Il faut souffrir pour marcher

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"Le talon en premier", qu'est-ce que j'ai pu l'entendre cette phrase. Toute mon enfance en résonne. Au final je ne sais pas à quel niveau mon système nerveux moteur est blessé mais je sais que j'ai manqué d'oxygène à la naissance, passé du temps sous respirateur le temps que mes poumons finissent de maturer et que je sois capable de respirer tout seul. Peut-être que les progrès de la médecine depuis permettraient aux nouvelles imageries d'y "voir un peu mieux" mais l'on ne sait pas guérir le genre de lésions qui sont probablement à l'origine de mes difficultés motrices alors je ne vois pas l'intérêt de refaire des examens. D'après ma mère, j'ai eu le cerveau scanné sous tous les angles quand j'étais bébé et tout semblait normal. Sauf qu'à l'âge de marcher, non, tout n'était pas normal.

Je suis atteint de parésie spastique, en gros cela signifie que mes muscles sont raides (plus ou moins selon les moments), tellement raides qu'il m'a fallu des années de kinésithérapie et autres traitements pour les obliger à s'étirer en accord avec la croissance normale de mes os, et encore j'ai évité l'opération de peu. J'estime que ce handicap et les traitements douloureux ont grignoté goulûment mon enfance, jusqu'à l'adolescence où j'ai craqué, exprimant d'un coup toute ma jalousie pour mes camarades de classe qui avaient le temps de jouer après la classe et les devoirs pendant que de mon point de vue je perdais tout mon temps de loisir en séances de kiné. Ma mère m'a bien dit que sans tous ces soins je n'aurais plus pu marcher antérieurement dans le temps, mais moi tout ce que je voyais c'était que j'avais mal pendant les exercices, mal après, mal avant, et que ces périodes de douleur me volaient mon temps de jeu. Jouer pour un gamin, c'est important, surtout que je ne jouais pas "normalement". Enfin bref, on a arrêté un temps les soins, mon état s'est dégradé, en bon adolescent têtu je m'en fichais, même si j'ai dû m'infliger moi-même un surplus de douleur en plus de la reprise des soins pour éviter l'opération qui me terrifiait, mais d'une force ! Happy end quand même puisqu'aujourd'hui à l'âge de 29 ans je marche presque normalement, sans aide technique, je peux même un peu courir et sauter et l'opération n'est plus au menu du jour. J'ai repris la kiné mais pour des raisons de confort seulement et quand c'est choisi et non subi c'est quand même franchement mieux supporté. Les douleurs musculaires sont beaucoup moins fréquentes et durent beaucoup moins longtemps maintenant. Je me sens nettement plus léger de ce côté-là. J'ai emprunté au dieu Hermès ses chaussures ailées !

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