Faucheurs

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 Nous sommes de nouveau dans le bureau, un air de déjà-vu. Mais cette fois les Faucheurs sont avec nous. Ils se tiennent sur le côté, droits et fermes alors que le Consul commence la présentation de ces personnages.

  • Vous avez-là la crème de la crème de la Légion : les Faucheurs, le plus haut Grade des Assassins. Pour prétendre à un tel prestige il faut avoir participé à plus de cinq-cent missions, sans ne jamais faillir à aucune d'entre elle. Il est presque impossible d'intégrer les Faucheurs, et pourtant il en existe... il en existe trois et vous les avez devant vous Dictatrice. Ce sont les seuls sur les trois-cent Assassins de la Légion.
  • La Légion doit être assez active pour réussir à faire autant de missions, ils sont jeunes en plus !
  • Comme vous le savez, le monde est toujours en proie à la folie meurtrière de l'Homme qui se bas jusqu'au sang pour des bêtises... pouvoir, religion, territoire. Qu'il s'agisse de défendre les intérêts de sa nation, de son pays ou ceux de ses supérieurs hiérarchiques, de ses patrons... de son maître... ou de conquérir, de détruire, ils se font la guerre depuis des millénaires.
  • Je me demande parfois si les Hommes n'ont pas passé plus de temps en guerre qu'en Paix... le paroxysme de la violence humaine semblait avoir été atteint lors des Guerres Mondiales du 20e siècle, mais la Nouvelle Guerre a prouvé que non. Et il y aura des guerres bien plus violentes à l'avenir sans aucun doute.
  • Je ne l'espère pas. Mais actuellement je ne peux que vous donner raison, les relations entre les payx sont fragiles et Europa est très active afin de maintenir l'équilibre mondial en ayant une politique assez intrusive. De manière diplomatique ou de manière forte... et parfois... plus subtile.
  • Et c'est là que les Assassins entre en scène, je présume ?
  • En effet...

 La jeune fille, Horus, venait de s'être avancée d'un pas, elle regarde fixement le Consul.

  • Puis-je m'exprimer, Consul Arcadia ?
  • Allez-y.
  • Merci. Nous entrons en scène, comme vous dites, afin d'éliminer les personnes qui n'agissent pas dans les intérêts de la paix commune. Mais certains pays ont le problème majeur de ne pas avoir de gouvernement fort, ces pays sont donc fragmentés en milice qui se battent pour contrôler. Il sont violents. D'ailleurs, si vous êtes Russe, vous devez savoir de quoi je parle. Enfin, ces milices, ces mercenaires, sont dangereux pour la paix. De plus, ils tentent à intervalles régulières de franchir la frontière. Les terroristes qui ont fait l'attentat du Nouvel An sont probablement des membres de ce genre de milice. Enfin bref, nos missions se résument à ce genre de chose...
  • Merci pour tes explications, Horus.

 Elle me se contente de me sourire pour réponse. Le Consul reprend la parole et me les présentes plus précisément. Il commence par désigner la fille, Horus. Elle est entrée dans l'Unité Légion à quinze ans, ce qui est exceptionnel car il faut des années pour intégrer la Légion, et le fait qu'elle soit devenue Assassin Faucheur en seulement six ans montre ses capacités extraordinaires. Le second est Redsky, vingt-huis ans, et le dernier Astronaut, trente-cinq ans. Il semblerait que je n'ai pas le droit de connaître leur véritable identité, mais je doute que le Consul lui-même en sache quelque chose.

 Une fois cela fait, le Consul estime que je sais désormais tout ce que je dois savoir sur les Faucheurs. Nous sortons donc du bureau, Horus est "invitée" par le Consul à nous ramener, Evans et moi, à la sortie. Nous en profitons donc pour discuter un peu sur le chemin alors que les deux autres s'en vont s'entraîner au tir. Horus est une fille assez jolie, en-dehors de la formalité je remarque qu'elle a toujours un sourire sur le visage, elle semble plutôt heureuse.

  • Ton pseudo, c'est un Dieu Egyptien masculin, toi tu es une femme...
  • J'aime la sonorité, mais ça n'a rien de symbolique, me répond t'elle machinalement.

 Je ne dis rien de plus, je dois avouer que j'apprécie son nom de code. Evans est toujours avec nous et sort d'un silence qu'il garde depuis que nous sommes revenus dans le bureau avec les Faucheurs, alors que nous arrivons bientôt à la sortie.

  • Au fait Lina. Nous allons devoir visiter la Sheep Research, après-demain sans doute. Mais je ne pourrais pas venir alors j'ai demandé au Consul d'autoriser Horus à s'y rendre avec toi.
  • Horus ? Elle ? Mais pourquoi, c'est une militaire pas un guide...
  • Je connais les labo', fait-elle. J'accepte si le Consul me l'ordonne, je n'ai pas à refuser.
  • Tu es loyale à Europa, Horus ?

 Elle s'arrête un instant, surprise par ma question avant de reprendre sa marche et me répondre comme j'espérais l'entendre.

  • Bien sûr que je suis fidèle à Europa, Dicatrice ! Je suis loyale à l'Unité Légion, à mon Consul, aux autres Légionnaires et surtout à Astronaut et à Redsky ! Notre loyauté pour vous ne prendra fin qu'à notre dernier souffle, et cela va de même pour n'importe quel Europan digne de l'être !
  • Vous vous entendez-bien tous les trois alors ? Tu peux me dire ton prénom ?
  • Beaucoup oui. Je ne peux pas vous le dire, pas ici du moins parce que... vous savez, les règles sont les règles... on évite de donner nos identités au cas où il y aurait des espions infiltés même si c'est peu probable. Vous savez, les Assassins sont véritablements détestés en-dehors d'Europa puisque nous sommes... des assassins justement. Enfin, on préfère l'anonymat.
  • Je comprends parfaitement. Tu peux me tutoyer au fait.
  • Si ça te fait plaisir...

 Nous nous retrouvons à la sortie, Horus confirme qu'elle viendra avec moi à la Sheep Research. Je ne sais pas réellement ce dont il s'agit mais je le saurais après-demain. En attendant, une fois dehors avec Evans, nous faisons le bilan de la journée. Elle a été très instructive pour moi en tout cas et j'ai appris beaucoup de choses sur Europa. Son armée est impressionante, puissante... voir terrifiante ! Une énorme partie du budget Europan doit passer dans l'armée quand je vois ses infrastructures.

 Je suis rentrée chez moi. Cette journée a été chargée et j'ai besoin de me reposer un moment, me prendre une douche et perdre mon temps sur le balcon à lire ou à regarder la ville et l'horizon que je peux voir d'ici. Mais avant je jette un coup d'oeil à mes messages pour voir si mes parents ont répondus. C'est le cas, ils sont heureux de savoir que ça va "bien". C'est faux, ils ne savent pas la vérité, ils nesavent pas quelleétat je me trouve, sans mon copain, sans ma soeur... je me sens mal et j'ai honte de devoir leur mentir... je ne leur réponds pas immédiatement, j'ai un sentiment de malaise. S'il pouvez savoir...

 Je me dirige vers la salle de bain, j'ai besoin de prendre une douche, bien chaude. Plutôt un bain même. Je me glisse dans la baignoire, l'eau chaude me décontracte. J'ai pris soin d'allumer un diffuseur d'odeur artificiel, je me laisse emporter par le bruit du remou de l'eau, le bruit de la fontaine murale de ma salle de bain, le bruit de la pluie dehors... il vient de se mettre à pleuvoir, je ne pourrais pas lire sur le balcon. Lentement, je quitte la réalité, je fermeles yeux et je songe. Je revis ma vie, les images défiles : quand je n'étais qu'une enfant, puis adolescente, les jeux avec ma soeur, quand je faisais mes recherches pour écrire... je ne songe qu'aux bonnes choses, les gamins moqueurs, l'hypocrisie des gens, la misère de la Russie, la mort, la puanteur, la maladie... je n'y pense pas. Je continue simplement le fil de ma vie, entre les calins à mes parents, les petits boulots pour me faire de l'argent. Je revois cette vie que je ne parviens pas à aimer, ni à détester. Les gens ne me manquent pas mais mes parents tellement... j'aimerais être avec eux. J'aimerais qu'ils connaissent ce que je connais. Et maintenant, j'en arrive alors à notre départ d'Astrakhan, ma soeur était encore-là avec moi. Il y avait ce gamin, Ian... il est mort désormais. C'était il y a plus d'un an, j'ai fais tant de chemin en si peu de temps. Depuis, j'ai connu un nouveau monde, une nouvelle société, la richesse, l'amour, ma première fois, le plaisir... la tristesseet la mort, la haine et la colère... 


 La haine.

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