Scène 5

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17 INT. JOUR MAISON - CHAMBRE DE BORIS ET LAURA

Le téléphone de la chambre sonne.

Laura se replace immédiatement devant le lit défait et regarde en direction du téléphone qui sonne quatre fois.

Le répondeur se déclenche. On entend la musique d'introduction originale de "Je suis venu te dire...", puis la voix enjouée de Laura qui chantonne à capela en reprenant l'air.

VOIX (chantonnée) DE LAURA

"Nous sommes venus vous dire qu'on n'est pas là. Comm'le dit pas Verlaine, on reviendra. On est venus vous dire, n'hésitez pas... à laisser un message... on rappellera.... (voix parlée) Merci et à bientôt".

Après trois "bips" successifs, une voix d'homme mûr, chaude et douce, sort de l'appareil et résonne dans la chambre. Au ton de sa voix, on sent de l'inquiétude.

PÈRE DE LAURA
Allô, ma chérie, c'est papa... Ça fait longtemps qu'on n'a plus de tes nouvelles... Tu nous manques, à maman et à moi... On se languit de toi, mon petit cœur. On espère que tu vas bien... N'oublie pas ma chérie, qu'on t'aime et qu'on t'aimera toujours.

MÈRE DE LAURA
(S'interposant)
Oui, ma beauté, donnes-nous de tes nouvelles. Ça nous manque de ne plus te parler, mon amour... Un petit coup de fil, ce serait gentil...

PÈRE DE LAURA
Allez, mon petit lapin. Je vous embrasse, toi et Boris.

MÈRE DE LAURA
Oui ! Grosses bises ma beauté et bises à ton mari !

Le "bip" sonore, indique la fin de l'enregistrement.

Silence de quelques secondes, puis reprise du refrain." Je suis venu te dire..."

Boris débarque dans la chambre. Il porte encore ses gants ménagers et tient le seau en fer blanc dans sa main droite. Les yeux rouges et l'air hagard, il titube comme un homme saoul.

Le téléphone sonne à nouveau. Après le message d'accueil, on entend une voix d'homme dynamique et d'âge moyen.

CHRISTIAN DELCOURT (patron de Boris)
Boris ! Les chinois ont modifié toutes les clauses du contrat !

Rappelez-moi en urgence !

Boris pose le seau à la hâte et file décrocher le téléphone.


BORIS
Allô Christian ! Oui, c'est Boris !

Boris s'est assis sur le lit. Jambes écartées et posture dégagée, il écoute son interlocuteur tandis que toujours à la même place, Laura l'observe en silence. Elle le voit gesticuler puis sourire de toutes ses dents. Elle le voit attentif aux directives de son patron et acquiescer à ses propos.

BORIS

(détendu)
Jeudi en 8 ?

Pas de problème, Christian ! C'est bon pour moi !

(Temps)

Demain-matin, 7h 45 pétantes au bureau ?

Pas de souci, chef !

(Temps)

Mais bien sûr que tu peux compter sur moi !

(Temps)

Enfin voyons, tu me connais Christian ?

(Rires)

Allez, salut. A demain CHEF...

(Rires)

Boris raccroche.

Aussitôt, son dos se courbe et ses épaules tombent en avant. Tête baissée, il regarde le sol.

Il reste quelques secondes dans cette position, puis se remet debout. Le corps contracté, il fronce les sourcils et resserre les lèvres.

Boris fixe l'angle gauche de la chambre et s'y dirige. Laura, toujours immobile, le voit passer devant elle. Elle le suit du regard, tandis qu'il marche vers la fenêtre semi-ouverte. Au passage, il effleure les rideaux qui volettent et font des vagues. Boris pivote sur sa gauche et se plante devant le dressing. Laura va se placer dans son dos et garde le silence.

Flash-back sonore et visuel

Boris tient un grand ciseau dans la main. Avec un sourire cynique, il le montre à Laura avant de se retourner vers la penderie grande ouverte. Il empoigne avec rage les robes de la jeune femme et les découpe devant elle.

BORIS
Tiens ! Regarde ce que j'en fais de tes fringues ! Regarde !

On entend les coups de ciseaux, les cintres qui tombent les uns après les autres, et les pleurs retenus de Laura.


MARS 2013

Boris ouvre la penderie et met la main sur une grande housse à vêtement. On entend le zip de la fermeture éclair qu'il fait lentement glisser.

Délicatement, Boris écarte les pans et en dégage une robe de mariée accrochée sur son cintre. Le jupon de la robe est en tulle. Le corsage en broderie fine est parsemé de perles nacrées. Une couronne de fleurs ivoire et vert pastel, est cousue sur la ceinture en satin vert d'eau de la robe de princesse.

De sa main gantée de caoutchouc, Boris caresse le jupon virginal. Dans un geste nerveux, il attrape le tulle à pleines mains et enfoui son visage dans la crinoline. On perçoit quelques râles de Boris et des plaintes étouffées.

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