Chapitre 10

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Coucou, voici mon chapitre 10 non corrigé.

Samedi arriva bien vite et avec lui son lot de stress. Nous avions convenu avec Rally de nous préparer chez moi, puisque Décerto était une pro du maquillage.
L'après-midi shopping de mercredi avait été harassante. Nous avions écumé la quasi-totalité des magasins du centre commercial d'Houston, avant de trouver la perle rare. Elle trônait majestueusement sur le mannequin dans ma chambre. Il s'agissait d'une robe trapèze d'un rouge cerise éclatant et sans manche. Ni trop décolleté, ni trop courte, une pure merveille. Dès que je l'avais passé sur moi, j'avais compris que c'était la bonne, elle épousait mon corps à la perfection, sans trop dévoiler. La petite touche originale et glamour était que le dos s'ouvrait légèrement avec un joli nœud papillon. Elle serait vraiment pratique pour danser avec sa coupe évasée et ça c'était le plus important. Connaissant Dano, il avait sûrement organisé des battles.

Un bruit assourdissant retentit, Rallyeso venait de faire une arrivée en fanfare. Je sortis de ma chambre pour aller l'accueillir. Zéphyr en entendant les klaxons, s'était précipité pour ouvrir la porte au grand malheur de Décerto.

—Zéphyr, pour l'amour de Zeus ! je t'ai déjà dit qu'il ne fallait pas ouvrir la porte tant que tu n'étais pas sûr de l'identité du visiteur ! s'exclama t'elle en se passant la main dans ses cheveux, exaspérée.

La Drama Queen était de retour, mon petit ange, tout mignon avec ses boucles noires ébouriffée et ses joues rosies par sa course, se retourna vers sa mère.

—Mais maman c'est Rallyeso, je l'ai vu par la fenêtre, se justifia-t-il d'une petite voix.

—On ne répond pas à sa mère, c'est malpoli. Les enfants ne doivent jamais aller ouvrir lorsque les parents ne leur ont pas donné l'autorisation, lui expliqua-t-elle les poings sur les hanches.

Zéphyr me regarda avec incompréhension, je lui sourit et l'embrassait sur la joue en chuchotant :

—Moi je te donne l'autorisation.

Il rigola en me serrant fort contre lui.

—Mais toi tu n'es pas une adulte.

—Et toi tu es trop malin.

Rallyeso fit irruption sans crier gare dans le salon.

—Le temps n'est plus aux embrassades, il nous reste trois heures pour nous préparer. En route moussaillons !

Elles m'avaient littéralement torturé pendant deux longues heures, ma pauvre chevelure me tiraillait encore. En contemplant mon reflet dans le miroir, je ne m'étais pas reconnue, le résultat était époustouflant. Fini la jolie princesse, j'avais en face de moi une femme séduisante. D'habitude, je ne prenais pas le temps pour me coiffer ou me farder, je trouvai cela inutile à mon âge, et j'avais trop la flemme aussi.

Selon Rally, j'étais chanceuse, la nature m'avait gâtée. Mon teint d'albâtre ne possédait pas les imperfections dues à l'acné typique des adolescents, j'avais des cils noirs très fournis et très long ; à tel point que l'on aurait dit que je mettais du mascara, et ma bouche était naturellement rouge.
Pour mes cheveux, c'était une autre histoire, ils étaient beaux, mais difficile à dompter. Je les laissai donc dans leur forme initiale : bouclés aux pointes et lisses aux racines, pour moi, c'était parfait. Pas besoin de faire de brushing pour leur donner du volume, ils en avaient à revendre, ni de fer à friser pour avoir des anglaises et encore moins le lisseur pour qu'ils soient plats, j'avais tout en un, donc je ne me cassai pas la tête.
Bien sûr, j'aurai aimé savoir faire les coiffures tendances que l'on pouvait voir lors des défilés, galas et autres cérémonies, hélas mes mains étaient faites pour le combat pas pour la coiffure ou le maquillage.
Ma meilleure amie était très talentueuse et reproduisait à la perfection tout ce qui figurait dans les tutos, il m'arrivait donc d'être sa poupée vivante à coiffer. Aujourd'hui, elle avait opté pour une couronne de tresses et quelques mèches venaient savamment encadrer mon visage.
Décerto s'était occupée de mes yeux, un trait d'eyeliner pour les mettre en valeur, une touche de gloss et le tour était joué. Simple, efficace et superbe.
Elle se pencha vers moi en serrant délicatement mes épaules.

—Ma chérie, tu ressembles tellement à ta mère avant qu'Orion ne la détruise, m'avoua t'elle les yeux larmoyants.

Je serai sa main affectueusement, émue par cette confession.

—Oh, Décerto ne pleure pas !

Des larmes venaient de dévaler de ses joues, je me levais et nous guidaient vers le lit afin qu’elle puisse reprendre ses esprits.

Rallyeso s’éclipsa furtivement pour nous laisser seule, je la remerciai d’un sourire. Décerto, ne le remarqua pas et continua :

—Elle me manque terriblement. Tu sais qu’avant de vivre avec les humains, j’étais une des suivantes d’Artémis.

J’écarquillai les yeux d’incrédulité.

—Non, je ne savais pas ! Comment tu as fait pour t’éloigner d’elle ? On raconte que la reine de la chasse tuait les nymphes qui violaient leur vœu de chasteté et qui l'abandonnait.

Elle baisse un instant les yeux puis déclare d’un air rêveur :

—Ton père ma chérie, c’est lui qui m’a aidé. En fait pour bien te situer l’histoire, j’étais la confidente de ta mère, elle me racontait tout. Au début, lorsqu’elle avait intégré la cour d’Artémis, elle était enfermée sur elle-même, complètement détruite et s’isolait beaucoup pour réfléchir. J’avais peur pour elle, peur qu’elle mette un terme à sa souffrance ou que le géant Orion ne la découvre. Un soir, elle est revenue d’une balade en forêt, particulièrement apaisée, presque joyeuse. Je l’ai prise à part et elle m’a raconté qu’elle avait rencontré Hadès et qu’il l’avait sauvé.

Cela me faisait toujours quelque chose t’entendre parler de ma mère. Surtout, qu’elle n’avait pas eu une existence des plus paisible, perdre ses sœurs avaient dû être un grand choc. Je ne pouvais réprimer le sentiment de jalousie qui montait en moi à chaque fois que mon père ou Décerto, me parlaient de ma si belle, mais non moins absente, maman. J’aurai tellement aimé la connaitre, on aurait fait des trucs entre mère et fille, elle m’aurait consolé lorsque j’avais des peines de cœur, m’aurait appris à me maquiller, me coiffer. Je me serai faufilée discrètement dans sa chambre pour me déguiser avec sa plus belle robe. Normalement, celle qui devait se tenir derrière moi, c’était ma maman, pas Décerto. Vivre sans mère était comme vivre avec la moitié d’un poumon. Je survivrai, mais un vide persisterait.

Décerto crispa ses mains sur son pantalon en repensant à son passé et ajouta :

—J’en avais assez de cette vie dans les bois à chasser et obéir constamment. Je voulais être libre ! Libre d’aimer, de chanter, de danser, s’exclama-t-elle. Je vivais un peu par procuration l’histoire d’amour de ta mère avec le roi des enfers, cela me permettait de m’échapper quelques minutes. Puis un jour…

Elle s’arrêta un instant, n’ayant plus la force de continuer ce récit qui faisait remonter de lourd souvenir. Je comprenais mieux son comportement envers mon père. Les rares fois où il me rendait visite, elle était très nerveuse, dès qu’il lui parlait elle se troublait ou commençait à bégayer, tout simplement parce qu’elle était amoureuse.

Décerto inspira profondément, et repris son récit les épaules voûtées accablée de chagrin.

—Un jour elle est partie pour cacher sa grossesse à Artémis qui n'aurait pas hésiter à la tuer elle est son bébé. Je ne sais pas où ton père l'a emmené pour qu'elle puisse te donner naissance. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est morte dans ses bras heureuse et aimée. Hadès ne sachant pas quoi faire de toi m'a proposé un marché. Il me permettait de mener l'existence que je souhaitais ardemment, à la seule condition de prendre soin de toi.

Elle me caressa tendrement la joue et ajouta :

—Fini l'existence servile à moi liberté avais-je pensé. Je sais que je ne me comporte pas comme une adulte, ni comme une mère pour toi et Zéphyr, j'en suis sincèrement désolé. Il faut que tu me comprenne ma beauté, j'essaie de profiter un maximum, pendant si longtemps on m'a interdit certaine chose, alors ici je me rattrape. Je peux me montrer excessive et paranoïaque, parce que j’ai peur que l’on nous découvre. Pour Artémis, je suis censée être morte, si elle savait que j’avais eu un enfant et que j’étais encore en vie, elle me tuerait.

Elle prit mon visage entre ses deux mains et me regarda sérieusement :

—Je t’aime Hestia, ne l'oublie jamais même si j'ai une attitude parfois immature et te laisse penser le contraire, tu es ma fille, ma fierté.

—Arrête sinon tu vas ruiner le maquillage que tu m'as fait, la taquinai-je en la serrant fort contre mon cœur.

C'était la plus belle déclaration d'amour qu’elle m’ait faite. J'étais bouleversé, mais essayai de ne pas le montrer. Depuis petite, j’avais appris à prendre sur moi et ne pas pleurer pour rien.

—Allez, va enfiler ta robe, nous allons d’attendre dans le salon pour faire des photos.

Elle me fit un clin d’œil et sorti de ma chambre en fermant doucement le battant.

Je me levai et me dirigeai vers la robe pour la passer avec précaution afin de ne pas abimer la coiffure Rally. Ensuite, j’enfilai des boots noirs et un perfecto en cuir de la même couleur. J’avais fière allure avec cette tenue rock. Je sortis de ma contemplation, lorsque quelqu’un frappa à la porte.

—Hestia, je peux entrer ? me demanda Zéphyr

—Bien sur mon ange, viens !

Il entra dans ma chambre avec sur le visage une moustache dessinée au feutre et un appareil photo pour enfant autour du cou. Il me regarda avec les yeux et la bouche ouverte.
Je tournai sur moi-même afin de lui permettre de me contempler sur toutes les faces.

—Alors monsieur le photographe, est-ce que cela vous convient pour le shooting ? l'interrogeai-je malicieusement.

Je pris la pause d'une miss : mains sur les hanches, dos droit, tête haute et sourire Colgate.
Zéphyr se cantonna dans une attitude professionnelle et porta l'appareil à ses yeux pour prendre des clichés.

—Absolument parfait mademoiselle, regardez bien l'objectif, ma-gni-fi-que. Il plissa les paupières, très concentré sur son travail et absolument hilarant avec les « r » qu'ils roulaient exagérément.

Il évalua la pièce et déclara en faisant un geste désinvolte en direction de ma coiffeuse :

—Allez-vous installer sur le fauteuil là-bas ! Bien maintenant tournez la tête légèrement vers la droite ! Sublissime. Montrez-moi votre plus beau sourire ! Mamamia merveilleux, vous êtes ma muse.

Je ne pus me retenir plus longtemps et explosai de rire, son imitation, certes cliché mais très réussie, d'un photographe italien exubérant était magistrale. J'entendis son chevrotement, ce qui me fit pleurer et hoqueter, je ne pouvais plus m'arrêter et mon petit coquin de Zéphyr était dans le même état que moi. Se remettant de notre crise, il grimpa sur mes genoux pour me montrer les photos qu’il avait prises. J’embrassai affectueusement le haut de son crane et il me fit un sourire édenté tout mignon.

—Tu es trop belle, Hestia ! J’aime bien tes cheveux, il les caressa, et ta robe la couleur est bien pour toi.
Je lui pinçai le nez en rigolant.

—Mais dis donc, comment tu sais toutes ses choses sur la mode. Ne me dis pas que toi aussi tu es une fashion victime.

Il me tira la langue en prenant une moue espiègle.

—C’est maman, elle adore regarder des trucs comme ça à la télé et si elle rate un épisode c’est le drame, chantonna-t-il en mettant sa main sur son front et en roulant des yeux.

Je m’esclaffais, amusée par ses pitreries, et lissai ses doux cheveux soyeux. Zéphyr descendis de son perchoir et me fis face l’air grave.

—Franchement si Danaos ne tombe pas amoureux de toi, moi je comprends pas !

—Oh tu es gentil mon chéri, mais c’est comme ça expliquai-je en haussant les épaules. Tu ne peux pas le forcer.

Il secoua la tête dans tous les sens.

—Non, non et non ! Tu as tout Hestia ! Tu es belle, tu es gentille, tu es intelligente, tu sais danser, tu sens bon et …tu es amoureuse de lui, qu’est-ce qu’il lui faut de plus, S’il ouvre pas les yeux, c’est moi qui vais le faire, énonça-t-il les poings sur les hanches.

—Par l’enfer Zéphyr, je vais dire à ta mère d’arrêter de regarder ces émissions et ses séries à l’eau de rose. Pauvre petit ange, on t’a lavé le cerveau, viens me voir je vais te guérir avec un gros câlin.
Je me dirigeai vers lui, mais telle une anguille, il m’échappa et se réfugia sur le lit. Je lui sautai dessus en le chatouillant.

Nos rires résonnèrent longtemps dans la chambre, mais ce que je ne savais c’était que tout allait changer.

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