Retour du prince charmant (partie 2)

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Le réveil sonna à sept heures. D'une main maladroite, Lola tapa sur le bouton pour faire cesser le bip strident. Le cerveau encore embrumé par les vapeurs de la nuit, elle cligna plusieurs fois les paupières lorsqu'elle alluma la lampe de chevet. La place à ses côtés était vide, les draps étaient froids, Kévin était déjà debout depuis longtemps.

Elle se leva mollement et se dirigea vers la salle de bain.

La semaine fut éprouvante pour tous les deux. Les quatre jours précédents, Kévin s'était levé aux aurores et bien souvent, il était déjà parti au bureau lorsque Lola se levait. Ils ne s'étaient pratiquement pas vus et la jeune femme se languissait.

Mais ils allaient bientôt voir le bout du tunnel. Ce soir, ils s'aimeraient…

Aujourd'hui, vendredi, avait lieu la présentation. C'était aujourd'hui que Kévin serait jugé sur son travail. Il avait fait tout ce qu'il pouvait pour être fin prêt. Il avait travaillé d'arrache-pied. Pour cela, il avait très peu dormi afin d'être au bureau bien avant tout le monde et il en repartait quand tous étaient déjà rentrés dans leur foyer respectif. Arrivé à la maison, juste le temps d'avaler un morceau et il s'enfermait des heures, jusqu'à tard dans la nuit, avec un thermos de café, pour continuer d'affiner son projet.

Douchée, maquillée et habillée, Lola se dirigea vers la cuisine à la recherche de sa première tasse de café indispensable à son réveil total. Le silence de l'appartement l'accompagnait dans sa solitude tandis qu'elle le traversait. Encore ce matin, elle ne verrait pas Kévin avant qu'il ne parte affronter son destin. Elle ne pourra pas lui souhaiter bonne chance comme elle l'aurait voulu mais que ne fut pas sa surprise lorsqu’elle poussa la porte. L’amour de sa vie était là, le nez penché au dessus de son ordinateur. Dès qu'il l'entendit entrer, il releva la tête avec un sourire éclatant sur le visage puis referma son P.C portable doucement. Le cœur de Lola bondit dans sa poitrine lorsqu'elle croisa son regard. Un regard avec des yeux cernés qui trahissaient le manque de sommeil. Malgré sa mine de papier mâché et son stress palpable, elle le trouva irrésistible. L’amoureuse se précipita vers lui et se jeta dans ses bras. Penchant la tête en arrière, elle lui quémanda un baiser. Ce que Kévin fit sur le champ. Ce baiser, elle voulut qu'il ne s'arrête jamais mais à bout de souffle, elle détacha à regret ses lèvres des siennes.

— Ouah ! Quel bonjour ! s'émerveilla-t-il, un brin taquin.

— Tu m'as tant manqué ! se défendit-elle en rosissant légèrement.

Il la pressa amoureusement contre lui.

— Tu m'as manqué aussi ma chérie ! Tu es merveilleuse… Jamais je ne pourrai te dire à quel point ton soutien et ta compréhension m'ont été précieux toute cette semaine. Mais dès ce soir, on va rattraper le temps perdu. Il ponctua sa phrase d'un malicieux clin d'œil.

Lola se redressa, soudain soucieuse.

— ça va toi ? Tu te sens d'attaque à affronter le conseil d'administration ?

— J'ai l'estomac noué mais à part ça, je vais bien. On a bossé dur avec l'équipe et au final, on a réussi à contourner une partie du problème, cependant c'est loin d'être satisfaisant. Faut espérer que les actionnaires me suivent dans mon argumentation.

Il tentait de se montrer confiant mais le timbre sérieux de sa voix trahissait son appréhension. Lola n'était pas dupe !

Elle se versa une tasse de café et en avala une gorgée. Kévin regarda sa montre. Il se leva lourdement, une chape de plomb sur les épaules. Il rangea son ordinateur et attrapa sa veste posée sur le dossier de la chaise.

— Déjà ? s'étonna la jeune femme tristement. Tu n'as rien mangé…

— Je n'ai pas faim, lui assura-t-il la boule au ventre, puis de toute façon je ne peux rien avaler ! La présentation n'est prévue qu'à quatorze heures mais j'ai encore du travail. Je t'appelle dès que c'est terminé… Souhaite-moi bonne chance !

Il enfila sa veste et la prit par la taille.

— M.E.R.D.E ! articula-t-elle d’une voix douce. Tout va bien se passer… J'en suis sûre ! J'ai confiance en toi !

Il lui sourit et l'embrassa une dernière fois.

— À ce soir ! Je t'aime !

— Je t'aime aussi !

La tête penchée sur son épaule, le sourire aux lèvres, Kévin la contempla un instant, l'œil malicieux. Lola fondait littéralement lorsqu'il la regardait ainsi. Il déposa un baiser sur son index qu'il posa sur sa bouche d'un geste tendre puis il sortit… Son destin professionnel se jouait aujourd'hui.

Chamboulée, la jeune femme termina son café dans le silence de l'appartement.

*****

Toute la journée, Lola garda son portable à portée de main. Régulièrement, elle regardait l'écran désespérément noir.

À la pause de midi, Kévin prit cinq minutes de son temps pour l’appeler.

— Comment te sens-tu ? Tu as mangé quelque chose ? s’enquit-elle aussitôt.

— J’ai pris un sandwich sur le pouce, ne t’inquiète pas. J’ai encore une foule de choses à faire avant quatorze heures. Je voulais juste entendre ta voix. Je t’appelle dès que la présentation est terminée et je suis assez confiant. Je t’aime ! À tout à l’heure.

Depuis cet appel, elle n’avait reçu aucun autre message et cela commençait à l'inquiéter sérieusement.

Peut-être que les discussions sont toujours en cours, se disait-elle pour se rassurer. Elle ne voulait surtout pas prendre le risque de le déranger si c'était effectivement le cas.

Toute l'après-midi, elle rongea donc son frein et elle accueillit la fin de la journée avec soulagement.

Elle ne tenait plus en place, il fallait qu'elle sache ! Elle se changea rapidement dans les vestiaires. Paul était occupé avec une cliente.

Parfait, se dit-elle en remarquant le pli de ses sourcils interrogateurs. Je vais éviter un interrogatoire en bonne et due forme.

Toute la journée, Paul avait remarqué que sa jeune protégée était soucieuse. Quelque chose la tracassait. Elle n'avait pas la tête à travailler aujourd'hui. J’en toucherai deux mots à Cath ce soir, se promit-il.

Avant qu'il ne prenne la décision d'abandonner sa cliente un instant pour lui parler, Lola lui souhaita un bon week-end et se précipita à l'extérieur.

En route pour l'appartement, au volant de sa voiture, la jeune femme tenta de se concentrer sur le flux de la circulation mais dans sa tête, ses pensées formaient un magma bouillonnant. Elle voulait plus que tout au monde que Kévin lui annonce LA bonne nouvelle de la journée. Il avait tout donné sur ce projet… Personne ne le méritait plus que lui !

Elle avait tellement confiance en lui, qu'en chemin, elle s’arrêta pour acheter du foie gras, des fraises et une bouteille de champagne Bollinger Grande cuvée pour fêter l'évènement comme il se doit.

Elle appuya sur l'accélérateur, elle voulait être rentrée avant lui…

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