Chapitre XXXVIII : Embuscade

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Ils marchèrent une dizaine de minutes parmi les landes désolées, les collines sans herbes et le lit asséché d'une rivière, avant que Claod ne sente la présence d'ennemis. Jorass suivait le groupe de loin, sans avancer trop vite. Il n'avait clairement pas l'air d'un prédateur et semblait d'ailleurs ne pas avoir senti le danger.

Ils se déportèrent sur l'une des berges, celle étant la plus en hauteur ; puis ils attendirent.

« Tu es bien sûr qu'ils vont emprunter ce passage ? Ils pourraient vouloir contourner », s'inquiéta May, les mains serrer sur le manche de son marteau.

« Écoute, je connais les orcs, ils ne vont pas prendre de chemin qu'ils ne connaissent pas, surtout s'ils ne sont qu'une vingtaine. Ils pourraient tomber sur des créatures puissantes, ou des groupes dangereux, comme les harpies ou les gnolls. Le lit de cette rivière offre un terrain assez ouvert, nous n'aurons pas l'effet de surprise très longtemps et il va falloir que l'on descende », expliqua le Maître de la Terre. « De plus, s'ils sont bien avec un ou plusieurs trolls, il faut que ces derniers aient la place de bouger tranquillement ».

May hocha la tête, l'air déterminé, visiblement elle prenait les conseils de Loukas au sérieux maintenant qu'ils allaient combattre.

« Je comprends », dit-elle, « Peux-tu m'en dire plus sur les trolls ? Ce que j'ai lu dans les livres n'est pas très encourageant quant à nos chances de survie. Si tu penses qu'il y en aura nous devons être prêt, tous les deux ».

Il réfléchit un moment, rengaina Tempête pour prendre le temps de sortir Nuralion – sa grande épée – de son fourreau dorsal. « Ils mesurent aux environs des trois mètres, en général. Ils sont créés magiquement, à partir de sculptures grossières, c'est pourquoi ils sont faits de pierre, ce qui les rend très résistant, mes épées ne serviront à rien contre eux. En revanche ton marteau pourra les blesser, mais fait bien attention, ils combattent avec des masses et des espadons, adapté à leur taille. D'un seul revers ils peuvent facilement broyer un être humain, ou bien le couper en deux ».

La vieille femme déglutie avec peine, « Ce n'est plus de mon âge ces choses-là ».

Il lui décocha un sourire sans joie, « Tu as voulu venir en terres infectées non ? Tu regrettes déjà ? Nous venons juste d'arriver, il est encore temps de retourner à la caste ».

« Tais-toi, tu m'énerves, et je crois que je les vois qui arrive ».

Ils se tassèrent contre les pierres et le sable. Claod resta en retrait, près de Jorass, qui venait juste de les rejoindre.

Loukas entendit des bruits de pas lourds, marchant dans la poussière, puis il entendit des grognements et des voix gutturales, ainsi que des reniflements.

« Qu'est-ce que c'est que ces bruits ? Je reconnais les grognements des orcs, ainsi que leur voix particulière, mais ces reniflements d'animaux ? », pensa Loukas. Un terrible doute s'empara de lui, « Et s'il y avait autre chose avec ces monstres ? ».

Claod goûta l'air rapidement de sa langue orangée, il s'ébroua, le corps entier plaqué contre le sol sablonneux. Ses yeux affichaient une expression carnassière.

Loukas blêmit. La gorge serrée, il savait que son ami ailé avait une aversion particulière envers une certaine créature, car il trouvait qu’elles avaient un goût atroce.

Il risqua un coup d’œil en contrebas, tout en faisant signe à May de ne surtout pas bouger. Cette dernière obéit sans broncher, ne sachant trop quoi faire de toute façon.

Les orcs avançaient de façon anarchique, sans formation aucune. La stratégie et la tactique n'étant pas leur fort. Certains avaient leurs armes à l'épaule, d'autres bombaient le torse, la tête haute, mais sans pour autant faire attention à leur environnement.

Leur peau était dans les teintes de vert foncé, se rapprochant de la couleur d'une olive pourrie, quelque peu jaunâtre. Pour ce qui était de leurs visages, ils ressemblaient à ceux d'hommes, affreusement mutilés et déformés. La bouche garnie de dents éparses et élimées, le menton proéminent et le front bossu. Leurs yeux, enfoncés dans leur crâne, étaient de couleurs diverses, allant du simple rouge au jaune pâle, en passant par le noir de jais.

En termes de corpulence, ils devaient tous faire environs deux mètres, là où un humain normal du royaume de la Terre devait faire un mètre quatre-vingts.

Loukas détailla leurs armes et leurs armures. Tous portaient un ensemble de protection qu'il avait déjà vu des dizaines de fois, pour la simple raison qu'elles étaient fabriquées à la chaîne, pour gagner du temps. Toutes les armées le faisait également.

Pour ce qui était des armes, ils avaient de grosses haches pour la plupart, mais certains avaient ce qui ressemblait à des épées, ainsi que des boucliers grossiers n'ayant cependant, pas de forme particulière. Un œil énorme était cependant toujours peint, au centre.

Son regard balaya de l'avant vers l'arrière, ou il repéra des orcs montés sur des sortes de loups, mais très différents de ces derniers, et harnachés d'armures légères en fer.

Plus grand d'un bon mètre, plus musclés, et plus dangereux étant donné leurs mâchoires puissantes et leurs nombreuses griffes. Ils avaient le pelage marron clair, virant au foncé, surtout au niveau des pattes et de la crinière, ainsi qu'une queue fine sans poils. Leurs yeux jaunes étaient à peine visibles et brillaient d'une lueur inquiétante. La mâchoire ouverte leur donnait un air affamé. Un bon observateur les aurait comparés à des hyènes géantes.

Les cavaliers de ces bêtes avaient un équipement similaire à celui des soldats à pieds, mis à part qu'ils portaient des lances plutôt que des épées, en plus de leurs boucliers.

« Des cavaliers wargs ». Ces canidés pouvaient les sentir, et ils étaient agiles, ce qui déplaisait aussi à Claod, car cela les rendait plus difficile à viser.

Alors que le jeune homme observait ses ennemis, le sol se mit à trembler légèrement. Les cailloux vibrèrent, les plus proches du bord tombèrent dans le lit de la rivière, déclenchant de minuscules avalanches.

Deux immenses silhouettes émergèrent d'un croisement, à l'arrière de la troupe. Des trolls. Leur taille correspondait à ce qu'avait décrit le Maître. Le plus à droite portait une énorme armure grise qui n'avait pas l'air d'être en acier.

Le deuxième n'avait pas d'armure, il ne portait d'ailleurs rien du tout. Tous deux étaient équipés d'une lame aussi large que deux hommes, et plus longue qu'un cheval.

À chaque pas, leurs corps de pierre crissaient autant que des avalanches. Leurs mouvements semblaient pour le moins fluides, alors qu'ils n'étaient que des statues animées par magie.

« Il y a deux trolls », murmura Loukas en se cachant de nouveau, resserrant sa prise sur le manche de sa lame.

« Mais s'ils sont faits de pierre, tu ne peux pas les détruire avec tes pouvoirs ? », demanda May le plus doucement possible.

Loukas fit signe que non, sans argumenter davantage, les monstres étaient presque en dessous d'eux, à moins de cinq mètres à présent. La question de May lui parue stupide, avant qu'il se souvienne avoir essayé, quelques années auparavant. Mais la pierre ensorcelée qui constituait le corps des trolls résistait à toute manipulation magique liée à la Terre, il était donc impossible pour lui de les détruire d'un simple claquement de doigts, malheureusement.

Il ferma les yeux, se concentrant sur les bruits de pas des orcs les plus proches. Une dizaine de seconde, puis une quinzaine.

Claod était sur le point de bondir, comme un lion sur une antilope.

Le Maître ouvrit les yeux, « Maintenant ! ».

Il se leva d'un bond et sauta, dévalant la pente dans un seul mouvement. Il avait parcouru trois mètres avant d'être repéré. Les orcs en tête eurent un mouvement de recul, leurs visages laids et bourrus exprimèrent la surprise, suffisamment longtemps pour qu'il atteigne le premier d'entre eux.

Il leva Nuralion, l'orc voulut également lever son arme, mais l'épée lui trancha le bras qui la tenait. Il émit un hurlement guttural en s’effondrant sur le côté, tenant son moignon sanglant dans sa main restante. Du sang vert éclaboussa les pierres sèches.

Sans s'arrêter Loukas roula à terre se releva et enfonça son arme dans le ventre du prochain ennemi. Ce dernier leva également son arme, trop tard.

L'épée du jeune homme perfora l'armure sans difficulté, tranchant au passage tous les organes sur son chemin pour ressortir de l'autre côté. Il s'écroula sans un cri, mort sur le coup.

Content de son effet, le Maître respira bruyamment, il était déjà essoufflé. D'un d’œil distrait, il remarqua May descendre la pente, son marteau à la main. Il se concentra sur le combat juste au bon moment pour parer un coup de hache visant sa clavicule gauche. L'orc approcha son visage le plus près possible avant de montrer les dents, un sourire sanguinaire se dessina sur son visage. Loukas lui rendit son salut guerrier avant de le repousser.

Il allait abattre de nouveau sa hache quand il reçut un trait de flammes bleutées en pleine poitrine, le transperçant littéralement de part en part. Un rugissement terrible retenti derrière Loukas, qui n'était pas surpris par cette attaque.

L'assaillant à sa gauche finit également carboniser, une odeur de chair brûlée commença à se dégager.

May approcha d'un des soldats, encore hébété par l'apparition de Claod, et lui asséna un énorme coup de marteau en pleine tête, en criant à plein poumons. Celle-ci explosa comme une pastèque trop mûre alors que le reste de son corps était projeté en arrière.

Les orcs montés se remirent plus rapidement de l'effet de surprise que leurs camarades à pieds. Ils talonnèrent leurs montures, qui grognèrent de mécontentement tout en s’élançant vers May, qui était plus près.

Loukas vit venir la manœuvre et en intercepta quatre. Il lança ses fléchettes en l'air et fit des signes, projetant ses pouvoirs.

Les flèches s'animèrent pour ne pointer que dans la même direction, avant de siffler dans les airs, transperçant les crânes des bêtes et des peaux-vertes. May les vit s’effondrer à ses pieds. Les deux humains s’échangèrent un regard entendu avant de resserrer les rangs, pour affronter les ennemis restants.

Ces derniers commencèrent à douter, la plupart firent quelques mouvements de reculs en scrutant Claod, qui rampait presque derrière Loukas, la gueule ouverte encore fumante. Ses yeux luisaient comme des saphirs.

Les trolls s'élancèrent alors en beuglant, faisant trembler le sol à chaque pas. Les monstres reprirent courage, l'un des derniers cavaliers hurla quelque chose que les humains ne comprirent pas.

Deux soldats montés tournèrent les talons, et galopèrent dans l'autre sens pour s'enfuir.

« Ils vont chercher des renforts ! Ne les laisse pas s'échapper ! », cria Loukas à son dragon.

« Non ! Je m'en charge », répondit May. Elle porta deux doigts à sa bouche et siffla. Jorass projeta son ombre sur les fuyards, levant au passage un énorme nuage de poussière en s'envolant.

Le sable et les pierres de petites tailles furent projeter dans toutes les directions, mais les Trolls n'en furent nullement affectés. Le premier – celui qui portait une armure – arriva à portée du Maître de la Terre, sa gorge émit un raclement minéral alors qu'il levait son énorme épée.

Un frisson parcouru l'échine du jeune homme. Il banda sa volonté pour invoquer une nouvelle fois sa magie. De la roche vint courir à une vitesse folle le long de sa jambe pour rejoindre sa lame, s’agglutinant sur cette dernière, l'agrandissant et l'allongeant d'un bon mètre. Tout son corps se tinta d'une énergie verte qui pulsait au rythme des battements de son cœur.

Dans un ultime effort il la leva pour parer le coup. La rencontre des deux épées se répercuta dans tout le lit de la rivière, sous la forme d'une onde de choc qui balaya la poussière sur plusieurs dizaines de mètres.

Surprit par la résistance du petit humain, le troll enragea de plus belle. Il frappa une nouvelle fois, puis encore et encore jusqu'à mettre Loukas dans une position difficile.

Dos à la pente qu'il avait descendu, son front dégoulinait de sueur ; ses forces faiblissaient, le monstre de pierre frappait avec une férocité hors du commun. Aucun homme normal n'aurait pu tenir aussi longtemps face à lui. À chaque nouveau coup, ses jambes fléchissaient, creusant de profonds sillons dans la terre.

Alors qu'il allait dévier le coup suivant, une vive douleur le frappa à l'abdomen, comme plus tôt dans la journée. Il tomba au sol, évitant la lame de son adversaire de justesse. Cette dernière s'enfonça dans la roche, derrière lui.

Le souffle coupé, il tenta de se relever, sans succès. Sa vue se brouillait à mesure que la douleur devenait plus forte.

Il entendit un autre raclement, signe que son ennemi levait de nouveau son arme. Puis un éclair et une détonation forte lui assourdit les tympans.

Une pierre de belle taille tomba devant son visage.

« Claod... », réussit-il à murmurer.

Le dragon rugit de plus belle, en posture de combat. Il se tenait sur les restes du troll sans armure. Complètement calcinés, la pierre en était devenue noire. La gueule toujours entrouverte, ses griffes crissèrent sur la roche, l’effritant davantage.

Il hurla une nouvelle fois en ayant accaparé l'attention du monstre. Celui-ci avait perdu un morceau de ce qui pourrait être une côte, un bout de son plastron avait aussi fondu sous la puissance du souffle de plasma.

L’éclair invisible déploya ses ailes, parcourant les quelques mètres qui le séparait de son nouvel adversaire en une seconde.

Le choc fut si violent que la terre se fissura à plusieurs endroits, créant ici et là des gouffres béants. Le dragon et le troll s'étreignirent jusqu'à la pente de la berge, derrière Loukas. Cette dernière ne supporta pas leurs poids et s’effondra partiellement sous l'impact, faisant disparaître les deux colosses dans un nuage de sable et de poussière.

Loukas entendit les cris de son fidèle compagnon, ainsi que les raclements toujours plus sonores de l'abomination minérale.

Un trait plasmique perça le nuage, les pierres se mirent à fondre. Puis un deuxième, accompagné d'une odeur de métal chauffé.

Une énorme plaque d'armure rebondit près du Maître de la Terre, qui sursauta ; légèrement stupéfait, mais aussi très inquiet pour son camarade. Sa douleur au ventre reprit de plus belle, lui faisant mettre un genou à terre.

Derrière lui, May s'occupait de combattre les derniers orcs. Ceux qui battaient en retraite étaient rattrapés par Jorass, qui étendait l'ombre de ses ailes au-dessus d'eux, avant de les abattre d'un puissant jet de vapeur. Leur chair fondit de leurs os et les armures se décomposèrent. Les wargs hurlèrent de douleur.

Il ferma les yeux un instant, se concentrant sur les sons. Mais il n'entendit plus rien de particulier ; il fit un énorme effort pour se relever et marcher vers l'affaissement. La poussière commençait à retomber, mais il ne voyait toujours pas le dragon.

Son cœur manqua un battement lorsqu'il aperçut du sang bleuté, légèrement noirâtre, sur les pierres sèches.

Il cria, « Claod ! Ou est-tu ?! Claod ! ».

Un grognement fut poussé à sa gauche.

Loukas tituba dans cette direction – poussant les cailloux sur son chemin – pour arriver jusqu'à son compagnon.

Il était allongé tranquillement sur les restes calcinés du troll en armure. La tête de ce dernier roula à ses pieds, la gueule ouverte et le visage déformé par un rictus de rage.

Il remarqua très vite une plaie de près de trente centimètres au niveau du flanc gauche de l’éclair invisible. Il entreprenait de la lécher, teintant sa langue de son sang bleu.

« Tu es blessé ! ». Il accouru pour l'aider mais glissa, se rattrapant de justesse à un amoncellement de terre et de roche.

Le dragon sursauta, sa pupille brilla l'espace d'un instant sous l’effet de la surprise, puis il se concentra sur sa blessure.

Loukas arriva près de lui, complètement paniqué. En regardant autour de lui, il aperçut un arbuste – tombé depuis le haut de la berge – et tendit rapidement la main vers lui. Son pouvoir agita les racines, qui s'agrandirent pour ramper jusqu'à lui. Elles enserrèrent son bras jusqu'au coude et il posa son autre main sur la plaie de la bête. Claod arrêta ses léchouilles pour émettre un grognement sourd.

En utilisant son sort de soin, Loukas ne put s'empêcher de verser des larmes. La douleur était si intense qu'il crut s'évanouir. Il se mordit la langue jusqu'au sang et réprima un hurlement. La vie de Claod était plus importante que la sienne, à ses yeux.

La peau dure du dragon se referma doucement, de nouvelles écailles apparurent au-dessus. Son éternel sourire de gecko contrastait avec la douleur du jeune homme. Ses griffes s’enfoncèrent en crissant dans les restes de l'armure du troll mort.

L’arbuste était si faible qu'il en mourut, le bois craqua légèrement avant de tomber en morceaux.

« Voilà », dit Loukas, « C'est tout ce que je peux faire avec si peu de verdure dans cet endroit maudit. Je suis vraiment désolé de t'avoir laissé tout faire, je n'ai pas réussi à te venir en aide ». Sa douleur au ventre était encore présente.

L’éclair invisible lécha une nouvelle fois sa blessure, avant de reporter son regard sur son maître. Il ronronna, puis lui donna un petit coup de museau à l'épaule.

« Je vais bien, promis. Allons vite voir si May s'en est sorti, je n'entends plus aucun bruit depuis tout à l'heure ».

Ils se dégagèrent de la partie de la berge effondrée pour revenir là où le combat avait commencé. Une odeur de sang leur agressa les narines, en plus de la puanteur naturelle des orcs et des wargs morts.

May était assise sur l'une des carcasses des fameux canidés. Son marteau était profondément enfoncé dans le crâne de la créature, du sang coulait sur le sol à un rythme continu.

« C'était le dernier ? », demanda Loukas en approchant. Il fut soulagé de constater qu'elle n'était visiblement pas blessée.

« Oui, ceux qui ont tentés de fuir ont été rattrapés par Jorass ; personne ne sera au courant de notre présence, ils sont tous morts. Et de votre côté ? Les trolls vous ont donné du fils à retordre ? ». Elle pointa du doigt la blessure encore apparente de Claod, qui zigzaguait comme un serpent derrière Loukas.

« Je n'ai pas pu combattre aussi bien que je le pensais, c'est ma faute s'il a été touché », avoua-t-il en baissant la tête, honteux. Le dragon le poussa d'un petit mouvement de tête.

La vieille femme se pinça l'arête du nez en soupirant. « Tu aurais pu y passer, heureusement que tu as un compagnon attentionné. La prochaine fois, essaie d'être plus prudent, tu n'es clairement pas encore rétablie ».

Loukas ne répondit pas, son regard s'arrêta sur le cadavre de ce qui semblait être le chef de l'expédition ennemie.

« Tu m'écoutes ? », demanda May en fronçant les sourcils.

« Oui, je t'écoute ». Il s'éloigna, montrant bien qu’en réalité il n’écoutait pas. La dragonnière soupira de nouveau, avant de retirer son arme de l’occiput du warg, répandant sa matière grise sur le sol dans un bruit ridiculement spongieux.

Le Maître s'agenouilla près de la dépouille ensanglantée, avant de tâter son armure et ses vêtements. Il en retira un rouleau de parchemin miteux alors que May venait de le rejoindre.

« Qu'as-tu trouvé ? », demanda cette dernière, le marteau sur l'épaule.

« Ça doit être des ordres ou des instructions écrites par ses supérieurs, les expéditions comme celle-ci sont souvent commandées par des nécromanciens novices. Ou du moins, des personnes plus éminentes que notre ami l'orc ici présent ».

Il ouvrit le rouleau, découvrant des signes et des symboles cabalistiques, écrits à l'encre noir.

La cheffe de la caste plissa les yeux, tourna la tête de droite à gauche avant de proclamer tout haut. « Loukas, je ne comprends rien du tout à tous ces signes, qu'elle est cette langue étrange ? ».

« C'est la langue noire, ou bien le parlé-fourbe. La première est utilisée par tous les monstres des terres infectées, et la deuxième, seulement par les orcs, mais ces derniers n'écrivent que très rarement. Je penche plus pour la première hypothèse ».

« D'accord », déclara May, « Mais je ne vois pas trop en quoi cela nous avance. Tu comprends ce qui est écrit, toi ? ».

« Seulement quelques symboles, mais pas le texte dans sa totalité. Laisse-moi réfléchir et rend moi service, va fouiller les autres corps, s'il te plaît ».

Alors que May s'éloignait, Claod s'approcha et vint se coucher près de Loukas. Ses yeux cherchaient son regard.

« Je ne peux pas lui dire, elle me poserait encore des questions. Je n'ai pas spécialement envie de lui dire que c'est Vinc qui me l'a apprise, elle s'inquiéterait encore plus pour lui et voudrait le rejoindre au plus vite. Or, il est écrit que cette patrouille devait rapporter les activités de notre royaume, puis remonter vers le nord, jusqu’à un camp avancé. Il y a visiblement des mages noirs, là-bas ».

Claod releva la tête, ses écailles frémirent, cliquetant comme une cotte de mailles. Il s'ébroua avant de se lever. La détermination du dragon semblait forte, mais il semblait aussi très apeuré, ce qui n'arrivait jamais.

Loukas hocha la tête, « Oui, nous devons aller voir ».

Jorass croisa le regard de l’éclair invisible. Les deux dragons semblèrent converser un instant. Ses écailles aussi se mirent à cliqueter, et la même peur se lit dans son regard.

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