Plus belle la vie ! (partie 3)

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Les semaines suivantes, Lola étoffa sa garde-robe par l'achat de diverses tenues élégantes pour son nouveau travail, qui eurent raison de ses économies. Mais elle ne regrettait rien, elle était prête à faire tout ce qu'il fallait, même si elle avait fait la grimace en regardant son compte en banque.

— Il faut ce qu'il faut, s'était-elle dite, les yeux fixés sur son solde bancaire.

Kévin l'appela quelques jours après leur soirée. Lorsque Lola lui parla de ses projets de faire les boutiques, très galamment, il lui proposa de se joindre à elle lors de ses emplettes. Bien que surprise par son offre, la jeune femme accepta avec enthousiasme. Elle savait d’expérience que pour ce genre de chalandage, il était inutile qu’elle demande à Beth qui fuyait cette activité féminine comme la peste. Faire du lèche-vitrine seule, ne l'enchantait guère alors autant être accompagnée.

Comme convenu, l’homme vint la chercher à son appartement. Il lui tut le planning qu’il avait prévu pour l’après-midi pour l’emmener dans une artère de la ville où une pléthore de boutiques chics se côtoyait. Lorsqu’il stoppa la voiture devant l’une d’entre elles, Lola roula des yeux devant la devanture. Confiant, l’œil pétillant et sourire aux lèvres, Kévin lui tendit la main pour l’aider à descendre du véhicule, sans mot dire. La jeune femme prit sa main tendue et le suivit avec appréhension mais à mieux regarder les devantures, elle fut soulagée de constater que les prix étaient abordables malgré le raffinement des ensembles présentés au public.

En chevalier servant, Kévin poussa la porte de la boutique et laissa galamment le passage à sa nouvelle amie. Une vendeuse à la longue silhouette soignée et sourire aux lèvres vint aussitôt à leur encontre. Lola, intimidée, lui expliqua ce qu’elle recherchait. Celle-ci la guida vers un rayon où quantité d’ensembles s’alignaient avec harmonie. Son engouement pour les tissus se manifesta sur-le-champ. La jeune femme détailla chaque tenue avec précision. Elle caressa chaque étoffe pour sentir sous ses doigts le soyeux du textile, ressentir la fibre du tissage.

En retrait, Kévin la suivait en silence.

Après avoir choisi quelques tenues dont le toucher, le tomber, l’originalité l’avaient conquise, Lola se dirigea vers la cabine d’essayage.

Tour à tour, émergeant du rideau, elle défila devant Kévin, comme elle le faisait jadis devant le miroir de son enfance. Tantôt, celui-ci leva le pouce en l’air pour lui signaler qu’elle était sublime, tantôt une grimace s’afficha sur son visage.

Il en fut de même pour toutes les boutiques qu’ils visitèrent. Son aide lui fut vraiment précieuse car il se dévoila être un homme de très bon goût. Lola ne regrettait aucun de ses achats.

Chauffeur, styliste et groom personnel, Lola s’amusa beaucoup à jouer les « Pretty Woman » à l’instar de Julia Roberts.

Au fil des jours, Kévin devint naturellement indispensable à sa vie. Il répondait toujours présent lorsqu'elle l'appelait, même au dernier moment. Il lui rendait bon nombre de services comme cette fois-ci.

Un matin, sa voiture ne voulait pas démarrer. Désœuvrée à l’idée d’être en retard, la jeune femme lui téléphona. Une demi-heure plus tard, l’homme se garait au pied de son appartement pour l’emmener à son travail. Afin qu'elle ait l'esprit tranquille, il s’occupa même de faire remorquer son véhicule jusqu’au garage le plus proche. Et lorsque son service au fast-food fut terminé, il vint la chercher et la raccompagna chez elle.

Il lui prêtait toujours une oreille attentive quand elle en avait besoin. Il projetait… Non il était l'image d’un gars aimable et serviable en toute circonstance. Un homme attentionné que tout le monde trouvait sympathique. Lola fut conquise par autant d’empathie.

Petit à petit, Kévin s'imposa comme l'ami idéal.

D’ailleurs, tous s’accordaient sur ce fait. Même Beth ne manquait jamais une occasion de lui dire qu'ils faisaient un joli couple. Son amie d'enfance trouvait l'image incongrue. Nous sommes juste de bons amis, se défendait-elle. Mais au fur et à mesure, l'idée fit son chemin. Leur relation monta d’un cran. Insidieusement, l'amitié ressentie se transforma peu à peu en un sentiment amoureux.

Cet homme parfait lui faisait chavirer la tête et le cœur. Il lui faisait une cour à l'ancienne. Pas de baisers, pas de gestes déplacés entre eux. Il ne franchissait jamais la ligne blanche qu’il semblait avoir tracée. À contrario, il la couvrait de bouquets de fleurs, d’invitations au restaurant, au cinéma. Ils se téléphonaient régulièrement et leurs conversations étaient interminables.

Lola n’était pas stupide. Elle ressentait que Kévin, malgré sa retenue, éprouvait lui aussi, les mêmes sentiments. Le doux regard qu'il posait sur elle quand il pensait être à l'abri, ne faisait aucun doute dans son esprit.

Avec délice, jour après jour, la jeune troublée se laissa happer par ce romantisme qu’elle affectionnait tant.

Lola se sentait prête à vivre une belle histoire d'amour... sa première « vraie histoire » d'amour en vérité. Aussi bizarre que cela puisse lui paraître, chaque fibre de son corps lui disait que Kévin était différent des autres hommes qui avaient jusque là, seulement partagé son lit.

*****

La veille de son premier jour de travail à la boutique, Kévin invita Lola à dîner chez lui. Il habitait un bel appartement au dernier étage d’un immeuble ancien. En faisant le tour du propriétaire, la jeune femme put apprécier les larges baies vitrées coulissantes du salon accédant sur une terrasse au calme et apportant sans nul doute un ensoleillement agréable en journée. Kévin posa délicatement sa main dans le bas des reins de son invitée et l’invita à en passer le seuil. En cette douce soirée de printemps, leur table était dressée à l'extérieur sous une pergola finement ouvragée en fer forgé et drapée de légers voilages de couleur crème. Sa poitrine faillit exploser tant son cœur en cognait les parois lorsqu’elle découvrit le dîner aux chandelles qui les attendait, tout comme la vue qu’elle admira depuis la balustrade. La ville de lumière s’étendait à leurs pieds, au loin Lola apercevait la tour Eiffel illuminée.

La soirée était exquise, le repas raffiné et l'ambiance romantique à souhait. Kévin était un hôte charmant et il ne manquait pas une occasion de la dévorer des yeux dès que la jeune femme baissait les siens dans son assiette.

Alors que Lola finissait son verre de vin blanc, son hôte se leva, s'excusa auprès de son invitée avant de se rendre à l'intérieur. Son absence ne dura que quelques minutes. Lorsqu'il revint, il déposa devant elle, un petit paquet cadeau tout en la couvant du regard. Avec des yeux ronds, la jeune femme l'interrogea.

— Ouvre ! Tu verras bien, lui répondit-t-il, la voix amusée.

Les mains tremblantes, Lola défit l'emballage et poussa un cri de surprise en découvrant le contenu de l'écrin à bijoux : sur une fine chaînette en or, un cœur serti de minuscules diamants.

— C'est magnifique Kévin ! balbutia-t-elle. Mais pourquoi un tel cadeau ? Cela a du te coûter un bras ? Je ne sais vraiment pas quoi dire...

Surprise par la beauté de ce présent, elle en oublia ses mots.

— J'aimerais que tu le portes demain, pour ta première journée de travail. Ainsi, je serai près de toi.

Délicatement, Kévin lui prit la main et l’invita à se lever. D’un geste aérien, il lui passa le collier au cou.

— C'est toi qui es magnifique, murmura-t-il à son oreille avant de lui déposer un doux baiser dans le creux de l'épaule.

Au contact de sa bouche chaude, le pouls de la jeune femme s'accéléra légèrement. Une vague de frissons remonta de la pointe de ses pieds, escalada jusqu'au sommet de son épine dorsale pour venir mourir au creux de sa gorge.

Lola ferma les yeux un instant. Ses doigts tremblants caressèrent le petit cœur pendu à son cou. Mille émotions l’assaillaient avec délice. Enfin, elle se retourna.

Kévin pressa ses lèvres contre les siennes. Elle entrouvrit délicatement les paupières. Tout son être s’enveloppa dans une douce extase. Un sourire heureux se dessina sur son visage. Elle passa ses bras autour de son cou et ses doigts se perdirent dans ses cheveux. Son regard plongea dans ses iris bleus. Elle blottit son corps transi contre le sien. Ses seins dressés le frôlèrent. Enchevêtrée dans les pulsions désordonnées de son cœur, Lola prit possession de sa bouche et sa langue enroula la sienne avec impudence.

Kévin souleva sa conquête dans ses bras et l’emporta au salon où l’épais tapis de laine leur tendait les bras. Sans quitter ses lèvres gourmandes, Lola défit langoureusement un à un les boutons de sa chemise. Elle posa une main sur son torse brûlant. Le rythme rapide de ses battements cardiaques se fondait avec le sien. D'un geste lent, Kévin fit glisser les bretelles de sa robe sur ses épaules, le tissu coulissa le long de ses bras, serpenta ses hanches avant de tomber au sol. Son regard admira ce corps parfait sublimé de broderie puis les yeux dans les yeux, d’un doigt délicat, il dégrafa son soutien gorge, libérant une poitrine ronde et ferme. Lentement il fit descendre sa culotte de dentelle noire le long de ses cuisses jusqu’à ses pieds. À son tour, Lola dénoua sa ceinture de cuir, fit sauter le bouton de son jean et d’un mouvement alangui descendit la fermeture éclair… Son pantalon tomba au sol. D’une contorsion rapide, il se débarrassa de son boxer qui comprimait son membre viril gorgé de désir.

Un feu ardent consumait les deux amants de l’intérieur, serrés l’un contre l’autre, nus comme des vers.

Allongé près de sa chair palpitante, Kévin effleura de ses lèvres la courbe longiligne de sa gorge fine offerte. Il promena sa main dans le creux des reins de ce corps qui s’arc-boutait comme une offrande. Il passa sa langue sur ses seins, lui mordilla délicatement les mamelons, lui arrachant des gémissements de plaisir. Il caressa son ventre brûlant, ses cuisses chaudes, son Mont de Vénus délicatement déboisé. Il goûta avec gourmandise à toutes les parties de son corps comme s'il savourait une sucrerie délicate.

Sous ses baisers, Lola fondait comme du miel au soleil. Les étreintes de son amant lui semblaient aussi douces, aussi chaudes et caressantes qu'une légère brise en été lui procurant une agréable sensation de fraîcheur. Ces mains, ces lèvres avides qui la touchaient, la caressaient, la dévoraient, éveillaient une sensualité inexplorée au plus profond de sa chair.

Lola décala légèrement ses hanches pour accueillir Kévin. Il la chevaucha, elle enroula ses jambes autour de son bassin et, d’un léger ondoiement de rein, il la pénétra lentement, se repaissant du contact humide de sa cavité soyeuse autour de son sexe. Ses mouvements ondulèrent doucement sous les halètements jouissifs de sa partenaire puis lorsqu'il la sentit prête à s'abandonner, il accéléra le rythme. Sa maîtresse pressa son bassin plus étroitement contre le sien. Ses ongles se plantèrent dans son dos puissant. La tête nichée dans le creux de son épaule, ses lèvres goûtèrent sa peau. Une boule de feu prit naissance dans ses entrailles et ses dents s’enfoncèrent légèrement dans sa chair dans un cri étouffé. Sous la morsure, Kévin laissa échapper un râle de plaisir jouissif. Leurs bassins claquaient l’un contre l’autre. Ils gémirent de concert.

Une vague déferlante telle une onde de force chahutée de plaisir s’abattit sur les deux amants. Kévin ne put retenir plus longtemps la jouissance qui l’exaltait, aussitôt rejoint par celle de sa partenaire, il répandit tout son amour en elle dans un cri rauque avant de s’écrouler dans un dernier coup de reins. Il resta entre ses cuisses un instant, la tête reposant sur ses seins. Reprenant son souffle tout doucement, Lola caressait son dos.

Dans les bras l'un de l'autre, les amants épuisés s'endormirent paisiblement avec sur leurs lèvres, le goût salé de la violence de cette déferlante.

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