais en regardant attentivement sa fiche, j'ai réfléchi et ce n'est pas une mauvaise personne. Il a tué un homme, oui, mais c'était pour venger sa femme et son enfant pas encore né.

Roger fit mine de ne pas comprendre.

— Sa femme était enceinte, elle s'est faite tuer sauvagement par un homme qui refusait de se faire rejeter. Pris de colère et sûrement aveuglé par la douleur du rejet, il a assassiné deux êtres vivants. Jimmy, que l'on voit jouer avec un bébé, a été anéanti et quand il a su qui était le tueur, il a décidé de faire justice lui-même en tuant l'assassin de sa femme. Alors, après avoir tué pendant des mois des hauts criminels, je ne peux pas me rabaisser à tuer Jimmy. C'est un homme bon, endeuillé, qui a énormément de mal à être heureux depuis ce terrible évènement.

— Et Lucifer alors ? ! Tu vas te faire tuer, Dalia !

— J'en ai rien à faire de Lucifer ! Il voulait qu'on tue des criminels, les pires en premiers, c'est ce qu'on fait, ça serait injuste de sa part de me punir parce que je défends une bonne âme. Mon choix est juste et je suis prête à prendre tous les risques pour épargner cet homme !

Un silence régna, puis les cochons ronchonnèrent.

— On est affamés !

— On trouvera quelque chose à vous donner.

— On veut manger, maintenant !

Dalia tenta de leur faire comprendre que ce n'était pas possible, mais les porcs, têtus, n'écoutèrent pas la faucheuse. Bien décidés à manger, ils marchèrent ensemble vers la porte d'entrée de la maison.

— Revenez immédiatement !

Ils ignorèrent l'ordre donné par le squelette.

Le centaure prit l'initiative de les empêcher d'avancer, en leur bloquant le passage, mais à trois, les porcs réussirent à le contourner.

Dalia, prise d'une colère noire, les fixa rageusement et sans qu'elle ne s'y attende, les cochons explosèrent avant de disparaître en poussière dans le ciel.

Roger et Miguel se retournèrent vers elle, surpris.

— C'est toi qui a fait ça ? !

— J'en sais rien ! Je n'ai plus de pouvoir !

Elle n'en croyait pas ses yeux, elle ne pensait pas possible de tuer par la pensée ou le regard, et encore moins pour son cas. Lucifer lui avait enlevé ses pouvoirs comme punition.

Serait-elle enlevée ?

Soudainement, une ribambelle de sensations fit son apparition dans le corps et l'esprit de Dalia, comme si elle reprenait vie.

— Je me sens bizarre tout à coup. Je ne comprends pas, Roger, j'ai peur !

— Je crois bien que Lucifer approuve ton acte. Essaye de me parler par la pensée.

Elle se concentra difficilement, à cause de tout ce qui se passait en elle.

— Tu m'entends ?

Roger sourit grandement.

— On a retrouvé notre lien !

Le centaure s'avança joyeusement vers Dalia.

— Essaies de m'hypnotiser.

La faucheuse fixa les yeux du centaure et lui demanda de se rouler au sol. Miguel obéit de façon robotique, signe que l'hypnose avait fonctionné. Ensuite, elle exigea qu'il redevienne normal afin de rentrer dans le royaume des morts.

Tous les trois arrivés dans le royaume, Dalia décida de faire un tour dans le bureau de son supérieur.

Elle y entra doucement, encore une fois intimidée.

— Que veux-tu, Dalia ?

— Je crois que vous m'avez rendu mes pouvoirs.

— En effet.

— Je vous remercie.

— Tu as été extrêmement efficace ces derniers mois, et tu as eu un acte de bonté et de justice aujourd'hui, c'est ce que je veux voir au quotidien. Tu méritais de retrouver tes forces. Mais tu restes quand même sous surveillance, étant la faucheuse, tu ne dois pas faire d'écart. Si jamais tu fautes, tu risques ta place et ta vie, alors sois sérieuse et fais en sorte de ne pas être trop absorbée par des sentiments d'humain.

— Entendu Lucifer. Je suis vraiment reconnaissante, malgré tout, de t'avoir.

Le démon hocha la tête sèchement, en signe de compréhension, mais de façon autoritaire, pour ne pas montrer qu'il était tout de même un peu attendri par le comportement de Dalia.

— Si tu n'as plus rien à me dire, tu peux disposer.

— Encore merci.

Elle sortit du bureau rapidement, rejoignant Roger dans sa chambre.

— La puissante Dalia est de retour et va jouer de mauvais tours !

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