Renseignements

4 minutes de lecture

 Horikawa Ichirô, le père de Nakashima Aiko, restait toujours imperturbable, et ne changeait jamais son regard strict, excepté envers sa famille et ses proches. Personne ne pouvait déceler ses émotions, personne ne pouvait lire en lui. Il était comme un livre scellé dont on ne pouvait voir que la couverture, sans être capable d'en consulter le contenu. Sa carrure imposante, et surtout son statut social, faisaient que partout où il passait, tout le monde s'inclinait. Il était fier de sa prestance et de son autorité et jamais personne ne lui avait manqué de respect. C'est pourquoi il était intrigué par Yamatori. Il ne le portait pas dans son cœur, l'étudiant l'ayant totalement ignoré en entrant dans la salle de classe et sa chère fille qui semblait proche de son camarade. Horikawa chérissait en effet sa fille plus que tout et l'idée de la voir dans les bras d'un autre le rendait malade. Mais surtout, le lycéen avait déchiffré ses sentiments d'un simple coup d'œil. Pendant tout le cours d'Éducation Sportive, le président observa Yamatori. Cet élève n'avait pas l'air d'être athlète ou intellectuel, mais il avait réussi à l'intriguer.

« Qui est-il ? », « Comment a-t-il pu lire en moi ? », telles étaient les questions qui taraudaient le père de Nakashima.

 Pour répondre à ces interrogations, il décida d'aller demander à celle qui le côtoie souvent : Akatsuki Akane. Il alla donc retrouver l'enseignante dans la salle des professeurs après la fin des cours pour lui demander des informations sur l'étudiant, ce à quoi l'enseignante répondit :

  • Alors vous aussi il vous intrigue ? Il est indéniablement mystérieux, je n'en sais pas plus que vous à son sujet, malheureusement...
  • Vous devez au moins savoir s'il est brillant ou non.
  • Justement, même ça je ne le sais pas, répondit l'enseignante, et c'est très frustrant, j'ai tenté de lui demander directement, mais il n'a pas donné de réponse...
  • Je vois... dit le président déçu.
  • J'étais justement en train de regarder sa copie d'examen, elle est très spéciale, expliqua Akatsuki.

Elle lui tendit la feuille et demanda au président de la regarder.

  • Tiens, il n'a répondu qu'à une question sur deux ?
  • Exactement, je lui ai demandé une explication mais il m'a simplement dit que c'était le hasard...
  • Puis-je vous l'emprunter ? Je vous la rendrai sous peu. J'aimerai aussi accéder à son dossier.
  • Oui, bien sûr, servez vous.
  • Merci.

Le président garda donc la copie et alla chercher le dossier du lycéen qu'il emporta vers son bureau situé dans la plus haute sphère de la Cité Étudiante.

 Alors que la nuit avait déjà couvert le Japon de son voile sombre et opaque, Horikawa se mit enfin à examiner le dossier de Yamatori, après avoir fini ses autres tâches. Il n'y trouva rien de concluant. Les seules informations étaient son nom, son âge et sa ville de naissance. Le président s'étonna que l'étudiant soit né à l'étranger. Il avait pourtant l'air on ne peut plus japonais. Son lieu de résidence autre que le dortoir du lycée était proche. Il possédait un petit appartement en dehors de la Cité Étudiante.

  • Tiens, ses responsables légaux ne sont pas mentionnés... Un oubli ? Bon, je lui ferai remplir ça la prochaine fois...

Aucune information cruciale n'a pu être tirée de ce document. Il se mit donc à examiner la copie d'examen. En effet, une question sur deux été répondue et la note est d'exactement 50 sur 100, ce qui signifie que toutes les réponses sont bonnes. En regardant plus attentivement les questions, il remarqua un détail intrigant. Et cela ne fit qu'amplifier ses doutes.

***

 Le jour suivant, il décida d'observer plus attentivement l'élève, mais tout était habituel. Lorsqu'il se faisait interroger en classe, Yamatori répondait faux, et Fuyuno le corrigeait. Il n'avait réellement pas d'amis. Dans les couloirs, il traînait seul, parmi tous les groupes. Lors de la pause déjeuner, il mangeait seul sur un banc isolé dans la Cité Étudiante puis revenait en classe lorsqu'il avait terminé pour s'assoupir, la tête dans les bras. D'ordinaire, un tel comportement se ferait facilement remarquer, puisqu'il sort du lot, mais dans son cas, il passait inaperçu, tel un fantôme. Ce jour là, il eut une légère dispute avec Arima Akio, l'un de ses camarades de classe. Yamatori semblait parfois fréquenter un café appelé « Fuji Café » et, évidemment, il y allait seul. Toutes ces observations n'ont rien donné. Le président n'a pas réussi à en apprendre plus sur cet élève. L'étudiant semblait être tout ce qu'il y a de plus normal, c'est pourquoi Horikawa pensait se faire des idées.

L'investigation n'était pas encore terminée. Le président décida d'aller demander aux camarades de classe du concerné. « Yamatori ? C'est qui ? » ou « Celui qui reste tout seul ? Non je sais pas, désolé. » étaient les seules réponses qu'il récoltait. Le père désirait demander à Fuyuno mais il n'eut jamais l'occasion de parler à la jeune fille qui rentrait dans sa chambre aussi vite que la lumière. Il demanda donc à sa fille.

  • Hein ? Yamatori ? Euh... Pourquoi tu me demandes ça ?
  • Comme ça.
  • Je sais rien sur lui, je te jure papa... on se parle pas vraiment...
  • Pourtant c'est ton voisin de table.
  • Il est toujours si silencieux qu'on croirait qu'il est absent, dit Nakashima en regardant le sol, un léger sourire éclairant son visage.
  • Je vois... répondit le père.

La jeune fille ne voulait absolument pas que son père apprenne qu'elle avait été hébergée par un garçon, la sentence aurait été terrible pour Yamatori. C'est pourquoi elle était gênée.

 Toutes ces recherches ont été vaines. Le seul indice que le président avait pu obtenir était ce détail qu'il avait remarqué sur la copie d'examen. Il était déçu et se dit que Yamatori était juste un élève asocial sans aucune autre particularité. Le lendemain allait se dérouler le tournoi et c'est pourquoi, le père abandonna les recherches. Il rendit la copie d'examen à Akatsuki Akane et retourna s'occuper de ses autres tâches. Son statut de président lui incombait de grandes responsabilités, un simple élève ne devait pas perturber son travail.

Annotations

Vous aimez lire Yamatori Kei ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0