Une Histoire de Ratés - Bonus // Avant-première

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- C'est bon ça Tozier ! Ils te bouffent tous dans la main ce soir.

Le cri résonna à l'arrière de la grande scène, émit par la personne obèse et surexcité, prostrée devant un Richie qui -contrairement à la fougue du moment- semblait de son côté plutôt calme.  L'homme gesticulait nerveusement dans tous les sens ; signe évident d'une excitation et positivité, bien de trop exagérée. 

- T'as vraiment assuré ce soir.

- Comme d'habitude Don, peut-être doutais-tu encore de mes capacités ? 

Le comédien eut un petit sursaut d'amusement, son visage ornée d'un sourire moqueur imprimé les lèvres. Il remit également en place les diverses mèches folles qui rebiquèrent au-dessus de sa tête, d'une façon faussement négligé. Il le savait bien, il avait de nouveau fait mouche ce soir-là. Son spectacle salué par la critique, ses imitations connues et reprises par une bonne partie du public Américain. Dans le monde du Stand Up, il faisait sûrement parti du haut du gratin, beaucoup plus depuis qu'il avait enfin pris les rênes de l'écriture.

- Sachez señor, qu'il n'y a pas plus doué que moi dans ce bas-monde. Finit-il par déclarer, n'oubliant pas de vérifier une dernière fois son reflet dans le grand miroir face à lui. 

Il était vêtu d'un beau costard pour l'occasion (qui à la bagatelle, devait sûrement coûter plus de 800$), taillé de plus sur-mesure par un des tailleurs les plus réputés de Los Angeles, rien que pour sa grandeur. Il ne comptait plus lorsqu'il s'agissait de ses besoins personnels, de tout type qu'ils furent. À la limite même du narcissisme quelque fois, il ne put se le cacher.

Je pense te devoir bien plus qu'une bouteille de champagne pour ton exploit de ce soir !  Commença finalement le dénommé Donald, bavant déjà allègrement sur les prestigieuses recettes futures que pourrait lui apporter son petit prodige.
- Désolé, mais tu devras te passer de moi et de ma magnificence pour ce soir. Le coupa calmement Richie, les yeux toujours rivés sur lui-même, et remontant fermement son nœud de cravate, fusillé par un certain regard accusateur. En ce qui me concerne, j'ai d'autres projets, que je ne peux pas déserter. 

L'autre en resta penaud, consterné de voir que son artiste semblait avoir mieux à faire que fêter le succès -et l'argent surtout- amassé en compagnie de son producteur, surtout le soir de l'avant-première du dernier spectacle mis en scène. Jamais depuis le jour où il l'avait pris sous son aile, Tozier eut décliné une invitation (surtout lorsqu'il s'agissait d'une soirée alcool-sexe-drogue en perspective), mais le jeune myope ne sembla pas en avoir quelque chose à faire. Sa soirée à lui était déjà toute tracée, avec ou sans l'accord de cet homme vaniteux. Dorénavant, la représentation terminée, il ne lui restait plus qu'à profiter.

- D'accord, okay, arrête-moi si je me trompe. Ça a l'air de puer la chatte ta soirée, non ? Se risqua à demander l'autre homme, hilare de lui-même à sa propre réflexion. 

Richie ne répondit rien, se contentant de sourire à son tour, comme pour lui signifier qu'il n'avait pas totalement tort sur la base de l'idée. Même si la réponse exacte à laquelle il pensa, fut bien évidement différente, et de grâce, indéchiffrable.

-"C'est ce que t'aimerais bien pour toi ça. Gros lard..."

Puis finalement, et sans même écouter la fin de ce qu'on aurait pu lui dire, Richie jeta une poignée de main rapide aux producteur véreux avant de tourner les talons. Les mains dans les poches, il traversait le grand corridor du théâtre sans un mot, même si sa mine parla pour lui. Il semblait irrévocablement réjoui, beaucoup moins que l'homme qui l'eut laissé sur le carreau quelques minutes auparavant, médusé par son indifférence soudaine.

Dehors le temps était humide, et glacial. Une once de particule gelée lui tomba sur les épaules à mesure qu'il s'engouffrait dans le parking bondé. Et comme pour se réchauffer un peu, il tira une cigarette de la poche de sa veste avant de s'accommoder à trouver un briquet. Il tapota une à une ses poches, attendant de pouvoir entendre le petit clique annonciateur. Obnubilé par l'action qu'il s'efforça d'écourter, alors que ses doigts viraient au bleu violacé, il ne vit pas directement la personne qui s'installa à son flanc. Seulement lorsque celle-ci lui brandit un petit objet de couleur rouge vif devant les yeux, comme pour lui faire-part de sa présence.

- Encore cette saleté d'habitude.

Sans qu'il ne le veuille vraiment, le cœur de Richie s'emballa aussi rapidement que la voix l'eut surpris. Manquant presque de faire tomber la cigarette sur le sol humide, il se décala nerveusement de quelques pas, faisant dorénavant face à son interlocuteur. Mais avant même qu'il ne puisse lui répondre quelque chose, il eut le souffle étonnement court, et ne put que balbutier quelques bribes de mots, sans queue ni tête.

- Bon alors, tu le prends ce briquet ou quoi ? J'suis gelé moi, je te signale. Gronda alors le plus petit, d'une voix faussement colérique.

- Je... Je ne m'attendais pas à te voir arriver. Murmura pour réponse Tozier, conscient qu'il devait sûrement passer pour un idiot fini. On devait se rejoindre au resto avec les autres, tu m'as surpris. 

Le nouveau venu ne lui répondit que d'un léger rire étranglé. Ses yeux furent baissés, et il envoya mollement son pied droit pulvériser un petit tas de neige fraîchement créé quelques secondes auparavant.

- Toujours aussi distrait, Richard. 

Le prénommé fut sans conteste perdu en pleine pensée, contemplant son ami. Tout en tirant une bouffée sur le tube de tabac, il se délecta de la présence de cet homme à ses côtés, n'hésitant pas non plus à foncièrement le mater ; sans même prendre la peine de se rendre discret, toujours murer dans son silence. Seules ses iris trahirent une infime partie de ses songes lubriques, luisantes d'une lueur scintillante.

- Enfin bon, carton plein encore ce soir ? Siffla Kaspbrak tout en partageant une des deux canettes de bières qu'il possédait, la jetant au visage de son ami, qui ne l'attrapa qu'à la dernière seconde. 

- Comme toujours Eds, j'suis le meilleur. Mais ce que moi je voulais surtout savoir c'est, comment toi tu l'as trouvé ? 

Accompagnant sa question d'un timide rapprochement, le comédien semblait avoir réussi son effet. Eddie en baissa le regard, souriant d'un air quelque peu gêné. Il n'avait pas encore bien l'habitude de ce genre d'initiative.

- Vraiment, c'était si mauvais que ça ?! S'insurgea de ce fait Tozier, laissant émerger une expression beaucoup trop exagérée de son faciès. 

Rapidement, Eddie comprit que ce ne fut qu'une ruse de plus pour pouvoir se rapprocher davantage. Et avant même qu'il ne puisse véritablement le réaliser, Richie déposait sa main sur le haut de son cou, et avança son visage encore un peu plus. Kaspbrak en resta penaud, ne pouvant articuler deux mots cohérents, et ses lèvres se pincèrent fermement à l'instant où ses doigts se déplacèrent vers l'esquisse de sa bouche légèrement gercée. Ces derniers se contentaient de passer finement sur ses traits fatigués ; laissant leur propriétaire se perdre indubitablement dans les iris noires du protagoniste qui le détaillaient.

- Alors, ce n'était pas bien ? 

Son timbre de voix passa quelques octaves Elle se voulut plus suave, et résonna de façon assourdissante dans les oreilles d'Eddie. Durant un laps de temps assez long pour celui-ci finisse par se réveiller de cet état de confusion.

- Ce que j'en ai pensé, vraiment ? Et bien, disons que ta mère m'a bien plus diverti, et pendant bien plus longtemps. 

Avant même qu'il n'eut véritablement le temps de finir sa phrase, l'ancien asthmatique répliqua d'un épouvantable rire sarcastique, d'un rictus incontrôlé et hautain, qui coupa-court à tout autre potentielle réponse. Ce fut à coup sûr, un des coups les plus impitoyables que Tozier ait eu à supporter ; étant habituellement le roi de ce petit jeu puéril. Il ne répondit alors pas, se décalant de plusieurs centimètres en arrière et lui souriant à son tour, tout de même touché dans son estime. De plus, par Kaspbrak lui-même. Quel affront. 

Il se tût, et se pinça la lèvre inférieur par frustration. "Au moins, personne ne nous a entendu." Pensait-il silencieusement. Eddie le concernant, n'avait pas été foutu d'arrêter de rire dans son dos, n'hésitant pas non plus à le décoiffer de sa main droite au passage. Comme signe d'une ultime provocation, le désignant par ailleurs comme vainqueur de cette nouvelle manche redondante.

☽ ☾

- Et là, il n'a plus trouver quoi dire. Et depuis, Monsieur Tozier est vexé, et continu de faire la gueule. 

Eddie faisait face à une bande quelque peu incrédule, dont plusieurs laissèrent échapper des sourires médusés, et Beverly pouffa discrètement devant un Richie devenu passif et manifestement dérouté. Le comique se contentait pour sa part, d'attendre patiemment que le moment se termine, jugeant ses amis d'une expression faussement boudeuse.

- Pardon, tu veux dire que Trashmouth n'a pas su quoi répondre ? S'égosilla Bill, manquant de peu de s’étouffer avec sa gorgée de bière brune.

À ses côtés, sa femme Audra semblait quant à elle amusé, enchantée de faire enfin la connaissance des ratés. Richie tenta de conquérir un peu de son soutien ; étant la seule personne autour de la table qu'il ne connaissait globalement pas. Mais d'un regard, elle lui fit comprendre qu'on l'avait d'ores et déjà évincé.

- Rich', je ne pense pas que ce soit ton jour. Tu vas devoir payer ta tournée mon garçon. Annonça Ben d'un ton faussement triste, soulevant son verre vide au milieu de la tablée.

Et avant même que Richie n'ait le temps de placer deux mots d'objections dans la conversation, il se fit couper par le restant de la joyeuse troupe. Ils rejoignirent leurs verres ensembles dans un éclat de bonne humeur conséquente, devant le visage dorénavant fermé et dépité du comique.

- D'accord c'est bon, je crois que j'ai compris. Répondit ce dernier, se levant par simple résignation. Je vais me consoler en me disant, qu'au moins, je ne verrais plus vos gueules d'enfoirées pendant cinq minutes. J'vais m'branler tiens, ça va me détendre. 

Il ne traîna pas pour déserter ensuite, ne manquant pas d'embrasser la joue de son voisin avant son départ. Il laissa suffisamment de temps à son mouvement pour lui glisser une parole imperceptible à l'oreille 

-Tu me payeras ça, p'tit enculé.

Et pendant qu'il s'éloignait vers le bar, tout en sortant son portefeuille de sa poche arrière, de nouveaux rires fusèrent rapidement autour la grande table. Kaspbrak rigola une nouvelle fois, conquis d'un indomptable air de fierté. Pour la première fois en vingt-huit ans, il était heureux, vraiment heureux. Il se sentait bien, à sa place. A dire vrai, Mike avait-eu raison. Si il n'était pas revenu à Derry l'été précédent -dès le jour-même de l'appel- il n'aurait jamais connu le sentiment de se sentir réellement vivant. Comme une intuition mystérieuse, il y fut allé, sans trop savoir forcément pourquoi. Mais il savait à présent que ce ne fut que grâce à Richie.

- Vous l'avez vexé non ? Demanda soudainement Audra, cachant son amusement derrière un verre à moitié vide.

- Quoi, Richie ? Non, t'embête pas pour ça, il a l'habitude. C'est le plus lourd de la bande, c'est pour te dire ! Rigola farouchement Ben, le dos toujours adossé contre le dossier de sa chaise, à moitié renversée.

- Richie est adorable, c'est un gars incroyable, un courage exemplaire. Conclut alors timidement Beverly, laissant glisser un jeton en métal gris le long de ses doigts. Eddie ne l'avait pas remarqué, avant que cette dernière ne prit la parole.

- Comment... Comment t'a récupéré ça ?

- J'ai fais un petit détour, le jour où on a quitté Derry. 

Elle souffla sa phrase dans un sourire perplexe, laissant planer un sentiment étrange chez le reste des convives. Tous restèrent quelques instants silencieux, se remémorant intérieurement les événements de cet été-là.

- Je voulais l'offrir à Richie, pour sa réussite... Et la représentation de ce soir me semble être une bonne opportunité. 

Puis, elle toisa Eddie d'un regard bienveillant, le même qu'elle pouvait avoir avec toute la bande, excepté Ben.

- Je pense qu'il te revient à toi de lui offrir, je crois que ça représenterait beaucoup pour lui. 

Kaspbrak ne sut quoi répondre. Il se contenta alors de prendre le bout de ferraille au creux de sa paume, et le fixa un instant, conscient de tout ce que cette petite chose pouvait à présent représenter.

- Bon alors, il n'y a pas un ou deux péquenauds qui va m'voir là ! J'vous attends d'puis une demi-heure avec les verres moi, bande de p'tits merdeux. 

Richie déboula sans crier garde entre Bill et Mike d'un air faussement énervé, mais tout le monde semblait s'être arrêté sur la petite chose que cachait Eddie dans sa main, maintenant caché derrière son dos. Une sensation de malaise s'en suivit, personne n'osant parler ou savoir ce que Richie avait réellement dit.

- Heu... Si vous m'aviez cru d't'a l'heure : j'étais pas vraiment... En train d'me branler hein... C'était une... Une boutade d'accord... ? Questionna-t-il finalement, passant son regard autour de la table.

Puis finalement (très vite), le groupe des ratés reprirent leur joie significative. Eddie lui, se contenta de faire glisser discrètement le précieux jeton dans la poche avant de son pantalon, surveillé de près par l'expression d'incompréhension de l'homme à lunette face à lui, qu'il occupa d'un sourire angélique.

☽ ☾

- Je crois juste, que j'ai... Juste un peu... trop bu, c'est tout. Mais j'vais bien, ça va ! Brailla Kaspbrak, titubant de par et d'autre dans les bras de son ami. 

Richie était trimbalé de droite à gauche, sans parvenir à garder son équilibre, et prostré le long de son corps, les deux mains liées en bas du dos.

- Un peu, mais bien bourré quand même. Répondit aussitôt ce dernier, ne parvenant que difficilement à se tenir debout déjà seul.

- Me fais pas la morale hein ! T'as l'habitude de boire, et pas moi. Rétorqua alors le plus jeune, reprenant soudainement une posture plus droite, tel un I, pour prouver (entre autre) qu'il gérait la situation.

- N'empêche que, quand même, t'es bien bourré et t'es coincé dans mes bras. T'as pas peur ? Demanda alors le jeune myope, les rapprochant toujours plus. 

L'autre ne sut comment réagir, hoquetant un sursaut de surprise à leur contact. Il n'aurait pu savoir si c'était l'alcool, ou lui, qui procurait ses constantes pertes d'équilibres.  

- Non, c'est pas toi qui vas me faire peur. T'es pas musclé t'façon, t'es juste gros...

- Ça, c'était purement gratuit Eds. Pourtant, ça à l'air de te faire peur d'habitude ce que je peux avoir avec moi.

Eddie leva les yeux au ciel dans un soupir de désespoir. Fallait-il vraiment s'engager dans cette voie ? En tous cas, la récente beuverie aidant, il ne mit pas longtemps à se reprendre et a imaginer une réponse décente. Étrangement, il semblait sûr de lui.   

- Tu te sers de ta bite à chaque occasion aussi, quel mystère me reste t-il si je ne patiente pas un peu ? Suffit que tu sois, en plus, un mauvais coup... Quelle désillusion, tu imagines ? La taille ne fait pas tout je te signale...

- Et c'est toi qui me dis ça ? Toi qui a épousé la femme ayant déjà mangé les trois-quarts des Etats-Unis ?

- Vas te faire foutre connard.

Malgré sa réponse, Eddie riait de bon cœur. Il aurait été incapable de garder son sérieux, même si Tozier avait gardé la bouche fermée.

- Ça te ferait pas peur si je te collais contre le mur ? Et si je décidais, par inadvertance, de t'enculer ?

Richie se rapprocha d'une manière menaçante, accentuant nettement son propos, si bien que son partenaire ne put s'empêcher de reculer.

- Qu'est-ce que tu ressentirais, dis-moi ?

- Furieusement excité par l'idée.

- Pardon... Répète moi ça ?

- Tête de bite... 

Ce ne fut qu'un murmure à peine audible, alors même que les lèvres du plus jeune se rapprochèrent dangereusement dans un sourire marqué. Puis finalement, Tozier ne sut véritablement se contenir. Il fonça rapidement sur son partenaire, tel un ennemi qu'il fallait rudement repousser. Il était sonné, et l'étonnement laissa place fatidiquement à la fougue du moment, Eddie suffocant presque immédiatement. Son cœur s'emballait dans sa poitrine, avant même qu'il ne se fasse bloquer contre la surface plane de la pièce, prisonnier d'un corps étranger.

Il sentit alors une langue parvenir à se glisser entre ses lèvres mouvantes, dans l'optique de rejoindre la sienne, tapis dans l'ombre. Mais il ne résista pas longtemps à cette attaque. Rapidement, il se mit à suçoter le bout de chair qui lui rendit visite, faisant frémir d'excitation son partenaire. Ils étaient maintenant seuls dans ces toilettes publiques. Eddie lâcha sa prise rapidement, avant de tourner frénétiquement la tête de gauche à droite. Sans attendre, il regarda furtivement la pièce aux allures vides, avant de pousser nonchalamment l'autre homme dans une des cabines isolées derrière eux. Ainsi, il le plaqua contre le mur, le bloquant contre son corps légèrement tremblant.

Richie rouvrit les yeux de surprise, la tête baissée vers le regard malicieux de l'hypocondriaque. Il lui émit alors un mouvement de sourcil avant de descendre lentement ses mains vers le postérieure de son ami.

- Comment tu peux ne pas être angoissé à l'idée de me bloquer ici ? Commenta-t-il doucement en rigolant, son emprise se resserrant autour de cette silhouette frêle.

- M'en fout... Bougonna tout bêtement Eddie, déboutonnant le premier bouton de la chemise de sa victime. Ce sera ta faute si je choppe une saloperie d'façon. 

Sur cette parole, le plus petit laissa tomber le bout de ses ongles sur la ceinture serrée de Richie. Quand bien même il tâchait d'aller vite, il ne sembla pas en mesure de suivre le rythme qu'imposèrent ses pensées. Il enroula difficilement celle-ci de ses dix doigts, avant de tirer dessus d'un coup sec.

- Ouais, bah non. Moi, j'veux pas faire notre première fois comme ça. Répliqua soudainement Tozier, sa voix à demi étouffée sous les baisers ardents de son assaillant. 

- Bien que tu sois hyper bandant, j'm'en porte garant... 

Eddie ne répondit que d'un petit rire nerveux, sans pour autant stopper son mouvement. Il fut cependant arrêté par Richie qui lui pria de cesser tout geste. L'autre en resta songeur, plantant son regard boudeur dans les pupilles châtaignes du plus vieux. Celui-ci en sourit, s'esclaffant presque devant un Eddie devenu maintenant blanc pâle.

- Eddie. Ce n'est pas que j'ai pas envie de toi, tu peux me croire... J'attends ce moment depuis, je ne sais combien de temps, mais je ne veux pas te faire l'amour ici, pas comme-ça. Avec toi dans un état à moitié comateux, ni même dans les toilettes d'un bar plutôt douteux. J'aurai voulu ça dans un contexte, tout de même un peu plus romantique tu comprends ? Je dois au moins ça à mon adolescence. 

Kaspbrak eut fini par en sourire, ne lui signifiant que pour seule réponse, un bref baiser du bout des lèvres. Richie s'en contenta, resserrant finement sa prise autour de lui. 

- Mais une fois à la maison crois-moi, que ça, je l'aurai pas oublié.

☽ ☾

Il le poussa une nouvelle fois, exténué. L'autre ne lui répondit que par un faible râle, signe évident de son endormissement récent. Eddie fut allongé de tout son poids sur le dos, étalé sur la couverture encore intacte. Il ronfla bruyamment par moment : lâchant de petits cris ou paroles inaudibles de temps en temps. Les muscles tremblants encore, réactifs dû à l'alcool que son foie fut obligé de traiter, et sa bouche à semi-ouverte qui laissait passer un filament d'air constant. Pour Richie, il fut simplement à croquer.

Il resta là longtemps à le regarder sans bouger. Terminant une cigarette qui se consumait en silence, et contemplant l'homme qu'il chérissait et qui lui eut sauvé la vie jadis. Dans les deux sens -littéral ou non- de la chose. Eddie lui répétait souvent qu'il avait fait la même chose ce jour-là, celui où Pennywise avait péri. Richie avait fait le même geste.

Et ils étaient rendus là. Kaspbrak était avec lui, et ronflait. Ivre, et prenant toute la place dans leur lit conjugal. Richie eut un soupir d'exactitude à cette réflexion et se tapa le front. Puis, il fixa sans un mot ni expression, la cicatrice de ses cauchemars se tracer sur son abdomen. Souvenir d'une vague vision dont-il ne pouvait plus se séparer ; sa malédiction pour avoir osé braver la mort. Pourtant, cette dernière s'estompa rapidement ce soir-là. 

Tout en se débarrassant de son mégot dans le petit cendrier, il commença alors à le déshabiller. Prenant garde à chaque fois de ne pas faire de mouvement trop brusque, espérant ne pas le déranger dans son sommeil réparateur. Kaspbrak avait tendance à être casse-pied étant soul, Richie ne souhaitait pas revivre tout ça, il était déjà bien trop tard.

Et ce fut quand celui-ci menait son intense combat qu'il vit sortir un objet inconnu d'une de des poches de l'endormi. Le jeton, jusque-là quasiment oublié, se mit à briller sur le sol dans un petit bruit aigu. Le plus âgé se baissa par réflexe, voulant tout d'abord le remettre sur la petite table de chevet. Mais il le regarda d'un peu plus près, intrigué. Il connaissait ce jeton, mais il se demandait comment était-il arrivé jusqu'ici. Cependant, il en sourit timidement, surement un souvenir qu'Eddie avait du vouloir garder. En silence, il termina sa tâche, après avoir rangé le petit bout de métal sur le guéridon.

Enfin, il se résigna à s'étendre auprès de son ami, ne parvenant que difficilement à se faire une place. Mais dès lors qu'il fut allongé, l'autre resserra son emprise contre lui et Richie en resta penaud, avant de se relever légèrement. Eddie se décala machinalement, déportant tout son flanc gauche vers le jeune myope. Puis enfin, le prit en otage, n'hésitant pas à venir pousser sa main gauche sous le corps tendu de Tozier. Il laissa ainsi s'échapper quatre petits mots dans sa manœuvre, sous le sourire attendrit du jeune quarantenaire.

- J'ai pas oublié...

☽ ☾

Sous un soleil matinal, Eddie ne s'éveilla que difficilement. Ses muscles le faisaient souffrir : Tendus, courbaturés et douloureux. Sans même parler de ce mal de crâne qui persistait sans raison, étant donné les faibles bruits de la maison qui s'éveillait. Il jeta péniblement un regard vers le bout de ses pieds, réalisant par ailleurs qu'il était en caleçon, ses vêtements impeccablement pliés à côté du lit. Il ne comprit pas tout de suite où il était, ni même ce qui avait pu se passer depuis la veille. Il se souvenait juste être allé rejoindre Richie dehors après la cérémonie, et le bar ensuite ; une dernière chose qui lui laissa comme un goût amer dans la gorge. Mais ce fut alors qu'il parvenait réellement à ouvrir les yeux qu'une voix fit abstraction dans la chambre, à peine éclairée.

- Ah bah quand même. Tu sais que j'ai cru devoir te réanimer par moment pour que tu te réveilles ? Se plaignit faiblement Tozier, deux tasses de cafés fumantes dans les mains. 

Lui était déjà apprêté, tel point qu'Eddie se demanda combien de temps il avait pu dormir.

- Pourquoi, il est quelle heure ? 

- T'inquiète Eds. Il y a rien qui presse...

L'humoriste se rapprocha, tendant une des tasses brûlantes à son compère. Eddie l'accepta volontiers, se prêtant au jeu de son parfum envoûtant. Son corps avait fini par se détendre un peu, il se réveillait lentement, sous le regard plutôt amusé du nouvel arrivant.

- Quoi ? Qu'est-ce que t'as encore à me regarder comme ça... Siffla Kaspbrak, détournant le regard vers la porte toujours entre-ouverte, ébranlé.

- Rien. Non, rien... Juste, tu étais mignon hier. Tu te souviens de ta soirée au moins ? 

Richie sirota bruyamment son café, devant les yeux dorénavant gênés de son interlocuteur. Incapable de répondre correctement, Eddie bredouilla quelques mots, le temps de trouver quoi répliquer. 

- Je sais pas trop... Je t'en ai pas foutu plein la gueule devant toute la bande, pour commencer ? 

Richie leva les yeux au ciel, aucunement surprit par la réponse cinglante. Mais cette fois-ci, il ne se laissa pas faire. Comme pour répondre à la provocation, il posa sans un mot la vaisselle qu'il détenait dans sa main gauche, et se rapprocha quelque peu. Fixant d'un regard plus appuyé son invité.

- Et là ? Ce genre de moment, ça ne te dit rien non plus ?

Ce ne fut qu'un susurrement, mais il eut le pouvoir de faire perdre le fil de la conversation à son interlocuteur. Eddie vite hypnotisé, se sentit de suite prisonnier de ces deux billes noires le transperçant. Il tâcha malgré tout de garder la face, mais n'y réussit pas plus de trois secondes. Richie fit soudainement tomber ses doigts entre ses biceps étrangement contractés, le regardant différemment. Et tel un prédateur prêt à dévorer sa proie, il marqua un temps d'attente avant d'une nouvelle fois se rapprocher, permettant à Eddie de sentir la caresse de sa respiration sur son visage.

- Tu ne te souviens pas ? Répéta-t-il une seconde fois. Tu m'as dis quelque chose que je ne peux pas oublier, et tu m'as même fait poiroter en prime. Je t'ai prévenu, je te ferai payer ça p'tit enculé.

Sa phrase à peine prononcé, il arpenta ses lèvres avec agressivité. L'autre n'en fut que plus heureux, même si prit de court. Il aurait voulu répliquer, continuer le petit jeu qu'ils eurent depuis toujours instauré, mais la suite du projet venait tout juste d'être scellée. La main du plus jeune vint rejoindre le mouvement, maintenant la base des cheveux du plus vieux, les tirant légèrement en arrière. Celui-ci mordilla la lèvre bloquée sous ses incisives, se délectant de la main qu'il sentit commencer à le déshabiller. Il ne fit rien pour l'arrêter, rejoignant également la manœuvre en s'immisçant sous le boxer étiré de son asseyant. Celui-ci poussa un petit gémissement étouffé, posant à son tour sa tasse sur le côté.

- Tu tiens déjà plus ? J'pensais pas être aussi fort dans la négociation. Se vanta timidement le plus âgé, un sourire ayant également emporter les traits de son visage.

- J'me souviens avoir essayé d'te violer dans les toilettes, mais qu'tu l'as refusé. Je sais qu'on la jamais... Réellement fait, dans cet ordre-là. Balbutia alors Eddie. Baissant le regard, les joues cramoisies.

- Mais j'avais jamais eu aussi envie d'toi... De cette façon.

Lentement, il parvint finalement à se redresser sur son interlocuteur. Assis contre lui, il prit une légère inspiration. 

- Jusqu'à... Maintenant, j'crois bien. 

Dans le sourire nostalgique du jeune adolescent qu'il était autre fois, Tozier pencha son cadet pour l'embrasser, d'une façon beaucoup plus calme. Il exécuta le baiser parfait, tel qu'il aurait voulu l'embrasser à ses treize ans. Comme vingt-huit ans en arrière. Finalement, il finit par le faire tomber contre le matelas, le bloquant contre son T-Shirt remonté. Il reprit au même instant possession du-dessous de son sous-vêtement, laissant descendre sa langue le long de ce cou offert. Il le mordait, le léchait sans trop se contrôler, le temps que le sexe réveillé d'Eddie ne pointe vertigineusement vers l'avant, éprit de sa main gauche.

Celui-ci étouffa rapidement ses gémissements d'extases incontrôlés dans la chevelure décoiffée de son amant. Sa respiration fut démesurée, irrégulière, alors que ses doigts continuèrent à s'accrocher désespérément à sa nuque découverte. Pour autant, il permit l'accès au bras du plus vieux en dessous de son corps tout en se relevant. Celui-ci avait dès-à-présent totalement l'opportunité de retirer le boxer étriqué de l'ancien asthmatique. Il en sourit presque tout en s'exécutant, permettant ainsi une totale -et première- découverte de ce corps offert.

Richie se releva, enlevant calmement son T-Shirt. Il ne laissa pas le temps à Eddie pour réfléchir de la situation, repartant aussitôt à l'assaut de ce cou si tentant. Doucement, il se mit à caresser le bas ventre nu de son meilleur ami, avant de commencer une lente masturbation. Sa main était souple ; les gestes qu'elle entreprit permirent au moins expérimenté de se laisser aller. Il savourait en silence -et un peu honteusement- le spectacle qui s'offrit à lui. Mais Kaspbrak ne semblait pas en avoir quelque chose à faire, il parut partir dans un nouvel état d'éveil. Il ne pouvait se résigner à une telle jouissance : Il était plus solide qu'un roc.

Le plus vieux continua alors son mouvement, descendant sa mâchoire à mesure qu'il jaugeait la portée de ses gestes sur son hôte. Dans quelle direction, quelle vitesse la plus adéquate et susceptible à son extase. Et à l'instant-même où il sut véritablement comment s'y prendre à la quasi-perfection, il glissa le bout du sexe brillant entre ses mains dans sa cavité buccale. Sa langue s'entoura tout du long, l'accompagnant dès l'entrée de celle-ci. Son partenaire ne put se contenir de gémir bruyamment et surprit, il laissa échapper une injure dans l'air. Richie s'installa correctement entre ses jambes, se mettant le plus à son aise possible.

Accompagnant son acte d'une cadence plus endiablée, celui-ci s'empressa également de descendre sa langue au plus bas de l'anatomie de son partenaire. Eddie s'étrangla discrètement en sentant le bout de ce muscle humide lui frôler l'endroit le plus intime de sa personne. Cela fit sourire son complice, qui n'hésita pas à remonter ses pupilles exaltées vers les joues enflammées de sa victime.

- Quoi ? Elle t'a jamais fait ça ta grosse ménagère ? Plaisanta-t-il, si bas qu'Eddie pensa sur le coup qu'il se parlait à lui-même.

- Je sais pas, putain, c'est... Bizarre...

- Nous ne sommes qu'au début Eddie-Chou. 

Tozier souffla la fin de sa phrase, et remit sa langue là où il l'avait dernièrement déposé. Puis, à chaque nouveau coup passage, Eddie reprit ses complaintes. Mais en cet instant, il ne put s'empêcher de joindre ses deux paumes sur le haut de ce crane garni qu'il voyait se mouver sous lui. Le temps ne fut plus au silence, car il ne se gênait plus pour exprimer son propre plaisir. Son bassin s'avança instinctivement vers l'avant, et sa tête ne pouvait rester statique. Il n'avait jamais ressenti une telle sensation, avec quiconque dans sa vie, même seul. Cela lui sembla fou.

Il haletait péniblement, la bouche à semi-ouverte, quand deux doigts emprisonnèrent ses lèvres. Richie le scruta du coin de l'œil, s'occupant à remonter calmement sa langue le long de sa verge durcit. L'autre comprit tout de suite ce qu'on lui demandait d'accepter. Et sans un mot, il laissa le bout de sa langue attraper les cuticules de son adversaire, les ramenant à sa bouche, et les suçotant paisiblement. Il sentit au même instant son aîné se raidir le long de son membre, gesticulant nerveusement le bassin entre ses jambes. Eddie comprit seul ce que ce mouvement pouvait signifier.

Il s'élança à sa merci, le forçant à remonter face à lui, et l'embrassa. Sa main tremblante d'excitation déboutonnait le jean de Tozier qui lui, resta statique, tâchant en vain de calmer ses nerfs. Mais rapidement, ils furent dans le sens inverse. Eddie surplombait son aîné, le bloquant de tout son poids. Il commençait à lui retirer tout vêtement susceptible de le cacher, quand il se fit bloquer dans sa démarche.

- Te sens pas obligé de faire les choses que j'peux faire... D'accord ? Coupa timidement Tozier d'un petit chuchotement. Je ne te demande rien. 

Eddie ne répondit qu'un instant plus-tard, d'un sourire en coin suivi d'un chaste baiser sur les lèvres qu'il discernait. Mais avant même que son conjoint ne puisse répondre à l'acte, il descendit sensuellement son visage jusqu'à son torse nu. Richie inspira soudainement, surprit. Il n'arrivait pas à prendre tout ça au sérieux. C'était trop gros, trop beau : Mais pourtant bien la réalité. Cette même réalité qui lui explosa en plein visage lorsque, il se mit à sentir comme une fellation contre sa virilité libérée. Richie inspira une nouvelle fois, cette fois-ci de suffocation. Il avait chaud ; beaucoup trop chaud pour que ce soit l'influence de la température en elle-même. L'acte qui se déroulait sous lui -et dont-il était acteur- fut ce qu'il eut espéré le plus, le plus excitant spectacle qui lui avait été donné de vivre : Edward Kaspbrak était bien en train de lui faire subir des préliminaires endiablés.

Ravalant un petit sobriquet nerveux, Tozier se laissa finalement aller, la nuque tiré en arrière. Puis, il se laissa peu à peu tomber dans la jouissance. Kaspbrak semblait assez vite s'accommoder, se laissant finalement tenter à la découverte de ce nouveau plaisir charnel. Il tournait et virevoltait autour, sans même oser orienter son regard vers le visage rougit de son partenaire. Malgré l'engouement de son geste, Richie sentait la timidité de son amant, et le fit se stopper.

- Je veux pas trop m'attarder là-dessus. Même si tu te débrouilles incroyablement bien, on aura bien le temps de peaufiner ça à l'avenir. Je veux autre chose, j'veux que tu sois à moi, totalement à moi. 

Ce fut à présent Eddie qui replongea instantanément en pleine enfance. Il se revit gamin, incapable de voir des choses qui lui furent inconnues si ce ne fut par Richie. Il revit ce gamin d'ordinaire si réservé, pouvoir être lui-même dans ces moments. Et enfin, il apercevait la partie refoulée de son plus ancien ami. Logeant ses lèvres dans le cou du plus âgé, il l'invita à le surplomber, collant par ailleurs leurs deux corps nus et réveillés, dans une position plus équivoque. Dans le même temps, Richie se rapprocha une nouvelle fois, laissant glisser nonchalamment le bout de ses doigts vers l'entrée devant lui.

- Furieusement excité par l'idée, tu disais ? 

Mais Eddie fut frappé d'une nouvelle attaque le temps qu'il cherchait à lui rétorquer quelque chose. Le sexe brûlant de son amant venait soudainement de se plaquer contre son intimité, lui retirant par ailleurs un grognement incontrôlé. Puis il comprit que cela ne fut tout au plus qu'un début, puisque ce dernier exécutait de longs passages exquis contre l'infime parcelle de peau qui séparait ses deux organes hétérogènes.

Il ne bafouilla que quelques mots incompréhensibles, avant que Richie ne présente à nouveau ses doigts aux bords de ses lèvres humides. Eddie les accepta une seconde fois, ne manquant pas de fermer les yeux pour s'exécuter. Ce qui permit finalement au plus expérimenté d'engendrer les mouvements nécessaires. Eddie resta impassible les premières secondes, il sentait les doigts de Richie se mouvoir en lui, d'une façon quasiment imperceptible. Mais ce n'était que pour qu'il puisse se sentir à son aise. Son sexe se trouva de nouveau comprimé dans la main du plus grand, trop occupé à découvrir ses lèvres encore et encore. A cette vision, l'hypocondriaque s'ouvrit étrangement, et sans même qu'il ne s'en rende compte, Richie bougeait frénétiquement son index et son majeur à l'entrée de son corps.

Kaspbrak semblait en confiance avec son partenaire, ne se souciant plus de rien. Celui-ci en profita pour surfer sur cet instant de plénitude, s'allongeant discrètement sur lui. Il leva ses jambes autour de sa taille, plaçant son membre dans une direction plus précise de son anatomie. Eddie se trémoussa furtivement, tentant de faire passer son excitation jaillissante. Richie s'abaissa et scella leurs envies communes avant d'appuyer doucement sur l'entre-jambe dénudé de son partenaire.

- Fait-le. 

Plus qu'un murmure : Ce fut le signal que Kaspbrak lui lançait pour qu'il puisse venir s'unir. Deux gémissements distincts glissèrent de leurs gorges respectives, venant résonner entre les murs de la petite pièce plongée dans une légère obscurité. Tozier se bloqua instinctivement une fois qu'il put s'introduire complètement, Eddie quant à lui, soufflait péniblement. Partagé entre deux ressentis distincts, il essayait simplement de réguler son rythme cardiaque. Il s'accommodait à la sensation comme il le pouvait, cédant de nouveau au plaisir de la chair lorsque Richie se mit à stimuler les deux endroits dont-il avait accès. Il se mouvait contre son bassin, à mesure qu'il le masturbait, le tout plaqué contre lui ; le corps raidit. Puis enfin, il le toisait, et lui fit voir la vérité du moment. Ils étaient unis, réellement. Eddie en resta sans voix, haletant péniblement. Son souffle se dissipa mystérieusement, à tel point qu'il crut presque lui falloir son précieux inhalateur. Mais sous les baisers ardents de son amant, il en fit tout simplement abstraction.

La sensation était puissante, ils n'eurent que peu de recul sur les actions qu'ils entreprenaient. Tout semblait s'enchaîner naturellement, si fluide d'ailleurs que les deux hommes ne portèrent aucune attention à ce qu'il pouvait se passer aux alentours. Tozier était ailleurs, dans un autre monde, mais le seul à avoir les yeux ouverts sur la scène. Il passa en revue, silencieux, les passages de son sexe glissant sans difficulté dans l'entrée élargit qui s'offrait à lui. Il laissait ses iris se diriger naturellement vers ce visage qu'il ne cessa de contempler, il l'envoûtait autant qu'il l'inspirait. Ce dernier souffla, gémit, se mordit la lèvre supérieure dans un rictus irrésistible. Il n'en fallut pas plus à son aîné pour se laisser aller lui aussi à la pleine jouissance. Au bord du précipice, il déposa doucement son front sur le mollet de sa victime, avant d'en mordiller une minime partie. Ses mouvements ralentirent, ses deux mains voyageant sur son ventre tendu.

- Je t'aime... 

La parole était incontrôlée, mais son bassin suivit le propos d'un mouvement saccadé. Eddie peina à sortir une parole, surprit par l'alliance de ces deux moments, lui permettant d'atteindre le fameux point de l'instant. Quelques pénétrations de plus lui suffirent pour partir dans un râle étouffé, hurlant de petits sobriquets de jouissance, avant de revenir contre les lèvres ardentes du plus vieux. Il trembla plusieurs secondes contre le corps tendu de Tozier, à mesure que son anus lui, se rétractait davantage contre cette verge toujours solide. Il n'en fallut pas plus à ce dernier pour en faire de même, prenant tout de même la décence de se séparer de son partenaire pour ce point de non-retour. Ils ne bougèrent plus lors des minutes qui défilèrent ensuite, bien de trop occupé à reprendre son souffle. 

- Tu penses qu'on peut recommencer... ? 

Eddie effectua sa demande à demi-mot, dévasté par la puissance de son récent orgasme. Elle engendra par la suite, un rire long et honnête de la part de l'homme sur son dessus, perdant au passage le contrôle de ses nerfs tendus à vifs.

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