Chapitre 2 : L'affaire EAGLES (- Partie 3 et Fin)

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« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu de 30 minutes. Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 30 minutes. Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coo… »

Voilà ce que l’on pouvait entendre sur toutes les chaînes de télévisions, dans toutes les radios et partout dans les rues tourner en boucle. Chacun s’était rendu dans un bar ou était retourné chez lui le plus rapidement possible pour assister à cet événement si particulier. D’autres regardaient cela depuis leur lieu de travail ou ne le regardaient pas du tout. Mais tous ceux qui voulaient être présents pour voir ça s’étaient rassemblés, personne n’était laissé à l’écart volontairement. Nombreux furent ceux déçus de ne pas pu avoir attrapé eux-mêmes le monstre qui avait tué le premier ministre mais il fallait relativiser ; tant pis si quelqu’un d’autre avait capturé l’assassin avant eux, l’important c’était qu’il paye pour ce qu’il avait fait.

Flint se trouvait au siège de la télévision, l’endroit où il avait été quelques heures plus tôt, prêt à accomplir son œuvre. Dans sa loge on lui avait mis plusieurs pistolets à sa disposition. Il était libre d’utiliser celui qu’il désirait, celui qui, pour lui, rendrait le spectacle d’autant plus incroyable et majestueux, pas juste une vulgaire exécution. Il fallait que le coup soit beau, que le bruit soit mélodieux. Ainsi s’entraîna-t-il avec chaque arme avant de choisir la meilleure arme possible. Il ne prépara pas de discours pour ce funeste événement. Cela serait rapide, sans interrogatoire, sans possibilité de parole. Il le tuerait de sang-froid, sans la moindre pitié apparente. Sur le plateau de télévision il n’y avait rien, ni personne. Dans le public, au premier rang, se trouvait celui qui allait le plus admirer cette exécution et qui allait prendre le plus de goût possible à regarder ; Klaus Vapery.

« Tu as échoué, petit. J’espère que tu ne le regretteras pas autant que moi. », pensa-t-il.

Flint sortit de sa cachette, peu de temps après que les hommes de Flint aient quitté la maison. Il n’en revenait pas du peu de respect qu’ils avaient eu envers la maison d’Eagles. Les portes étaient défoncées, le mobilier retourné et des papiers étaient déchirés. Ils avaient réussi à rendre cette maison encore plus une ruine qu’elle ne l’était déjà. Il retourna au rez-de-chaussée, prêt à sortir de la maison, quand il fut bousculé par une étrange femme.

« Faîtes attention où vous allez ! s’écria-t-il.

-Je suis désolé, dit la femme, reprenant son souffle. Je suis venu voir…Qui êtes-vous ?

-Miles Mustang. Vous êtes venue voir Monsieur Vapery, n’est-ce pas ?

-Oui, est-il là ? Je dois absolument m’entretenir avec lui. Au fait, moi c’est Mélania Saert. Enchantée.

-De même. Écoutez, Klaus est parti avec Flint, je crois qu’ils ont trouvé le coupable. Nous devons absolument empêcher cette exécution avant qu’il ne soit trop tard, tout ç’est une erreur. Il ne peut pas faire ça. »

Miles entendit alors la sirène qui retentissait dans Edenalia, annonçant l’heure de l’exécution.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 20 minutes. Mesdames et messieurs… »

Le studio de télévision où l’exécution se déroulait n’était pas très loin. Miles aurait aimé emprunter un taxi ou les transports en communs mais plus personne n’était sur les routes. Ils étaient tous devant leur poste de télévision. Le jeune homme avait une parfaite connaissance des lieux, il savait quel itinéraire il devait emprunter. Mélania se sentit emporter par le garçon qui lui empoigna la main et commença sa course en direction des studios de télévision, tentant d’empêcher par tous les moyens d’exécuter celui qui avait fait ça.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 15 minutes. »

Klaus se retrouvait petit à petit entourés de journalistes et de leur énorme appareil photo, essayant leur outil plusieurs fois au cas où celui-ci tombe en panne au moment fatidique. L’ancien policier rigola en apercevant cette situation. Le monde était devenu complètement fou.

« C’est drôle, je n’ai rien payé pour voir ce spectacle et pourtant j’ai une meilleure place que vous. », ironisa-t-il.

Mais apparemment cette blague n’était pas au goût des journalistes qui voulaient absolument la place qu’avait Klaus. Mais l’éthique et la morale les empêchaient de demander à cet handicapé de se décaler. Oui, en effet, nous parlons bien là de morale. Flint se préparait toujours dans sa loge, enfilant son plus beau costume. Il y avait un miroir devant lui et chaque fois qu’il croisait son propre regard dans son propre reflet il ne pouvait s’empêcher de se regarder. Puis il explosait de rire.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 12 minutes. »

Marin Saert retourna au bureau, sans avoir eu la moindre prise, très déçu de lui. Quelle ne fut pas sa surprise quand il se rendit compte que sa femme avait déserté son poste. Il rentra dans une colère noire et frappa partout où il le pouvait. Elle lui avait désobéit. C’était la deuxième fois qu’elle l’humiliait devant ses employés et collègues. Deux fois dans la même journée et pour Marin Saert c’étaient deux fois de trop.

« Allumez-moi cette fichue télévision, grommela-t-il. Ça me changera les idées. »

Le bar où Klaus avait l’habitude d’aller affichait complet. Pourtant Klaus ne se montra pas, ce qui rendit triste Axel, le barman. Peut-être était-ce lui qui avait réussi à trouver le coupable ? Ç’aurait été incroyable et une belle justice, celle qu’il recherchait. Alors il attendit comme les autres les dernières minutes avant l’exécution et espérait voir son client favori aux côtés du président Flint. Le suspens était insoutenable.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 9 minutes. »

Miles Mustang était toujours en pleine course, suivit de Mélania Saert. Ils n’étaient plus qu’à quelques centaines de mètres du studio, pourtant Miles et Mélania étaient épuisés après leur course. Ils s’arrêtèrent afin de reprendre leur souffle mais ils ne devaient pas faiblir. Le temps était presque imparti. Cette journée était clairement définie comme étant la plus longue de ce siècle. Tout le monde y avait pris part, chacun étaient des acteurs de cette tuerie infâme qui allait bientôt se produire.

« Tu m’as dit que tu étais qui déjà ? demanda Mélania.

-Miles Mustang. Je travaille pour Flint. Ne me pose pas de questions, il faut absolument l’empêcher d’exécuter un criminel en direct à la télévision. Les répercussions, s’exclama-t-il entre deux bouffées d’air, peuvent être catastrophiques.

-Tu as l’air d’être quelqu’un de bien, Miles Mustang, lui dit-elle en déposant sa main sur son épaule et en lui adressant un grand sourire. Ensemble on va empêcher cela d’arriver. Ensemble, on va réussir à empêcher ça. »

Mélania Saert se remit à courir, seule dans un premier temps, ce qui eut pour but de motiver Miles à en faire de même. Ils repartirent ensemble, à toute hâte, plus motivé que jamais, et plus proches de leur but qu’ils ne l’ont jamais été.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 5 minutes. »

Miles et Mélania n’étaient plus qu’à une centaine de mètres du studio et c’étaient pour ainsi dire les mètres les plus difficiles qu’ils aient eu à parcourir dans toute leur vie.

Les chaînes de télévisions se mirent toutes à diffuser le plateau, vide pour l’instant. Ça allait commencer. C’était imminent. Il était lumineux, très beau, très sobre. C’était dur à croire que d’ici 5 minutes un homme se ferait tirer dessus et allait mourir sur cette scène devant leurs yeux.

Flint s’en alla de sa loge, son pistolet en poche et vêtu de son plus beau costume. Il ne ressentait plus rien, ni la peur, ni l’excitation, ni la joie, ni la tristesse. Il était dans un état second, il ne savait probablement plus qui il était lui-même. Il ne parla à personne, resta le visage ferma, et s’en alla vers le plateau. Bientôt, justice serait rendue.

« Mesdames et messieurs, le coupable a été appréhendé. Merci pour votre coopération. L’exécution aura lieu dans 2 minutes. »

Miles et Mélania avaient enfin pu terminer leur course haletante et arrivèrent devant le studio. Les gardes du corps laissèrent Miles passer dû à son titre et sa proximité avec le président.

« Vas-y sans moi ! hurla Mélania. Tu peux y arriver tout seul, je crois en toi. »

Miles adressa un sourire à sa récente amie et s’en alla vers le studio, toujours en courant. Il y était presque. C’était sur le fil, mais il allait y arriver.

Flint arriva sur scène et dégaina son arme. Ça allait bientôt être bon, il ne restait plus qu’une minute.

Miles ne s’arrêtait pas, il n’était plus qu’à quelques mètres, si près de son but, afin d’empêcher cette mascarade.

Dans les 30 secondes qui précédèrent l’heure limite prévue à cet effet, le coupable rentra sur scène. C’était le moment que tout le monde attendait, celui pour qui tous avaient retenu leur souffle toute la journée durant. Pourtant, il n’y eut aucune réaction quand il entra sur scène, ni de la part des journalistes, ni de Klaus, ni de Marin Saert derrière son poste de télévision, ni du bar que fréquente Klaus, ni nul part ailleurs à Palandria.

Flint l’amena sur le devant de la scène, lui demanda de s’asseoir et le pointa avec son arme. Il ne restait plus que quelques secondes avant que cela se produise, plus que quelques instants avant que l’irréparable ne se produise.

« Arrêtez tout ! », hurla Miles Mustang, en enfonçant la porte du plateau de télévision, épuisé par toute cette course.

Le président de Palandria fut extrêmement surpris par cette entrée, il ne s’attendait pas du tout à ce que quelqu’un ose interrompre la cérémonie qu’il avait mit en place. Flint regarda son conseiller d’un regard noir, plein de colère et de haine. Le décompte était à 0. Et personne n’était mort.

« Tu as tout gâché ! », beugla le président, hors de lui.

Mais Miles n’avait pas aperçu ce qui se trouvait aux pieds de son patron. Ce qu’il était en train de tuer, ce pour quoi il avait couru, ce qu’il voulait à tout prix secourir, ce n’était pas un homme.

« Notre coupable, c’est un chien ? »

Flint ricana à la suite de cette question puis explosa de rire, d’un rire que l’on pouvait entendre seulement dans les hôpitaux psychiatriques. Un rire de démence qui montrait que cet homme avait complètement perdu la tête. Klaus, assis au premier rang se félicita de l’arrivée de Flint qui arrivait à point nommé. Ce dernier tenta de s’avancer doucement mais dangereusement vers la scène puis monta dessus. Flint le pointa alors avec son arme et le jeune homme eut le réflexe de lever les mains en l’air.

« Il y aura bien un mort aujourd’hui, je peux te le certifier, lui dit Flint.

-Étiez-vous réellement sur le point de tuer ce chien devant le pays tout entier ? Avez-vous donc réellement perdu la tête ? »

Ce chien était un labrador qui semblait plutôt très gentil, qui avait obéit au doigt et à l’œil à Flint quand il lui avait demandé de s’asseoir. Il avait du sang autour de la bouche et au bout des pattes, c’est sûrement ça qui faisait qui faisait qu’ils l’avaient accusé. Peut-être que d’autres preuves étaient rentrées en considération.

« Ne faites pas ça, président Flint. Vous vous ridiculisez devant le pays entier et nos contrées voisines ont sûrement eu vent de vos faits et gestes. Nous sommes la risée du peuple moderne. Il n’est pas encore trop tard pour faire marche arrière. Baissez cette arme, personne n’a à mourir aujourd’hui. Ni ce chien, ni moi, ni personne d’autre. »

La main de Flint commençait à trembler suite aux paroles que prononçaient le jeune homme. Il ne savait pas ce qu’il devait faire. Tirer sur celui qui avait tué son ami ou tuer Miles Mustang ? Le dilemme était trop compliqué pour lui et alors, devant la difficulté de sa mission il versa une larme, une larme de peur, une larme de tristesse et de désespoir.

La lumière s’éteignit, il y eut une coupure de courant. Plus personne ne pouvait rien voir, les journalistes n’osaient prendre de photos avec leur flash, de crainte de rendre encore plus fou Georges Flint qu’il ne l’est déjà. Et un coup de feu retentit. Il n’en fallait qu’un, qu’un seul pour que la mort soit rapide et directe. Quelqu’un devait mourir ce jour-là. C’était un fait que personne ne pouvait contredire. La lumière se ralluma.

« Sombre affaire, n’est-ce pas ? rigola Klaus.

-Oui, je n’aurais jamais imaginé qu’un chien puisse poser tant de problèmes à Palandria, avoua Mélania.

-Moi aussi. »

Klaus s’en alla vers la fenêtre et regarda au loin. Il pleuvait et la vie avait commencé à reprendre son cours normalement.

« Tu penses que le pays s’en remettra ?

-Est-ce vraiment notre priorité ? demanda Klaus. Nous ne l’avons toujours pas trouvé. On ne le cherche sans relâche et quand il est là devant nous il nous file entre les doigts comme s’il n’était que fumée. J’ai l’impression de voir son visage partout, il m’obsède. »

La jeune femme alla vers Klaus et s’assit sur lui, commençant à lui déboutonner sa chemise.

« On aura bien le temps de chercher d’autres pistes plus tard, tu ne crois pas ? dit-elle en l’embrassant langoureusement.

-C’est tout réfléchit. Je connais notre prochaine marche à suivre. Ce Miles Mustang m’a l’air très intéressant. Je veux savoir ce qu’il sait. Je veux tout savoir sur lui. Et surtout, je veux savoir comment un chien aussi mignon à pu tuer aussi sauvagement Frank Eagles. »

FIN.

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