Chapitre XXXIX : Le camp des croisés

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Le reste de la soirée se passa dans le calme, Amanda réussit à se détendre un peu. Yann et elle parlèrent de Loukas, et ils relatèrent également diverses anecdotes. Yann avait beau considérer la relation qu’ils avaient eu comme malsaine et illégale, il accueillait avec humour les histoires qu’elle racontait sur ce qu’ils avaient fait tous les deux, à Tropyrr puis au royaume de la Terre. Son attitude avait changé depuis la veille, il ressemblait déjà beaucoup plus à l’image qu’elle avait gardé de lui après le conseil des Maîtres, il y a près d’un an. Son air triste et las s’effaçait au profit d’un comportement plus jovial et sincère. Parler leur avait fait du bien à tous les deux.

La nuit était bien avancée lorsqu’ils décidèrent d’aller se coucher. Amanda avait vraiment besoin de dormir, car ses actions de la journée l’avaient véritablement épuisé, et c’est sans doute pour cela qu’elle avait pu s’ouvrir si facilement à Yann, la fatigue l’avait beaucoup aidé à se confier. Pour autant, elle se méfiait encore de lui et éprouvait toujours énormément de colère à son encontre.

Le lendemain matin, elle fut debout sur le coup des neuf heures du matin, après avoir entendu du bruit dans la cour et aux alentours de la caserne. La ville était déjà bien éveillée à cette heure-ci, et les commerçants donnaient de la voix pour attirer les passants et vendre leurs marchandises. L’activité étant néanmoins bien moins forte qu’à Tropyrr, Amanda était habituée à bien plus de bruit, ainsi, elle trouvait l’atmosphère beaucoup plus paisible et calme, et elle resta au lit une bonne demi-heure, avant de véritablement se lever pour s’habiller et descendre manger un morceau.

Elle croisa quelques soldats de son unité au réfectoire : Aline, Irion, Tarra et Alexian, mais également deux éclaireurs, Rédouane et Aldo, qui avaient l'air pleinement rétabli. Ils l’invitèrent à se joindre à eux, ce qu’elle accepta avec joie, et tous purent prendre un petit déjeuner et bavarder un peu.

La Maître voulu savoir comment ils avaient occupé leur soirée, et elle appris donc qu’ils avaient organisé un petit tournoi de lancer de couteau, derrière la caserne, sur les vieilles cibles d’entraînement. C’est Rédouane qui menait la partie, jusqu’à ce que Darius les rejoigne et lui fasse mordre la poussière. Ils avaient ensuite fini la soirée au dortoir, avec les autres soldats, en discutant autour d’une bonne bouteille.

Amanda n’était pas certaine qu’ils aient vraiment le droit de boire à la caserne, même s’ils n’étaient pas en service. Elle avait cependant sa petite idée sur la question en constatant les réactions gênées de certains membres de l’unité. Elle choisit de ne pas les réprimander, mais se promis tout de même d’en toucher deux mots à Lilith, lorsqu’elle la verrait.

Justement, une fois son petit déjeuner terminé, elle leur demanda s’ils avaient vu leur caporale. Tarra lui répondit qu’elle l’avait croisée avec Pauline lorsqu’elles étaient parties s’occuper des salamandres. Elle était accompagnée par Jaken, Théo, Many et Baltier, ainsi que par le reste des éclaireurs qui n’étaient pas présent au réfectoire.

Elle remonta à sa chambre pour s’équiper, mettre son cache-poussière, son chapeau et attacher ses lames à sa ceinture, sans oublier son arbalète. Puis, elle descendit en direction des écuries et croisa Maître Yann en passant les portes de la caserne.

« Bonjour, Amanda. Tu vas bien ? ».

« Salut. Ça va, mieux que hier soir, j’avais besoin de repos. Et toi ? », lui demanda-t-elle en faisant son possible pour avoir l’air inamicale, ce qui n’était pas bien difficile.

« Pareil pour moi ». Il étira ses bras en poussant un profond soupire. « Je n’avais pas dormi dans un vrai lit depuis des semaines, ça fait beaucoup de bien ! ».

« Ah oui, c’est vrai que tu as fait tout le voyage depuis le royaume de la Terre. D’ailleurs, je ne t’ai pas demandé mais, quelqu’un de ton royaume sait que tu es ici ? ».

Il se gratta le menton un moment, avant de répondre. « Je n’en ai pas la moindre idée, en tout cas, je n’ai prévenu personne. Il n’y a par ailleurs personne à prévenir, je vais ou bon me semble, je suis un Maître après tout ».

« Moi aussi, et pourtant, j’ai tout de même un devoir à remplir ».

« Alors c’est que tu es plus importante que moi », lui confia-t-il, non sans une pointe de déception dans la voix.

Les écuries n’étant pas loin de la caserne, ils ne purent discuter plus longtemps, Maxim les apostropha depuis une étable voisine, et fit signe à sa commandante d’approcher.

« Bonjour, sergente. Qui y’a-t-il ? Avez-vous croisé Lilith ? Je la cherche ».

« Salutations, commandante. Je voulais justement vous dire qu’elle est passé par ici avec les intendants et quelques éclaireurs. Ils sont partis charger les chariots en vue du départ de cet après-midi, quant à moi je m’occupe des chevaux avec Pauline ». Cette dernière se tenait un peu plus en retrait et donnait un coup de brosse à l’une des montures, elle lança tout de même un signe militaire à sa commandante, avant de retourner à sa tâche. Plus loin, les salamandres sifflaient d’impatience, sans doute dans l’attente de leur repas, car elles lorgnaient sur les équidés en tirant la langue avec appétit.

« Du calme, les gros lézards. Vous avez entendu Maxim ? Les chevaux d’abord ! », leur expliqua la cavalière en agitant sa brosse sous leur énorme nez écailleux.

« Je ne suis pas convaincu qu’ils te comprennent, Pauline… », argumenta la sergente en roulant les yeux au ciel, l’air amusé.

« Bien sûr qu’ils comprennent, ce sont des animaux intelligents ! », expliqua-t-elle en prenant un faux air outré. « Vous n’avez qu’à me dire que je parle toute seule, tant que vous y êtes ».

Maxim se confondit en excuse avant de reprendre son travail, tandis que les deux Maîtres partaient en direction des chariots. Ils aperçurent en premier lieu Jaken, qui vint se placer par habitude à la droite de la commandante, une fois l’avoir correctement salué. Le reste de la troupe – dont Lilith – était en train de charger les chariots de caisse de vivre et de matériels divers, comme les tentes, du tissu, des ustensiles de cuisine et de ménage, de l’eau… etc.

Ils étaient également accompagnés par une autre personne, un homme qu’Amanda n’avait jamais vu, et qui donnait des instructions à Théo. Ce dernier lui adressa un signe de tête et un léger sourire lorsqu’il l’aperçu.

« Lilith, tout se passe bien ? Je vois que vous avez déjà bien avancé dans les préparatifs », lui lança Amanda en arrivant derrière elle.

La caporale se retourna vivement et son visage concentré et réfléchi s’illumina en la voyant. « Bonjour commandante, je suis contente de vous voir. Oui, en effet nous sommes plus que dans les temps, nous pourrons même partir en avance, si vous le voulez. De plus, j’ai quelqu’un à vous présenter ». Elle fit un signe à l’homme qu’Amanda avait repéré un peu plus tôt, et ce dernier s’avança en leur direction.

« Mes sincères salutations, commandante », dit-il en s’inclinant respectueusement.

« Je vous présente Félix », ajouta Lilith, « C’est un médecin de guerre, vous m’aviez demandé de voir ce que je pouvais faire pour que nous ayons une personne capable d’opérer des soins au sein de l’unité, c’est donc chose faite. Il fait désormais partie des geckos cendrés ».

Quelque peu surprise, Amanda remercia Lilith pour son travail, et demanda donc à Félix s’il avait de l’expérience de terrain.

« Oui Maître, j’ai en effet servi en tant que soldat pendant plusieurs années, mais avant cela je faisais partie de la guilde des guérisseurs, j’ai donc fait mes armes dans les deux domaines, si je puis dire ». Il sortit un petit monocle de la poche de son veston brun, et le posa sur son œil gauche d’un air amusé. « J’ai pris la liberté de faire venir du matériel médical de l’infirmerie, au cas où. J’ai cru comprendre que vous aviez déjà des blessés, mais je peux les traiter en cours de route, cela ne posera pas de problème ».

« C’est parfait, docteur, je vous laisse vous en charger. Lilith, si vous voulez bien dépêcher quelqu’un pour prévenir les troupes que nous partirons une heure plus tôt, quant à moi je vais vous aider à charger le matériel, avec Maître Yann ».

« Êtes-vous bien sûre que c'est raisonnable, commandante ? Vous êtes peut-être encore fatigué après la journée d'hier », lui fit remarquer Théo en s'approchant.

« Il n'a pas tort », souligna Lilith.

« C'est bien la première fois. Mais ne vous en faites pas, je me sens en pleine forme, et puis, je ne compte pas me tourner les pouces en attendant notre départ ».

« Moi aussi je suis content de vous voir, commandante. Je constate que vous n'avez pas perdu votre sens du l'humour », murmura Théo entre ses dents serrées. Il n'avait pas apprécié l'insulte.

La petite troupe continua donc de charger les affaires de l'unité pendant près d'une heure, après quoi, ils finirent de s'occuper des montures et il fut également l'heure pour eux d'aller manger un morceau, le déjeuner était servi à la caserne.

Pendant qu'ils étaient occupés, les autres membres de l'unité avaient fait réviser leurs armes et leurs armures, surtout les soldats blessés, afin qu'elles soient réparées au mieux, et qu'ils puissent sans servir sans risque. Les armures de Koïra et d'Achille étaient endommagées après le combat contre la fournaise du désert, aussi, un tour chez le forgeron ne leur fit pas de mal.

Ils se préparèrent ensuite à prendre la route, une petite marche ne leur ferait pas de mal après avoir mangé. Amanda se trouva ravit d’avoir retrouvé Duncan, et Yann bougonna pendant un bon moment car il n’avait pas de monture, et n’était pas forcement habitué à la chaleur écrasante du royaume du Feu, surtout en début d’après-midi.

Félix, le médecin, avait insisté pour l’ausculter avant de partir, afin d’être sûr qu’elle était en état, mais la Maître du Feu lui avait bien fait comprendre que ce n’était pas nécessaire. Elle ne voulait pas qu’on la touche, la proximité de ces gardes du corps était bien suffisante et étouffante pour elle. De plus, il fallait qu’ils progressent et rejoigne l’armée au plus vite, aussi allaient-ils devoir marcher de nuit. Il n’en avait pas pour trop longtemps, s’ils étaient rapides et qu’il n’y avait pas d’imprévu. Il leur faudrait, en revanche, sauter le repas du soir.

La ville fut bientôt hors de vue, derrière eux, et la route au-devant était partiellement recouverte par le sable et la poussière. Les troupes étaient silencieuse pour le moment, les plus bavards discutaient avec Félix pour en apprendre plus sur lui, ce dernier répondait poliment, mais ne semblait pas très à l’aise. Il restait le plus possible auprès des blessés, s’assurant que leurs bandages étaient propres et qu’ils buvaient régulièrement.

Les éclaireurs qui avaient bien récupérés reprirent leur poste à l’avant de la troupe, et les chevaucheurs de salamandres entouraient le convoi. Lilith et Maxim dirigeaient deux des chariots, et Théo s’occupait du troisième, avec les autres intendants.

Pendant le trajet, elle eut le temps de penser à ce qui allait se passer une fois rendu au camp des croisés, qui se trouvait à Ismir, la ville frontalière. Au-delà, plus loin vers le sud-est : les terres infectées, leur destination. Mens devait diriger l’armée dans ces landes désolées, en tant que général en chef, mais devait se trouver sur place le juge militaire, la plus haute autorité après la reine en ce qui concernait la sécurité du royaume. Lui, resterait au pays, sa fonction le lui imposait.

Elle allait également revoir Régiselt et ses paladins, mais elle ne savait pas si d’autres ordres ou églises participaient à la croisade. Peut-être y aurait-il des membres des étincelles de Glaross, l’église du dieu du Feu. Certains ordres religieux n’avaient de toute façon pas de combattants, et ne seraient donc pas des plus utiles.

Une question émergea dans son esprit alors que le soleil déclinait, cela faisait plusieurs heures qu’ils marchaient et rien ne s’était passé de notable. « Lilith ? L’unité ne va pas être dissoute une fois que nous aurons rejoint l’armée, pas vrai ? ».

La caporale – qui était jusqu’alors concentrée sur la route – leva les yeux vers elle. « Non, pas que je sache, commandante, il n’y a pas de raison. Nous serons avec vous pour le conflit qui s’annonce, cela me parait évident ».

La Maître acquiesça sans être vraiment convaincu par cette réponse, après tout, l’unité avait été créée pour sa protection, mais aussi pour l’empêcher de faire autre chose que ce qu’on lui demandait de faire. Elle les aimait bien et commençait à s’attacher à eux, mais n’avait pas encore totalement confiance. Par principe, elle ne faisait toujours pas confiance à Yann également, malgré le fait qu’il lui ait sauvé la vie.

Alors que le crépuscule approchait, elle plongea dans ses pensées et ferma les yeux, pour tenter de méditer un moment. Elle se concentra sur sa respiration, et fit abstraction des bruits qui l’entourait jusqu’à ce qu’elle ne perçoive plus qu’un léger bourdonnement, presque lointain.

Se produisit alors ce qu’elle redoutait : elle se trouvait en un autre lieu, ravagé et poussiéreux. Les étoiles brillaient au-dessus d’elle, il faisait nuit. Dans sa main gauche, elle tenait une arme qu’elle reconnue toute de suite : il s’agissait de Ravend, l’épée courte de Loukas.

Autour d’elle, des tentes noires et une odeur de charogne, de chair putréfiée et des effluves nauséabondes qu’elle ne parvint pas à identifier. Les choses se passèrent très vite, à tel point qu’elle eut l’impression de cligner des yeux et de voir une autre scène : le Maître de la Terre combattait des individus étranges, vêtus de noir et qui maîtrisait visiblement une forme de magie qu’elle n’avait jamais vue, mais chaque sort qu’ils lançaient lui semblait dénaturer l’environnement, si bien qu’elle eut envie de vomir.

Elle sentit des brûlures dans son corps, et un immense éclair bleuté tomba du ciel sur le campement. Elle revint à elle et faillit tomber de cheval, Duncan se cabra légèrement et hennit plusieurs fois, visiblement un peu paniqué, et dévia de la route.

« Oh ! Oh, calme-toi ! », cria Yann en saisissant la bride. Il gémit soudain de douleur et se tint la tête comme s’il avait reçu un caillou en plein front.

« C’est… une autre vision », murmura-t-elle.

« Je l’ai senti ».

« Que ce passe-t-il ? Tout va bien ? », cria Lilith en se levant du chariot.

« Ça va, le cheval à dérapé, mais c’est bon ! », répondit Yann, d’une voix mal assurée. Duncan reprit contenance et se remit en ligne en fouettant furieusement l’air de sa queue.

N’ayant pas confiance en Yann, la caporale s’adressa à Amanda. « Commandante ? Vous êtes sûre que ça va ? ».

« Oui, mais il faut que je vous parle… ».

Sur ces mots, elle confia les rênes à quelqu’un d’autre et descendit pour venir à son niveau, en posant une main sur le flanc de Duncan. L’air soucieuse, elle pencha la tête et la regarda, circonspecte. Yann était de l’autre côté et tenait toujours la bride.

« J’ai eu une nouvelle vision, mais je ne veux pas en parler devant toute la troupe et nous faire arrêter… on va finir par me prendre pour une folle… ». Quelques larmes perlèrent le long de ses joues sèches, elle posa une main sur son ventre qui la faisait soudainement souffrir.

« Oh, je vois… Vous ne voulez vraiment pas que l’on fasse une petite pause ? Venez au moins vous allonger dans un chariot, nous pouvons faire un peu de place ».

« Non, je ne veux pas qu’on me voit comme ça, je me suis déjà évanouie en haut du volcan, je ne veux pas passer pour quelqu’un de faible… ».

« Vos ressentes démonstrations de force ont prouvés que vous étiez loin d’être faible, commandante, je vous en conjure, si vous vous sentez vraiment mal, reposez-vous ».

« Ta caporale à raison, Amanda. Ne force pas ».

« Il était en train de combattre, il était blessé, j’ai senti son corps comme si s’était le mien, il avait mal… », raconta-t-elle, ignorant ainsi leur conseil.

Yann prit une mine consternée et saisit la selle en cherchant son regard. « Loukas est blessé ? Tu as vue où il était ? Qui combattait-il ?! ».

« C’était un campement, ça sentait terriblement mauvais, il y avait des personnes encapuchonnées et décharnées, ils étaient capables d’user de magie mais je n’ai pas tout compris… ».

« Des nécromanciens… ou pire… ». Yann avait l’air terriblement inquiet, il scrutait les dunes autour de lui, comme si ces dernières pouvaient lui apporter des réponses. « Tu as pu ressentir autre chose ? Des sentiments, des émotions ? ».

Amanda réfléchi un instant, il est vrai que cette fois-ci était différente, elle avait ressenti beaucoup plus de chose qu’auparavant, notamment la douleur. « Je crois, oui. Il était résigné, presque content d’être à cet endroit, content de se battre. Il n’avait pas peur ».

« Pas peur… ? Par Anava, Loukas, qu’est-ce que tu fabriques… ». Il s’éloigna, la tête baissée et les mains dans le dos.

« J’insiste, commandante, faite attention à vous. Je reste aux aguets, si je vois que vous n’êtes pas en état je serais obligée de nous faire nous arrêter », déclara Lilith avec autorité. Ses enseignements militaires lui avait appris qu’elle pouvait prendre des décisions et ignorer les ordres si ces derniers allaient à l’encontre de l’intégrité d’une partie de l’unité, ou bien de celle du commandant, et en l’occurrence, de la commandante.

« D’accord Lilith, je fais attention, mais ça devrait aller », lui dit Amanda pour tenter de la rassurer. Elle prit une grosse gorgée de sa potion et reprit son souffle, essuyant les larmes et la sueur sur son visage.

Les dizaines de minutes qui suivirent cet épisode se passèrent relativement bien, elle n’eut pas d’autres visions, pas d’autres crises. Lilith avait veillée sur elle, comme elle l’avait dit, et Yann était resté de son côté, il avait l’air très préoccupé, et également attristé.

Amanda aussi était pensive, elle espérait au fond d’elle que Loukas allait bien, mais vue ce qu’elle avait vue, elle n’était pas optimiste. S’il n’était plus de ce monde, elle l’aurait sans doute senti, au regard du lien qu’ils avaient entretenu.

Elle se rassura comme elle put en se disant que Claod ne le laisserait pas mourir si facilement.

La nuit était tombée entre temps, et la température aussi, il faisait froid à présent, Yann se sentait donc mieux. Les soldats avaient l’habitude, et tous étaient équipés en conséquence avec des foulards et des couches de vêtements supplémentaires. Les gardes royaux en armures de solarium n’avaient pas besoin de cela, leurs protections emmagasinaient très bien la chaleur pour la restituer la nuit. Cependant, ces dernières luisaient beaucoup moins.

Maxim passa un foulard à Amanda. Elle la remercia et le passa autour de son cou, son cache-poussière la protégeait déjà bien du vent, et était assez chaud, par ailleurs.

Les éclaireurs partit au-devant revinrent vers eux alors qu’il n’était pas loin de minuit. Les étoiles et la lune illuminaient bien la route, assez pour qu’ils n’aient pas besoin de torche.

« Le camp n’est plus très loin, commandante. Nous avons vue de nombreux feux, des tentes, et il y avait beaucoup d’agitation ».

« De l’agitation ? À cette heure ? ». Elle questionna Lilith du regard, mais celle-ci se contenta de hausser les épaules.

« Ils font peut-être la fête ? », proposa Yann en se joignant à eux. Anny et Nim le fusillèrent du regard. Les éclaireurs n’avaient pas digéré les blessures qu’il leur avait infligé, et ne comptait pas le pardonner de sitôt. William avait la main sur sa dague, prêt à dégainer d’un moment à l’autre.

« Peu probable, il y a beaucoup de mouvement, et ils sont armés on dirait. Je n’ai pas cru bon d’approcher pour prévenir les sentinelles de notre arrivé, j’ai préféré vous informer avant ».

« Ils dansent peut-être une petite gigue ? », proposa de nouveau le Maître de la Terre, sans avoir l’air de plaisanter. C’était sa façon de dédramatiser les situations, quand il se sentait mal, il faisait des blagues. Amanda l’avait remarqué.

« En armure ? », plaisanta Maxim, également consciente que malgré la situation et son aplomb impeccable, il se payait leurs têtes. Cela ne plaisait d’ailleurs pas du tout à Lilith, qui lui faisait les gros yeux et se retenait de l’insulter copieusement.

« Peu importe », trancha Amanda, « Il faut y aller, au pas de course soldat. S’ils ont besoin d’aide alors nous ne serons pas de trop ! Que Pauline et Alexian partent devant avertir les sentinelles de notre approche, ils iront plus vite avec leurs salamandres ! ».

« Oui, commandante ! ».

La troupe se mit en ordre de marche, Lilith hurla les consignes et tous se mirent à trottiner de plus en plus vite. Les bêtes reptiliennes partirent une fois de plus devant, suivi de près par les cavaliers, dont Amanda, Lilith qui avait demandé un cheval pour l’occasion afin de rester auprès de sa commandante, ainsi que Yann, qui s’était débrouiller pour monter derrière quelqu’un. Comptait aussi parmi les cavaliers Shôr et Jaken, qui se devait de rester auprès de la Maître du Feu, ainsi que Théo. Maxim resta à la tête des chariots.

Par crainte, Amanda sortit son arbalète et chargea un carreau. À mesure qu’ils approchaient ils virent bien que quelque chose n’allait pas : au loin, entre les tentes et les feux de camp, les troupes s’activaient et se mettaient en groupe, unité par unité. Les caporaux et les sergents hurlaient des ordres à droite et à gauche en agitant les bras dans tous les sens. La situation semblait complexe, mais personne ne cédait à la panique pour autant. Cela ne ressemblait pas à une attaque.

Les salamandres revinrent vers eux avec trois autres cavaliers, visiblement des gardes royaux, en armure complète.

« Salutations, commandante Amanda ! Nous pensions que vous et votre unité arriveriez au petit matin ».

« Bonsoir, et bien nous sommes là. Nous tombons mal peut-être ? Quelle-est cette agitation au camp ? Nous avons à craindre quelque chose ? ».

Le garde avait l’air embarrassé, il regarda ses collègues, qui lui lancèrent des regards incompréhensibles. « Nous ne savons pas trop, les hauts dirigeants sont en pleine réunion de crise. Des incendies se sont déclarés dans plusieurs quartiers d’Ismir. On a retrouvé des corps égorgés ou affreusement mutilés. Les soldats fouillent certaines habitations et bâtiments en ce moment même, les commandants présents tentent de rassembler les troupes pour organiser cela, mais c’est… compliqué. Voyez vous-même ».

Il lui montra du doigt les panaches de fumée qui se dégageait de la ville, que l’on pouvait apercevoir vaguement, au-delà des tentes les plus éloignées. Des colonnes de flammes léchaient certains bâtiments ainsi que les remparts sud.

« Ou est Mens ? Il faut que je le vois ».

« Il est à la réunion, je ne sais pas si je peux vous y conduire ».

« Il vaudrait mieux, soldat ». Elle le scruta d’un œil mauvais, pour bien lui faire comprendre que c’était le seul choix qu’il avait vraiment.

Il souffla du nez et fit faire demi-tour à sa monture. « Très bien… Maître. Mes hommes vont accueillir vos troupes et vous diriger vers les emplacements qui vous sont réservés. Il y a des intendants pour vous aider à décharger votre matériel, ainsi que des palefreniers pour prendre soin de vos montures. Maintenant, si vous voulez bien me suivre ».

« Yann, tu viens avec moi. Lilith et Théo aussi », ordonna-t-elle. Les autres attendraient ici que les chariots arrivent. En revanche, Shôr et Jaken ne se posèrent pas la question et les suivirent, car tel était leur rôle.

Ils progressèrent jusqu’au-devant des premières tentes, et mirent pieds à terre pour guider plus facilement les chevaux. Autour d’eux, les troupes en armes s’organisaient en grande hâte. Le campement était grand, il y avait beaucoup de monde et donc beaucoup de bruit, la ville se trouvait entourée de toute part par les camps de campagne des soldats, de façon que ces derniers puissent la protéger en cas d’attaque, bien que la ville en elle-même soit organisée et construite de façon très défensive, avec de solides murs d’enceintes et des engins de guerre, fixes et mobiles.

« J'ai le sentiment qu'il va se passer des choses, ici. Je sens de la magie », lui murmura Yann en s'approchant d'Amanda. Les gardes royaux signalèrent que pour une fois, ils étaient d'accord avec lui. En position de défense, ils scrutaient le moindre recoin sombre et gardaient leurs boucliers près du corps.

« Je le sens aussi. Ça ressemble à la forme de magie que j'ai sentie quand j'ai eu ma vision de Loukas. Tu crois qu'il pourrait être proche ? ».

« Je ne sais pas, peut-être ? Quoi qu'il en soit, il faut rester prudent, ce serait dommage de perdre des troupes avant même de lancer la croisade ».

« Vous êtes tous les deux Maîtres de la Terre, vous n'avez pas moyen de vous contacter à distance ou de vous sentir ? », demanda Lilith, qui n'y connaissait pas grand-chose en magie.

« Malheureusement, non. Il pourrait passer près de moi avec une capuche sur la tête que je ne le sentirais pas ou peu, sauf s'il use de magie à proximité. Mais chaque Maître possède une odeur magique particulière, aussi, nous pouvons savoir à peu près qui utilise la magie si c'est assez proche ».

« S’il est dans le coin, il nous viendra en aide ? Ou devons-nous le considérer comme un ennemi ? ».

Amanda se retourna vivement et la détailla des pieds à la tête. Lilith parut décontenancé par cette attitude et se défendit. « C’est une vraie question, commandante. Il est considéré comme un traitre, il me semble, vue ce qu’il a fait à Nienlass ».

La Maître soupira, et lança un regard résigné à Yann, qui faisait à peu près la même tête qu’elle. « Vous avez raison. Mais je ne doute pas un seul instant qu’il soit toujours notre allié ». Elle s’en retourna et suivi les gardes, qui les conduisirent devant une grande tente de commandement, entourée de dizaine de soldats armés jusqu’aux dents.

« C’est ici, Maître. Attendez ici, que j’annonce votre arrivée ».

« Ce n’est pas nécessaire, je peux m’annoncer moi-même ».

« Mais… Ce n’est pas le protocole », murmura Théo, qui était très à cheval sur ce genre de chose. Les gardes royaux étaient d’accord avec lui, mais il en fallait plus pour arrêter Amanda, qui les bouscula et leur passa devant, non sans, au préalable, les avoir menacés de mettre le feu au camp s’il ne la laissait pas entrer. Lilith l’a suivie en s’excusant pour sa commandante, et Yann entra également, les mains dans les poches.

La jeune femme pénétra donc dans la tente de commandement. Se trouvait là des hauts dignitaires de l’armée, qui étaient à peu près une douzaine et qu’elle ne put pas tous reconnaître, certains devaient venir de d’autres cités que Tropyrr et elle ne les avaient jamais vues. Par ailleurs, elle n’en avait pas grand-chose à faire et ne comptait pas tous les saluer, ne serrais-ce que pour embêter Théo.

La pièce était également surveillée par quatre gardes royaux, et il y avait aussi une grande table sur laquelle était disposée des cartes, des rapports d’éclaireurs et divers autres papiers qui avaient l’air important. Elle constata que Mens était en pleine discussion avec le juge militaire, qui s’appelait Orvald. Il s’agissait d’un homme assez âgé – entre cinquante et soixante ans – qui portait une tenue d’apparat plutôt riche, de couleur orange portée sur le rouge, brodée de fils d’or et d’argent, et dont même les boutons brillaient. Il avait une chevelure grise mi-longue sur les côtés, et le haut du crâne un peu dégarni, ce qui lui donnait un air de moine. Son visage de marbre contrastait avec ses grands yeux cyans et ses petits sourcils taillés. Quelques cicatrices barraient son menton et son front, signe qu’il avait dû être un sacré combattant, à une époque.

Amanda s’approcha d’eux d’un pas décidé, sans avoir pris la peine de retirer son chapeau. À son passage, plusieurs chefs de guerre se retournèrent, visiblement, ils étaient surpris de la voir. Lorsqu’elle arriva au niveau du général, elle toussa brièvement, pour attirer leur attention, puis croisa les bras.

Mens se tourna vers elle, curieux de savoir qui interrompait sa conversation, et la reconnue. Ses yeux s’écarquillèrent et il s’exclama, « Oh ! Maître Amanda, je ne pensais pas que vous arriveriez cette nuit ! ». Il semblait gêné et accaparé par quelque chose, sa voix trahissait une certaine appréhension.

« J’ai accompli la mission que m’avait confié la reine. Puis-je savoir ce qu’il se passe ici, général ? ». Elle le fixa sans cligner des yeux, consciente de l’effet que pouvait provoquer son regard surnaturel.

Le vieil homme se racla la gorge et s’apprêtait à lui expliquer, mais il fut devancé par Orvald. « Je vous souhaite la bienvenue, Maître Amanda. C’est un plaisir de vous revoir, j’espère que vous vous souvenez de moi ? », déclara-t-il d’une voix grave.

« Merci, juge Orvald. En effet, je me souviens de vous. Pouvons-nous laisser de côté les mondanités, je ne suis pas là pour ça et n’ai pas de temps à perdre en politesse. Veillez m’expliquer tout ce tapage, dehors ».

Lilith – qui était à ses côtés et avait, quant à elle, saluer ses supérieurs dans les règles – ouvrit grand la bouche, surprise par le comportement de sa commandante. Elle tenta de vite rattraper le coup en agitant les bras : « excusez-là, grand juge ! Nous avons fait une longue route depuis Chisé, la commandante Amanda est un petit peu fatiguée ».

« Pas du tout, je vais très bien. Allez-vous me répondre ? ».

Lilith se mordit la lèvre et lança un regard de détresse à Théo pour qu’il lui vienne en aide. Ce dernier haussa les épaules et afficha une petite moue blasée, car il était habitué à présent, le manque de respect de la jeune femme ne le choquait plus autant qu’au début. Yann, qui n’écoutait qu’à moitié la conversation, était en train de jeter un œil aux documents disséminés sur la table, d’un air distrait.

Après la demi-seconde qu’il lui fallut pour surmonter l’insubordination flagrante de la jeune Maître, Orvald lui exposa la situation.

« Nous avons subi une attaque, nous tentons actuellement de définir le ou les coupables, mais il est clair qu’ils sont d’une grande discrétion. Plusieurs bâtiments ont été incendiés en ville, notamment des entrepôts qui contenaient des vivres, et du matériel médical qui devait servir lors de la croisade. Nous avons également trouvé des cadavres, les gardes en faction près de ces sites sont tous morts, ou presque ».

Mens pris la suite en ajoutant, « Les troupes se déploient en prévision d’une éventuelle attaque sur la frontière, car il pourrait s’agir d’une diversion. Il a fallu dépêcher des unités pour éteindre les incendies avant qu’ils ne se propagent, les feux ne sont pas encore maîtrisés à l’heure actuelle, car nous manquons d’eau, et il nous reste aussi à trouver nos ennemis infiltrés ».

« Les éclaireurs à la frontière n’ont rien remarqué ? ».

« Nous avons eu plusieurs rapports, mais pas tous, et ceux que nous avons reçu n’ont rien remarqué de suspect. Nous attendons actuellement les autres pour définir une stratégie ».

« Nos pertes ? ».

« Une vingtaine de soldats, pour l’instant… Nous n’avons pas fini de compter, il pourrait y en avoir plus ». Cela semblait l’attrister grandement, ses sourcils étaient tellement froncés qu’ils se rejoignaient presque.

« Bien. À moins que vous ayez une autre idée, je vais aller éteindre les incendies qu’il reste, puis je chercherais les coupables. Occupez-vous donc comme vous le pouvez et tenez-moi au courant des évolutions ». Sur ces mots, elle fit volte-face sans attendre leur réponse, et se dirigea vers la sortie.

« Non, Maître Amanda, vous ne pouvez pas… ». Avant qu’il ne puisse tenter de la retenir, Yann apparut dans son champ de vision. « Maître Yann ?! Que faite-vous ici ? », s’exclama le général.

« Bonsoir ! Rien de spécial, j’accompagne seulement votre Maître du Feu, je n’ai pas grand-chose d’autre à faire ! Bon courage ! ». Il lui adressa un petit signe de la main, et suivie la jeune femme de sa démarche désinvolte. Lilith, Théo, Shôr et Jaken perdirent du temps à saluer les généraux, puis se mirent à leur poursuite. Les chefs de guerre observèrent la réaction du général et du juge, et ne surent comment réagir devant leur air circonspect. Un léger malaise s’installa sous la tente de commandement.

« Elle est toujours comme ça avec nos supérieurs ? », demanda la caporale en ressortant à l’air libre.

« Oh oui, mais ce n’est pas étonnant, après tout ce ne sont pas ses supérieurs à elle, les Maîtres n’en ont pas. Ils écoutent tout de même les rois et les reines, par tradition, de temps en temps. Il va falloir vous y faire, caporale ».

« Je vois ». Elle fit la grimace.

Yann rattrapa Amanda en une petite foulée et lui demanda. « Tu as un plan pour coincer les pyromanes ? ».

« Ne parle pas, observe ». Au loin, ils pouvaient apercevoir la ville au-dessus de l’horizon de tente. Les remparts peinaient à faire obstacles aux flammes, qui montaient de plus en plus haut. Les foyers qui étaient éteints dégageaient tout de même une épaisse fumée blanche. Amanda se concentra, tendit les mains en direction de la cité et ferma les yeux, son pouvoir s’activa, et les flammes des braséros autour d’elle se mirent à danser et à s’élever.

De nombreux soldats s’arrêtèrent et observèrent le phénomène : les incendies perdaient en intensités à vue d’œil, et des acclamations commençaient à monter parmi les guerriers, qui s’attendaient en premier lieu à devoir passer une nuit blanche pour contenir les flammes.

Amanda suait à grosse goutte, elle grimaçait et respirait de plus en plus fort à mesure que le feu se pliait à sa volonté. Lorsqu’elle eut fini, elle tomba un genou à terre. Yann la saisit par réflexe, de peur qu’elle ne tombe.

« Oh là ! Tu vas bien ? Respire, tu as réussi, c’était très impressionnant ».

« Ça va, ça va. Ce n’est pas grand-chose. Il nous reste à trouver les fils de chien qui ont fait ça ». Elle saisit sa gourde, la déboucha et la porta à ses lèvres pour boire quelques gorgées. Son stock de potion descendait bien trop vite à son goût, mais elle n’y pouvait rien. Si elle avait mal, la douleur pouvait lui faire perdre connaissance, alors elle en prenait dès les premiers signes de souffrance.

« Faut-il prévenir les geckos cendrés, commandante ? Il serait dangereux d’effectuer cette mission en étant seulement six ». Elle poussa légèrement Yann pour l’aider à se relever et éloigner le Maître de la Terre d’elle.

« Vous n’avez pas tort, mais y aller à plus de trente ne serait pas non plus très judicieux. Il nous faut deux équipes réduites, j’écoute vos propositions ».

La caporale roula les yeux au ciel et se pinça l’arête du nez. « Alors voyons… Maxim prendra la tête du second groupe, avec nos mages, les éclaireurs qui sont en état, et trois fantassins, disons Tibalt, Joriss et Talann, ainsi que Cyn. Nous prendrons Darius et Hommed en renfort, cela devrait suffire ».

« Pourquoi emmener les lanceurs de gourdes incendiaires ? Je n’ai pas pour but d’allumer d’autres incendies ».

« Ils sont aussi doués pour les allumer que pour les éteindre, et croyez-le ou non, mais une bonne explosion peut parfaitement éteindre un départ de feu. Je pense que leur expertise en la matière peut servir ».

« Très bien, ça me va. Mettons donc aussi Félix dans notre groupe, nous pourrions avoir besoin d’un médecin et je ne veux perdre personne, c’est bien compris ? S’ils estiment qu’ils sont en danger, je veux qu’il parte sur le champ ».

« Bien compris, commandante ». Lilith chargea Théo de retrouver l’unité et de rassembler les groupes, pendant qu’Amanda se reposait. Il s’avéra que l’attente ne fut pas trop longue, car les troupes avaient envie d’agir, malgré le fait qu’ils aient marché pendant une bonne partie de la journée.

Tous ensemble, ils se dirigèrent vers l’entrée de la ville, serpentant entre les tentes pendant une bonne dizaine de minutes jusqu’à arriver devant les remparts. Amanda, ses gardes du corps et le reste du commandement avaient récupérés leurs chevaux, plus par manque de temps que par nécessité, ces derniers ne semblaient de toute façon pas effrayés par l’agitation ambiante, ils étaient dressés pour ne pas paniquer en situation de combat.

Autour d’eux s’agitait de nombreux soldats, des machines de guerre avaient été avancés en haut des murs, notamment d’énormes balistes, mais aussi des catapultes, qui étaient en train d’être chargées. De très nombreux lanceurs de gourdes incendiaires se trouvaient là, car ils occupaient souvent les postes d’artificiers et d’ingénieurs, lorsque ces derniers n’étaient pas assez nombreux pour s’occuper des engins. Leurs lourdes armures noires intégrales les faisaient ressembler à d’inquiétantes statues métalliques, se mouvant dans la pénombre.

« Commandante ? Qu’est-ce qu’on cherche exactement, vous avez une idée ? », demanda Maxim en se mettant à son niveau tandis qu’ils avançaient droit vers le portail. Les gardes en faction relevèrent la herse et ouvrirent les lourds vantaux de bois à leur approche. Plusieurs unités de lanciers étaient postées là, s’affairant à monter des barricades et à installer des pieux pour que personne ne s’approche des murs. Rien ne semblait laissé au hasard.

« Je ne sais pas encore, mais quand je le saurais, nous nous séparerons pour couvrir plus de terrain. Pour le moment, allons vers le bâtiment incendié le plus proche pour voir si nous trouvons des indices. Lilith, il nous faut un guide, pouvez-vous demandez d’une estafette ou un éclaireur ? À moins que quelqu’un ne connaisse la ville ».

« Je vais voir ce que je peux faire ».

« Je sens que la nuit va être longue », murmura Yann, après un long soupire.

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