Chapitre 1

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Debout sur sa moto amphibie, Duke scrutait la plage de ses jumelles V-Plex, à plusieurs centaines de mètres du rivage. Des traces de pas et de véhicules lourds… Si les hommes de Cobra avaient débarqué sur l’île de la Mousse, que pouvaient-ils bien mijoter ? Avaient-ils réussi à percer le mystère du Volcan Sacré ? Il décida de partir en éclaireur.

Il approcha de la côte silencieusement et dissimula sa moto derrière un rocher, à une trentaine de mètres de la plage. Aucun signe d’activité suspecte. Il vérifia son équipement et sauta dans l’eau. Elle était presque trop chaude à son goût.

Il parvint sur le sable sans encombre. Le soleil était encore haut dans le ciel et diffusait une chaleur intense. Duke s’avança vers les traces qu’il avait repérées depuis la mer. Les empreintes du HISS, le mini-tank de Cobra ! Il avait vu juste, il se tramait quelque chose. Et si Cobra était dans le coup, ce n’était pas bon signe. Ça pouvait même être très dangereux. Il allait devoir s’enfoncer dans la jungle pour pister les terroristes.

Duke écouta quelques instants le bruit des vagues qui venaient s’échouer sur le sable…

Dans son bain, Tibor suspendit le fil de son aventure. Dans sa main droite, Duke s’apprêtait à partir à l’assaut de l’île de la Mousse. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était que les traces sur la plage étaient un traquenard et que Tibor tenait Zartan dans sa main gauche, derrière la mousse, prêt à lui sauter dessus avec le reste des Matamores, pour le kidnapper.

Tibor se tint immobile quelques instants et tendit l’oreille. Les clapotis de l’eau dans la baignoire s’atténuèrent et le silence revint. Puis Tibor entendit à nouveau le bruit des vagues dans le lointain. Le son semblait assourdi, comme s’il s’échappait d’une fenêtre fermée. Maman a peut-être allumé la télévision un peu fort, se dit Tibor. Cela arrivait parfois, lorsqu’elle passait du temps avec un nouvel ami dans sa chambre, pendant que lui jouait dans la sienne.

Nouveau bruit de vague qui se répand sur le sable.

Non, ce n’était pas le son de la télévision. Et puis Maman se trouvait dans la cuisine avec Jérôme. Il les avait entendus discuter tout à l’heure. Tibor n’avait pas encore décidé s’il aimait bien Jérôme ou non, mais c’est lui qui avait acheté le poster. À cette pensée, il tourna la tête pour regarder la grande photo qui couvrait presque tout le mur de la salle de bain. Elle montrait une plage de sable fin, encadrée de part et d’autre par des palmiers. Plus loin, la mer turquoise venait lécher le rivage d’une écume blanche. La plage elle-même disparaissait sur le côté, mais réapparaissait dans le fond de l’image, pour rejoindre une forêt luxuriante au pied d’une colline, prolongée par des rochers dans l’eau. Le ciel bleu était en partie tacheté de gros nuages cotonneux. On ne voyait pas le soleil dans le cadre, mais la lumière et les ombres donnaient à penser qu’il s’agissait du milieu de l’après-midi.

Une plage des « pays chauds », s’était dit Tibor, exactement comme celle que lui avait décrite son copain Steeve, à l’école. Steeve qui partait toujours loin en vacances, avec ses parents, aux « Antilles ». Tibor lui, n’avait jamais été à la mer. Maman lui avait promis qu’ils iraient un jour, tous les deux. Mais elle disait ça chaque année. Et puis elle avait rencontré Jérôme, son nouvel ami, et il avait acheté le poster.

Tibor entendit de nouveau le bruit d’une vague rouler sur le sable. Il laissa tomber ses figurines G.I. Joe au fond du bain et se tourna complètement face à la photographie. C’était étrange, mais il eut l’impression que le son venait de l’image – ou plus exactement de derrière l’image. Tibor regardait le poster, comme hypnotisé. Bientôt, le son devint plus clair : ce n’était plus seulement le bruit d’une vague qu’il percevait, mais le chant de la mer toute entière, celui des oiseaux, et même celui des feuilles de palme qui s’agitaient avec le vent. Puis, petit à petit, l’image sembla s’animer devant lui, comme si la photographie collée sur le mur devenait réellement une fenêtre, ou plutôt une porte ouverte sur la plage.

Tibor ferma les yeux et secoua la tête pour faire disparaître la vision. Il s'était trompé, ce n’était pas possible. Lorsqu’il les rouvrit, la plage était toujours là. De petites vagues se répandaient sur le sable, la mer ondulait, les feuilles de palmiers se balançaient avec la brise. Tibor n’avait pas peur, mais son cerveau luttait pour intégrer ce phénomène inconnu.

La plage pouvait-elle réellement exister, juste devant lui, dans la salle de bain ? Ce serait super génial, se disait-il, mais est-ce que c’était… normal ? Il avait déjà vu des hologrammes avec des images qui bougent, mais là, c’était différent.

Tibor se mit debout, s’aspergea pour se débarrasser de la mousse et enjamba la baignoire, sans quitter la plage des yeux. Il prit la serviette que maman lui avait préparée sur le côté et s’emmitoufla dedans. De l’eau gouttait sur le tapis de sol.

Il s’approcha du mur.

Il lui sembla sentir un souffle tiède sur le visage.

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