Chapitre 4 : Cadeau empoisonné

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Sophie se retourne vers moi avec un sourire en coin, faisant mine de ne pas comprendre, elle réitère la question. Mon malaise grandit à vue d’œil alors que j’observe les environs. Nous ne sommes pas seules. Apeurée, je recule.

Au même moment, des pas rapides résonnent autour de moi, j’ai tout juste le temps d’esquiver l’emprise d’une ombre imposante postée derrière moi.

Lucas.

  • T’as de sacrés bons réflexes pour une femme !
  • T’es vraiment un abruti, comment t’as pu la louper ? Crie Sophie à son frère.

Déconcertée, je reste silencieuse pendant de longues secondes alors que les deux assaillants se chamaillent. Ma vision se floute, j’ai l’impression de perdre pied alors que ma respiration devient de plus en plus lourde.

  • T’as l’air déçue, tu ne pensais quand même pas que je sympathiserais avec quelqu’un comme toi ?

Un frisson de dégoût me parcourt l’échine alors que Sophie se met à rire froidement. Son frère, lui, me fixe de haut en bas avec un sourire malsain.

  • Viens avec moi, je saurai te donner du plaisir, ne t’inquiète pas.

J’envisage de m’enfuir, mais une rage sans pareille me consume en repensant à quel point je me suis montrée naïve.

C’était la première fois que quelqu’un me voyait enfin, la première fois que je voyais une échappatoire à cet océan de haine. Et il a fallu que tout ça ne soit qu’un mensonge. C’est tellement cruel.

  • Vous êtes dégoûtants…

Lucas court vers moi pour tenter de me saisir, comptant sur son imposante carrure. Je lui assène immédiatement un direct à la gorge et un violent coup à l’entrejambe qui lui fait perdre l’équilibre. Il s’effondre à mes pieds, luttant pour respirer et grimace de douleur.

Je craque complètement, le tabassant à n’en plus finir, déversant sur lui toute cette colère, cette frustration que j’ai en stock depuis tellement de temps et qui n’attendait que cette occasion pour jaillir avec rage.

Je ne m’arrête plus, lui assénant de grands coups de pied dans l’entrejambe, les côtes et la figure jusqu’à ce qu’il rende son déjeuner au sol.

  • Arrête. Supplie le gaillard en larmes. Je suis désolé ! Je suis désolé ! Arrête, je t’en supplie !

Portée par l’émotion, je n’entends pas les gyrophares du véhicule de police qui passaient par là. Je ne ressens plus rien, ne vois plus rien, rien n’existe autour de moi à part cette haine du monde et de moi-même.

  • Au sol, les mains derrière la tête ! Résonne une voix lointaine, floue.

Je me fais violemment plaquer au sol, mais je ne réussis pas à me calmer. Pleurant et me débattant de toutes mes forces en les insultant de tous les noms.

Ça y est, j’ai définitivement touché le fond. Mais je n’ai pas le droit de me plaindre, j’ai tout ce que je mérite de toute manière…

*****

Plusieurs heures se sont écoulées depuis que j’ai été mise en cellule.

Déjà mal partie avec ma couleur de peau, j’ai été surprise en train de tabasser un gosse de riche. Bien entendu, rien de tout ça n’a joué en ma faveur. La police recueillit le témoignage de Sophie qui ne s’est pas gênée pour déformer la vérité.

Assise à même le sol, je repasse toute la scène dans ma tête, me grattant frénétiquement, la mort dans l’âme. Je n’ai personne à contacter et je vais sans doute me faire renvoyer. Tout ce qui me reste c’est mes yeux pour pleurer.

Des coups contre les barreaux m’arrachent à mes pensées dans un sursaut.

  • Tu as de sacrées relations dis donc ! Me dit le policier en ricanant, alors que je le dévisage avec incompréhension. Dommage, tu dois déjà nous quitter.

Je suis la première surprise lorsqu’il m’annonce avoir reçu un coup de fil du procureur. Je n’ai pourtant prévenu personne, encore moins quelqu’un d’aussi haut placé.

Sortant de la bâtisse à la hâte, je contemple avec émotion l’aube qui pointe déjà le bout de son nez.

  • Bonjour, lance une voix derrière moi.

Un homme aux cheveux grisonnants se tient à présent devant moi. Bien mis dans son costume noir, il se tient solennellement devant la porte ouverte d’une belle limousine mate.

  • Madame, si vous voulez bien prendre place.
  • Qui êtes-vous ?
  • Pardonnez mes manières. Je suis Raj, l’un des chauffeurs de la renommée famille Haliburton. Monsieur m’a donné l’ordre de vous déposer chez vous. Sa sœur vous portant dans son cœur, il serait honoré que vous acceptiez cette escorte.
  • Je ne connais aucune de ces personnes.
  • Pardonnez-moi, mais, vous êtes bien Madame Malimouna ?

J’acquiesce, confuse. L’homme fait quelques pas en ma direction et retire son chapeau, le posant respectueusement sur son torse, la tête baissée.

  • S’il vous plaît, je vous prie d’accepter cette faveur. Autrement, Monsieur risquerait vraiment d’être contrarié.

Je peux lire la peur sur le visage de cet homme. Ce fameux Haliburton doit être sacrément impitoyable pour susciter autant d’effroi chez lui.

Je finis par me résigner après quelques secondes de réflexion. Soulagé, il me remercie mille fois en m’ouvrant respectueusement la portière. Sa profonde gentillesse m’aide un tant soit peu à me détendre même si, intérieurement, je reste sur mes gardes en cas de mauvaise surprise.

Le trajet se passe heureusement sans encombre. Je le remercie à mon tour avant de lui dire au revoir. Ma bonne étoile semble ne pas m’avoir oubliée après tout.

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