Retrouvailles

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 Je me réveille doucement, je sens la chaleur du soleil sur ma joue qui filtre à yravers la baie-vitrée. Il fait jour... je me suis endormie sans m'en rendre compte. Je constate que je suis nue, avec une simple couverture pour me couvrir. Je me lève au bout de quelques minutes, Lucien n'est pas là. Je le trouve dans la cuisine, j'en profite pour regarder l'heure affichée sur le four : dix heures.

 Voyant que je commence à m'affoler, car je devrais normalement travailler, Lucien vient vers moi et me prends la main.

  • Ne t'en fais pas pour ton travail, je t'ai donnée une dispense. Et tu n'auras pas à la rattraper.

 La dispense est un moyen pour justifier une journée d'absence de travail. Il faut la demander auprès du Bureau de Travail - Propagande dans mon cas - avec des explications. La journée est généralement rattrapée sur un jour de repo.

 Je remercie mon copain pour son geste, c'est gentil de sa part d'avoir pensé à ça. De plus, je remarque qu'il a préparé le petit-déjeuner pour nous deux. Je regrette presque de ne pas m'être levée plus tôt pour le lui préparer...

  • Assied-toi Lina, fait-il en souriant. Tu me diras ce que tu penses de mes crêpes, je suis pas très doué alors...
  • Elles sont excellents, répondis-je en souriant, juste après avoirgoûté un bout.

 Un petit moment de silence s'immisce, seuls les bruits de mastiquation règnent. Lucien finit par reprendre la parole en premier et me poser une question qu'il semble avoir en tête depuis un moment.

  • Tu te sens... tu te sens comment, maintenant ? Je veux dire... ce qu'on a fais hier.
  • C'était très bien. J'ai... j'ai aimé, je me sens légère aujourd'hui.
  • Tu sais que je t'aime ? il me prend la main et mêle ses doigts aux miens.
  • Je t'aime aussi. Au fait, tu étais... puceau toi ?

 Lucien fait une petite grimace, à son faciès gêné je devine la réponse. Je ne suis pas sa première fois. Mais je comprends, il a le droit d'avoir eu des relations avant moi, surtout à son âge. Nous continuons à discuter de cette soirée un petit moment, avant de parler de choses bien plus sérieuses et intéressante d'un point de vu de carrière : ma nomination probable, selon lui, comme Gestionnaire Propagande.

 Le Conseil est composé de dix personnes dont neufs Gestionnaires - des Elites Diplômés obligatoirement - chargés d'un rôle précis, et du Président d'Europa. Bien sûr, il n'y a pas de choix des Europans pour ce Conseil. Le Président est choisit parmis les Gestionnaires par les Gestionnaires. Et une personne peut intégrer le Conseil uniquement par leur choix, c'est donc très restreint, ce n'est pas une démocratie.

 Lucien m'explique donc qu'il a reçu un message, à propos de ma nomination, qui semble confirmer la chose. Je devrais donc en recevoir un bientôt.

En tout cas, nous sommes donc officiellement en couple et j'ai hâte de travailler avec toi, annonce t'il en guise de conclusion. Je vais devoir aller travailler, tu peux rentrer te reposer si tu veux, ou te balader. Je te fais cadeau de la dispense pour ce coup. Et elle ne tâcheras pas ton Journal de travail, ne t'en fais pas.

 Le Journal de travail est une sorte d'équivalent du Curriculum Vitae, mais au lieu d'être un suivi d'expérience, c'est un récapitulatif de nos journées de travail et de ce qu'on y a fait... c'est gérer par nos HolopIA et ça ne fonctionne que du moment que l'on porte l'uniforme. Comme nos Bureaux respectifs de Diplôme connaissent nos emplois du temps, il est impossible de tricher sur ça, car le port de l'uniforme est vérifié et il est interdit de travailler en dehors de nos horaires.

  • Je vais rentrer oui je suis assez fatiguée, et je crois que Aleksandra est libre aujourd'hui. Je vais aller la voir je pense...
  • C'est une bonne idée, je t'embrasse mon coeur. On se voit bientôt, oh tu seras convoquée au Conseil sans doute.
  • Oui, à plus tard. On peux se parler par l'Holo ce soir.

 Il fait un oui de la tête. Il prend la tram pour partir en direction de la zone de travail de La Capitale, quant à moi je reste en zone d'habitation, entre-temps j'ai envoyé un message à ma soeur pour savoir si elle était disponible, sa réponse étant positive je me dirige vers chez elle. Aleksandra habite plus loin, son appartement étant situé proche du centre de médecine.

 Il faut à peu près une demi-heure de tramway en trajet semi-direct pour m'y rendre malgré la distance. Elle vit presque aux limites de La Capitale, mais elle partage une vue tout aussi magnifique sur la mer. Son immeuble est plus petit que le miens, cela dit elle paye aussi moins cher le loyer.

 Je toque à la porte et elle vient m'ouvrir en me prenant dans ses bras, le sourire aux lèvres qui lui monte jusqu'aux oreilles. Ca faisait un petit bout de temps que nous ne nous étions pas vue, Aleksandr a beaucoup de travail, elle passes ses journées à l'hôpital. Et comme nous n'avons pas de jours de repos en commun, il est difficile de nous voir.

  • Je suis contente Lina, entre viens !
  • Alors petite soeur, quoi de neuf depuis la dernière fois ?
  • Du boulot ! Et encore du boulot ! Mais j'ai un bon salaire, je suis contente. Je me suis fasis des connaissances surtout, et toi ?
  • Comme toi, et tu ne vas pas deviner LA nouvelle surtout.
  • Ca concerne Lucien, je paris ?
  • Dans le mille.

 Aleksandra me fais un clein d'oeil, je lui met une tappe sur l'épaule pour protester. Elle m'imite, puis reprends.

  • Alors, tu as fais quoi ?
  • Nous avons passé la soirée ensemble, un repas en tête à tête chez lui et...
  • Non ! Ne me dis pas que...
  • Si, c'est fait.
  • Bah bravo grande soeur, tu es une adulte maintenant ! fait-elle, moqueuse.
  • Sale garce ! Et toi, avec ton copain ?
  • On discute mais c'est pas la relation rêvée, il a tout de même postulé pour être Elite.
  • Tu penses qu'il a une chance ?

 Elle secoue la tête en guise de oui. Elle me propose ensuite si je veux voire quelque chose et que nous pourrions en profiter pour discuter à propos de nous, de ma soirée avec Lucien, de nos parents... j'accepte et elle me sert alors un thé un peu spécial qu'elle a acheté ici. Un thé rouge à la rose, bambou et grenade, je ne sais pas si ça se boit mais Aleksandra semble adorer ça. J'ai encore en mémoire le thé que nous faisais notre mère, le thé classique en Russie, noir qu'elle parfumait avec le miel d'un apiculteur avec qui nos parents étaient proches.

  • Tu le trouves comment, le thé je veux dire ? me demande t'elle.
  • Il est bon... c'est très bon, réponds-je après avoir finalement goûté.
  • Alors, tu me parle de ta soirée avec Lucien s'il te plaît ?

 Aleksandra me demande ça toute excitée. Alors je lui explique notre soirée, en omettant les détails de notre rapport sexuel qui ne la concerne pas. Le sourire sur ses lèvres ne s'est pas effacé une seule fois pendant tout mon récit, elle semble tellement contente que j'ai "passé le cap" de l'amour. Elle me pose tout un tas de question qui me gênent un peu : comment je me sens, ce que ça fait... elle essaye de comparer avec son expérience.

 Je'amène la discution sur nos parents pour changer de sujet, je suis plutôt honteuse sur celui des relations amoureuses. Aleksandra le voit et accepte de ne plus me poser de questions sur ça. Alors, nous parlons d'Astrakhan, nous parlons d'eux.

  • Qu'est-ce qu'ils font selon toi ?
  • Je ne sais pas, après notre dernier message remonte à trois jours. Ils doivent continuer leur vie tranquillement sans nous.
  • J'avoue qu'ils me manquent.
  • Moi aussi Alek'.
  • Tu sais, je pense souvent à Ian.Je n'arrive toujours pas à me remettre de...
  • Je sais, c'était il y a des mois... tu dois passer à autre chose Aleksandra. Tu n'y peux rien, et on n'aurait pas put l'empêcher.

 Elle ne réponds pas, se contente de faire une grimace et garder la moue triste. Je n'apprécie pas de la voir ainsi, la tristesse agresse son beau visage. Elle est bien plus rayonnante quand elle sourie. Ma soeur ne me ressemble tellement pas... ni physiquement, ni mentalement. Nous sommes presque opposées et en même temps complémentaires l'une pour l'autre. Presque inséparables.

 Finalement, je me rends compte qu'il se fait tard, j'embrasse ma soeur en lui disant que j'ai apprécié de la revoir, et j'espère que l'on se remettra ça. Je prends le tramway retour pour rentrer chez moi. Direcement arrivée dans mon appartement, je me déshabille et me mets dans le lit moelleux et chaud pour dormir. Je suis fatiguée et demain, j'ai du travaille moi aussi.

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