Visite à Narbonne

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 Je me retrouve devant la Mairie à 11:45. Lucien m'a donné rendez-vous pour se voir après la matinée alors que je suis en journée de repos. Il semblait heureux de pouvoir me retrouver lorsque je l'ai appellé.

 Je constate que la Mairie est bien plus impressionante quand on est à tout en bas, avec toutes ces personnes qui vont et viennent, pressées ou non, en uniforme ou non. Le tramway passe juste devant la Mairie, desservant l'arrêt le plus fréquenté de toute La Capitale... c'est bruyant de conversation et c'est tout. L'absence de voiture et les tramway silencieux font que la pollution sonnore est absente. La verdure, cet aspect végétal, dégage une atmosphère plaisante et légère... paradoxalement je ne me suis jamais sentie aussi libre que dans une ville de plusieurs millions d'habitants, soit presque l'ensemble des Elites Diplômées.

  • Salut Lina ! me lance Lucien qui sort enfin de la Mairie.
  • Oh salut, je lui fais la bise.Sympa ton uniforme de Président !

 J'observe son uniforme noir avec son jeu de couleur orange, qui dénote donc le Président et les membres du Conseil Europan. Il rigole.

  • Président ou pas, je ne déroge pas à la règle. L'uniforme est obligatoire comme pour tous ceux qui travaillent. Et comme elle le stipule, je dois rentrer chez moi me changer, tu veux m'accompagner ?
  • T'accompagner ? je manque de m'étouffer. Euh... pourquoi pas... mais...
  • C'est juste pour me changer, fait-il pour détendre l'atmosphère, remarquant que je rougis. On ira en ville ensuite, je suis de repos l'après-midi.

 J'accepte sa proposition. Je me sens un peu comme une privilégiée d'être avec le Président d'Europa en personne, et d'aller chez lui ! Mais je me rend compte que ça ne semble pas être un problème ou exceptionnel chez les Europans, personne ne prend la peine de regarder Lucien malgré sa tenue et le fait qu'il soit sans doute connu, même si son garde du corps nous suit.

 Je questionne Lucien sur le sujet, et ce dernier me fait comprendre qu'à Europa il n'y a pas de fanatisme sur la question politique. Le Président comme les Conseillés sont égaux aux autres Europans, qu'ils soient Elites ou simple Diplômés. Je comprends donc qu'il ne porte pas la même symbolique et la même valeur que ceux qui pouvaient être Président en France avant la guerre, ou même du Néo-Tsar Russe que nous avons désormais en Russie. Le Néo-Tsar, Vlasi Kataïev, est une figure importante et supérieure à toute la Russie et ses citoyens, une fille ordinaire comme moi n'aurait jamais pu l'approcher...

 Après un cours trajet en tramway, nous arrivons à son appartement. Il n'habite pas loin de chez moi. Toute la côte est, de toute évidence, le quartier résidentiel d'Europa. Ca semble un peu plus grand et spatieux que chez moi, mais d'un rien. Pas de privilège pour le Président on dirait.

  • Tu peux te mettre sur le canapé ou faire un tour sur le balcon le temps que je me change, me lance t'il.
  • Qu'est-ce que tu veux faire ensuite ? 

 Il me répond depuis la chambre.

  • Je sais que tu adores l'Histoire, je pensais te faire une surprise.
  • Une surprise ?
  • Ouai, tu vas voir, tu vas adorer !

 Je me demande bien ce que je peux adorer, certe La Capitale est impressionante et il y a certainement bien des choses à voir mais en rapport avec mon amour de l'Histoire... quand Lucien revient, je suis en pleine réflexion, ce qui ne mange pas de le faire rire.

 Une fois sortis de l'immeuble, il passe devant moi pour me guider. Dans un premier temps nous prenons le tramway, classique. Après une vingtaine de minutes de trajets à discuter d'un peu tout, j'aperçois une sorte de mur d'une dizaine de mètre de hauteur en vitrine intelligente comme j'avais à l'appartement de Müllrose. Je parviens à lire en grosse lettre "Musée de la Narbonne Historique".

 Je regarde Lucien en penchant légèrement la tête de façon à dire "non ! C'est possible ça ?!". Il me fait un clein d'oeil. La ville historique où s'est dévellopé La Capitale d'Europa !

  • Comment ça ville historique ? m'exclamais-je.
  • Pas mal de villes d'avant Europa ont survécues à la Nouvelle Guerre. Et les capitales de chaque territorialité ont conservées la ville historique... tu peux visiter Paris, Londres, Berlin...
  • Je n'ai pas vu la Berlin de l'époque mais je n'y suis pas restée assez longtemps. Les villes Europannes sont si grandes !
  • Eh bien rien que pour La Capitale c'est presque 4000km², donc oui.

 Rien que ça, en comparaison Astrakhan est d'une superficie de 500km². Nous passons les vitrines séparant la ville Europanne de la ville française. Un véritable parcours est tracé, avec des panneaux explicatifs de la fondation de la ville en -118 par Domitius Ahenobarbus jusqu'à son vécue lors de la Nouvelle Guerre en 2060. Une conclusion explique le choix de La Capitale à proximité d'ici et l'accroissement de la ville jusqu'à notre époque, quelques années avant ma naissance.

 Le reste de la journée, nous visitons plusieurs endroits de l'ancienne ville. Nous débutons par le centre-ville où se trouve la Via Domitia, les restes d'une route romaine datant de la même époque de la fondation de la ville et par la même personne. Il y a face à nous le Palais des Archevêque, un grand et bel ensemble architectural.

  • Puisque tu aimes l'Histoire, je vais te parler un peu du Palais, me fais Lucien en souriant. Son architecte n'est pas connu mais Viollet-Le-Duc s'est occupé d'opérer des changements au niveau de l'Hôtel de ville. Il y a un mélange roman et gothique, et à gauche ce que tu vois c'est la tour du Donjon Gilles Aycelin, érigé entre 1290 et 1311.
  • Et son hauteur est de 41 mètres, c'est marqué sur l'affichage tu sais ? Plaisanté-je voyant qu'il lit discrètement. Il détourne le regard.
  • Ah zut... bon je t'avoue, je ne suis pas très bon en Histoire.
  • C'est pas grave ! Mais, tu peux peut-être me faire la visite du reste n'est-ce pas ?

 Il rigole et me prend par la main, je suis surprise mais je ne réagis pas à son geste. Il m'amène un peu plus loin, jusqu'à ce que nous arrivions à la Cathédrale dans laquelle nous pouvons entrer. Il me fait visiter, et j'apprends tout un tas de choses sur l'Histoire de cette ville et cet endroit. Ensuite nous visitons l'Horreum romain, puis nous allons aux Halles de la ville avant de nous reposer un moment sur un banc aux abords du Canal du Midi qui traverse Narbonne. De là, nous avons vue sur le Pont des Marchands, le Palais des Archevêques et la Cathédrale qui s'élèvent au-dessus des autres batiments.

 C'est très reposant de profiter de cet endroit autrefois nommé "Les Barques". Il y a quelques autres "touristes" qui sont là et font de même. Certains doivent profiter de leurs temps de repos pour venir ici et s'éloigner de toute la modernité et technologie électronique d'Europa de La Capitale.

 Nous discutons alors un peu.

  • Alors Lina, que penses-tu de cet endroit ? me lance t'il de façon décomplexée.
  • C'est très joli, et agréable !
  • Moins agréable que toi cela dit.

 Je rougis immédiatement en bafouillant quelques mots, ne sachant que répondre.

  • Euh... merci c'est... gentil, je suppose... (quelle idiote je fais). Hum, pourquoi La Capitale a été placée ici ?
  • Je crois que pendant la guerre ils avaient décidé d'établir une Capitale pour Europa, Paris l'ancienne capitale de France est restée celle de la Territorialité. Pourquoi l'avoir mise en France, pourquoi ici... difficile à dire.
  • Je pense que c'est stratégique, fais-je en fixant le regard devant moi, face à la facade d'un immeuble.
  • Comment ça ? me demande Lucien, ne comprenant pas ce que je veux dire.
  • J'ai étudié la Nouvelle Guerre quand j'étais à Astrakhan, pour comprendre pourquoi je vivais dans un tel endroit. Quand je suis arrivée à Europa, mes recherches se sont améliorées avec le réseau... avec mon Diplôme de Propagande j'ai accès aux archives Europannes et pré-Europanne. Je maîtrise ça, l'Histoire... c'est un peu mon domaine. Alors rapidement, tu vois, je me suis attelée à un travail personnel en plus de mes articles de Propagande... j'ai nommé ça "Des Origines de Europa depuis la Nouvelle Guerre : comprendre l'Europa". C'est encore vague et brouillon mais... ça avance.
  • J'aimerai bien le lire, si tu veux. Ca m'intèresse pas mal... j'apprécie lire tes articles aussi.

 Je tourne la tête vers Lucien et me rapproche un peu de lui.

  • Tu lis mes articles ?
  • Oui. Ce sont de très bons articles, j'ai appuyé ta demande de passage comme Elite d'ailleurs sur ça.
  • Je ne savais pas... merci.

 Lucien me sourit en retour. Alors que je frisonne à cause du vent frais, il me prend contre lui pour me réchauffer. Je reste muette et mon visage se fige. Qu'est-ce que je suis censée faire à ce moment là ? Je ne sais pas comment réagir, entre rester paralysée ou accepter la chose... c'est si étrange. Je n'ai pas peur de me retrouver face à des bandits en Russie, mais j'ai peur d'un calin... Heureusement, il arrête au bout de quelques minutes, qui me semblèrent bien longues, pour me dire qu'il fallait peut-être rentrer. Je réponds que c'est une bonne idée.

  • Au fait Lina. Est-ce que ça te dire d'aller au restaurant demain soir ?

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