Acte 45 : LE SANG DES RAPACES - Hellraiser

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— ...Allemand d'Allemagne ?

— Non, de Chine...

— Voilà ! J'ai pensé la même chose ! Sérieusement, cette question...

— Marcel...

— Oui, ma Janette ?

— Non ne sommes plus hors-antenne...

— Salut les Troll-spectateurs ! Bonjour, ma chère Janette !

— Bonjour chers Troll-spectateurs ! Bonjour, cher Marcel. Flash publicitaire :

KARLITO sories & co sort sa troisième saison. Inutile d'en dire plus : la nano série est toujours aussi déjantée !

— J'ai préparé un bon thé iranien au piment, pour l'occasion !

— Et moi les loukoums ! Vous venez à la maison, cher Marcel ?

— Avec plaisir ! L'article ! Le temps tourne...

*

Chapitre premier : Elm Street.

Meredith se couvrit les yeux. La scène était insupportable. Le jeune homme, un couteau de boucher à la main, s'acharnait sur la pauvre vieille dame. « Il ne fallait pas insulter ma mère », résonna la voix de l'assassin dans toute la pièce. Le fiancé de Meredith la rassura.

— Tu peux rouvrir les yeux, la pauvre vieille est morte, c'est fini.

— Mon dieu, mais quelle horreur. Une vieille dame !

— Ce n'est qu'une série télé, ma chérie.

— Tout de même cette violence ! Comme s'il n'y en avait pas assez dans le monde ! La jeune femme se figea, horrifiée par la scène suivante : mon dieu, non, il couche avec sa mère maintenant ! Mais c'est pire que Nip/Tuck et Saw réunis !

— C'est une série d'horreur, tu pensais y trouver quoi ? lui lança son ami, agacé.

— Je ne sais pas, moi ! Un genre de Contes de la Crypte ! De l'angoisse avec un scénario intelligent ! Carpenter, Stephen King ! Non, mais là, c'est bon, ça me gonfle, je rentre. Dorénavant tes séries, tu les regarderas seul, je n'ai pas envie de vomir mon repas tous les soirs ! Tout se perd aujourd'hui : romantisme, scenarii de qualité, tout, grommela-elle se jetant sur son manteau.

— Mais, arrête. N'en fais pas tout une histoire, c'est qu'une série. C'est rien.

— Ce genre d'histoire, ça me dégoûte ! Je n'ai pas à me forcer pour te faire plaisir !

Meredith sortit de l'appartement sans donner l'occasion à son copain de répliquer. L'hiver était rude en ce mois de décembre. La neige tombait lentement sur la petite ville de Yellowbud. Les boutiques restaient ouvertes tard afin de laisser le temps à chaque habitant de préparer son réveillon. La jeune femme se pressa de rentrer pour se faire un bon lait chaud à la cannelle.

La télévision ronronnait sa série préférée : Sloan Carter. La deuxième saison avait enfin trouvé « producteur à son pied ». Cinq ans, tout de même ! Ce soir, Karmazone Crime diffusait les épisodes inédits. Meredith avait oublié à quel point il était agréable de se retrouver seule. Sans fiancé égoïste. Sans mère envahissante. Elle préparait une soupe aux champignons, tandis que le lait, chauffait doucement dans la casserole. « Tu peux rouvrir les yeux, la pauvre vieille est morte, c'est fini ! ». La jeune femme leva la tête, surprise d'entendre ses propos, énoncés quelques heures auparavant, chez son ami. Elle regarda attentivement la scène, à l'écran. Chaque moment était retranscrit, jusqu'à son départ de l'appartement. Même l'actrice lui ressemblait. Cependant, une fois dans les rues de la petite ville de Kingston, Mariella ne rentra pas à la maison, mais alla se recueillir sur la tombe de son père. Là, encore, le personnage avait, étrangement, la même vie que Meredith.

— Non, ça suffit ! C'est n'importe quoi ! Elle plongea la tête entre ses mains, puis ramena ses cheveux en arrière, médusée par ce qu'elle venait de voir se dérouler sous ses yeux.

« Salut, ma biche ! Alors, on fête Noël toute seule ? »

Sloan Carter, un stick de réglisse à la main, se tenait devant Mariella, accroupie devant la tombe de son père. Elle leva la tête vers le Chasseur d'entités chimériques, le fixa un long moment. Il s'approcha d'elle et lui tendit la main pour la relever. La jeune femme se laissa faire. « T'es muette choupinette ? », lui lança Sloan, le regard brûlant d'une lueur, indéfinissable. « Que me voulez-vous ? », interrogea, enfin, Mariella.

Meredith regardait la scène avec impatience, curieuse de savoir ce que lui réservait le traqueur, quand elle entendit, soudain, frapper à la porte. La jeune femme hésita un instant à quitter l'écran du regard. Mais la personne dehors, semblait insister. Elle alla ouvrir en gardant un œil sur le poste. Un homme en trois-quart anthracite, veste de costume noire, T-shirt blanc, blue-jean et Converses de la même couleur, se tenait devant-elle. Encore hypnotisée par la scène de l'épisode, Meredith ne réagit pas, à la vue de l'inconnu.

— Salut ma biche ! Alors, on fête Noël toute seule ?

Elle tourna la tête vers celui qui venait de prononcer ces mots. Sloan Ezekiel Carter était planté juste devant elle. La jeune femme eu un mouvement de recul. Elle le regarda, effarée.

— T'es muette choupinette ? C'est quoi cet accueil ? C'est fini Halloween ! À moins que...

Sloan entra comme s'il vivait dans cet appartement, regarda autour de lui, puis se dirigea vers la salle de bain.

— J'ai la même tête que d'habitude, c'est quoi le problème ? lança le jeune homme en sortant de la salle d'eau.

La réplique résonna en écho. Sur la NBC, l'acteur faisait la même remarque à Mariella. Meredith regarda l'écran, puis Sloan. Choquée, elle n'arrivait pas à sortir un son de sa bouche.

— Ah, oui ! fit-il, comprenant le mutisme de la jeune femme. Justement c'est pour ça que je suis là. J'ai parcouru je ne sais combien de bornes pour arriver jusqu'à ton trou paumé, alors tu vas te ressaisir et me servir un verre, pour commencer.

Meredith sortit de sa torpeur, puis se dirigea vers la cuisine.

— Je n'ai que du vin rouge.

— Mouais. OK, ça fera l'affaire. Marmonna-t-il en jetant son trois-quart sur le rebord du canapé.

Il l'observait, tandis qu'elle préparait un vin chaud. Elle en versa le breuvage dans un mug, lui fit signe de s'approcher du plan de cuisine, puis montra une boîte remplie de mini-Chamallows, posée au centre.

— Non, ça ira, suis pas un gosse.

La télévision jouait exactement la même scène. Carter but son vin rapidement.

— Bon il est temps de passer aux choses sérieuses. Je vais le laisser parler, ce sera plus simple.

Regardant le poste, il glissa une réglisse dans sa bouche. Meredith ne décrochait pas son regard du chasseur. Soudain, elle se jeta sur lui, l'embrassant avec fougue. Sloan hésita à la repousser.

— Ma douce, ça me flatte, mais on a d'autres chats à fouetter !

— Sloan Carter en chair et en os, devant moi. Elle lui caressa le torse d'une main, puis de l'autre lui serra un biceps. En vrai ! Elle se colla contre lui.

— Bon, bon, ma biche, on se calme ! Je ne suis pas venu ici pour batifoler ! Si j'avais voulu faire des saloperies, j'aurais appelé une pute !

Meredith reconnaissait bien là, le franc-parler de son héros favori. Elle avait lu toutes ses BD, vu le film, la série et lisait souvent des fan-fictions sur internet. Elle en avait même écrites quelques unes.

— Si c'est un rêve, je veux en profiter, fit-elle en l'enlaçant.

— Non, ma biquette, tu ne rêves pas. Arrête, s'il te plaît. Il écarta la main de la jeune femme qui s'approchait dangereusement de son entre-jambe : sérieusement, d'habitude je ne dis pas non à ce genre de proposition indécente, mais là, y'a urgence !

Meredith s'arrêta. Rêve ou réalité, son envie de résoudre ce mystère était plus fort que son désir.

— Passe-moi le journal, ma biche.

Elle alla chercher la gazette de Yellowbud dans sa chambre. La télévision, toujours allumée, montrait la même scène. Sloan se pencha au-dessus du canapé pour trouver la télécommande. Au bout de quelques secondes de recherches infructueuses, il éteignit le poste en tirant sur le branchement.

— Voilà, tu ne m'emmerderas plus, foutu miroir à lobotomiser !

Meredith sortit de sa chambre, journal en main et le tendit à Sloan.

— Ah, c'est bien ça. Merci, beauté ! Il ouvrit la page des nouvelles nationales, pointa du doigt un article : lis-moi ça.

La jeune femme prit le papier, lut l'article attentivement. L'expression de son visage se changea en une grimasse d'horreur, le journaliste décrivait mot pour mot les fan-fictions qu'elle publiait sur son blog. Des récits sur des zombies, des ogres-démons, des anges tombés du ciel... autant d'événements extraordinaires, que surréalistes. Comment était-ce possible ? On se serait cru dans Good Omens quand Adam Young, inconsciemment, matérialisait ses rêves. Carter l'observait.

— Quoi ? Tu ne viens tout de même pas m'annoncer que je suis l'Enfant de Banshee ?

— Et on jouerait un mauvais remake d’un navet... Non. Mais y'a bien un truc qui cloche avec toi et je suis bien décidé à trouver ce que c'est, ma biche.

— Tu as éteint la télé ?

— Oui, ça me gonflait de me voir en série pour fillette.

— Pardon ? objecta Meredith en lançant un regard noir, au « tueur d’illusions ».

— Tu vas avoir l'opportunité de me voir à l’œuvre. Je vaux bien mieux que ces tours de passe-passe qu'on me fait faire dans ce programme à la con ! Et je suis bien pire en réalité. La jeune femme le fixa, dubitative : une fois mon job terminé, promis on fera la bringue, ma douce. Mais je vais t'épuiser.

Meredith rougit.

Les chroniques de la cité Chimère - « Le chant de l'aube au crépuscule »

DEARDON pour TROLL MAG INFINI-TEA

*

— Oooooooooooh !! C'est chaud-bouillant !!

— Janette !! Tout de même !!

— Enfin, mon petit Marcel, ne me dite pas que cet article ne vous inspire pas quelques pensées des plus...

— Bon... euh... enfin... à la semaine prochaine chers Troll-spectateurs et... ne frollez pas trop le... l'écran ! Coupez !!

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