Chapitre 14

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/!\ NOTE DE L'AUTEUR.E /!\ : cette scène contient des éléments violents qui peuvent choquer, si vous vous considérez comme un.e lecteur.rice sensible, je vous conseille de passer directement au chapitre suivant, où l'essentiel de la scène est ensuite évoqué

  Jusqu’au jour où, fumant ses dernières réserves d’opium derrière le bâtiment administratif, il fut abordé par l’un de ses camarades d’escouade dont il ne se rappelait pas le nom. Celui-ci n’était pas un harceleur, il ne faisait qu’assister sans rien dire aux mauvais traitements des autres novices. Malgré cela, sa présence en ces lieux n’était pas de bon augure. Minchi dissimula rapidement sa pipe dans son dos.

« Pas besoin de te cacher, lança l’autre en s’approchant. Ça fait des semaines que je te vois venir ici.

-Pourquoi tu ne m’as pas dénoncé ? demanda Minchi avec suspicion. »

L’autre haussa les épaules.

« Je pense que tu as déjà d’autres problèmes, déclara-t-il. Et qu’au moins ici personne ne vient t’embêter. »

Le danseur hocha la tête en signe de remerciement.

« Mais je ne suis pas venu pour te dire ça, continua le novice. Sa Majesté le prince Taejun est à l’entrée de la caserne. Il t’attend.

-Taejun ? Mais je lui avais dit de ne plus venir me voir !

-Il a dit qu’il avait quelque chose d’important à te dire, insista l’autre. »

Minchi avait cette fois pris une dose plus importante d’opium et peinait à aligner deux pensées à la suite. Il cligna lentement des yeux.

« Pourquoi il ne vient pas me voir en personne ? Il a le droit d’entrer où il veut.

-Je ne sais pas, je crois qu’il ne veut pas qu’on vous voie ensemble. »

Cela tenait la route. Minchi éteignit sa pipe et la cacha dans sa manche.

« Amène moi à lui, dit-il à son camarade. »

Ils traversèrent la caserne jusqu’au portail.

« Voilà, déclara le novice. Ton ami t’attend là-bas, ajouta-t-il en désignant un cabanon de rangement à quelques mètres de l’entrée de la caserne.

Minchi le remercia, et profita de la sortie d’un groupe de gardes pour passer le portail sans se faire remarquer. Comme tous les novices, il n’avait pas le droit de quitter la caserne, et Taejun le savait. Son ami avait intérêt d’avoir quelque chose d’important à lui dire, pour lui faire ainsi transgresser les règles. Mais alors qu’il contournait le cabanon, une silhouette familièrement menaçante fondit sur lui comme un rapace.

« Tu pensais vraiment pouvoir m’échapper, Minchi ? »

La présence du seigneur Han était tellement inconcevable en ces lieux que Minchi crut d’abord que la fumée qu’il avait respirée le faisait halluciner. La peur prit néanmoins le dessus, et il recula machinalement.

« Que… qu’est-ce que vous faites là ? bredouilla-t-il. Où est Taejun ?

-Ce que j’aime avec toi Minchi, c’est que tu crois tout ce qu’on te raconte, répondit l’homme. »

Minchi se maudit intérieurement. Lui, tomber dans un piège aussi grossier ? Évidemment que Taejun ne se serait pas contenté de rester à l’extérieur s’il avait vraiment tenu à le voir.

« Ce qui me chiffonne, en revanche, c’est que tu penses que je suis aussi naïf que toi, continua le seigneur en lui empoignant le bras. Tu croyais pouvoir te cacher encore longtemps chez les soldats ? Mais tu as oublié notre contrat, Minchi. Tu m’appartiens.

-Non… »

Minchi essaya de se défaire de la main qui lui enserrait le bras, mais l’opium le ralentissait, et il ne parvint qu’à trébucher. L’homme approcha son visage du sien.

« J’ai besoin de toi, ce soir, annonça-t-il. Une vieille connaissance est de passage à la cour, et elle t’a réclamé pour la nuit. Tu lui avais beaucoup plu, la dernière fois. »

Sa bouche sans lèvres s’étira en un sourire sadique.

« Je ne peux pas lui refuser ça, continua-t-il. Alors tu vas venir avec moi. »

Le danseur était acculé. Il essaya de crier et de se débattre, mais le seigneur le plaqua contre le mur. Minchi se cogna la tête, et sa vision devint brumeuse. Il tomba quelques instants dans l’inconscience.

Lorsqu’il revint à lui, la première sensation qu’il retrouva fut celle de la langue du seigneur se promenant dans le creux de son cou. La deuxième fut sa présence intrusive entre ses jambes. Minchi suffoquait, les côtes écrasées contre le mur. Au prix d’un effort surhumain, il parvint à repousser son agresseur. Le seigneur Han le regarda d’un air outré, essaya de lui attraper le bras, mais Minchi s’enfuit vers la caserne en titubant, renouant sa ceinture. Il n’essaya même pas de comprendre ce qui lui était arrivé, enfouissant tout cela dans les tréfonds de sa mémoire. Un picotement familier le dérangeait au niveau du cou et des clavicules.

L’esprit toujours embrumé par l’opium, il se fraya un passage parmi les soldats qui le regardèrent passer avec étonnement. Par chance, il tomba sur Resal, qui quittait tout juste la caserne pour son entraînement quotidien avec Taejun. Incapable de coordonner ses gestes, il la percuta et elle le retint par les épaules pour qu’il ne s’écroule pas à ses pieds. Essoufflé, désorienté, il ne parvenait à articuler aucun mot.

« Minchi ? fit Resal. Que se passe-t-il ? Parle-moi !

-Resal…, parvint-il seulement à prononcer avant que ses genoux ne lâchent. »

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