Un message pour les parents

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 Nous sortons dans la rue pour aller faire quelques courses. Il est assez tard, la nuit commence déjà à tomber. Dans peu de temps, la ville va s'éclairer pour combattre les ténèbres. De ce que j'en ai vu depuis notre arrivée, ça a l'air fascinant, et je comprends mieux pourquoi l'on donne un tel surnom à Europa : toutes ces lumières en fond un rêve de lumière. 

 Nous marchons un peu, profitant de cette balade et d'un peu de liberté, pour trouver un endroit où acheter à manger. Les lumières finissent par remplacer le soleil déjà disparu laissant place à l'obscurité de l'espace. Aleksandra s'émerveille autant que moi, elle tourne la tête dans tous les sens afin de capter toutes les subtilités et merveilles qui s'offrent à nous. 

 Je vois son sourire, ses yeux qui pétillent. Nous n'avons jamais vu ça. Astrakhan n'était qu'une petite ville, et malgré les lampadaires à moitié fonctionnels, ses vieux batîments miséreux, sa population tête basse et dos courbé ne donnait jamais tel spectacle.

  • Lina ! C'est tellement fantastique !

 J'acquiesce ma soeur. Elle a raison. 

 Nous continuons à tourner dans les rues en nous enrichissant de bonheur, chaque minute de plus à Europa depuis notre arrivée ne fais que m'étonner. Et je n'ai vu qu'une petite partie, ce territoire est tellement vaste.

 Nous trouvons finalement une sorte de magasin qui ressemble un peu à ceux de notre ville natale, en plus moderne et plus grand. Il est situé au rez-de-chaussé d'un immeuble de deux ou trois étages. Une enseigne holographique indique qu'il s'agit d'un petit marché, sans doute celui du quartier où est situé notre appartement. Il est encore ouvert malgré l'heure assez tardive, alors nous entrons.

  • Wahou ! Lina, t'as vu ça ?! Y a pleins de produits, y trop de choses c'est gigantesque !
  • Je vois ça. Dire qu'à Astrakhan on avait à peine de quoi varier nos repas de la semaine et là... je ne sais même pas où en donner la tête.

 Je remarque cependant assez rapidement qu'il n'y a pas de marques différentes pour les produits. Ils sont tous annotés d'une étiquette. Je prends une boîte d'haricots rouges.

  • Europa Territorialité Allemagne. Haricots Rouges - Ferme Communale Müllrose.
  • Qu'est-ce que ça veut dire ? me demande Aleksandra.
  • Je pense qu'il n'y a pas vraiment d'entreprises privées, enfin peut-être des prodcuteurs... mais il n'y a pas de marque propre pour chacune contrairement à chez nous. Je pense qu'Europa centralise toutes les productions.
  • C'est possible... le fonctionnement d'Europa est complexe. Tu le sais mieux que moi en raison de ton Diplôme.
  • C'est vrai mais c'est pas aussi simple. Il y a des choses que je ne sais pas.

 Il est vrai que ma formation de Diplômée Propagande est censée faire penser que je connais Europa sur le bout de doigts. Pourtant, ce n'est pas le cas... Ce Diplôme est plus vaste, j'ai plus étudié son Histoire - historique, politique, sociale et bien d'autres domaines - que son fonctionnement interne. Mon objectif est de donner une image positive aussi bien aux Europans qu'à ceux qui voudraient venir, et non pas de leur expliquer comme ça marche ici.

 Après avoir fait les courses au prix de quelques dizaines uiE nous voilà de retour à la maison. Pendant que ma soeur s'occupe de ranger la nourriture, j'observe cet ordinateur. Normalement, tous les Europans possèdent le réseau Internet gratuit à très haut débit, et fort heureusement nous en avions aussi un à Astrakhan donc nosaprents pourront peut-être recevoir un message.

 Je m'assoie sur la chaise devant l'ordinateur, il n'est pas bien différent de celui que j'avais là-bas. Il n'est pas question d'hologramme ici mais d'un ordinateur physique, cela dit l'écran est très net. De plus, il est tactile et possède une commande vocale poussée. Je ne comprends pas tout, mais il semble être assez performant.

 Je dois créer un compte pour utiliser le réseau en précisant mon Diplôme et mon nom, le logiciel vérifie si je dois suis dans la base de donnée d'Europa et me confirme comme Europanne. Ma soeur devra en faire de même, mais je ne suis pas rassurée de ne pas pouvoir être anonyme : encore une fois, nous sommes surveillées. Une fois le compte fait, je peux naviguer librement sous le pseudonyme de DPAvd (pour Diplômée Propagande Avdeeva)... pour ma soeur ce sera sans doute DMAvd.

 Il y a fort heureusement un logiciel de messagerie, au nom d'InfoCom, qui semble pouvoir envoyer des couriels même à l'extérieur d'Europa. Comme nous sommes étroitement observées par le grand Big Brother, ils n'ont certainement pas de secrets à cacher. De toute évidence il est indiqué que les messages envoyés sont tous lus et validés ou non selon le caractère de ce dernier, donc de la censure. Quoi qu'il en soit, je commence à écrire pour nos parents.

  • Aleksandra ! Vient, je vais envoyer un message à papa et maman !
  • J'arrive ! me fait-elle depuis la cuisine avant d'apparaître quelques instants après.
  • Installe toi allez, et écrivons le ensembles toutes les deux !

 Elle se met à côté de moi sur une autre chaise. Elle est impatiente d'envoyer ce message à nos parents, elle attends ça depuis que nous sommes partis.

 Papa, maman... j'espère que vous allez bien. Voilà deux mois que nous avons quitté la maison. La dernière fois que nous nous sommes vus et parlés, maman était en train de pleurer. Et papa nous motivé à partir. Il voulait une vie meilleure pour toute les deux. Et vous devez vous demander si nous sommes toujours là, car après tant de temps sans nouvelles vous êtes surement inquiets.

 Je suppose que nous sommes déjà enterrées presque, n'est-ce pas ? Maman doit penser que nous sommes mortes, et à vrai dire ce n'est pas passé loin. Nous avons été attaquées par des bandits à Moskva, et des passeurs nous ont sauvés la vie. Cela dit nous avions rencontré un jeune garçon sur la route, il est mort à côté de moi. Aleksandra l'appréciait, pendant un long moment elle est restée sous le choc. Mais la réalité de la route nous a vite fait oublier.

 Nous sommes désormées à Europa, dans la ville de Müllrose. Je suis officiellemen nommée Diplômée Propagande, et ma soeur Médecine. Toutes les deux habitons dans un petit appartement assez mignon en ville. Demain, nous avons notre premier jour de travail... enfin, d'ici que tu reçois le message ce ne sera plus demain.

 Tu ne peux pas savoir combien c'est magnifique ici. Depuis notre appartement, nous pouvons voir dehors. C'est si beau la nuit, avec toute les lumières qui éclairent. je vois même des villes voisines. Et la technologie est impressionante ici, bien plus avancée qu'en Russie. C'est fantastique, je ne regrette pas d'avoir quitté Astrakhan même si la maison... vous me manquez.

 La suite de ce message est écrit par Aleksandra.

 Maman. Tu me manques, Lina s'est bien occupée de moi pendant le trajet. Elle a tenu sa promesse. Même quand les bandits nous tiraient dessus, elle m'a sauvé la vie. Ian, c'est le nom du garçon, elle n'a pas put. Elle s'en veut, mais ce n'est pas sa faute !

 Quoi qu'il en soit, Lina a raison. Cet endroit est génial, c'est un peu déroutant quand on arrive car il y a beaucoup desoldats à l'entrée. Mais c'est le principe d'une frontière après tout. En tout cas, il y a beaucoup de choses à faire ici, et nous avons des journées où nous n'avons pas de travail. Du repos... ce n'est qu'une fois par semaine en moyenne, mais c'est déjà mieux que rien.

 Je suis heureuse ici. Tu me manques beaucoup... et papa aussi bien sûr ! Mais ne vous en faites pas pour nous. Car nous sommes toujours là. J'espère avoir de vos nouvelles très bientôt !

 Par DPAvd.

14 Avril 2201.

  • Bien. Le message est partit Alek. Maintenant espérons qu'ils le reçoivent, ou que le message ne soit pas censuré.
  • Il ne le sera pas non ? On ne dit rien de mal.
  • Je suis plus inquiète sur le fait qu'ils pourraient ne pas le recevoir.

 Aleksandra me regarde avant de bâiller. Elle ne me répond pas mais rajoute simplement qu'elle va aller dormir car elle est fatiguée. Je dois avouer qu'il est tard, je le suis autant qu'elle. Nous prenons chacune notre chambre. Je rajoute, avant qu'elle aille se coucher, que demain soir en rentrant du travail nous allons répartir les taches de la maison. Aleksandra accepte, elle sait bien que je ne compte pas tout faire toute seule.

  Je prend la chambre avec l'ordinateur, le lit est assez large et doux. Confortable.

  • Je sens que je vais bien dormir ici !
  • Ne dors pas trop, demain on commence à huit heures Lina ! me charie Aleksandra en sortant de ma chambre.
  • Oui bien sûr, toi aussi d'ailleurs ! Sauf que moi je travaille ici ! Allez, bonne nuit petite soeur !
  • Bonne nuit, grande soeur.

 En effet, comme du Vendredi au Dimanche je suis censée être de propagande je travaille à l'appartement sur l'ordinateur et avec l'HolOp IA . Le lycée va devoir attendre. Mais je dois quand même me lever à huit heures et je suis très fatiguée de toutes ces démarches administratives...

 Je ferme doucement les yeux. Ma première nuit à Müllrose.

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