Chapitre 2 : Partie 2

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Et alors que l'apeuré vit ses deux ennemis le quitter, soulagé de ne plus avoir à leur faire face, il s'autorisa finalement à baisser sa garde. Il les lâcha des yeux, à en oublier l'inconnu à trop peu de mètres de lui, sa main se resserra sur son ventre quand une vive douleur l'en empara. C'était sûrement l'adrénaline qui lui avait fait perdre tout ressenti et puisqu'il se sentait à nouveau les pieds sur terre, il comprit qu'il était blessé. Il souleva son tee-shirt et découvrit un curieux symbole gravé dans sa chair.

Un cercle entouré d'un demi-cercle prolongé par une droite perpendiculaire. La plaie encore fraîche, son sang tachait son vêtement et s'étalait sur l'entièreté de son membre. Il redescendit le tissu, cachant cette preuve du combat. C'est alors qu'il se rappela de cet homme, mais quand il leva les yeux, il était seul avec ses deux gardes qui avaient repris leur position habituelle.

Il s'essuya ses joues couvertes de larmes et de sueur et se releva du mieux qu'il le put. Et sans rien dire, il se précipita vers le logement d'Halès en se retenant de craquer. Son souhait de n'avoir rien à cacher le fit marcher, mais son anxiété quant à tout ces enchaînements le fit accélérer le pas, à la limite de trottiner.

Quand il arriva à son but, il passa la porte brusquement sans prévenir, à en faire sursauter ses deux amis. En voyant son visage décomposé, ils comprirent rapidement qu'un imprévu avait eu lieu. Sans tarder, Erian leur montra sa blessure, Halès alla chercher des soins et s'occupa de lui sur le canapé. L'impatience de poser des mots sur ce qu'il avait appris et ce qu'il voulait apprendre le dépassa ainsi, il commença l'explication pendant qu'il se faisait trifouiller le ventre.

– Enys m'a trouvé et je ne sais comment, elle a combattu contre les iomons. C'est bizarre, c'est pourtant impossible de leur faire face, mais elle... Même s'ils l'ont attrapé, elle a pu tenir un moment.

Elwynn se rapprocha, interpellée par cette information qui lui donna tant d'espoir. Son impatience lui fit lui couper la parole sans aucune gêne.

– Ils l'ont attrapé ?!

– Oui, mais ils l'ont libéré quand Ocrate est venu. Ils ne sont pas comme nous.

– On le sait ça, ce sont des tueurs.

– Non. Ce que je veux dire, c'est qu'ils ne sont pas humains comme nous. Ou peut-être, j'en sais rien, mais ils ont quelque chose en plus. Surtout Ocrate, ce n'est pas possible de contrôler les iomons comme il l'a fait. Sans parler de ce type qui est apparu de nulle part aussi... Il a tenu tête à Ocrate comme si c'était son patron ou je n'sais quoi.

– Et cette marque ? dit-elle en pointant son ventre du doigt.

– Je ne sais pas d'où elle est sortie, je ne l'ai senti que quand tout était fini. Je crois que c'est Enys qui me l'a fait quand elle était sur le point de... me tuer, je suppose. C'est clairement un avertissement. En fait, je pense qu'on se trompe de rival depuis le début. C'est Ocrate le réel danger même s'il n'a pas l'air d'avoir le droit de faire du mal aux autres, il a une force surdimensionnée.

Halès tapota une compresse gorgée de désinfectant sur la plaie, faisant gémir le blessé, la mâchoire serrée et les yeux plissés par la souffrance que le produit lui fit. Afin de lui occuper l'esprit, il leva la tête et immisça sa parole en espérant que la douleur le quitte.

– Ok, mais si y a ce type qui empêche Ocrate de toucher les autres alors on ne devrait pas s'inquiéter de lui, non ?

– Mais il contrôle Enys et puis... il est différent. Je pense que si on touche Ocrate alors on touche aussi Enys. Il faut qu'on fasse des recherches sur lui, il doit bien y avoir des informations sur des personnes ayant des pouvoirs particuliers qui ont un lien avec leurs cicatrices.

– J'irai à la bibliothèque alors, mais toi, tu restes ici. Tu feras des recherches sur l'ordinateur.

– Hum... ronchonna-t-il. J'ai pas le choix de toute façon. Mais emprunte les livres et ramène les ici, je n'ai pas envie d'être seul même si Elwynn reste avec moi, j'avouerai que je suis terrifié, marmonna-t-il.

Aussitôt dit, aussitôt fait. En une heure, l'un avait regagné la bibliothèque de la ville et les deux autres faisaient leurs recherches de leur côté. C'était une question de temps, à qui aura l'avantage le premier. Si Ocrate avait montré son vrai visage et avait enclenché la balance, Erian comptait bien s'en servir.

Ils passèrent la nuit entière à lire tout ce qui touchait à Elesi, en ne partant de rien si ce n'est l'indice des cicatrices. Ils subissaient des kilomètres de phrases sans avancer, leurs yeux étaient si fatigués qu'ils peinaient à distinguer les lettres, le blanc devenait rouge et les larmes coulaient par les brûlures qu'ils éprouvaient, mais tous refusaient de se reposer. Ils voulaient trouver la réponse à leurs questions sur-le-champ, cela ne pouvait pas attendre un jour de plus.

Tout à coup, Halès brailla un mot peu articulé. Il avait trouvé quelque chose.

– Il y a une légende sur quatre gardiens d'Elesi dirigés par... une sorte de Dieu, on les appelle des Ardians. Ils ont un aspect particulier, de grandes ailes à l'apparence de squelettes avec des plumes blanches et métalliques qui traversent leur corps. Ils surveillent le fonctionnement de la cité et doivent instaurer le contrôle si elle se perd.

Erian accourut vers lui, son énergie retrouvée par l'espoir, et examina les pages du livre de son index qui frôlait le papier. Il survolait les lignes, cherchant avec précipitation des informations si bien qu'il n'en lisait rien.

– Comment ?!

– C'est là, montra-t-il un passage du doigt, ils envoient des Séphés qui recréer le monde. C'est quoi ça... Des démons ? Ils ont l'apparence de démons en tout cas.

– Tiens, ici, ils disent que les Ardians n'ont pas le droit de s'en prendre aux habitants de leur cité. Leur cité... Ça voudrait dire qu'il y a quatre gardiens par cité ? Ils ne l'expliquent pas...

Elwynn restait dans son coin, éloignée de la source qui leur en apprenait davantage, l'air indifférente. Elle avait laissé ses pensées la perdre, réfléchissant au lien entre cette histoire et leur situation, loin d'être peu intéressée par ce sujet de conversation.

– Donc Ocrate, Enys et l'autre personne que tu as vu seraient des Ardians ?

– Non, pas Enys sinon elle n'aurait pas pu tuer les deux porte-paroles. Mais Ocrate... C'est sûr. Ça explique ses cicatrices. Il nous faudrait leur nom pour être sûrs de ce qu'on avance.

– Rien n'est dit sur l'endroit où ils pourraient se trouver ?

– Non... Puis ce n'est qu'une légende. Le dernier témoignage sur leurs apparitions remonterait à deux siècles, on ne peut pas vraiment s'y fier.

– Mais si c'est vrai, on ne peut pas s'attaquer à Ocrate. On a aucune chance.

Il leva son regard vers elle et la fixa désemparé par ce qu'ils venaient de découvrir. Le combat s'annonçait bien plus difficile que prévu et si cette légende s'avérait réelle, il n'aurait que peu de chances de survivre. Mais il refusa de se laisser abattre, il était question de sa vie et il n'avait pas d'autre choix que de se battre.

– Ocrate m'a attaqué alors qu'il n'en avait pas le droit, ça peut sembler dangereux, mais ça montre une chose, il est impulsif. Quelqu'un qui n'a aucun sang-froid perd facilement le contrôle et ça, c'est un atout pour nous. Il n'y a qu'à le pousser à m'attaquer pour que son... supérieur ou que sais-je s'occupe de lui.

– Comme si ce type allait s'en prendre à son subordonné. Il va l'arrêter, mais c'est tout. Et c'est un trop gros risque, et s'il réussissait à te tuer avant qu'il arrive ?

– Ça le déstabilisera, c'est déjà ça.

Halès prit la défense de son camarade en ajoutant un argument de plus.

– Ce n'est pas débile. S'il l'attaque et qu'on en a la preuve, on peut l'envoyer se faire juger.

– Non... bougea-t-il sa tête de droite à gauche. Ça ne marchera pas. On parle d'un Ardian, c'est lui qui décide comment la cité agit. Il ne peut pas se faire juger et encore moins quand il contrôle les iomons.

– Alors ton idée est complètement débile.

– Quand bien même je m'occupe d'Enys, tu crois vraiment qu'il va l'accepter sans rien dire ? s'énerva-t-il.

– Non, mais il ne pourra pas te tuer.

– Vous venez de me dire l'inverse ! Il le peut, c'est bien pour ça qu'on doit aussi s'occuper de lui.

Il soupira, agacé par cet échange qui ne menait à rien, d'autant plus que l'épuisement les rendait à cran. Ils avaient déjà le début d'une solution, certes débattue et sûrement mauvaise, mais elle prouvait au moins qu'ils avançaient vers une direction. Cela leur suffit pour terminer cette longue journée et se laisser prendre par un sommeil reposant.

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