La mort d'Esteban

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C’est celui-ci, pense Esteban, les runes correspondent à celles que Personaé m’a indiquées. J’espère que tous ces sacrifices n’ont pas été faits en vain !

Frissonnant, Esteban s’agenouille sur le sol glacial à côté d’un grand sarcophage. À l’exception de l’inscription sur le côté, rien ne le différencie des cent autres caisses en métal, qui se trouvent dans cette salle. Pourtant c’est celui qui a été désigné par sa déesse comme objet de sa mission. Éclairé par le glowglobe qu’il a posé sur les cristaux de glace blanche recouvrant le sarcophage et les lueurs faibles des pierres de mana localisées aux extrémités des caissons métalliques, le vaste entrepôt est rempli de recoins sombres. Des créatures dangereuses pourraient profiter de cette obscurité pour se tapir dans quelques recoin.

L’imagination du jeune homme fait poindre une angoisse qui lui enserre le torse au fur et à mesure qu’elle bat la campagne. Il y a bien trop de mystères et d’obscurité dans cet entrepôt pour qu’il se sente en sécurité. La modeste luminosité du globe lumineux n’atteint même pas le plafond situé approximativement à quinze coudées au-dessus de sa tête...

Ca suffit ! se dit Esteban. Il décide de ne pas laisser courir son imagination et préfère se rappeler que la porte qui conduit à cette pièce est fermée et gardée par deux de ses frères. Que l’imposante poussière mêlée de glace qui se trouvait dessus lorsqu’il l’a ouverte prouve que cette salle n’a pas été visitée depuis bien longtemps. Et que le silence pesant de cette salle froide est, à son avis, le dernier indicateur fiable de l’absence d’une quelconque présence étrangère.

Le jeune homme sort un livre épais de sa besace en cuir gravée aux armoiries de Personaé et le pose sur ses genoux. Il porte une robe d’érudit recouverte par une cotte de mailles légère et un tabard où figurent les mêmes armoiries. Le tout abrité du froid par un large manteau de fourrure au col soyeux. Esteban n’est pas un guerrier mais, il fait partie de la première compagnie des Chevaliers Saints. C’est une unité de combattants d’élite au service exclusif de Personaé, la déesse qui dirige ce monde. La sélection pour entrer dans cette armée divine est extrêmement dure. Seuls les plus forts et déterminés, peuvent braver la mort plusieurs fois, pour passer les épreuves demandées par la reine des avatars. Il est étonnant qu’un jeune homme présentant d’aussi faibles aptitudes au combat soit enrôlé dans cette troupe d’exception. Mais Esteban est l’un des rares Scribes d’Esper. Il peut invoquer avec le grimoire magique qu’il a reçu à sa naissance de puissants ensorcellements. C’est grâce à cette compétence que le jeune homme a été sélectionné pour faire partie des paladins au service de la déesse. C’est également pour cette raison que Personaé a demandé à Stein, l’avatar des scribes, de l’éduquer en priorité.

C’est le cœur battant un peu plus vite que d’habitude qu’Esteban s’apprête à s’acquitter de sa première mission d’importance. Assis en tailleur sur le sol, il ouvre son grimoire sur ses genoux. La magie de celui-ci se met à briller doucement éclairant son visage au travers de la buée qui sort de sa bouche. Un dessin apparaît représentant la structure éthérique du caisson qui se trouve devant lui. Il ne comprend pas totalement ce qu’il va faire, mais les circonstances qui l’ont amené ici, prouve que c’est important pour Personaé. Pendant qu’il écrit les runes anciennes du sort que la déesse lui a demandé d’utiliser, il compte mentalement le nombre de ses frères qui ont offert leur vie pour lui permettre de remplir cette mission.

Au départ ils étaient cinquante et un sous les ordres du commandant Delgano. Tout avait commencé par un voyage, plein de cahots, en chariot à vapeur au travers des terres du nord. Ils avaient quitté la Chute des Naavi, la capitale de leur monde, avec pour objectif d’aller jusqu’à la Citadelle du Sommeil, un bâtiment fortifié abandonné situé dans les montagnes des anciens aux pieds des Pics infranchissables.

Nourries jour et nuit de bois sec et de charbon par les vapoteurs, les chaudières des machines à vapeur avaient propulsé les cinq lourds carrosses laissant sur leur chemin un sillage de fumée et de suie derrière eux. Ces transports de troupes, bardés de fers, de trente coudées de long par huit coudées de large et presque seize coudées de haut, avaient lourdement traversé les Terres du Nord. Ils avaient parcouru la « ligne de ravitaillement », l’une des plus larges routes d’Esper reliant la chute des Naavi à la Grande Garde. Ce chemin pavé de pierre, construit il y a plus de 700 ans, après l’interminable Apogie de 1237, a été créé pour soutenir l’effort de guerre contre les morts-vivants.

Esteban a adoré partager pour une fois la vie de ses frères paladins dans la promiscuité inhérente à leur moyen de transport. À la citadelle déchue, sa cellule individuelle est séparée du quartier des combattants. Il en découle une certaine distance entre eux encouragée par la déesse. Esteban est le détenteur d’un statut spécifique qui l’empêche de partager les entraînements et les activités de ses collègues. Certes ses frères paladins sont d’un abord rugueux et légèrement méprisant pour tous ceux qui ne possèdent pas leur force brute. Mais une fois passé un temps d’adaptation, Esteban put jouer aux cartes avec eux et s’abreuver de leurs anecdotes.

Arrivés au château fort de la Grande Garde, les Chevaliers Saints purent enfin sortir des chariots, ou ils étaient cantonnés depuis plusieurs jours. Ils revêtirent les armures rutilantes et armements magiques qui leur ont étés remis par Personaé. Pour conserver la charge magique acquise à la chute des Naavi, leur équipement avait été confié aux Vapoteurs qui les avaient placés à côté de leurs grandes roues et bobines de cuivre inscrites de runes. En cette période où la magie est absente des terres d’Esper, ce type de précaution est indispensable.

La clarté des cristaux de mana rechargés sur les artefacts devenus légendaires des Chevaliers Saints suscita la sensation auprès de la garde. Souvent équipée avec des armures héritées au mieux munies de gadgets créés par les disciples de Latès. Pourtant, rompus aux combats contre les morts-vivants, ces guerriers sont du genre blasés. Mais cela fait presque sept ans que Nadigie enserre les terres d’Esper. Une aussi longue absence de la magie veut dire qu’en ces contrées les Vigils les plus économes n’ont pas vu la lumière des cristaux de leurs artefacts depuis bien longtemps. Même en faisant appel aux services des Vapoteurs.

Après les recommandations d’usage, habituellement données par Ubernat le commandant de la Grande Garde, aux aventuriers et aux fous qui osent franchir la ligne de déboisement, ils échangèrent leur moyen de transport encombrant contre des chevaux. Ces montures sont plus adaptées aux chemins escarpés qui doivent les emmener à destination.

En s’enfonçant dans la forêt vers le nord, quinze lieues après la ligne de déboisement, leurs artefacts s’étaient réveillés. Les montagnes des anciens et une partie des bois qui se trouvent à ses pieds sont des régions que la magie habite de façon permanente, même pendant la Nadigie. En Esper, seuls la « Chute des Naavi » et « Port Vaillant » sont dans ce cas. Mais ici, dans le nord, la présence de la magie veut dire aussi que les Marcheurs de l’Hiver ne sont pas loin. Ces morts-vivants géants, aux yeux lumineux de couleur bleue, au teint blafard, à la stature émaciée et à la taille du double d’un homme, sèment sur leur passage un froid hivernal qui gèle même les pierres.

Au bout de deux lieues, l’existence de ces démons sans âme n’a pas tardée à se confirmer auprès de leur troupe de guerriers, avec la rencontre de deux spécimens sur le bord du chemin. Ubernat, habitué à se battre contre cette maudite engeance, leur avait recommandé de ne pas engager l’affrontement sauf pour sauver leur vie. Les Chevaliers Saints ne manquent jamais une occasion de sortir leurs armes au clair, mais cette fois-ci le commandant Delgano décida de suivre cette recommandation, pour se concentrer sur leur mission. Ils passèrent donc leur chemin et se dirigèrent vers le nord. Préférant garder leur force pour les combats inévitables qu’ils ne manqueraient pas de rencontrer sur leur route.

Les sentiers se mirent peu à peu, à serpenter entre déclivités importantes et flanc de rocher. S’élevant et s’enfonçant, selon des méandres complexes, toujours plus loin dans la montagne. L'obscurité tombait et leurs montures commençaient à souffrir de l’ascension et d’un froid vif qui leur gelait les poumons. Ils décidèrent de s’arrêter pour dormir et laisser les chevaux se reposer pendant quelques heures. Un petit plateau entouré de quelques arbres leur permit de monter un campement.

C’est au milieu de la nuit, lorsque la lune à son apogée éclairait leur camp par l’est d’une lueur bleutée et glaciale, que la première attaque eut lieu. Accompagné par un froid vif, un groupe d’une dizaine de marcheurs agressa hommes et chevaux. Tentant de dévorer leurs victimes dès qu’elles touchaient terre. Les chevaliers purent vérifier que l’information qui leur avait été donnée par Ubernat disant que les artefacts magiques ne fonctionnent pas en leur présence était vraie. Ils se défendirent, comme ils purent en utilisant le tranchant de leurs lames ou la lourdeur de leurs masses. Ils essayèrent de repousser les marcheurs malgré les dysfonctionnements des ensorcellements de leurs équipements. Mais, toujours plus nombreux et plus glacials, les géants blafards se relevaient, pour repartir à l’attaque, après chacun de leurs coups. Même ceux qui auraient dû se révéler mortels.

Ayant tranché la tête de l’une de ces créatures au sang bleu, avec sa claymore le commandant Delgano, le responsable de la première compagnie, put se rendre compte que cela ne l’empêchait nullement de continuer à l’attaquer. Il décida donc de faire sonner la retraite. Les Chevaliers Saints sont les guerriers les plus déterminés et les plus dangereux d’Esper. Leur vaillance et leur force au combat sont légendaires. Leurs ennemis sont saisis d’effrois à la seule évocation de leur nom. Ils sont, pour tous, la représentation vivante de la colère divine de Personaé. Mais cette fois-ci, au son du cor, ils durent s’enfuir à toute jambe, tel un vilain surpris par un inquisiteur septant alors qu’il était en train de trousser une gueuse.

Ce soir-là, deux chevaliers et trois chevaux servirent de repas aux créatures d’outre-tombe tandis que les guerriers s’enfuyaient dans une monstrueuse cavalcade. À la lueur de la lune, ils étaient tels des fantômes aux reflets métalliques. Déguerpissant par le sentier qui s’élève vers le sommet des montagnes.

Les chevaliers continuèrent donc leur voyage vers le nord. La mobilité conférée par leurs montures étant la meilleure défense contre les aux morts-vivants se déplaçant à pied. Le lendemain en début d’après-midi, la troupe s’arrête quelques instants devant l’entrée d’une cavité percée dans la roche. Pour accéder à la Citadelle du Sommeil, les chevaliers doivent emprunter un tunnel long d’une demi-lieue traversant une montagne de part en part.

Derrière ce passage se trouve une vallée large d’une trentaine de lieues à l’extrémité de laquelle se trouve la citadelle du sommeil. Même si les Marcheurs de l’hiver n’ont jamais fait preuve d’intelligence, c’est l’endroit idéal pour une embuscade. Les boyaux les plus étroits ne laissent passer que trois cavaliers de front.

Ce chemin étant, sans aucun doute, rempli de morts-vivants, le commandant Delgano décide de diviser la première compagnie en deux sections. L’une est chargée de convoyer Esteban vers sa mission, sans se préoccuper des marcheurs. L’autre, avec Delgano, doit aller à l’assaut, suffisamment longtemps pour leur assurer un passage sans encombre.

Voyant ses frères chevaliers se précipiter au corps à corps, à chaque fois qu’une créature sans âme surgit devant eux. Entendant ensuite la fureur des combats résonner longuement dans son dos, Esteban savait que ses camarades allaient payer un lourd tribut aux morts vivants de la montagne. Tout cela pour lui permettre de s’acquitter de sa mission. Il décide de se donner du courage en récitant mentalement le serment d'allégeance des Paladins :
« Personaé nous béni, nous permet de vivre, dans l’honneur et la foi. Après notre mort elle intercède auprès d’Omga pour nous offrir la félicité éternelle. Nous offrons notre vie pour tous ces bienfaits. Notre foi est le sésame du paradis et notre allégeance le seul prix à payer. Foi et obéissance ! »

Après cette brève prière Esteban se sent un peu moins coupable du poids de la mort de ses frères. Sachant que la majorité de celles-ci seraient causées par sa propre sauvegarde.

Personaé avait été très claire en confiant à Delgano l’escorte du jeune homme. La vie d’Esteban est cruciale pour elle. Il est impératif qu’il revienne vivant et en bonne santé de ce voyage chez les morts-vivants. Parmi les troupes de la déesse, il est le seul capable d’invoquer certains sorts nécessaires à l’accomplissement de sa volonté.

Le jeune scribe ne peut s’empêcher d’être dubitatif concernant les priorités qui ont étés définies par la déesse. Pourquoi, sa vie de piètre combattant serait-elle plus importante que celle de ses frères ? Mais lorsqu’il ne sait plus quoi penser il se rappelle les mots du prêtre Septant de son village :

« Esteban, le doute est le moyen qu’utilise le malin pour tenter de s’emparer de ton âme. Pendant le temps que tu consacres à l’écouter il t’entraîne vers des pensées impures et t’empêche de faire ce que les sept attendent de toi. Le véritable croyant ne laisse pas la place au doute. »

Encore une fois, l’enseignement des sept vient au secours du jeune homme qui décide de repousser ses interrogations. Personaé, la reine des avatars, ne peut pas se tromper. Cette mission divine doit valoir ces sacrifices !

Un bruit de claquement métallique résonne dans l’air glacial de la salle qui ramène le jeune homme dans le présent. Il soulève son livre magique en position ouverte en équilibre sur sa main gauche et se redresse doucement, pour ne pas glisser sur le sol glacé. La clarté du glowglobe étant trop faible pour voir quoi que ce soit, il écrit quelques runes sur son grimoire pour invoquer une lueur magique. Une puissante luminosité jaillit au niveau de l’arrière de l’ouvrage pour éclairer une large portion de la salle. Il ne découvre que des sarcophages froids et alignés selon un quadrillage parfait dans un entrepôt totalement vide. Encore une fois il repousse mentalement la peur et le doute qui envahissent insidieusement son esprit. Il n’y a pas âme qui vive dans cette salle. Il sait qu’il ne possède pas les nerfs d’acier de ses collègues combattants. Il ne devrait pas se laisser distraire par des bruits, peut-être sortis de son imagination. Il secoue le glowglobe pour raviver un peu sa lumière et révoque son sort laissant retomber la semi-obscurité. Il retourne à sa mission en s’asseyant de nouveau sur le sol.

Les chevaliers protégeant sa fuite dans le tunnel, ne furent pas les seuls à souffrir pour permettre la réalisation de cette mission. Esteban et son escorte purent parcourir la vingtaine de lieues qui les séparaient de la citadelle du sommeil sans encombre. Mais la traversée du château et leur longue descente vers le monde souterrain devaient se révéler pleines de rencontres désagréables avec les géants blafards. Comme dans le tunnel, l’escorte d’Esteban se réduit à chaque escarmouche. Ses frères chevaliers, suivant les instructions données par Delgano, l’entraînent toujours plus bas vers l’objectif de sa mission, tandis que d’autres camarades engagent le combat pour leur permettre de continuer leur chemin. Un long cauchemar ou les couloirs glacés d’un labyrinthe sans fin s’enchaînent sous la lueur blafarde des glowglobes. Après plusieurs heures de descente, ponctuée de rencontres funestes. Traversant avec difficulté les méandres constamment plus profonds de la citadelle. Ils ne sont plus que trois à se présenter devant la porte de l’entrepôt où Esteban travaille en ce moment. En entrant dans la salle Esteban à refermé la porte, gardée par les deux derniers chevaliers qui l'accompagnent.

Esteban, viens justement de finir l’invocation demandée par sa déesse sur son grimoire magique. En quelques mouvements il lance le sort et tente d’en observer les effets. Rien ne semble se passer du côté du sarcophage, à part peut-être un léger changement dans les lueurs faibles des cristaux de mana localisés à son extrémité. Mais sa mission est achevée et il ne lui reste plus qu’à attendre que les frères chevaliers qui ont survécu le délivrent de cette salle pour le ramener à la citadelle déchue. Située au centre de la capitale, cette citadelle est le lieu de la résidence principale de Personaé et le casernement habituel des Chevaliers Saints.

Alors qu’Esteban a fini de ranger son grimoire dans sa besace en cuir, il entend encore une fois un bruit près de lui, un léger raclement de gorge. Il se redresse pour découvrir avec effroi, à la lueur du glowglobe, qu’un homme portant une robe d’érudit lui fait face de l’autre côté du sarcophage. Sous l’action de la surprise, son cœur lui donne l’impression de s’extraire brusquement de sa cage thoracique. Mais en reconnaissant le visage de celui qui se trouve devant lui, la peur fait place l’étonnement.

— Ho, mon dieu, vous m’avez fait peur !

— Bonsoir Esteban, vous avez fini votre mission ?

— Oui,… Heu, enfin, j’ai reçu pour ordre de n’en parler à personne, même à vous. Je suis navré de ne pouvoir...

— C’est plutôt moi qui suis désolé. J’avais fondé beaucoup d’espoir sur vous. Mais vous êtes maintenant devenu une âme damnée dévouée aux ordres de la déesse.

— Mon allégeance à Personaé est indiscutable, dit le jeune homme, je fais partie des Chevaliers Saints. Mais j’ai toujours suivis les commandements des sept, et les vôtres plus que tout autre.

— Je sais que vous êtes très pieux Esteban, mais malheureusement, sans le savoir, vous jouez pour la mauvaise équipe.

— Mais ce n’est pas possible, je respecte les volontés de la reine des avatars, vous-même travaillez pour elle...

— Cela n’a plus aucune importance Esteban. En entrant dans cette salle, j’ai bien peur d’avoir laissé la porte ouverte... Je suis désolé pour ce qui va suivre, mais vous devez disparaître. Sachez que la fin de la vie n’est pas dans notre monde une situation aussi définitive que vous le pensez.

— Vous ne pouvez pas parler comme un prophète du silence ? C’est une hérésie, vous êtes l’un des sept…

— Adieu, Esteban, j’espère que votre mort sera rapide. Mais, malheureusement je ne peux pas vous le garantir.

— Attendez ! Ne me laissez pas ici !

Esteban se tait brusquement en s’apercevant que son interlocuteur s’est évaporé dans les airs. Il se tourne alors vers la porte à sa gauche, mais la lumière du glowglobe n’éclaire pas jusque là. Il ramasse l’objet et se déplace vers l’ouverture lorsqu’il voit un marcheur qui en passe le seuil, puis un autre. Les deux créatures sont accompagnées par un refroidissement brusque de la température.

De nouveau le cœur d’Esteban se met à battre à tout rompre tandis qu’il recule, trébuchant piteusement sur le sol glissant. Le glowglobe roule sur le sol. Sa main gauche fouille frénétiquement le côté de sa besace à la recherche de la boucle permettant son ouverture. Puis Esteban se rappelle que son grimoire sera inefficace contre les morts-vivants. Il se relève, et se retourne vers le fond de la pièce pour s’enfuir lorsqu’il tombe nez à nez avec un marcheur dissimulé par l’obscurité. Esteban sort une dague cachée sous son tabard et la plante à bout de bras dans le tronc de la créature, plus ou moins au niveau de son cœur. Mais le mort vivant fait un pas vers lui et l’attrape avec sa main droite. Esteban, ne pouvant arracher son arme de l’endroit où il l’a planté, sort une seconde dague pour la plonger à plusieurs reprises dans le biceps de la créature pour tenter de se libérer. Mais celle-ci, sans broncher sous les coups, l’attrape avec son autre bras et le serre très fort contre lui. Un énorme craquement résonne dans le dos d’Esteban. Le jeune homme ne sent plus ses jambes. Un second craquement et ses membres supérieurs semblent perdre à leur tour toute leur force. Esteban n’est plus, dans les bras de la créature du froid, que la marionnette d’un troubadour, dont ont aurait coupé les fils.

La fin d’Esteban fut longue et douloureuse. Cinq marcheurs se disputant son corps pour le dévorer, morceau, après morceau. De cette mort solitaire au fin fond d’une salle perdue du monde souterrain, vont découler une série d’événements qui seront lourds de circonstances pour Esper...

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