Chapitre 3 : Les aventures du Renard Clair de Lune - Récit d’un crime parfait ( - Partie 1)

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C’était un soir de pleine lune, une soirée comme on en voit qu’une seule fois tous les vingt-huit jours. Ce n’était pas forcément une nuit très calme, loin de là. Juanusa-City avait bien changé depuis de nombreuses années, ce n’était plus la ville paisible d’antan.

Tout avait commencé à changer après que la tempête ait saisi le pays, notamment cette ville. Beaucoup de gens étaient morts et beaucoup d’institutions avaient été détruites. Suite à cela, des hommes s’étaient proposés de reconstruire les bâtiments et les vies de chacun, devenant ainsi des chefs pour la communauté, et pour certains des sectaires. C’était la face cachée de la population, cela n’était pas trop visible directement, mais quand vous le saviez vous ne pouviez vous empêcher de voir autre chose que ces hommes terroriser la population, la manipuler. Et ainsi, le taux de criminalité avait augmenté. Les vols à l’étalage étaient devenus de plus en plus nombreux et le nombre d’homicides, qu’ils soient volontaires ou non, avait augmenté, que ce soit à Juanusa-City ou dans tout Palandria. Il n’y avait plus vraiment d’ordre. Les bandes se créaient et personne ne semblait essayer de les arrêter.

« Cher journal,

Je m’appelle Celica Fox, je suis une jeune fille habitant à Juanusa-City depuis ma plus tendre enfance. J’ai rarement quitté la ville, pour être honnête. Je ne connais pas grand chose de Palandria. J’avais eu la chance de voyager quelques fois avec ma maman, après le décès de papa, et nos aventures nous avaient mené jusqu’à Nametsyville, tristement célèbre de part le meurtre sordide de Danea James il y a des années de cela. J’ai depuis peu dix-neuf ans et je suis enfin libre de faire ce que je veux désormais. Je vis toujours chez maman mais je vis ma vie, je sors la nuit, je me suis fait pas mal d’amis, donc tout va bien.

Mon journal, on m’a dit de t’écrire pour qu’il reste une trace de mon histoire, que je devienne un modèle pour les générations futures.

Si vous lisez ceci, sachez que j’ai été soit capturée, soit tuée. Ne prenez pas ceci à la légère. Car autant vous le dire dès maintenant ; je suis le Renard Clair de Lune.

… »

Ils sautaient de toits en toits, courant le plus vite possible, l’un essayant de rattraper l’autre à tout prix. Celle qui était à la poursuite, c’était Celica, vêtue de son costume du Renard Clair de Lune, comme à son habitude. Elle portait un loup violet, rappelant sa couleur préférée et une combinaison noire en latex, munie d’une cape violette où l’on pouvait apercevoir une tête de renard, dénonçant ainsi son identité de justicière. Elle avait toujours une oreillette sur elle, pour pouvoir communiquer avec son plus fidèle allié et savoir où elle devait aller.

Son cœur battait à mille à l’heure, espérant à tout prix atteindre le malfrat qui courait devant elle. Elle ne l’avait jamais vu auparavant, mais elle savait qu’elle se devait de l’arrêter coûte que coûte. Plus tôt dans la soirée, il avait volé dans une bijouterie du centre-ville des bijoux pour une somme de plusieurs millions de palandes, la monnaie du pays. Il était entré comme par magie et y était ressorti aussi discrètement. Mais Celica Fox ne manquait pas ce genre de détail. Il était impossible de voir son visage. Il portait une cape également, sûrement se prenait-il également pour un justicier, ce qu’il n’était absolument pas. Son visage était recouvert d’un masque noir et sur tout son corps on pouvait y voir des plumes de corbeau, harmonieusement ordonnées. Il ne lui manquait qu’un bec pour faire penser à un véritable oiseau.

« Il va bientôt être bloqué, Celica. Tu vas pouvoir l’attraper. », lui dit une voix dans l’oreille.

En effet, sauter de toits en toits était pratique, surtout dans une ville où les gratte-ciels avaient pu émerger depuis quelques années maintenant. Mais au bout de cette ligne droite, un immense bâtiment barrait la route. Celica pourrait enfin l’attraper. Du moins, c’est ce qu’elle pensait, avant qu’elle s’aperçoive que cet homme était en train de sourire en regardant la jeune fille, tentant tant bien que mal de garder son souffle. Il arriva au bout du toit et sauta dans la vide, laissant le Renard dans l’incompréhension totale. Il ouvrit ses ailes, et plana sur Juanusa-City, fier de lui.

« Alpha, où va-t-il exactement ? demanda Celica à son correspondant.

-D’après ce que me disent mes informations, il se dirige vers le clocher de la ville, mais il n’a pas l’intention de se poser sur le toit, il semblerait.

-Tu veux dire qu’il veut rentrer dans le clocher ? À cette heure-ci ? Pour quoi faire ? s’étonna la jeune fille.

-Aucune idée, pour prier peut-être ? »

Alpha était l’un des plus anciens amis de Celica. Tous deux se connaissaient depuis la plus tendre enfance, ayant été voisins depuis toujours. Il avait perdu ses deux sœurs plus âgées que lui dans la tempête, le laissant seul avec ses parents qui n’arrivaient plus à être très heureux désormais, bien qu’ils continuaient d’aimer leur garçon plus que tout au monde. C’était ce que l’on pouvait appeler un geek. Tout ce qui concernait les ordinateurs l’intéressait et jouer, hacker des systèmes, créer des programmes informatiques l’intéressait particulièrement. Il était la première et seule personne à être au courant de l’identité de Celica. Elle avait en lui une confiance aveugle, et elle savait que peu importe les défis, elle pourrait compter sur lui.

«

J’avoue ne pas trop avoir cherché en ce qui concerne mon nom de « super-héroïne » dira-t-on. Fox, le renard, originalité zéro. Mais je ne suis pas devenu le Renard Clair de Lune du jour au lendemain. Il m’a fallu beaucoup d’efforts pour en arriver là. Si je suis devenue le Renard, c’est à cause de choses qui me sont arrivés dans ma vie, de ce sentiment d’injustice que je ressens chaque jour. À commencer par la mort de mon père, survenue quinze ans auparavant, alors que je n’étais encore qu’une enfant, âgée alors de quatre ans à cette époque.

Pour parler un peu plus de moi physiquement, je suis assez banale comme fille, j’imagine. Ni belle, ni laide. Enfin, j’imagine. Je ne suis pas vraiment au point sur qu’est-ce que la beauté féminine. Suis-je vraiment objective ? Je veux dire, quand je vois une actrice à la télé, ou un mannequin, ou juste une femme banale dans la rue je ne peux m’empêcher de me faire la réflexion « est-ce qu’elle est considérée comme étant belle et sexy ? Est-ce que ses seins sont ce qui est attendu par la société ? Est-ce que j’aimerai avoir les mêmes ? Et ses fesses, est-ce que c’est ça l’idéal féminin ? » et Dieu sait que quand je louche sur une paire de seins de la rue en me posant toutes ces questions, je passe pour une folle, ou une lesbienne, au choix.

J’ai des cheveux roux, et frisés, ce qui m’a valu plusieurs remarques et moqueries durant toute mon enfance. Forcément, une fille qui s’appelle Fox et qui est rousse, il ne faut pas être un génie pour faire le rapprochement. Et je pense que l’on a dû me faire des blagues des centaines de fois du style « ah mais t’es rousse, t’es un vrai renard en fait » ou « tu dois être sacrément rusée toi ». Enfin toujours minable, il n’y a pas d’autres mots. J’ai été surnommée Foxy durant toute mon adolescence et je pense que, grâce à ça, nombreux de mes camarades ne savaient même pas que je m’appelle Celica. Mais bon, pour le prénom que je me suis récolté on peut dire que c’est un mal pour un bien. Maman a toujours été très fière du prénom qu’elle m’avait si gentiment donné, le vantant à tous ceux qui voulaient bien l’entendre. Apparemment, elle avait entendu ce nom là dans une série télévisée alors qu’elle était enceinte de moi, s’empiffrant à tout va pour nourrir les deux estomacs qui sommeillaient en elle. Et ça avait fait tilt. J’ai vu quelques épisodes de cette série plus tard dans mon adolescence pour voir qui était celle qui était à l’origine de mon identité. Et à la vue de la pauvreté scénaristique, j’ai éteins mon écran et je n’ai plus jamais ressorti cette série de toute ma vie.

J’ai grandi dans une famille aux revenus aisés, on n’avait pas à se plaindre de quoi que ce soit. Notre maison n’était pas immense, nous n’étions pas les plus riches de la ville, mais nous avions facilement de quoi subvenir à nos besoins. J’étais, pour le coup, très bien tombée. Maman était comptable dans une entreprise de prêt-à-porter tandis que papa travaillait dans un laboratoire. C’était un super scientifique. Je me souviens qu’il m’amenait souvent au travail avec lui quand j’étais encore bébé, me laissant avec les enfants de ses collègues pour m’amuser. Quand on est enfant, nos parents sont la seule source d’inspiration que l’on a. Et j’admirais mon papa plus que tout.

Malheureusement, cette admiration fut de courte durée. Car comme je vous l’ai dit papa est mort alors que je n’avais que quatre ans, le soir où cette terrible tempête a frappé Palandria.

… »

Celica s’était faufilé discrètement dans les rues de Juanusa-City, essayant à tout prix d’éviter de croiser les forces de l’ordres qui étaient également à sa recherche. Pour eux, ce n’était qu’une criminelle comme les autres, qui ne méritait rien d’autre que de pourrir en prison et dont l’identité devait être dévoilée au grand jour. Comme tous les soirs depuis maintenant plusieurs années, la police faisait sa ronde de nuit, de vingt-trois heures à quatre heures du matin, reprenant ensuite leur service à huit heures. Plusieurs d’entre eux avaient déjà craqué sous la pression psychologique et le manque de sommeil permanant, et ceux qui tenaient toujours ne feraient pas long feu à leur tour. Heureusement pour elle, son ami avait réussi à hacker les radios des voitures de police, permettant ainsi de les localiser. Ainsi, Celica n’avait jamais eu à faire à la police directement, ceux-ci restant toujours au sol. Puis, après plusieurs longues minutes à se cacher et à déambuler dans la ville, elle arriva devant le clocher de Juanusa-City. Il était magnifique. Elle regarda sur le toit et se rendit compte qu’elle ne voyait rien et surtout qu’il était trop difficile d’y accéder. Elle rentra alors par la porte principale et se retrouva seule, dans une église, au beau milieu de la nuit. C’était assez stressant, de se retrouver dans ce lieu de culte et d’être seule. Les vitraux apportaient un peu de lumière grâce à la lueur de la lune, mais l’ensemble restait plutôt sombre, ne donnant qu’une seule envie à Celica : partir loin d’ici. Tout faisait peur et elle ne se sentait pas du tout en sécurité ici.

« Est-ce qu’il est là, Alpha ? chuchota Celica.

-Normalement oui, répondit le garçon. Tu ne le vois pas ? »

Elle tournait la tête dans tous les sens, elle ne voyait rien. Celica s’approcha de l’autel, essayant d’avoir une vue d’ensemble, elle était belle et bien seule. Peut-être que son ennemi se cachait dans l’ombre, vers le plafond, ce qui faisait que l’on ne pouvait pas le voir. Ou alors, peut-être perdait-elle juste son temps.

« Je ne vois rien Alpha. Il nous a échappé. »

Puis, elle partit s’asseoir sur une chaise du premier rang, exténuée. Un frisson parcouru tout son corps d’un seul coup. La jeune fille avait une sensation de déjà vu. Elle était déjà venue ici, il y a très longtemps. C’était pour l’enterrement de son père. Et elle était assise sur cette chaise, exactement comme la dernière fois.

« Celica ! s’exclama une voix dans l’église qui résonnait grâce à l’écho. Je ne m’attendais plus à te voir. »

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