Chapitre 2 : Une rentrée des classes morbides

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Andrew se réveilla en sursaut. Le souffle haletant, il bondit hors de son lit et alluma la lumière. À première vue, sa chambre était en ordre. Vêtu de son caleçon, il fit le tour de la pièce pour vérifier chaque recoin. Le verdict fut le même, la brume n’était pas revenue.

Pourtant, je suis tout affolé. L’élément déclencheur n’est donc pas une émotion.

Il se rendit dans la salle bain du premier étage. Les néons au plafond crépitèrent avant de se stabiliser, dévoilant dans le miroir l’image d’un beau jeune homme aux yeux bleus-gris et aux joues creusées. Il contempla son reflet et apprécia son physique athlétique. Andrew connaissait un certain succès auprès des filles, quand ces dernières ne le détestaient pas pour son comportement dédaigneux.

Il passa une main dans ses cheveux bruns mi-longs et les tira en arrière pour faciliter sa toilette. Propre et parfumé, il retourna dans sa chambre et enfila un tee-shirt blanc par-dessus lequel il revêtit une veste Harrington. Il compléta sa tenue par un jean et une paire de baskets usées qu’il affectionnait tout particulièrement.

Fin prêt, il dévala l’escalier, embrassa sa mère et sauta le grillage de la cour d’un bond agile. Une minute plus tard, Andrew se tenait fièrement devant la maison de la famille Bellecour, bras croisés.

— Passez une bonne journée, s’écria Antoine sans recevoir de réponse.

La porte se referma sur son passage.

— En avance ! Andrew Laudabre est en avance ! s’exclama-t-il en découvrant son camarade.

Ils se mirent en route et marchèrent en direction l’abribus, loin d’un quart d’heure à pied. La ville d’Ezerton se réveillait avec timidité. Les oiseaux chantaient dans les arbres, les voitures sortaient des garages et des baisers s’échangeaient sur les perrons. Les deux garçons traversèrent leur quartier et suivirent une route qui les mena directement à l’arrêt de bus.

Les boucles blondes d’Antoine remuèrent lorsqu’il secoua la tête, perturbé.

— Ça ne va pas ?

— Je n’ai pas arrêté de penser à Émile, avoua-t-il avec honte.

Il fixa Andrew de son grand regard surpris, ses oreilles décollées comme deux paraboles prêtes à capter sa réponse.

— Moi aussi.

Antoine parut soulagé.

— On est dans un sacré pétrin. Ces gars sont des malades ! Tu savais qu’ils avaient…

Andrew agita nerveusement la main.

— Non, je ne veux pas savoir. Puis de toute manière, je suis certain qu’ils ont déjà oublié.

Il en pensait tout l’inverse, mais rassurer son ami était une de ses priorités.

Un bus couina au loin, crachotant des panaches de fumée. Il traîna sa carcasse métallique jusqu’aux pieds des adolescents et s’aligna le long de l’accotement. Sa porte coulissante s’ouvrit en grinçant et resta bloquée aux trois quarts.

— Bordel de merde ! jura le chauffeur.

Un homme très gros et petit – Andrew avait toujours pensé que son poids l’avait tassé à force de descendre les marches du bus – se leva de son siège en forçant sur ses cuisses bloquées sous le volant. Il attrapa un manche en bois, en coinça l’extrémité dans le bras mécanique et appuya dans un grognement rauque.

— Saloperie ! Tu vas t’ouvrir !

Le véhicule sembla vomir lorsque la porte céda finalement.

— Comment qui vont les loulous ? lança-t-il tout sourire.

Il ajusta son béret de ses doigts noueux et recula pour les laisser passer. Antoine et Andrew le saluèrent chaleureusement et s’installèrent sur la banquette gauche de la quatrième rangée. Ils attrapèrent des feutres dans leurs sac à dos et gloussèrent. Depuis près d’un an, ils avaient pris l’habitude de décorer l’arrière d’un siège de dessins obscènes qui mettaient en scène plusieurs personnes qu’ils croisaient au lycée et pour qui ils ne portaient pas une grande affection. On pouvait y voir René, une surveillante détestable, représentée par une chèvre à la langue fourchue et aux yeux bridés par la colère, deux cornes diaboliques plantées sur son front. Un peu plus bas, M. Vula, leur professeur d’histoire-géographie, faisait glisser sa carcasse gluante, un pénis à la place du nez et une lance enfoncée dans sa chair. Le chauffeur s’était montré quelque peu réticent la première fois qu’il avait découvert leurs prouesses artistiques mais s’y était fait avec le temps.

— À qui le tour ?

— Marie Furel, répondit promptement Antoine comme si c’était la première chose à laquelle il avait pensé en se levant ce matin.

— Tu lui en veux encore ? ricana Andrew.

— A jamais.

Le bus s’ébranla. Il roula avec difficulté puis trouva une allure suffisante pour paraitre plus rapide qu’une marche à pied. Au bout de vingt minutes, ils arrivèrent devant le lycée Raymond Charles II. L’endroit s’était transformé en une fourmilière grouillante d’élèves euphorisés par les retrouvailles. Andrew n’en connaissait presque aucun, mais cela l’importait peu. Il avait déjà Antoine et trouver de nouveaux compagnons ne l’intéressait pas.

Ils se frayèrent un chemin sur le parking et parvinrent à une cour extérieure en demi-cercle. Agathe s’y trouvait, accompagnée de Victor et de Charlotte.

Victor – qu’Andrew n’aimait pas – était un adolescent blasé au look rebelle qui jouait de la batterie dans un groupe de rock. Tout l’inverse de Charlotte, une jolie blonde coquette et fraîche qui diffusait la bonne humeur partout où elle passait.

Les yeux sombres d’Agathe se posèrent sur Andrew. Elle le laissa approcher puis l’enlaça tendrement, son nez niché dans le creux de son cou.

— Alors, comment vont les Américains ?

— Quelque peu déçus par mon départ, dit-elle, faussement présomptueuse.

Il passa ses doigts dans ses cheveux frisés. Une douce odeur de beurre de karité l’apaisa.

Antoine, qui avait disparu, revint d'un pas pressé, une feuille à la main.

— Alors, Charlotte tu es en première B, Agathe également. Victor et moi sommes en première C et... Andrew, tu es en première D.

— L'administration a enfin compris que vous me tiriez vers le bas, je suis sauvé ! s'exclama-t-il.

À peine eut-il terminé son numéro qu’une étrange sensation l’envahit. Son amygdale s’alarma et l’obligea à tourner la tête. Devant le portail qui permettait d’accéder au lycée, il remarqua deux garçons qu'il n'avait jamais vu auparavant. Une ressemblance troublante les liait, quoique l'un paraissait plus nerveux et bagarreur que l'autre, avec sa mâchoire carrée et son crâne rasé.

La sonnerie retentit et marqua définitivement la fin des vacances d'été. Andrew embrassa sa copine et franchit l’enceinte du lycée. Il s’inséra tant bien que mal dans le hall de l’aile Nord, un bâtiment qui regroupait l’administration, l’infirmerie et le bureau de la directrice. À l’intérieur, il y trouva René, une surveillante psychorigide aux allures de vieille harpie, et une masse compacte d’étudiants excités.

Dans quelle classe dois-je aller ? réalisa Andrew.

— Les feuilles ne sont plus là ! grogna une fille.

— Qui a pris les feuilles ? soupira un surveillant.

— Je vais être en retard ! s'écria un autre.

Antoine...

Il saisit son téléphone portable et composa le numéro de son ami qui décrocha à la deuxième sonnerie.

— Oui ?

— Dans quelle salle je dois me rendre ?

— S 108, tu seras avec M Maustan.

— Merci. Et Antoine, ramène les feuilles à l'accueil avant que René ne t'attrape.

Sur quoi il raccrocha et sortit dans la cour intérieure.

En marchant, il contempla les hautes structures de béton autour de lui. À sa droite, l’aile Est, – celle des matières manuelles, de l’histoire-géographie et de la philosophie –, se dressait face à l’aile Ouest où s’enseignait les langues, l’économie et la littérature. Devant lui, l’aile Sud, avec sa piscine olympique, ses vestiaires et ses salles scientifiques. L’impression d’être piégé par ces infranchissables murs l’oppressait. Avec du recul, Andrew était comme Ezerton, cette ville captive des montagnes dans laquelle il vivait. Sur trois cent soixante degrés, la forêt du Vondan grimpait en un océan sylvestre sans fin et il avait longtemps songé à la solitude que devaient éprouver les habitants vis-à-vis du reste du monde.

Il accéléra le pas et s’engouffra dans l’aile Sud. Il monta des escaliers puis longea un couloir au fond duquel une rangée d'élèves patientait. Tandis qu’il arrivait, son pied ripa accidentellement sur le lino et le paysage se déforma. Il se prépara à s’étaler devant toute sa classe quand une main se posa sur son torse pour le relever in extremis. Instantanément, tous les néons du couloir claquèrent sèchement en projetant des gerbes d’étincelles.

Des cris paniqués furent poussés.

— Calmez-vous, ce n'est qu'une surtension ! fit la voix lointaine du professeur de mathématiques.

Andrew se redressa, déboussolé.

— Merci, je t’en dois une, lança-t-il à son sauveur.

Le garçon qui l’avait aidé le pénétra de son regard froid. Andrew le reconnut tout de suite. C’était l’un des deux nouveaux, celui avec la mine renfrognée.

Ses deux orbes noirs roulèrent sur son visage et sondèrent les alentours.

Il a l’air bizarre ce type.

L’adolescent qui l’avait accompagné ce matin se présenta.

— Désolé, mon frère n’est pas très bavard. Je m’appelle Tim Holsen. Et lui c’est Mathieu, mon jumeau.

— Moi c’est Andrew, dit-il dans un sourire crispé.

Mathieu leva le nez au plafond et compta les néons éteints. Son frère lui assena un coup de coude discret.

— Arrête ça, ordonna-t-il dans un chuchotement.

Andrew se sentit mal à l’aise. Par chance, la file d'élèves entra dans la salle et il partit s’isoler à la dernière rangée.

Par pitié, laissez-moi seul,

Une jeune fille s'approcha de lui.

— Je peux m'asseoir ici ? dit-elle en désignant la chaise vide à côté de lui.

Fais chier.

D’autres places étaient libres et il envisagea de l’envoyer balader. Pourtant, il ne fit rien. Il haussa les épaules et laissa la jeune fille s’installer.

En espérant qu’elle ne soit pas trop bavarde.

— Bonjour à tous. Je suis M Maustan et je serai votre professeur de mathématiques pour cette nouvelle année, mais aussi votre professeur principal. Ainsi, je vous représenterai au conseil de classe.

Constatant un silence de plomb, il continua.

— Je vais commencer par faire l'appel. Mathilde Aru...Arun...

— Anuki, monsieur, fit une fille en levant la main.

— Ah oui, c'est ça. André Aubon ?

— Présent.

— Annabelle Deauverte ?

— Présente, fit la voisine d'Andrew.

Et les noms se succédèrent les uns après les autres.

— Marc Piermond ? Quelqu'un a vu Marc ? Bien. Ça nous fera donc un seul et unique absent ! C'est un bon début, se réjouit-il en se remémorant l'année précédente où le taux d'absentéisme au premier jour avait été catastrophique.

— Bien, commençons.

Les stylos se mirent à gratter le papier dans un concert agréable. Andrew essaya de se concentrer sur son test visant à évaluer le niveau de chacun après une coupure de deux mois, mais M Maustan l’inquiéta. Son professeur fluet se trainait plus qu’il ne marchait et ses phrases, ponctuées de silences, le transformaient en un fantôme épuisé. Les vacances d’été n’avaient pas dû être facile pour lui.

Pauvre vous… le comiséra Andrew.

La matinée s’accéléra. Les mathématiques se terminèrent et s’ensuivit un cours d’économie avec Mme Pauche.

— Bonjour à tous, dit-elle d’un ton sec. J’espère que vos vacances ont été pénibles et que je vous ai manqué. Si ce n’est pas le cas, le premier qui raconte sa partie de golf avec papa sur le bord d’une plage, je le colle deux heures. C’est clair ?

Andrew vouait un culte à cette femme. Elle était unique en son genre et sa désinvolture lui conférait une aigreur humoristique. De plus, il était son élève préféré, malgré les craies qu’elle lui avait jeté dessus l’an passé lorsqu’il s’amusait avec Antoine.

La séance commença avec un débat houleux concernant l’actualité et Mme Pauche oublia – volontairement ou non – de faire l’appel. Des doigts s’érigèrent, les opinions se confrontèrent et le ton fut haussé parfois. Andrew contemplait l’extérieur, un stylo coincé entre les doigts. Plongé dans sa réflexion, il se demandait comment sa chambre avait pu finir dans un tel état. Cette histoire était un véritable casse-tête. Ce qu’il avait pensé être la clé n’était, en définitive, qu’une fausse piste. Les émotions n’y étaient pour rien.

— Qu’est-ce que tu en penses, Andrew ? l’interrogea Mme Pauche.

Il sortit de ses rêveries, incapable de se souvenir du sujet disséqué.

— Je… pense que mes camarades ont apporté des réponses et des arguments de qualité sur l’ensemble du débat, et j’ai peur d’être à court de bonnes idées.

Des regards méprisants se tournèrent vers lui. Seuls la jeune fille qui s’était assise à ses côtés en mathématiques et Tim, deux rangées plus loin, se tournèrent vers lui, amusés. Mme Pauche semblait, elle aussi, rire intérieurement.

— Gabin, à toi.

— J’ai entendu à la radio que…

Andrew retourna à sa réflexion. On continua de le lorgner avec répulsion, mais il n’en tint pas compte. Au bout d’une heure, une sonnerie indiqua le début de la pause et il préféra rester dans la classe pour éviter de croiser Lucas et sa bande.

— Andrew ! appela Antoine en déboulant dans la classe. Oh, bonjour Mme Pauche.

— Bonjour M Bellecour. Toujours aussi vif à ce que je vois.

Il zigzagua entre les tables, presque en courant, et vint à la rencontre de son ami.

— Émile a essayé de m’attraper dans les couloirs ! dit-il tout affolé. C’est cette vieille peau de René qui m’a sauvé la vie. Il veut nous attraper, tous les deux, ce soir !

Andrew sentit l’angoisse creuser son estomac.

— Merde.

Il se massa les tempes et échafauda un plan.

— Je sais ! De toute évidence, ils nous attendront sur le parking des bus, alors nous n’avons qu’à escalader le grillage de derrière et passer par la forêt du Vondan. Je connais un sentier qui nous fait ressortir du côté du parc.

Antoine dodelina de la tête, pensif.

— Ok, conclut-il. Ah, j’allais oublier. Agathe t’attend dans le couloir.

Il partit aussitôt, comprenant que sa présence au milieu du couple serait dérangeante.

Andrew la rejoignit et ils échangèrent un long baiser langoureux, histoire de prolonger leurs retrouvailles de ce matin.

— J’ai été nommée directrice du journal ! rayonna Agathe.

Oh la poisse.

— Quelle bonne nouvelle !

Andrew détestait le journal du lycée et il ne l’avait jamais lu une seule fois. Sa petite-amie en faisait partie depuis l’année dernière et il s’était gardé de lui partager son avis. Les quelques pages servaient à divulguer des nouvelles sans importances et parfois des ragots sur les élèves.

— Je veux que tu me rapportes tout ce que tu entends, d’accord ? C’est super important ! C’est pour le…

— Journal, j’avais compris.

L’entrevue fut expéditive. Agathe lui sourit, l’embrassa et ils se séparèrent.

La journée s’écoula en un instant et dix-sept heures sonna. Visiblement, le temps s’impatientait d’assister à la démonstration d’agilité des deux amis face à Émile.

Andrew rassembla ses affaires et, comme convenu, trouva Antoine derrière l’aile Sud.

— Allez, on grimpe !

Ils escaladèrent le grillage en se hissant à la force de leurs bras. L’effort fut rude et leurs chaussures glissèrent sur le maillage, mais là n’était pas l’obstacle majeur. Arrivé à la cime, il fallait éviter les pointes dangereuses qui menaçaient leur entrejambe. Avec précaution, Andrew parvint à les enjamber. Par une légère impulsion, il termina de faire passer son bassin et atterri sur la terre ferme. En revanche, ce ne fut pas le cas d’Antoine dont la manche s’était empêtrée dans la ferraille.

— Vas-y calmement.

Antoine sauta sans préambule et s’affala trois mètres plus bas. Andrew rit aux éclats.

— Ça fait un mal de chien !

— Tu m’étonnes ! Rien de cassé ?

— Non, ça devrait le faire.

Il l’aida à se relever et ils traversèrent le terrain de football, dernière étape avant d’atteindre la forêt du Vondan.

— Voilà le sentier.

Un poteau marqué d’une flèche indiquait le chemin à suivre. Antoine contempla l’immensité qui se dressait devant lui et une partie de son courage s’étiola.

— Quand faut y aller…

Leurs pieds creusèrent la terre granuleuse et ils s’aventurèrent sous les branches des arbres. Durant le trajet, les deux adolescents se rassurèrent en discutant.

— Drew ?

— Oui ?

— La brume qui est apparue quand Émile s’en prenait à moi, elle est revenue depuis ?

Andrew hésita. Antoine était son meilleur ami, certes, mais était-il judicieux de lui révéler ce que lui-même ne comprenait pas ?

— Non, elle n’est pas revenue. Mais elle s’était déjà manifestée avant Émile. Elle est sortie de nulle part et en un instant, toute ma chambre s’est retrouvée sens dessus dessous. Mes rideaux ont même pris feu !

— C’est dingue ! Tu penses que tu as des pouvoirs ?

S’il n’y avait pas songé lui-même, Andrew lui aurait ri au nez.

— Au fait, tu t’es décidé à me dire pourquoi la directrice t’oblige à nettoyer les couloirs chaque lundi soir ?

Antoine secoua la tête.

— Très bien. En tout cas, tu as dû faire une sacrée connerie. Cette punition dure depuis quoi, cinq mois ? T’es la première personne que je connais qui a réussi à être puni sur deux années scolaires consécutives.

Les troncs couinèrent sous une brise et l’odeur du lichen parvint jusqu’à leurs narines. La nuit s’épaississait de plus en plus et Andrew douta de l’ingéniosité de son plan.

Un détail l’interpella et il s’agenouilla pour tâter le sol.

— Quoi ? fit Antoine en se penchant par-dessus son épaule.

— T’as vu ça ? La terre est toute retournée par ici.

— Et alors ? Je suis prêt à parier que c’est un paysan qui est passé par là avec son tracteur.

— Antoine, pourquoi un paysan viendrait labourer une forêt ? Puis, comment est-ce qu’il fait passer son tracteur ici ?

Sa main se posa sur un arbre. Sous ses doigts, il sentit la boursouflure d’une entaille et trouva des traces de brulure sur l’écorce. Il avança doucement, cherchant à habituer ses yeux à la pénombre.

— Ça craint, s’exclama Andrew. Regarde ce…

Antoine le bouscula par inadvertance et ils dévalèrent la pente d’un cratère trois fois la taille d’un pick-up. Cinq roulades plus tard, ils se relevèrent en gémissant, tâchés de la tête aux pieds.

— Je suis désolé Drew…

— Ce n’est pas grave. Où est-ce qu’on a atterri ?

— On dirait une sorte de grand trou, un peu comme celui où on a l’habitude de traîner.

Des pierres éclatées gisaient autour d’eux et Andrew activa la lampe de son téléphone pour les examiner. Elles étaient noircies par le feu et s’émiettaient facilement.

— L’armée est passée par là ou quoi ?

Tout à coup, Antoine s’affola. Il voulut partir en courant mais se télescopa avec son ami, les renvoyant tous les deux au sol.

— Antoine, merde !

— Ba.. Baa…

— Quoi ?

Il éclaira son camarade et lut l’expression de terreur sur son visage. Il suivit la direction que pointait son index et découvrit, au centre du cratère, un corps entièrement calciné.

— Aaaaaaaah !

La frayeur éprouvée déclencha un phénomène extraordinaire et une brume jaune sortit de nulle part pour s’enrouler autour des jambes d’Andrew.

— Ça recommence ! Attention !

Ils se roulèrent en boule, bras sur la tête et genoux ramenés sous le ventre. Pourtant, rien ne se passa.

— C’est tout ? douta Antoine.

— Faut croire. Regarde, la brume a disparu, dit-il en se redressant.

— Ah oui. Un… un… corps ! Il y a… un corps ! hurla le garçon en s’affolant à nouveau.

— Je sais, calme-toi. On va appeler la police.

— Non ! Ils vont croire que c’est nous !

— Je sais que le père de Lucas est un con, mais pas à ce point-là. Viens, il faut qu’on sorte d’ici.

Ils se posèrent sur le bord du cratère et Andrew composa le numéro de la police.

— Je voudrais parler à l’officier Vincent Daborde, s’il vous plait. Merci. Oui, Vincent ! On a trouvé un corps dans la forêt du Vondan !

Il essaya de préciser leur position tant bien que mal puis raccrocha.

Antoine lui tapa l’épaule.

— Drew, tout ça ne présage rien de bon, pas vrai ?

— Qu’est-ce que tu veux dire ?

— Tu découvres que tu as des pouvoirs et le lendemain on tombe sur un cadavre dans la forêt.

Andrew fut parcouru d’un frisson.

— Non, ça ne présage rien de bon.


*

Seconde création divine (-15 avant la disparition d’Hébès)

Après avoir anéanti les derniers Damécrytes, les douze dieux utilisèrent une nouvelle fois le pinceau Vérénice. Par un travail divin exceptionnel, ils imaginèrent l’Homme et lui offrirent l’Eter comme foyer.

Actuellement, l’Homme est une espèce toujours active sur l’Eter.

Encyclopédie CherchTou, par Miracus Seleston.

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