Acte 31 : LES CONTES DE L'ÉTOILE EFFONDRÉE - This is the end

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— Bonjour les trolls ! Bonjour, Janette !

— Bonjour, cher Marcel.

— Qu'y a-t-il ma chère Janette ?

— Oh, je ne vais pas vous spoiler, lancez l'article...

*

Le vent caressait le visage de Megan, le regard porté sur l'horizon, elle repensait aux derniers événements. Le tueur avait choisi sa maison, ce n'était plus qu'une question de temps. Encore quelques jours et ce serait la fin. Perchée sur le toit d'un bâtiment de cinq étages, la jeune fille savourait ce moment unique. Le parkour lui procurait une sensation d'infinie liberté. Elle savait qu'elle ne trouverait nulle part sa place en ce monde. À quoi bon lutter. Il viendrait la chercher, s'en serait fini de cette vie de merde. Une larme traça son sillon sur sa joue. Brusquement la jolie brune se retourna, puis s'élança dans le vide de la nuit, abandonnant derrière elle l'horizon et ses promesses d'une vie meilleure. Tant qu'elle ne rentrait pas chez elle, le tueur ne l'atteindrait pas. Murphy avait raison, chez lui, Megan serait en sécurité. Mais ce n'était pas ce qu'elle recherchait à cet instant précis. Portée par l'élan des ses émotions, l'adolescente courait dans les rues de Londres. Elle s'arrêta devant l'immeuble de son ami, puis sonna à l'interphone. La porte s'ouvrit. Elle se jeta dans le hall, s'engouffra dans la cage d'escalier, montant les marches deux par deux pour finir sur le palier du deuxième étage. Elle n'eut pas le temps de frapper à la porte de l'appartement, Murphy l'attendait.

— Tu as changé d'avis, finalement.

— J'ai pas envie de rentrer dans cette baraque. C'est pas chez moi, là-bas.

— Viens.

— Merci. T'as de la bière ?...

Le jeune homme se dirigea vers le frigo, silencieux. Il prit deux bouteilles, les ouvrit et en tendit une à Megan. Elle s'assit au pied du lit et s'offrit une gorgée. Il fit de même. Les deux étudiants restèrent ainsi un long moment. Enfin, Peter posa sa bière au sol, puis enroula son bras autour des épaules de celle qui faisait battre son cœur depuis quelques années. Heureux de ces retrouvailles, il n'en demandait pas plus. Elle pencha sa tête, se lova contre mon torse, glissant délicatement sa main sur son ventre.

— C'est beau le hasard, tout de même.

— Y'a pas de hasard Murphy. On allait bien finir par se retrouver. On aime les mêmes choses. On vit dans la même ville.

— C'est une grosse ville. Pas si facile de se croiser dans cette masse.

— J'aurais bien fini par te tomber dessus à force de la sillonner de long en large...

Megan ne croyait pas au hasard. Peter non plus. Cependant, les chances de retrouver une personne parmi tant d'autres, dans la capitale, frisaient l'improbable.

Le lendemain, les deux tourtereaux s'éveillèrent à la lumière du jour. Le jeune homme avait décidé de sécher ses cours pour passer du temps avec sa belle. Guilleret, il prépara le thé, tandis qu'elle prenait sa douche. Elle sortit rapidement, les cheveux noués négligemment, vêtue d'un simple T-shirt que lui avait prêté son ami, pour la nuit.

— Ça la fout mal que tu dormes par terre. Je rentre ce soir. C'est mieux.

— T'inquiète pas pour ça. On n'aura qu'à dormir ensemble, promis je ne te toucherai pas.

Le pauvre avait l'air si sérieux en disant ça.

— Ton lit est microscopique. Je ne sais pas comment tu fais, juste toi ? Alors à deux...

— C'est plus romantique.

Megan éclata de rire. Enfin un sourire sur ce visage d'ordinaire si triste. Son regard s'était illuminé. Elle réussit à oublier sa vie de merde, l'espace d'un instant. Et Murphy s'en réjouissait. Il la prit dans ses bras. Elle en rêvait de ce moment, depuis si longtemps, qu'elle se crut en plein rêve. Glissant sa main sur le visage de son bien-aimé, Megan leva les yeux vers lui. Il l'embrassa tendrement, serrant ce corps fluet contre toute sa personne. Il ne voulait pas qu'elle lui échappât.

Le soir elle dut rentrer. Étant encore mineure, ses parents avaient toute autorité sur ses faits et gestes. Il était hors que question que sa mère cause des problèmes à Murphy. Cette femme en était parfaitement capable. Si Megan ne lui obéissait pas, elle manipulait son mari ainsi que son entourage pour que sa fille plie.

Un an et je serai enfin libre de me casser d'ici. Peter est une crème, il m'attendra.

Le lendemain, l'étudiant fut pris d'une forte envie d'aller voir sa belle. Tant pis si l'accueil n'allait pas être des plus chaleureux, il devait la voir. Ruminant ses pensées sur le trajet, il se passait en boucle le scénario de sa rencontre avec les parents de la jeune fille. Il pensait se faire passer pour son prof d'informatique. Puisqu'il donnait déjà des cours de soutien là où Megan avait postulé. Le jeune homme ne se rendit pas compte tout de suite du bordel au portail du pavillon. Perdu dans ses rêveries, il en fut arraché comme on arracherait une dent sans anesthésie. Il eut soudain ce nœud au ventre et cette nausée qui allaient avec le pire des pressentiments. Des voitures de flics, des ambulances et déjà ces rats de journalistes, s'agglutinaient à l'entrée. Murphy courut, bousculant les charognards et leurs objectifs, réussissant à pénétrer dans le jardin. Il fut stoppé net par un policeman en uniforme fluo.

— Vous n'avez rien à faire ici, jeune homme. Sortez.

— Je vous en supplie, pitié... ne dites pas que... je vous en prie...

Les larmes commençaient à lui brûler les yeux, sa gorge lui serrait les cordes vocales. Il avait un mal fou à s'exprimer clairement.

— Vous les connaissiez ?

— Me... gan...

Soudain, il aperçut, sous le balcon encadré par la grande fenêtre centrale du pavillon, le corps d'un homme. Gisant, mort. Puis un chariot passa à côté de lui, avec un sac mortuaire posé dessus. Il tourna le tête vers le paquet de plastique noir. Le flic n'eut pas le temps de le retenir, qu'il se jeta dessus, l'ouvrant pour vérifier qu'elle n'y était pas. D'un discret mouvement de la tête, l'officier commanda au coroner d'arrêter sa marche, de laisser le gamin se recueillir. Ça n'allait rien changer. L'enquête était close. Le tueur était mort. Ainsi que la dernière famille ciblée.

— Elle l'a eu. Elle s'est battue jusqu'au bout. Nous n'avons rien pu faire. La chute lui a été fatale. Mais elle l'a arrêté. Il ne tuera plus jamais.

— Elle était comme ça. Elle n'aurait jamais lâché. C'était une battante... Il me l'a prise.

Le flic posa sa main sur l'épaule de Murphy. Le pauvre caressait le visage froid de celle qu'il avait attendue toutes ces années. Les larmes coulaient abondamment sans qu'il n'essayât de les retenir, mouillant le T-shirt qu'il lui avait prêté la veille.

Elle avait lutté jusqu'au bout. Il l'avait poursuivie dans toute la maison. Le Fortress Killer. Mais elle avait un plan. L'attirer à l'étage et le balancer par dessus le balcon. Juchés sur les marches, il respirait encore. Ils avaient chuté ensembles. Elle pensait que son poids allait l'écraser, lui briser les os. Dans un dernier souffle elle lui éclata le crâne contre l'arête d'une des marches. L'oreille collée contre son torse, elle entendit les battements du cœur de l'assaillant ralentir. Puis, plus rien. Elle s'endormit, songeant à son bel étudiant en informatique, tant convoité au collège et au lycée. Le beau Murphy.

Les chroniques de l’univers - « Shadows of the past »

D. S. PENRY pour TROLL MAG INFINI-TEA

*

— Bah merde Janette. Pauvre gamin ! C'est bien moche tout ça... Et dire que je le prenais pour un tombeur...

— Il ne faut pas juger, quand on ne connait pas.

— Une bonne leçon d'humilité, ma chère Janette. Bon, et bien, sur ce... à la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et ne trollez pas trop devant l'écran !

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