Diplômée Propagande Professeure

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 Ma première journée de professorat est pour aujourd'hui. Je me réveille, salut ma petite soeur qui est déjà débout, prend mon petit déjeuner, m'habille et m'en vais pour me rendre à l'école. Je m'y suis déjà rendue pendant la vieille pour me formaliser avec ce qui m'attends, au moins le trajet n'est pas nouveau pour moi. Je suis donc rassurée.

  • Bye Lina, à ce soir !
  • Bonne journée Alek, amuse toi bien à faire la médecin !
  • Et toi à faire la Mademoiselle la Prof !

 Après une quelques dizaines de minutes de trajet je me retrouve face à l'école de Müllrose. Elle partage l'esthéthique générale des batiments ici, un immeuble d'une dizaine d'étages, avec un mélange de couleur entre le blanc, le noir et le gris. Seules quelques touches de bleu viennent changer l'aspect par rapport aux autres batiments.

 J'entre dans ma classe, vêtue de mon uniforme noir et bordeaux, il me rend plus adulte, plus femme. J'ai l'impression de devenir une nouvelle personne en le portant. Les élèves Europans, des sans Diplômes qui sont là pour apprendre, me saluent. Eux, ils ont la chance d'avoir ce que je n'ai jamais eu : de véritables cours, destinés à devenir des Diplômés. Et pourtant, quelle ironie, désormais c'est moi qui vais faire d'eux de futurs ce que je suis maintenant, alors que je n'étais qu'une migrante il y a peu de temps. Et je suis leur professeure, je suis supérieur hiérarchiquement.

 Cette idée me procure un plaisir que je ne connais pas. Celui d'être au-dessus, d'être meilleure, de donner des devoirs, des conseils, plutôt que de recevoir... Je reviens rapidement sur terre, et je salue cette classe d'enfants que je ne connais pas. C'est mon premier jour avec eux.

  • Bonjour. Je suis votre Diplômée Propagande Spécialisée Professorat. Mon nom est Avdeeva, je suis ici pour vous enseigner l'Histoire Europanne. Avez-vous des questions ?
  • Oui ! Moi, Diplômée Propagande Professeure ! Fait un garçon au fond de la classe. Je l'interroge. Je voudrais savoir si les rumeurs à votre sujet sont vraies ?
  • Quelles rumeurs, demandé-je déconcertée.
  • Celle que vous êtes une migrante. C'est tellement rare une migrante Diplômée Propagande, et Professeure en plus ! Les migrants préfèrent aller dans des Diplômes plus simples d'accès en général...
  • Je viens de Russie, oui. Pourquoi ?

 Une jeune fille tout devant prend la parole avant que le garçon ne puisse me répondre. Elle me dévisage, semble intriguée par ma présence. Elle se lève pour parler, sans que je ne sache guère pourquoi.

  • Mon père venait de Russie... dit-elle tout doucement. Il est arrivé à Europa il y a des années, avant même ma naissance. Il a rencontré ma mère ici. Il n'a jamais voulu me dire à quoi ressemble la Russie, comme si il voulait fuir... je voudrais vous demander... de façon plus personnelle, de quoi ça a l'air ?

 Je la regarde quelques secondes, ne sachant trop quoi répondre avant de lui demander de s'asseoir. Ensuite, je m'approche de sa table pour lui décrire mon pays natal, tout ce que je peux lui dire. Je ne sais pas à quoi ça pouvait ressembler du temps de son père, mais du miens ce n'était pas si affreux, sans pour autant être un Paradis sur Terre.

 Par la suite, je poursuis mon enseignement jusque la fin de la journée. Mon temps à faire l'enseignement ne dure qu'une matinnée et je suis libre l'après-midi pour travailler le cours du lendemain. Je dois avouer que mon emploi du temps fait un peu privilégiée par rapport à ma soeur.

 Alors que je suis dans le transport en commun, je remarque un homme qui me semble étrangement familier. Je ne peux être sûre de rien, mais j'ai une impression de déjà vu, je m'en approche alors discrètement pour me mettre sur son côté afin de mieux l'observer. Et là... je le reconnais : c'est le garçon que j'avais accosté à Astrakhan. Alors comme ça, c'était un Europan. Il ne m'avait jamais précisé d'où il venait.

  Je cherche à lui toucher l'épaule quand un homme dans un étrange uniforme noir et blanc m'arrête net en me prenant la main et en me poussant à l'écart. Le garçon tourne la tête, surpris. Alors que l'homme allait me maîtriser douloureusement, comme si j'étais une criminelle, il lui ordonne de s'arrêter.

  • Arrête-toi, M83. Ne lui fait pas de mal !
  • A vos ordre, Elite Diplômé Président.

 Je m'étouffe en ayant entendu le titre. Président ? Ce garçon, que j'ai rencontré à Astrakhan,à qui j'ai parlé, et qui se balade librement dans un transport en commun serait Président ? Celui d'Europa en plus ?! Je ne peux pas y croire, j'ai sans doute mal compris... il ne peut pas s'agir de ça.

 Il s'approche de moi et me demande si je vais bien. Je suis un peu sonnée, mais je lui réponds que oui. Il me fait un beau sourire, avant de commencer à me parler alors que son pobablement garde du corps - qui n'a pas l'air d'avoir de Diplôme attribué - fait circuler la foule ammassée autour de nous.

  • Je te reconnais. Tu es cette fille que j'ai rencontrée en Russie. Celle qui apprécie les vieux livres et le papier.
  • C'est moi. Je ne pensais pas que... vous pourriez me reconnaître.
  • Tu peux me tutoyer. A Europa, nous sommes tous égaux les uns aux autres. Fait-il en balayant de la main, comme pour effacer mon vous. Il reprend. Comment ne pas reconnaître les cheveux d'une telle femme ?

 Je le regarde, d'un oeil soupçonneux. Il se reprend en se rendant compte que la façon dont il venait de formuler sa phrase était bien trop suggestive.

  • Je veux dire, des cheveux auburns comme les tiens, il n'y en a pas deux !
  • Hum... si vous... si tu le dis. Que faites-v... que fais-tu ici ? Je veux dire, j'ai entendu le mot "Président".
  • Oh... écoute, je suis un peu pressé actuellement mais je connais un restaurant assez sympathique à Müllrose, donne juste ton Diplôme et ton nom que je puisse te contacter et je t'expliquerais ça en privé.
  • Comme vous voudrez... je veux dire, comme tu voudras. Je suis désolée, j'ai du mal à tutoyer les gens. Je suis Diplômée Propagande Avdeeva.
  • Je note ça, merci. A une prochaine !

 Je lui fais un salut à mon tour en m'éloignant de lui. Quelle étonnante rencontre, et assez peu probable d'ailleurs. Mais j'espère bien qu'il me contactera pour me fournir de plus amples explications, car je ne suis pas certaine de tout comprendre actuellement.

 Il descend à l'arrêt en direction du Bureau des Habitations de Müllrose. Il a sans doute beaucoup de travaille à faire, bien plus que moi.

 Après quelques minutes de trajet, c'est enfin à moi de sortir. Et de retour à la maison alors que l'après-midi débute à peine, j'ai le temps de consulter mes messages sur l'ordinateur avant d'écrire les cours pour demain matin. Je remarque un massage de nos parents. Ils ont répondus !

 J'ai attendu toute la journée avant de l'ouvrir. Je voulais attendre Aleksandra pour ça. Alors qu'elle vient de rentrer je lui saute dessus, en lui donnant la bonne nouvelle. Elle tombe des nues, et se jette sur l'ordinateur pour lire ce qu'ils nous ont répondus.

 Mes chéries. Nous avons reçus votre message et vous ne pouvez pas savoir à quel point nous sommes heureux de vous savoir en bonne santée. En vie ! Maman est heureuse, elle qui se fait du souçis depuis si longtemps. Je suis certain que vous êtes bien mieux là-bas que vous ne l'aurez été ici. Même si la Russie devient de mieux en mieux avec le temps, c'est encore bien loin du bonheur que vous devez avoir.

 J'espère, surtout toi Lina, que vous nous enverrez des messages le plus souvent possible. Que vous nous racconterez votre vie à Europa. Ce que vous faites, comment ça se passe. Enfin, de ce que tu peux dire. Aleksandra, je suis désolé pour ton ami. Maman a faillit faire une crise cardiaque quand elle vut que vous avez été attaquées... mais elle est rassurée.

 Nous vous embrassons bien fort les filles. Portez-vous bien, et soyez heureuses ! Nous pensons très fort à vous deux.

 Papa et maman.

 La réponse de nos parents me fait chaud au coeur. Ils vont bien eux-aussi. Je m'empresse de leur répondre avec ma soeur, de leur dire un peu ce que j'ai fais aux dernières nouvelles. Une fois le message terminé et envoyé, ma soeur s'en va vaccer à ses occupations. Quant à moi, je flane un peu sur le réseau Europan, à lire l'actualité et discuter de divers sujets sur les différents forums à dispositions. J'en apprends beaucoup sur bien des sujets.

 C'est d'ailleurs l'une de mes principales qualités, je le passionne pour énormément de choses en plus de l'Histoire : l'astronomie, la géographie, la musique, la littérature, la biologie... bien des sciences que je trouve fantastiques.

 Je continue mes affaires quand je reçois spontanément un nouveau message sur ma boîte de couriels. Il s'agit d'un message d'un certain EDPNio. Il s'agit du Président, et il semblerait qu'il ait tenu parole : il m'invite à manger avec lui dans un restaurant en ville demain.

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