Le syndrome du prince charmant (partie 2)

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Il était presque vingt heures, Kévin ne devrait pas tarder à arriver. En l’attendant, Lola alluma le téléviseur. Munie de la télécommande, elle zappa une dizaine de minutes sans trouver une seule émission intéressante. Elle l’éteignit, s’allongea confortablement, un coussin glissé sous la tête et prit un livre. Mais elle était si lasse qu’elle piqua du nez sur sa lecture à plusieurs reprises pour finir par s’endormir sur le canapé.

Lorsque Lola ouvrit péniblement les yeux, la pièce était plongée dans le noir. À tâ-tons dans l'obscurité, elle chercha l'interrupteur de la lampe. La lumière l'aveugla un instant puis dans un bâillement, elle scruta son téléphone. L'écran affichait vingt-deux heures. Et aucun message de Kévin !

Fatiguée mais surtout déçue, elle avala un morceau vite fait avant de se glisser dans les draps.

La couette remontée jusqu’au menton, Lola laissa vagabonder ses sombres pensées. Une foule de questions l'assaillaient, semant une confusion totale dans sa tête. Perdue dans ce chaos, elle pensait bien ne pas trouver le sommeil, pourtant elle sombra rapidement.

*****

Quelle idiote tu fais ! se morigénait Lola en regardant son reflet dans le miroir au petit matin. Tu t’emballes… tu t’emballes mais il veut juste s'envoyer en l'air avec toi de temps en temps ! Il n'est pas différent des autres ! Faut vraiment être naïve.

Lola n’y comprenait plus rien. Kévin paraissait pourtant si amoureux. Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur lui ? La manière dont il la regardait en disait long sur ses sentiments... De tous les hommes qu’elle avait connus, jamais aucun ne l’avait regardée comme lui ! Ses yeux ne peuvent pas mentir ! se persuadait-elle.

Des coups portés à la porte l'extirpèrent de ses noires réflexions. Surprise par une visite matinale, elle ouvrit prudemment.

— Bonjour M’dame ! Un bouquet pour vous. Signez là s’il-vous-plaît !

Lola s’exécuta.

— Merci. Bonne journée !

Elle referma sur le livreur, examina le bouquet et s’empara de la carte jointe. Elle décacheta l'enveloppe d'un air perplexe.

Les battements de son cœur s’accélérèrent au fur et à mesure qu'elle lisait.

« Je suis désolé de t’avoir fait faux bond hier soir. J’ai eu une réunion de dernière minute qui s’est éternisée. Pour me faire pardonner, je te réserve une surprise. Je t’aime plus que ma vie ! À ce soir mon amour, si tu veux toujours de moi... Je t’embrasse. Kévin. »

Comme par enchantement, ce billet doux envoya balader tous ses doutes à la pou-belle. Toute émoustillée, Lola respira le parfum suave des roses. Elle les disposa dans un joli vase puis se hâta de finir de se préparer.

De retour dans la salle de bain, un sourire ourlait ses lèvres tandis qu'elle mettait la touche finale à son maquillage.

À son travail, Lola rayonna plus que d’ordinaire. La promesse de son rendez-vous nocturne lui donnait des ailes. Elle s’appliqua à exécuter les tâches qu’on lui donnât avec sérieux et professionnalisme. Sourire aux lèvres, elle accueillit les clientes, leur servit des rafraîchissements, les conseilla avec goût. Monsieur Meyer la félicita de son implication et les clientes louèrent ses conseils.

À l'heure du déjeuner, Lola rejoignit Beth au petit resto du coin comme convenu. Fidèles à leurs habitudes, la conversation fut animée, de vraies pipelettes ! Kévin fut bien entendu au centre de la discussion. Son amie voulait tout savoir et à l’évocation du rendez-vous nocturne de Lola, elle se moqua gentiment de son côté fleur bleue.

— Je te promets de ne pas te déranger ce soir. Tu seras certainement très occupée.

Elle lui fit un clin d’œil de connivence. Amusée, Lola lui tira la langue.

La pause fut hélas, de courte durée. Lola ne disposait que d’une heure et demie pour déjeuner. Sur le trottoir, les deux amies se séparèrent à contrecœur.

— On s’appelle ! lança Beth en se retournant.

— Promis !

Et chacune repartit à ses occupations respectives.

*****

Lola faisait les cent pas dans l’appartement. Pour la énième fois, elle regarda l'heure sur son portable : vingt heures. Et toujours pas de Kévin ! Aucune nouvelle !

Et s'il ne venait pas ?

Elle chassa rapidement cette pensée incongrue d'un revers de la main, elle devait lui laisser le bénéfice du doute ! Après tout, il n’était pas si tard que ça.

Pour l'occasion, elle avait préparé une petite dînette en tête à tête, quelque chose de très simple car malheureusement elle n'était pas une cuisinière hors pair : une salade de poulet grillé. Elle avait également pris soin de mettre du champagne au frais. Étant un peu bordélique de nature, contraste étonnant avec sa silhouette toujours soignée, elle fut aussi attentive à ranger impeccablement son appartement. Elle ne voulait pas avoir honte après avoir vu l'ordre qui régnait dans celui de Kévin. Une fois sa besogne accomplie, elle s’était apprêtée d’une petite jupe noire taille haute et d’un petit haut court gris souris qui lui dénudait une épaule.

Tout était prêt ! Il ne manquait plus que son amoureux.

À vingt heures trente, un léger « toc-toc » signala, enfin, son arrivée. Avant de se précipiter pour ouvrir la porte, Lola regarda une dernière fois son reflet dans le miroir de l'entrée et arrangea ses cheveux.

Elle actionna enfin la poignée…

Kévin fit un pas dans l’entrée, la détailla de la tête aux pieds dans un sourire affamé. Alors seulement, il enlaça sa taille tendrement et lui déposa un baiser à peine appuyé sur les lèvres. Puis il resta planté là, à la manger des yeux. Il attendait son assentiment pour aller plus loin, ne sachant pas si elle voulait toujours de lui, après lui avoir fait faux bond la veille… Lola fut surprise un court instant par cette timidité de jouvenceau, cela ne lui ressemblait pas… puis attendrie par cette marque de délicatesse, elle ne put résister. Elle claqua la porte puis se pressa contre son torse amoureusement. Il lui avait tant manqué ! Elle enroula ses bras autour de son cou, approcha son visage du sien, prit sa lèvre inférieure entre les siennes et l'aspira doucement.

Leurs yeux s’accrochèrent l’un à l’autre. Kévin ressentait des picotements lui par-courir l’épine dorsale. Il comprima fortement les paupières. Un feu volcanique montait à l’assaut de son cœur. Lola en profita pour se serrer un peu plus contre lui. Nichés l'un contre l'autre, leur désir mutuel suscita une fièvre exaltante qui s’empara de leurs corps. N’écoutant que les pulsions désordonnées parcourant ses veines, un à un, Lola défit les boutons de sa chemise. Ses mains se faufilèrent dans l’échancrure du tissu jusqu’à le faire glisser derrière ses épaules. Elle caressa ses pectoraux puissants tandis que sa langue taquinait le bout de ses mamelons durcis. Une main descendit langoureusement le long de ses flancs et effleura son sexe turgescent au travers de son pantalon.

Ne résistant plus à la pulsion grandissante qui l’envahissait, Kévin attrapa son amante par les épaules, la retourna et l'appuya fermement contre le mur lui maintenant d’une main les poignets au dessus de sa tête. Il ferma les yeux et respira le parfum de ses cheveux. Avec passion, il embrassa le lobe de son oreille, le grignota, le suça délicatement. De sa langue, il parcourut le chemin de son cou dénudé jusqu'à sa poitrine. Lola frissonnait de désir. Dans son ventre, les papillons se déchaînaient, la suppliaient de les libérer. Dans un geste lent, Kévin retroussa sa jupe, sa paume caressa son sexe, ses doigts effleurèrent ses lèvres avant de goûter à son humidité. Puis il fit glisser doucettement son shorty de dentelle blanche le long de ses jambes fines. Les mains enfin libres, la jeune femme enroula ses bras autour de son cou pour s’y suspendre et lui enserrer les hanches de ses longues jambes. Elle le voulait là... tout de suite... appuyée contre ce mur ! Son amant déboutonna rapidement son pantalon, descendit à peine son caleçon puis l’empoigna fermement par les fesses. L'envie croissante devenait insoutenable ! Son membre tendu la pénétra d’un trait. Guidé par des mots presque imperceptibles que Lola chuchotait à son oreille, Kévin lui fit l'amour sauvagement.

Leur corps à corps se perdit dans ce ballet érotique, sauvage, jusqu'à ce que leur désir ne fasse plus qu'un. Jusqu'à l'exaltation ultime !

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