Chapitre 13 : Confessions

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Perdue dans un quartier inconnu après avoir déambulé pendant un certain temps, je reste sur mes gardes, complètement lucide malgré mon état d’ébriété. Je finis par arriver dans un parc familier au bout d’un moment. Soulagée, je m’installe sur un banc non loin de l’entrée, contemplant le ciel étoilé avec calme.

Soucieuse de l'heure tardive, je rallume mon téléphone. Immédiatement, je suis ramenée brutalement à la réalité en voyant des dizaines d’appels manqués.

Il sonne encore, j’hésite un moment, emplie de culpabilité et de doutes, puis je décide de répondre.

« Oui ? »

« Moune ? Où étais-tu passée, bon sang ! Tu te rends comptes de la frayeur que tu m’as collée ? »

Elle commence à me hurler dessus, mais je l’écoute calmement sans l’interrompre.

« Tu m’écoutes quand je te parle ? »

« Lynn… Je crois que j’ai besoin de prendre un peu de distance. »

Un silence de mort retombe sur le combiné après que j'ai fini cette phrase. Puis je l’entends sangloter à l’autre bout du fil.

« Mais… Moune, qu’est-ce que tu dis ? »

« Je suis désolée. »

« Attends, est-ce que j’ai fait quelque chose qu’il ne fallait pas ? Pourquoi tu me demandes ça tout d’un coup ? Moune, s’il te plaît, arrête et dis-moi où tu es pour que je vienne te chercher. »

La tristesse m’envahit alors qu’elle fond en larmes. J’ai envie de rester forte, mais je n’y arrive pas.

« D’accord. »

Je lui envoie ma localisation et j’attends patiemment jusqu’à ce qu’elle débarque quinze minutes plus tard.

Elle fait peine à voir alors qu’elle sort du véhicule pour me rejoindre dans cet endroit désert, ça se voit qu’elle a beaucoup pleuré.

  • Tu as bu ?

Je ne réponds rien, elle s’installe à mes côtés et rejette la tête en arrière, faussement décontractée.

  • Tu devais sacrément m’en vouloir pour autant coller Andrew.
  • Oui.

Elle se retient difficilement de rire.

  • Qu’es ce qu’il y a de drôle ?
  • Non, désolée. C’est juste… Andrew vraiment ?

Elle éclate de rire, incontrôlable, et finit par m'emporter aussi. Le silence finit par retomber quelques secondes plus tard.

  • J’y pense, c’est la première fois que tu essaies d’attirer mon attention. Ça me fait bizarre.
  • Vraiment ?
  • Oui, d’habitude j’ai tout le temps l’impression de trop de coller. Ça fait du bien de savoir que je te manque lorsque je ne suis pas là.

Je ressens un léger pincement au cœur lorsqu’elle sort ces mots. L’ambiance redevient pesante.

  • Je ne pensais pas être mauvaise au point de te faire fuir. Et dire que je pensais avoir fait des progrès !
  • Je sais que tu me surveilles.

Très surprise, elle rougit et tente immédiatement de répondre, mais je l’interromps.

  • Qu’on soit bien clair avant que tu répondes. Si tu me mens, je te rayerais de ma vie.

Après plusieurs secondes de silence, elle se relève et fait quelques pas en avant, dos à moi.

  • J’avais peur pour toi, j’essayais juste de te protéger.
  • Tu parles comme ton frère.
  • Je t’interdis de me dire ça !

Meurtrie, je serre les poings et me lève à mon tour.

  • J’avais confiance en toi.
  • Confiance en moi ? Et je suis censée gober cette bêtise ? Qu’es ce que tu as accepté de me confier exactement ? Rien ! Rien du tout ! Tu préfères te faire du mal et te gaver d’anti dépresseurs au lieu de simplement me dire ce qui te tracasse !

Incapable de tenir son regard, je baisse la tête, serrant les dents pour m’empêcher de craquer sous le poids de mes émotions.

  • Tu parles comme si c’était facile.
  • Bien sûr que non, ça ne l’est pas, mais tu ne pourras jamais aller de l’avant si tu persistes à porter seule ce fardeau ! Laisse-moi t’aider à aller mieux.
  • Et pourquoi tu ferais ça ?
  • Parce que tu comptes pour moi, Moune.

Mon cœur bat tellement fort que j'entends à peine les bruits autour. Un mélange d'émotions m'envahit, mais la peur prend le dessus. Refusant d’écouter ce bruit sourd, j’essaie tant bien que mal de me mettre sur la défensive et de laisser la colère parler, mais je pleure à chaudes larmes sans même savoir pourquoi.

  • Arrête… Tu n’as pas le droit de me dire ça après ce que tu as fait, c’est injuste !

Lynn, plus calme, me prends les mains.

  • Je comprends que tu te sentes trahie. Mais tu dois me croire, je ne te veux aucun mal, je ne suis pas comme mon frère. Excuse-moi d’avoir fait ça dans ton dos.

J’essaie de reculer, mais je n’ai même pas la force de le faire. Je me sens submergée, comme si je ne pouvais pas respirer, comme si chaque pulsation de mon cœur ne faisait qu'accentuer cette terreur viscérale qui me retient prisonnière.

  • Fais-moi confiance.
  • Tu n’es pas la première à me demander ça, et je sais où ça m’a mené.
  • Ne me compare pas à ceux qui t’on fait du mal.
  • Et qu’es ce qui te différencie d’eux ?
  • Moi, je ne partirai jamais.

La douceur de son timbre fait fondre mes défenses comme neige au soleil. Complètement désarmée, je me laisse enlacer avec tendresse. Je ne sais pas si j’ai le droit de me sentir aussi heureuse. Comment fait-elle pour ne pas s’emporter avec tous ces mots horribles que je lui dis ?

  • Ouvre-toi à moi.

La peur reprend immédiatement le dessus. Je secoue la tête vigoureusement.

  • De quoi tu as peur exactement ? Souffle-t-elle à mon oreille.
  • Que tu me quittes, toi aussi.

Je suis aussi surprise qu’elle en entendant ces mots sortir de ma bouche. Gênée, je m’éloigne de quelques pas, mais elle se rapproche aussitôt.

  • J’ai besoin que tu apprennes à me faire confiance.

La main posée sur ma joue, elle me caresse en me regardant droit dans les yeux.

  • Laisse-moi savoir qui tu es vraiment.
  • Mais et si tu me détestais après ça ? Et si tu me rejetais comme les autres ?

La peur au ventre, je sens mes démangeaisons reprendre.

Le contact de ses lèvres sur mon front me ramène sur terre. Tremblant de tout mon être, je la supplie de passer à autre chose, mais étrangement, ce soir-là, elle n’a pas l’intention de lâcher le morceau.

Me tenant fermement, elle chasse lentement les larmes de mon visage.

  • Parle-moi.

Je ferme les yeux, serrant ses mains de toutes mes forces, et je prends une grande inspiration.

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