Plus belle la vie (partie 2)

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Lola donna sa lettre de démission. Elle savait qu'elle serait vite remplacée, les jeunes étudiants en quête d'un petit job ne manquaient pas… même si ce petit job était mal payé et mal considéré. Impatiente, elle compta les semaines qui la séparaient de sa nouvelle vie : encore quinze jours à tenir !

Malgré tout, ces deux semaines passèrent à la vitesse de l'éclair à son grand étonnement. Ses journées furent rythmées au son des multiples commandes des clients, à les servir, à encaisser les ventes, à se faire rabrouer par des mécontents pour un steak trop cuit ou pas assez… mais toujours avec le sourire. Les soirs, elle s’écroulait comme une masse dans son lit jusqu’au lendemain matin où toute cette routine recommençait.

Le samedi de folie tant attendu arriva enfin. Lola finissait tout juste de se préparer lorsque Beth débarqua à son appartement.

— Waouh... Tu es magnifique ! s'extasia celle-ci en enlaçant son amie.

Pour l'occasion, Lola avait revêtu sa petite robe noire moulante qui lui faisait une silhouette de rêve. À son cou, le collier Rope de perles en argent et quartz qui avait appartenu à sa mère décédée, venait accentuer son élégance naturelle. Ce bijou était tout ce qu’il lui restait d’elle, il n'avait pas une grande valeur monétaire mais elle y tenait comme à la prunelle de ses yeux.

D’un geste rapide, Lola attrapa son blazer et claqua la porte. Euphoriques, les jeunes femmes dévalèrent l'escalier comme au temps de leur adolescence.

— La nuit est à nous ! s'écrièrent-elles à l'unisson, en se dirigeant vers la voiture de Beth... qui ne manqua pas de rajouter malicieusement :

— Et à nous les garçons !

Dans un éclat de rire, les deux copines s'engouffrèrent dans la vieille Peugeot de Beth, direction le restaurant.

La soirée débuta on ne peut mieux.

Beth avait réservé au Frenchie, restaurant aux allures d’auberge au cœur de la capitale avec sa large devanture de panneaux de bois foncé, un petit restaurant intime où l’on se sentait bien. L’intérieur était dans un style design avec ses murs en briques, ses pierres et ses poutres apparentes. La salle n’était pas très grande mais l’ambiance chaleureuse et l’accueil souriant du personnel enthousiasmèrent les deux amies. Installées comme des reines, Lola et Beth se régalèrent de cette cuisine française réinventée, moderne et créative aux mets raffinés présentés dans les assiettes telles de véritables œuvres d’art. Beth avait vraiment fait les choses en grand.

À l'écart des autres tables, lovées dans un recoin intime de la salle, les filles se remémorèrent les anecdotes croustillantes de leur enfance et les rires fusaient. Elles levèrent leur verre de vin blanc au succès de Lola, la reine de la soirée.

— Comment fais-tu pour avoir un tel appétit et garder une ligne si parfaite ? s'indigna Beth envers son amie qui avalait une part de tarte aux pralines roses.

Lola haussa les épaules lui signifiant ainsi qu'elle ignorait la réponse.

— J'ai juste une chance incroyable, finit-elle par dire, la bouche pleine.

— Rien que le fait de regarder ton dessert, j'ai déjà pris deux kilos, affirma Beth d'un air dépité.

— Tu es très bien comme tu es, ma chérie ! La preuve… tous les garçons sont à tes pieds, argumenta son amie.

— C'est vrai ça... Je suis irrésistible, pouffa Beth adoptant l'attitude grotesque d'une bêcheuse. D'ailleurs, nous allons vérifier la véracité de tes propos de ce pas… enfin… Dès que tu auras fini de te goinfrer !

Lola se dépêcha d'avaler son café, étouffant un rire naissant. Son amie avait vraiment des dispositions naturelles à jouer différents rôles. D’ailleurs, Beth avait depuis quelques mois, intégré une petite troupe de théâtre amateur où elle pouvait laisser exploser son art pour la comédie.

*****

La boîte de nuit était pleine à craquer.

Sur la piste de danse, des corps serrés comme des sardines, se trémoussaient... se lovaient... se frôlaient... se cherchaient... s'épousaient. Le volume poussé à fond, la musique trouvait son écho en frappant les cœurs dans les poitrines. Mais ce phénomène s'estompait une fois que l'on souffrait de la fièvre du samedi soir.

Incapable de se faire entendre sans crier, Beth fit signe à Lola qu'elle avait repéré Lucas. Usant des coudes parmi les danseurs survoltés, toutes les deux se dirigèrent vers un côté de la salle.

Dans une sorte de niche préservant l'intimité des clients, son frère entouré de sa bande de copains était installé confortablement sur des banquettes de cuir. Ici, on s'entendait parler sans hurler.

Apercevant sa sœur et Lola, Lucas se leva pour les accueillir.

— Salut les filles ! Vous êtes splendides !

Il les embrassa affectueusement toutes les deux puis enlaça la taille de chacune et les mena jusqu'à leur table.

— Bonsoir tout le monde ! claironnèrent d’une même voix les deux copines.

Elles connaissaient toutes les personnes présentes hormis un garçon. Beth prit place à côté de son frère et Lola en face de l'inconnu.

— Pardon, je ne vous ai pas présentés, s'excusa Lucas sentant le regard interrogateur de sa sœur.

— Les filles, je vous présente Kévin Delcour en désignant l'inconnu. Kévin, voici ma sœur Beth et « ma sœur de cœur » Lola. Kévin est mon nouveau chef d'équipe au boulot, il est très sympa et il est toujours célibataire précisa-t-il à l'intention de Lola qui devint légèrement cramoisie.

L’intéressé éclata de rire, ajoutant au malaise de la jeune femme. Se levant, il tendit une main amicale à chacune.

— Enchanté de vous connaître. Vous buvez quelque chose ?

— Une coupe de champagne, merci ! commanda Lola, poliment.

— La même chose pour moi, renchérit Beth.

Aussitôt, Kévin se dirigea vers le bar.

Il est plutôt pas mal quoique peut-être, un petit peu trop âgé pour moi, pensa Lola en le regardant s'éloigner.

— Tu viens danser, lui proposa sa meilleure amie incapable de rester en place deux minutes.

Lola acquiesça de la tête, contente de bouger enfin.

Elles enchaînèrent les danses avec frénésie. Et les belles demoiselles durent envoyer promener quelques garçons un peu trop entreprenants. Elles étaient habituées à ces comportements dus la plupart du temps, aux hormones mâles bien trop imbibées d'alcool. Puis, Lucas veillait sur elles deux depuis sa place. Et ce soir là, une paire d'yeux supplémentaires secondaient ceux de Lucas : Kévin !

— Kévin te dévore des yeux, Lola ! lui confirma Beth tandis qu'elles rejoignaient les autres.

— Je sais...

— Comment tu le trouves ?

— Il est pas mal mais pas vraiment mon genre d'homme, il est beaucoup trop vieux à mon goût, lui affirma Lola.

— Ben... lui, a l'air de te trouver particulièrement à son goût.

La jeune femme n'eut pas le temps de lui répondre, elles arrivaient déjà près de leur table. Comme de bien entendu, la seule place de libre se trouvait à côté de Kévin. Lola soupçonna Lucas d'y être pour quelque chose et ce ne fut certainement pas le regard amusé de Beth qui put la contredire. De toute évidence, leurs amis communs les poussaient l'un vers l'autre.

À peine s'assit-elle que celui-ci lui tendit une coupe de champagne. Lola le remercia d'un sourire mais sans en faire trop, ne voulant pas lui donner de mauvaises idées. Il ne l'attirait pas, puis de toute façon, pour l'instant elle n'avait pas la tête aux garçons, elle voulait se consacrer à sa future carrière. Cependant, loin d’elle l’idée de paraître grossière, ni rigide, elle se comporta donc avec amabilité.

Très naturellement, Kévin prit les devants et engagea la conversation. Il posa une multitude de questions à la jeune femme, s'intéressant de près ou de loin à tous les sujets qui la touchaient.

— Que faîtes-vous dans la vie, Lola ?

— Je viens de décrocher un poste de vendeuse dans une prestigieuse boutique de prêt-à-porter. Depuis toute petite, j’ai toujours voulu travailler dans la mode. Je suis prête à faire beaucoup de sacrifices pour aboutir à mon rêve. Je suis jeune et j’ai conscience qu’il me reste des tonnes de choses à apprendre mais je suis une personne persévérante et le travail ne me fait pas peur.

Kévin hocha la tête, approuvant ses paroles. Il était impressionné par la volonté qu’elle affichait à aller au bout de son ambition professionnelle car de nos jours, lui avoua-t-il les jeunes gens de son âge n'avaient pas autant de maturité. Lola en éprouva une certaine fierté en l'écoutant.

Tout de suite, cet homme la mit à l'aise et ce fut avec aisance qu'il lui parla de lui lorsque la jeune femme l'interrogea à son tour.

— Je suis informaticien à la base, comme Lucas. Tout comme vous, j’ai commencé ma carrière en bas de l’échelle. À force de travail, de pugnacité, j’ai gravi les échelons et me voilà manager. Comme vous devez le savoir, cette boîte produit des logiciels de gestion pour les entreprises. J’aime mon métier, j’y mets toute mon âme et mon cœur. Lors d’un projet, j’y consacre toute mon énergie… Ça devient ma seule raison d’être.

Sa façon de s'exprimer, son engouement à capter son auditoire, le tout avec un charisme naturel et une forte personnalité, séduisirent voire fascinèrent Lola.

La conversation fila avec aisance. Ils discutèrent ensuite de choses anodines telle que la musique, la lecture ou la filmographie et malgré leur différence d'âge - il avait sept ans de plus qu'elle -, Lola fut surprise de constater qu’ils partageaient un certain nombre de centre d’intérêts.

Kévin avait aussi un grand sens de l'humour et la jeune fille passait une excellente soirée en sa compagnie.

Lorsque le moment de se séparer arriva, elle n'en revenait pas, il était quatre heures du matin et le temps lui avait paru infiniment court. Leur conversation avait été des plus agréables. Entre eux, c'était un peu comme s'ils avaient toujours été amis... de très bons amis même.

Leur numéro de téléphone respectif échangé, ils se promirent de rester en contact.

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