Le fantôme des Noëls passés

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La clarté du jour se glisse par les interstices des volets, faisant briller la poussière en suspension dans la pièce. Zébré par ces rayons de lumière apparaît le salon confortable de l’une de ces maisons cossues que l’on trouve dans la proche banlieue d’une métropole. La salle semble abandonnée depuis plusieurs mois, comme peuvent l’attester la saleté et les traces d’humidité sur les murs. Soudain un craquement retentit du côté de la porte-fenêtre devenue subitement plus lumineuse. Un bris de verre. Une main pénètre dans le logis pour manipuler la crémone de la fenêtre. L’huisserie est repoussée violemment pour laisser s’introduire un homme. Il porte un baluchon en toile, des guenilles, des cheveux châtains et longs collés par la crasse. Une barbe touffue rend son âge indéfinissable. Il observe rapidement la pièce et choisit une issue située sur la gauche. Des bruits de portes de meubles qui claquent et des sons métalliques sortent de cette ouverture avant que l’individu ne revienne dans le salon. Il s’engage dans l’escalier en bois qui mène à l’étage et le gravit à toute vitesse, comme un enfant pressé d’aller jouer dans sa chambre.

— N’a pas encore été visitée, dit une voix qui provient de l’extérieur.

L’homme qui vient de prononcer ces mots pénètre à son tour dans la pièce et se tourne en tous sens pour l’observer longuement. C’est une personne d’une quarantaine d’années au faciès ravagé par les soucis. Il porte des vêtements simples, jeans, t-shirt et blouson matelassé. Ses cheveux bruns mi-longs sont recouverts par une casquette usée. Ses yeux marron clair sont délavés par les épreuves de la vie et son visage est mangé par une barbe de trois jours. Il toise une forme vaguement humaine et immobile collée à l’un des murs de la pièce.

— Pouvez rentrer Prof ! La sentinelle l’a plus d’jus ici aussi.

— Ces robots domestiques ont dû garder ce logis pendant plusieurs mois. C’est pour cette raison que personne ne l’a encore pillé.

C’est un vieillard aux cheveux longs et à la barbe blanche et courte qui pénètre dans la maison. Il porte un manteau bleu marine en cachemire et un costume bien taillé. Sur son dos un énorme sac à dos de campeur rempli à craquer semble bien pesant pour quelqu’un d’aussi âgé. Il le dépose lourdement à terre devant un canapé en repoussant du bout du pied la table basse en acier recouverte d’un miroir.

— C’est peut-être à cause des nombreux zombies qui sillonnent les rues dans le quartier. Les propriétaires de cette maison font peut-être partie du lot, mais ils ont oublié que c’était chez eux. Où est passé Marley ?

— Savez Prof, comme d’hab l’est parti à la chasse. J’vais aller chercher les autres.

— OK Bob, je t’attends ici.

Tandis que son compagnon franchit l’ouverture remplie de lumière en direction de l’extérieur, le vieil homme réfléchit à la suite d’événement qui l’a amené à devenir un cambrioleur.

En fait il ne sait pas comment tout a commencé. Comme tout le monde, il a perdu la mémoire il y a quelques mois. Enfin, il a été déconnecté du service auquel il avait décidé de confier une partie de sa mémoire. Le réseau était brusquement tombé en panne ce qui avait handicapé tous les individus qui possédaient, comme lui, un implant cortical. Cet appareil de communication universel pouvait faire fonction de clé ou de moyen de paiement. Il était devenu indispensable à l’homme moderne. La panne avait privé l’humanité de l’accès à ses souvenirs.

Au milieu de cette catastrophe Prof avait eu de la chance. Il était suffisamment âgé pour avoir connu dans sa jeunesse une période où l’Homme ne disposait pas de l’assistance de cette béquille mémorielle. Quand le réseau s’était interrompu, il avait pu compter sur ses souvenirs les plus anciens. Il avait donc conservé une grande partie de ses habiletés comme celle de lire.

Par contre tous ses souvenirs les plus récents avaient disparu. Par exemple, il ne savait pas pourquoi il voyageait aussi loin de chez lui. En réalité il n’était pas totalement sûr que ce soit le cas. Tout ce qu’il savait c’est qu’il était incapable de déchiffrer la majorité des livres qu’il trouvait parce qu’ils étaient écrits dans un idiome qu’il ne maîtrisait pas. Pour quelqu’un qui se souvenait avoir été un professeur de langues anciennes, c’était désespérant. Mais la plupart des individus n’avaient pas eu la bonne fortune de conserver autant de souvenirs.

— Tim et Estella arrivent, dit Bob en déposant un gros sac sur le canapé. Fred va pas tarder non plus.

Tim, Fred, Estella… ce ne sont pas leurs véritables noms. Aucun d’eux ne parvenait à se remémorer son identité. Prof avait choisi leurs nouveaux patronymes, en se basant sur les personnages d’un livre. Tout lui avait paru évident quand il avait rencontré le jeune garçon muet qu’il avait appelé Tim. Il possédait à la fois physiquement la faiblesse du personnage et une certaine maturité face aux coups du sort qui se reflétait dans ses yeux. C’est autour de cet enfant que leur groupe s’était formé. Leur objectif commun, celui qui était unanimement accepté par tous, était d’assurer sa défense.

Pour Prof l’objectif était un peu différent. Il s’ingéniait à les éduquer pour leur permettre de survivre et tentait de leur faire recouvrer la mémoire. Il avait recréé une cellule familiale et ne manquait jamais une occasion de raconter combien la vie était belle avant que Scrooge ne mette l’humanité en danger.

Bien entendu aucun de ceux qui avaient inventé puis commercialisé les dispositifs de connexion corticale ne devait s’appeler Scrooge. Mais Prof pensait que c’était une forme de compétitivité financière entre les entreprises qui les avaient poussées à proposer des appareils aussi dangereux et bon marché sans s’assurer que le réseau serait suffisamment sécurisé. C’était un mercantilisme débridé qui avait précipité l’homme moderne à sa perte. Le type de comportement déviant que l’on pourrait imaginer chez Scrooge.

Prof travaillait à la préservation de l’histoire de leur monde. Il leur expliquait combien la culture de leur civilisation devait être protégée. S’il arrivait à les mettre en garde contre les agissements qui les avait conduits vers cette catastrophe. L’humanité pourrait repartir sur de nouvelles bases.

Faire revivre les temps anciens était sa mission. Lorsqu’il leur racontait ses histoires, il voyait les étoiles qui éclairaient leurs regards, peut-être teintés parfois d’une certaine nostalgie. Prof se plaisait à le croire. C’est pour cette raison qu’il se baptisait intérieurement : « Fantôme des Noëls passés ».

Tim vient d’arriver dans la pièce. L’enfant s’approprie ce nouvel environnement en le parcourant avec ses grands yeux pleins de fièvre. Toujours aux côtés de Tim, Estella est une jeune femme aux cheveux noirs et mirettes d’azur d’une beauté époustouflante. Froide et calculatrice, elle avait certainement perdu toute forme de sentiment le jour de la catastrophe. Elle sait qu’en restant sans arrêt à proximité de l’enfant elle est en sécurité et peut profiter de son empathie sans limites. Ils étaient rares à choisir de déporter leurs émotions sur le réseau plutôt que leur logique. Prof se demandait quelle était l’activité professionnelle qui nécessitait cette étrange répartition.

Dernier arrivé dans le salon, Fred est l’exact opposé de la jeune femme. Blond aux yeux marron, il possède un physique tout à fait commun. Pourtant son visage n’est pas dépourvu d’une certaine beauté, car il est constamment éclairé d’un sourire. Le jour du désastre Fred avait perdu toute forme de logique au profit des émotions. Légèrement retardé intellectuellement Fred ne se dépare jamais de son air béat. Quels que soient les problèmes ou l’adversité, il est toujours heureux de son sort. Prof estime que cette bonne humeur est un souvenir persistant datant de sa petite enfance. Même s’il ressemble à un adulte il ne possède pas plus d’esprit qu’un gamin de cinq ans. Il est totalement enfermé dans un monde d’immédiateté joyeuse.

Si je suis le fantôme du passé, Fred est sans aucun doute le « Fantôme du Noël présent », pense Prof en se tournant vers lui pour lui parler.

— Fred, tu gardes un œil sur Tim et Estella. Nous allons explorer la maison avec Bob. Ne t’inquiète pas, nous allons revenir très vite. Tu viens Bob ?

Après un regard vers Estella, signifiant qu’en vérité c’est elle qui est responsable de tout le monde, les deux hommes sortent de la pièce. En traversant la porte à gauche. Ils pénètrent dans un capharnaüm fait de placards ouverts et de tiroirs renversés qui fut autrefois une cuisine.

— Je croyais que nous étions les premiers à visiter cette maison, dit Prof

— Marley, répond Bob.

— Ha oui, Marley. Toujours aussi pressé de s’emparer de tout ce qu’il peut.

Marley était le seul d’entre eux qui n’avait pas perdu la mémoire. C’était un clochard qui dormait dans la rue. Il n’avait jamais été équipé du moindre dispositif de connexion corticale.

Ce monde qui avait égaré ses repères représentait pour lui une véritable opportunité de richesse. Il n’était pas uniquement l’un des rares détenteurs des informations que les autres cherchaient à retrouver. Il était aussi le mieux placé pour s’emparer de tout ce dont il avait été dépourvu pendant des années. Lorsque Prof lui avait demandé quel était son nom, il avait refusé de répondre disant que tout renseignement mérite salaire. Cette quête incessante de richesses avait inspiré Prof. Il l’avait baptisé Marley.

— Bon, je pense que l’on ne trouvera plus rien de consommable ici. Ça m’étonnerait que Marley ait oublié quoi que ce soit.

— Va encore s’faire tirer l’oreille pour partager son butin ?

— Il aime négocier, mais ce n’est pas un mauvais bougre. S’il fait le difficile, on lui enverra Martha. On monte ?

Les deux hommes retournent dans le salon pour emprunter l’escalier qui grimpe à l’étage. La première porte s’ouvre sur une salle de bain et les trois autres sur des chambres. Toutes ces pièces ont été fouillées grossièrement. En sortant de la dernière pièce, Prof lève la tête vers le plafond et découvre une trappe.

— Tiens, il y a un endroit que Marley a dû oublier.

— Hein ?

Prof regarde autour de lui puis ouvre un petit placard situé dans le couloir pour en extraire une longue perche. Il la glisse dans un interstice sur le côté de l’encadrement qui bascule vers le bas en faisant apparaître une échelle de meunier qui se déploie jusqu’au sol.

— La maison de mes parents possédait ce type de trappe qui donnait accès au grenier. Nous n’allons pas trouver de quoi nous sustenter dans cette pièce, mais je pourrais peut-être y découvrir des livres.

— Bon sang Prof, encore des livres ! Ça pèse lourd. Ça sert à rien.

— Notre passé se trouve dans ces livres Bob. Tu ne veux pas te rappeler qui tu es et d’où tu viens ?

— J’aimerais bien… Mais j’crois pas que ça m’servirais à grand-chose contre les zombies ou pour dénicher de la nourriture.

— Je comprends que notre besoin de sécurité ou de pitance semble primer sur tout. Mais une fois que nous serons installés dans un foyer qui nous permettra de vivre confortablement, je t’assure que les informations qui se cachent dans ces livres seront notre bien le plus précieux.

— Vous z’êtes jamais trompé Prof, j’veux bien vous croire. Mais Marley l’est pas du même avis.

— Ce qui ne l’empêche pas d’essayer de me revendre tous les livres qu’il déniche. Si nous allions visiter ce grenier ?

Les deux hommes grimpent l’échelle et découvrent une pièce recouverte d’une épaisse couche de poussière. Ils fouillent chacun de leur côté. Prof trouve quelques ouvrages, mais ils ne sont pas écrit dans une langue qu’il peut comprendre. Il est bien plus chanceux en dégotant une armoire remplie de nombreux bocaux de confiture ou de fruits au sirop. Le repas de ce soir ressemblera à un dîner de fête.

— Prof, v’nez voir. C’est quoi ces trucs ? Dans les mains de Bob se trouvent des objets aux reflets métalliques de toutes les couleurs.

— Ça Bob, c’est des décorations de Noël.

— Des quoi ?

— Noël, c’est une fête religieuse qui avait lieu vers la fin de l’année. Vu que les jours raccourcissent et que la température extérieure est en train de baisser, on ne doit pas être très loin de cette date. Tu vois ce machin vert là-bas ? C’est un sapin artificiel. On le mettait au milieu de la grande salle de la maison et on y accrochait ces objets pour le décorer.

— Mais pourquoi ?

— Pour faire la fête, se rassembler en famille et s’échanger des cadeaux.

— Des cadeaux ?

— Oublie ça Bob, c’est trop compliqué à expliquer. C’est comme pour les livres, il ne faut plus être préoccupé par sa survie pour apprécier cette fête.

— Une fête ?

— Un moment qui te rend heureux. Tu sais un peu comme Fred. Tu souris et tu oublies tous tes soucis.

— On aurait bien besoin d’oublier nos soucis Prof.

— C’est vrai ! Mais les autres doivent nous attendre. Tiens, prends quelques-uns de ces pots. Je pense que tout le monde devrait aimer.

En redescendant dans le salon, Prof voit Marley assis sur l’accoudoir du canapé en train de donner un objet à Estella.

Encore une transaction ? Qu’a-t-elle échangé cette fois-ci ?

Il marche vers la jeune fille pour l’interroger quand il la voit se lever du sofa pour faire l’accolade au clochard.

Ce n’est pas possible, elle ne peut pas se livrer à de telles effusions. Elle ne peut pas…

Ha, je comprends. Cet instant de tendresse, c’est le prix le plus élevé que Marley pouvait obtenir d’elle. Elle doit beaucoup tenir à cet objet.

Dans ce monde où l’économie n’existe plus, pour faire du commerce Marley a dû s’adapter aux monnaies d’échange que ses camarades pouvaient utiliser. Dans son ancienne vie, il ne possédait rien, mais ce n’était pas l’argent le problème. Rejeté par ses contemporains, l’une des choses qui lui a le plus manqué c’est la tendresse. Il troque souvent l’un de ses trésors de guerre contre une accolade, une bise ou même une poignée de main.

Soudain une voix tonitruante résonne dans la pièce :

— Je découvre qu’encore une fois vous passez votre temps à fainéanter en attendant que je vienne vous faire la cuisine !

Martha est arrivée, nous sommes maintenant au complet.

— Bonjour Martha, nous avons trouvé des confitures. Bob va te montrer à quel endroit. Tu vas avec eux, Fred ?

— Bob, cet incapable ne serait pas fichu de dénicher son nez au milieu de sa figure.

— Voyons Martha, pourquoi es-tu aussi méchante avec Bob ? Tu sais que c’est un bon garçon. Il est toujours prêt à rendre service.

— Prof, vous êtes vraiment trop gentil avec lui, il ne le mérite pas. Allez toi, montre-moi où se trouvent ces fameuses confitures.

— Faut qu’on monte, c’est par là, répond Bob.

Observant les trois individus quitter la pièce, Prof se rapproche de Marley pour discuter discrètement.

— La chasse a été bonne ?

— Je n’ai rien pour vous Patron. Ils ne devaient pas aimer les livres les habitants de cette bicoque.

— Qu’as-tu échangé avec Estella ? Tu te rappelles qu’on avait dit que tu dois partager la nourriture avec tout le monde.

— Ce n’était pas de la bouffe. Elle mange comme un oiseau cette brindille. Et pour de la becquetance, elle ne m’aurait jamais proposé un calin.

— Alors qu’est ce que c’était ?

— Vous devriez lui demander Patron. Je vous ai déjà dit que les informations ont un prix. Vous voulez trouver des bouquins. Estella recherche d’autres trucs plus évolués.

— S’il y avait un risque pour sa santé, tu me le dirais Marley ?

— Je sais combien vous tenez au bien-être de cette jeune fille. Je vous garantis qu’elle ne craint rien.

— Merci Marley.

Oui, Prof s’inquiète pour la santé d’Estella comme il s’inquiète pour celle de Tim. Dans ce monde où l’inconséquence de Scrooge a décérébré la majorité de la population. Ou les individus sont devenus des zombies. Ou ils sont retombés à l’âge de pierre. Estella représente l’une des rares chances pour l’humanité de profiter d’une renaissance glorieuse. Son capital génétique peut relancer une lignée intelligente et en bonne santé. C’est cet espoir qui fait d’Estella le « Fantôme des Noëls futurs ».

Chacun dans notre communauté a sa place...

Le coupant dans ses réflexions le reste du groupe redescend bruyamment vers le salon. Comme d’habitude Martha est en train de râler.

— Qu’est ce que c’est, ces trucs que Bob devait rapporter ?

— C’est des décorations de Noël, mais pourquoi tu les as ramenés Bob ?

— Z’avez dit qu’on allait oublier nos soucis.

— Il ne suffit pas d'enjoliver un sapin artificiel, pour…

Prof s’interrompt en voyant Tim se précipiter pour toucher les guirlandes multicolores. Le jeune garçon habituellement réservé semble très intéressé par ces objets aux reflets métalliques. Il s’esclaffe en sortant les boules du carton ou elle sont rangées et regarde son image déformée sur leur surface convexe. Estella s’approche à son tour et pose l’une des guirlandes sur les épaules de l’enfant. Un moment fait de gaieté et d’émotion envahit peu à peu la pièce et même Martha se déride en voyant Bob exhiber deux flocons de neige en plastique en guise de boucle d’oreille. Fred quant à lui, comme à son habitude est heureux de vivre.

Marley s’avance d’un air détendu.

— Là patron, il se passe quelque chose !

— C’est vrai. Je ne comprends pas, comment peuvent-ils se rappeler comment utiliser ces ornements ?

— Je ne sais pas. C’est peut-être la magie de Noël ?

— Peut-être… Bon, on a bien mérité de faire une pause ici pendant quelques jours. Marley, tu peux monter le sapin et les aider à le décorer ?

— OK patron ! Vous avez quelque chose en tête ?

— Oui, ce soir… Je pense que… Que nous allons faire la fête !

Ils avaient tous égayé l'arbre artificiel et le salon avec tous les ornements qu’ils avaient trouvé dans le grenier. Ils avaient disposé sur les meubles quelques personnages en terre cuite évoquant la nativité. Même le robot collé au mur avait eu droit à quelques guirlandes.

Par rapport à d’habitude, ils ne s’étaient pas rationnés. Le repas avait été copieux, puisant dans la réserve de confitures et de fruits à l’alcool. Ils avaient allumé le feu dans la cheminée et s’étaient rassemblés pour profiter de sa douce chaleur emmitouflés dans des couvertures trouvées dans les chambres.

Quand il s’était rendu compte qu’il avait oublié, ce qu’il était venu faire dans ce pays, lors de la grande catastrophe, Prof avait trouvé un livre dans ses bagages enveloppé dans du papier brillant.

C’était sûrement un cadeau destiné à un proche. Quelqu’un dont il ne se rappellerait jamais. Peut-être même son propre enfant. Ce roman ancien est son bien le plus précieux. Il sait que c’est le bon moment pour l’utiliser. Il fouille dans son sac et sort ce grand ouvrage illustré.

— Vous, vous souvenez tous que je vous avais dit que ce livre raconte votre histoire ?

Devant les acquiescements Prof continue :

— En fait, ce n’est pas totalement vrai. Vous allez reconnaître votre nom ou peut-être même certains de vos traits de caractère, mais l’histoire que je vais vous conter ce soir n’est pas la vôtre. C’est une fable qui parle de notre passé et plus spécialement d’un moment bien particulier. Une date située au cœur de la période la plus froide de l’année que l'on appelait Noël. Ce n’est pas seulement un événement ou nous faisions la fête comme aujourd'hui, c’est aussi un jour inimitable rempli de magie. Vous êtes prêts ?

— Ouiii ! Réponds tout le monde à la cantonade.

Prof sourit. Il regarde Martha se rapprocher subrepticement de Bob. Fred et son caractère éternellement béat qui penche la tête sur le côté. Estella qui serre Tim dans ses bras pour le réchauffer et Marley allongé sur un fauteuil en train d'observer ses pieds qui dépassent de sa couverture en arborant un air réjoui.

Prof se racle la gorge et débute son histoire :

"Marley était mort, pour commencer. Là-dessus, pas l’ombre d’un doute. Le registre mortuaire était signé par le ministre, le clerc, l’entrepreneur des pompes funèbres et celui qui avait mené le deuil. Scrooge l’avait signé, et le nom de Scrooge était bon à la bourse, quel que fût le papier sur lequel il lui plût d’apposer sa signature. Le vieux Marley était aussi mort qu’un clou de porte..."

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