Chapitre 3 : Cible

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  • Tout le monde en rang ! me hurle un prof sorti de nulle part.

Je m’exécute sans me faire prier alors que les autres gloussent.

Plusieurs minutes passent sans que je n’aperçoive Sophie sortir des vestiaires, elle doit encore y traîner. Je ne voudrais pas être à sa place lorsque cette montagne de muscles le découvrira.

Le tournoi débute.

Je m’attends à un peu de niveaux vu l’ampleur de la compétition, mais je suis extrêmement surprise de constater qu’à part quelques rares exceptions, et encore, le niveau général reste ridiculement bas. Je n’ai même pas à me donner à fond pour gagner haut la main presque chaque compétition, obtenant par la même occasion le respect inespéré de ce prof bourré de testostérones.

  • Pas mal pour une fille ! Je n’ai pas été déçu, bravo. Après tout, vous avez ça dans le sang, vous autres !

Nous autres, hein… Merci ?

Je souris poliment pour le remercier et je me rends aux vestiaires pour me changer.

Les étudiants qui en sortent me lancent des regards moqueurs alors que j’avance vers ma destination, la boule au ventre.

Sans surprise, le casier devant lequel je me changeais a été vandalisé et vidé. Je passe quelques secondes à le fixer alors que la quasi-totalité des étudiants présents se met à rire.

Ma bonne humeur s’évapore complètement. Cette hostilité constante m’étouffe, mais je n’ai pas le choix, je dois faire avec. L’avantage de savoir que l’on est une cible, c’est qu’on peut souvent avoir quelques coups d’avance lorsqu’on est un peu malin.

Je me rends vers le fond de la salle pour récupérer les affaires que j’y avais dissimulées avant de me rhabiller tranquillement sous leurs regards ahuris. Je ne sais pas à qui appartient ce casier, mais merci à elle de m’avoir servi de couverture pour préserver mes biens.

En parlant d’elle, elle ne tarde pas à se faire connaître, poussant des cris hystériques en découvrant le carnage.

Ne me sentant pas concernée, j’entreprends de me diriger vers la sortie, mais elle commence sans raison à s’en prendre à moi, essayant même de me frapper.

  • Je n’ai pas touché à tes affaires. Dis-je calmement.
  • Qui d’autres ça pourrait être ? Je sais que tu faisais exprès de traîner dans les vestiaires ! Sale voleuse, tu vas me rendre mes affaires et tout de suite !

Elle essaie à nouveau de s’en prendre à moi, mais je fais preuve de tout le sang-froid possible pour éviter de riposter.

Dans cet endroit, il n’y a que le blanc qui sonne vrai. Peu importe ce qui se passe, si je réagis violemment devant autant de monde, je me ferai virer, et c’est la dernière chose que je souhaite.

  • Du calme. Lance Sophie derrière moi. Les autres ont pris ton casier pour le sien et ont tout jeté. Je me propose de te rembourser si tu te calmes. Ça te va ?

Soulagée par cette aide inespérée, je recule de quelques pas.

  • C’est une blague ? Et comment je fais pour rentrer sans vêtements moi ?
  • Tu te débrouilles.

Elle me lance un regard amical que je lui rends avec gratitude avant de sortir rapidement pour éviter d’autres agressions.

Tout un tas d’émotions se mélange en moi alors que j’avance, l’esprit dans le vague. Je m’installe sur un banc non loin pour reprendre mon souffle, une bouteille d’eau froide à la main pour servir de balle antistress.

C’est vraiment incroyable. Elle a pris ma défense devant tout le monde.

Je souffle un grand coup, levant la tête vers le ciel en me couvrant les yeux pour contenir mes émotions, mais au même moment, j’entends quelqu’un approcher.

C’est encore Sophie, je souris malgré moi en la voyant.

  • Tu es encore là ? Il commence à se faire tard.

Plus d’une heure s’était écoulée le temps que je reprenne mes esprits, le campus s’est vidé sans que je m’en rende compte.

  • Merci pour tout à l’heure.
  • Oh, ce n’est rien. Tu as été vraiment courageuse, peu de personnes auraient pu garder leur sang-froid comme tu l’as fait, bravo.

Je sens mon cœur fondre à mesure que son sourire s’agrandit, oubliant presque le chagrin qui me tiraillait quelques minutes plus tôt.

  • J’ai raconté ça aux autres et on aimerait beaucoup passer du temps avec toi. Ça te dirait de venir à une virée ce soir ?

J’écarquille les yeux tant la situation semble surréaliste. Des gens me proposent de traîner avec eux ? Moi ?

  • Les autres ?
  • Je te les présenterai.
  • Lucas sera présent ?
  • Oui, il aimerait se faire pardonner et…
  • Désolée… je dois refuser. Sans vouloir te faire de la peine, je n’ai pas l’intention de faire la paix avec ton frère.

Elle reste silencieuse un moment, puis acquiesce.

  • Je comprends, mais laisse-moi au moins te raccompagner, ce n’est pas prudent de traîner seule à cette heure.

J’accepte avec plaisir. Sophie ouvre alors la marche, me conduisant vers le parking à présent désert. Le soleil s’étant déjà couché, l’endroit n’est éclairé que par quelques rares lampadaires. La nuit est calme et j’ai toute confiance en celle qui m’accompagne, mais en cet instant précis, j’ai le plus mauvais pressentiment de toute ma vie.

Impossible de lutter contre le malaise grandissant à chacun de mes pas alors que tout mon être me hurle de faire demi-tour. Je m’arrête.

  • Quelque chose ne va pas ? demande Sophie en se tournant vers moi.
  • Où est-ce que tu m’emmènes ?

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