Prologue

8 minutes de lecture

Houston, le 25 juin 2006

Une nuit alors que la belle ville de Houston s'endormait doucement bercée par le doux roulement des vagues, que le ciel se constellait de milliers de petites flammes et que le vent caressait les feuilles des arbres, on pouvait apercevoir à travers la fenêtre d'une maison, un père qui s'apprêtait à mettre au lit sa petite fille de trois ans : Hestia.

— Allez, il est temps de dormir petite déesse, dit le père tout en soulevant la fillette pour la déposer dans son lit entièrement rose.

Sa chambre était digne de celle d’une princesse. Elle se composait, d’un lit à baldaquin décoré de quelques coussins de couleur tendre et de quatre voilages vaporeux, d’un joli fauteuil capitonné en lin lavé rose poudré ou se côtoyait toute sorte de peluche, d’une immense bibliothèque blanche qui comportait plusieurs ouvrages, le sol était recouvert d’un tapis rose lavande de forme ovale et représentant une couronne et enfin il y avait une coiffeuse en bois blanc de style victorien qui complétait la décoration féerique de cette chambre de petite fille.

Après l'avoir bordée, il l'embrassa tendrement sur ses deux joues rebondies. Il était sur le point de s'en aller quand Hestia lui demandât, les yeux suppliants :

— Papa raconte-moi une histoire, s'il te plait.

— Bien sur ma chérie, mais après il faudra dormir.

— Promis papa, s'enthousiasma-t-elle.

Il se dirigea donc vers la bibliothèque pour prendre un livre. Une fois son choix fait, il s'assit au bord du lit d'Hestia, ouvrit le livre et commença à lui narrer une histoire :

— Il était une fois un roi et une reine. Chaque jour ils se lamentaient : « Ah ! si seulement nous avions un enfant...», mais il fut interrompu par sa chipie qui ne lui laissa pas le temps de continuer :

— Ah non, moi je veux pas une histoire comme ça, je veux une autre !

— Mais c'est l'histoire de la belle au bois dormant, tu l'adores cette histoire non ?

— Non, je veux une autre histoire, c'est toujours la même chose avec les histoires que tu me racontes. Hestia croisa ses bras contre sa poitrine et prit une moue boudeuse. Avec ses deux couettes et son petit nez retroussé, elle était absolument adorable.

— Très bien petite maligne, je vais te raconter une autre histoire, mais elle est triste il ne faudra pas pleurer.

— D'accord papa, une histoire, une histoire, s'écria-t-elle.

— Chut ma chérie, je vais commencer.

Le père s'installa confortablement, caressa les cheveux soyeux de sa petite déesse. Il ferma un instant les yeux en pensant à son amour passé et commença à raconter le mythe d'Hadès et d'Astérope, son histoire.

Il était une fois un homme vivant sous terre. Il était le roi qui gouvernait les enfers et s'appelait Hadès. Vivre dans des grottes n'était pas de tout repos pour lui, mais impossible de quitter les enfers, sinon les morts qui y étaient enfermés allaient venir hanter les humains.

Il s'ennuyait au milieu des fantômes. Sa femme, la déesse Perséphone, était retournée sur Terre dans l'Olympe pour rendre visite à sa mère, comme il en était convenu depuis fort longtemps. Il se sentait seul.

Un jour, afin de tromper son ennui, Hadès décida de monter à la surface. Il souhaitait simplement se promener dans les bois, sentir la vie qui s'écoulait paisiblement, être caressé par les chauds rayons du soleil. Il confia donc à ses gardiens le soin de protéger les enfers le temps de son absence...

Il déambulait tranquillement dans la forêt de Sam Houston, comme l'indiquait la pancarte, en écoutant le pépiement des oiseaux et le bruissement des feuilles, quand soudain la tranquillité de la forêt fut troublée par une étrange chasse. Un homme pourchassait un oiseau blanc muni d'un arc. En s'approchant de plus près, Hadès constata que l'animal était en fait une belle colombe. La scène était pour le moins improbable, la colombe étant un animal inoffensif.

Le chasseur arma son arc et tira une flèche sur l'aile droite de la colombe qui s'écrasa dans un cri de douleur. Le dieu était sur le point de partir, mais quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que l'oiseau s'était transformé en une sublime jeune femme aux cheveux d'or. Celle-ci tenait son bras meurtri contre son flanc et essayait de se relever. Mais peine perdue, elle n'avait plus la force d'échapper au chasseur qui s'approchait d’elle.

— Enfin je te tiens ma jolie, vous m'avez donné du fil à retordre toi et tes sœurs, lui dit-il d'un ton sarcastique.

— Tu n'es qu'un monstre Orion, répondit la femme d'un ton plein de hargne. Zeus t'a ordonné de nous laisser tranquille moi et mes sœurs, mais toi tu ne cesses de nous traquer !

— Depuis que je vous ai vues lors de cette promenade, votre beauté ne cesse de me hanter, je n’arrive plus à dormir, je dois vous posséder. Mais je vais me contenter de toi, douce Astérope, tu es la seule que je suis parvenu à capturer.

Il riait, fier de lui, et s'avançât vers elle pour la saisir. Mais c'était sans oublier le témoin de cette scène, Hadès, qui décida d'intervenir et de voler au secours de la demoiselle en détresse.

— Orion, lâche-là immédiatement, asséna-t'il sèchement. Tu n'as en aucune façon le droit de faire cette femme tienne sans son consentement.

Il venait de sortir du couvert des arbres qui le cachaient jusque-là.

— Oh mais le roi des morts est sorti de son trou, que me vaut ce plaisir, susurra Orion, en attirant Astérope tout contre lui.

— Je t'ai ordonné de la lâcher, dit le maître du monde infernal dans un grondement sourd, oublie-tu qui je suis, misérable mortel.

Il fit apparaître les flammes des enfers au bout de ses doigts, le sol se mit à trembler dangereusement, prêt à s’ouvrir pour déverser les montres du Tartare, le ciel jusque là rayonnant, revêtu sa parure obscure.

« Il me suffit d'un geste et tu es mort ! » mugit Hadès ivre de colère.

Nul ne devait sous-estimer Celui qu’on ne voyait pas.

Orion, dont le regard s'était voilé par la peur, poussa Astérope qui s'écroula devant Hadès et s'enfuit comme le lâche qu'il était. Le dieu des limbes saisit délicatement les bras de la belle, mais celle-ci se dégagea dans un mouvement brusque.

— Ne me touchez-pas !

— N'ayez pas peur, je ne vous veux aucun mal, laissez-moi juste soigner votre blessure après je m'en irai, lui répondit-il.

Astérope se calma et laissa donc cet intimidant individu, la soigner. Après avoir panser sa blessure, sans un mot et même sans un regard pour elle, il s'en alla retrouver l'obscurité...

Les jours passèrent et Hadès ne parvenait pas à oublier cette délicieuse créature qui hantait ses journées. Depuis qu'il avait croisé son regard vairon empli de tristesse, il était perdu. Un simple coup d'œil avait suffit pour faire vibrer son cœur de pierre. Perséphone n'étant toujours pas revenue, il décida de retourner chaque jour sur terre pour espérer ne serait-ce qu'apercevoir Astérope.

Après des jours de recherche, son acharnement paya enfin. Le dieu des enfers avait retrouvé la belle pléiade.

Hadès était en train de se promener le long d'une plage lorsqu'il l’aperçut. Elle était là, allongée sur le sable, le regard contemplant mélancoliquement le ciel étoilé. Il s'approcha le plus lentement possible afin de ne pas l'effrayer, mais elle le devançât.

— Vous êtes revenu ! Je me demande pourquoi l'effrayant et le terrible roi des morts qui ne sort jamais de sa lugubre demeure, s'aventure sur terre. Un monstre se serait-il échappé du Tartare ? le taquina-t-elle en lui souriant.

— Et si je vous disais que c'est simplement l'ennui qui m'a poussé à venir sur terre, me croiriez-vous ? lui répondit-il tout en s'asseyant à ses côtés.

Astérope tourna légèrement son cou vers lui afin de le regarder.

— Est-ce toujours pour tromper votre ennui que vous venez sur terre, ou avez-vous une autre raison ?

— Non, confia-t-il d'un ton à peine perceptible.

Il détourna le regard et se mit à contempler l’océan, l’esprit ailleurs.

— Pourquoi alors ? réclama Astérope, tout en s'approchant timidement de lui, votre épouse ne vous satisfait-elle plus ?

—Ahh mon épouse n'est pas là, la moitié du temps et quand elle est présente je puis vous dire que c'est l'enfer dans l'enfer même, répondit-il sarcastiquement.

La pléiade s'esclaffa de la plaisanterie. Hadès, en entendant la suave mélodie de son rire, en fut émerveillé.

— Vous êtes ravissante, soufflât-il tout en s'avançant vers elle. La plus belle femme que j'ai croisé depuis un moment.

—En croisez-vous souvent, demandât Astérope tout en rougissant du compliment.

—Souvent, surtout lorsque je me rends en Olympe…

Sur ces derniers mots, il s'approcha encore plus d'elle, jusqu'à que leur souffle se mélange pour n'en former qu'un seul. Elle ne s'enfuit pas, et resta parfaitement immobile les yeux clos. Elle attendait. Leurs lèvres se joignirent enfin et ils purent laisser libre cours à cette attirance qui devint de l'amour au fil des jours. Cette idylle fut puissante, pur, mais hélas éphémère. Après avoir donné naissance à une merveilleuse petite fille, la belle Astérope s'éteignit dans les bras protecteurs de son amant. Elle s’en alla rejoindre ses sœurs dans le ciel pour former la constellation des Pléiades, laissant Hadès prendre soin de leur enfant...

— Voilà c'est fini pour ce soir ma puce, maintenant il faut dormir dit le père en cajolant sa fille.

— C'est trop triste papa, sanglota Hestia les yeux larmoyants. Et la petite fille, elle est devenue quoi et Hadès aussi ?

Il caressa tendrement le doux visage de sa choupette, lui aussi avait les larmes aux yeux. Il était douloureux de penser à son amour perdu.

— La petite fille se trouve en ce moment même dans ce lit et elle pose beaucoup de questions à son papa.

Hestia agrandi ses yeux de surprise en apprenant cette nouvelle.

— J'étais la petite fille de ton histoire, alors, et toi tu es Hadès et maman Astérope c'est une étoile ?

— Tu es bien la fille de ton père, déclara fièrement Hadès tout en parsemant Hestia de baisers. Oui mon ange, je m'appelle Hadès et ta maman était Astérope. Maintenant elle est devenue une étoile, la plus belle de toutes.

Je vais t'apprendre quelque chose, quand tu te sentiras seule ou triste, il te suffira de lever tes yeux vers le ciel et de chercher parmi toutes les étoiles celle qui brille le plus fort. Quand tu l'auras trouvée, tu sauras que ta maman pense à toi et qu'elle est là tout près de toi, même si tu ne peux ni la voir ni la toucher. Maintenant dors petite déesse, je t'aime, chuchota-t ‘il tout en embrassant tendrement son petit nez parsemé de taches de rousseurs.

— Je t'aime aussi papa.

La petite se tourna ensuite vers la fenêtre de sa chambre et se mit à contempler le ciel étoilé. Quand enfin elle trouva l'objet de ses recherches, elle murmura :

— Je t'aime maman...

Ses yeux se fermèrent et elle sombra dans un lourd sommeil fait de rêves enchanteurs.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Selmarin 19 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0