Tout est bien qui finit mal (partie 7)

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Le petit groupe d'amis bavardait en attendant le feu vert du médecin. Cath et Beth étaient assises de chaque côté du lit de Lola tandis que Paul se tenait debout derrière sa femme, une main posée sur son épaule.

Alors que Beth remerciait, pour la énième fois, le couple Meyer d'avoir sauvé sa meilleure amie, on frappa discrètement à la porte.

Enfin le médecin ! pensa la jeune femme, impatiente de quitter l'hôpital.

La température de la pièce sembla chuter de quelques degrés. Lola se raidit comme un piquet à la vue du visiteur. Tournant la tête simultanément, Cath et Beth lui jetèrent un regard glacial tandis que Paul frotta son poing encore douloureux.

Kévin se tenait devant eux !

Faute de plainte, les policiers furent contraints de le remettre en liberté, une fois dégrisé mais ils le gardaient à l’œil, lui avaient-ils dit. Trois points de suture barraient l'arcade sourcilière de son œil au beurre noir et sa joue était zébrée de griffures. Un large pansement recouvrait son nez d’où s’étalaient des hématomes naissants de chaque côté. L’homme devint pâle comme un spectre en découvrant le visage tuméfié de Lola.

— Comment oses-tu venir ici, salopard ? vitupéra Beth, remontée à bloc.

Elle était à deux doigts de lui sauter à la gorge. Sa meilleure amie l'intima à se calmer en lui serrant doucement mais fermement la main. C'était à elle de régler ce problème. Plus que jamais, Lola se sentait prête à le virer manu militari de son existence.

Kévin fit un pas en avant, faisant fi de l'invective de Beth.

— Pardonne-moi Lola. Je n'ai pas voulu ça… Je n'ai pas voulu te faire du mal. Tu sais bien que je n'ai pas voulu te faire ça ! Je ne sais pas ce qu'il m'a pris… Je n'ai rien pu contrôler. C'était comme si une autre personne avait pris possession de mon corps et de mon esprit, plaida-t-il sans vergogne.

Le petit groupe d'amis n'en revenait pas de son culot !

— Tais-toi Kévin et ne fais pas un pas de plus ! lui ordonna Lola fermement. J'en ai soupé de tes excuses. Pour toi, tout est prétexte à excuser tes actes de violence… Et ce n'est jamais de ta faute. Tu te présentes en victime, victime d'une entité monstrueuse qui prend le contrôle sur toi mais en vérité je suis la SEULE victime ici… TOI tu es juste mon bourreau, mon tortionnaire ! J'ai aimé éperdument un homme autrefois mais tu n'es plus cet homme… Tu es devenu un monstre abominable ! Tu me donnes envie de vomir ! Tu crois qu'au nom de ton amour, ton sacro-saint amour, tu peux me cogner dessus quand tu pètes les plombs, prétextant que ce n'est pas toi qui me tapes dessus ? Je ne suis pas ton jouet Kévin et je ne veux plus jamais te revoir… A la limite de l’écœurement, la nausée au bord des lèvres, Lola avait parlé d’une seule traite

Kévin resta prostré, accablé par ce constat, incapable de prononcer un seul mot, lui qui d’habitude avait la verve flamboyante. Tel un enfant, il prit conscience que son jouet était cassé et bien pire encore, il en était responsable. Il avait cassé son jouet adoré !

— Encore une chose avant que tu ne disparaisses de ma vie à tout jamais. Tu es alcoolique et malade, Kévin ! poursuivit Lola avec assurance. Tu devrais te faire soigner sinon tu finiras par tuer quelqu'un qui n'aura pas autant de chance que j'en ai eu. C'est juste un conseil… fais-en ce que tu veux… Je me fiche complètement de ce qu'il peut advenir de toi mais sache que si je n'ai pas porté plainte pour coups et blessures, c'est parce que j'espère que tu auras l'intelligence de me laisser tranquille. Mais si tu t'approches de moi, si tu essayes de me téléphoner, si tu me suis dans la rue, si tu essayes de me parler, je n'hésiterai pas une seule seconde à mettre ma menace à exécution et tu finiras quelques années en prison. On s'est bien compris ?

Kévin déglutit péniblement et hocha la tête tel un automate.

— Parfait ! Maintenant, sors d’ici et de ma vie à tout jamais !

Bras ballants, Kévin demeura immobile devant le lit de fer. Pétrifié telle une statue. Le ciel lui tombait sur la tête et le sol s'ouvrait sous ses pieds l’engloutissant dans le néant.

— Tu as entendu ce qu'elle t'a dit ? Dégage ! vociféra Beth qui ne supportait plus la vue de cet homme abject.

Kévin tourna la tête dans sa direction, le regard hagard puis il tourna les talons et, le dos courbé, il sortit de la chambre et de la vie de Lola, pour toujours.

Il avait tout perdu !

Ce ne fut que plusieurs minutes après son départ que Lola se détendit. Réalisant ce qu'elle venait d'accomplir, la jeune femme s'autorisa enfin à respirer. Sans la présence de ses amis à ses côtés, jamais elle n’aurait trouvé la force et le courage de réagir. Sous sa peau, dans ses veines, la peur et l'adrénaline qui fourmillaient à peine deux minutes auparavant, se désagrégèrent petit à petit.

Elle ferma les paupières avec force, prit une profonde inspiration avant de ressusciter à la vie.

Tel un phénix, Lola renaissait de ses cendres.

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